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Soccer ($) // foot (€).

Les gamins que nous étions à courir entre deux buts, parfois à onze contre onze, souvent beaucoup moins, avaient une autre idée du football.
Enfin, celui qu’on nous vend de nos jours avec des prix astronomiques d’achat et de vente de footballeurs, comme s’ils étaient des lingots d’or sur pattes que l’on s’approprierait de la même manière qu’une télé chez Carrefour.
Parce qu’il existe encore cette pratique d’un sport de plein air qui fait courir la jeunesse dans une prairie qui, en été, voit paître des vaches. Comme existe toujours ces parents qui tournent autour du terrain en suivant des yeux leurs rejetons équipés avec les sous de la famille.
Évidemment le foot de Poulseur n’a rien de comparable au foot du Standard. Pourtant, c’est le premier qui m’intéresse, l’autre me fait gerber !
Ce doit être quelque chose que je ne comprends pas, que vont voir les supporters dans les grands stades, disputant leurs places assises à coups de billets de cinquante euros.
Là, les choses sont claires. On entre dans une industrie, celle du foot, avec ses managers, ses directeurs du marketing, ses agents commerciaux ventant les mérites du coup de pied de Neymar au PSG, du sens inné du jeu de Ronaldo, de leurs poulains « ailés », de leur curriculum prestigieux Real, Manchester, PSG, etc.
Dans un commerce dont le fonds est constitué de joueurs, le Belge moyen footballeur s’exporte bien. Il s’y fait des noms mondialement connus. La Ferrari rouge s’attribue à beaucoup d’entre eux, comme le signe de ralliement de l’alliage de l’habileté du pied, avec le cerveau voué aux seuls réflexes.
La vente et l’achat, tels les pigeons belges fortement prisés à Tokyo, se font au mercato, comme on voit encore des marchés aux légumes et aux fruits dans des halls de la grandeur des stades, sauf que tout se passe dans un business de bureau, avec coups de fil, enveloppes sous la table et danger de toucher aux fesses de la secrétaires après l’affaire Weinstein.
Cela concerne très peu de personnes, quelques dizaines questions pognons et quelques centaines, peut-être mille, questions marchandises humaines. À côté des millions d’adeptes à ce sport de plein air, ce n’est rien, mais ça dit tout de l’emprise de l’argent et du commerce sur les sports, les arts, la culture, tout enfin, y compris nos encyclopédiques politiciens MR et consort, embarqués tous les quatre ans dans un mercato échangiste de fauteuils de loge.
Dans ce bouleversement des priorités de la société moderne, les Belges moyens crépitent, plutôt qu’ils ne jacassent, sur la vente désormais certaines d’Anderlecht, club bruxellois connu pour ses classements en tête du championnat une année sur deux et réputé comme facile à battre à l’étranger, dans des tournois entre pays, pour se parer d’une coupe en zinc de trois cents euros, mais qui vaut des millions pour le prestige et les stades pleins.
On en est à la quête du nom du milliardaire qui va se payer les joueurs, le gazon et la liquette de Roger Vanden Stock, principal actionnaire. On se demande pourquoi on entend encore de temps en temps l’hymne national dans les stades ? Sans doute doit-on épuiser les drapeaux du Belge moyen qui restent en stock.

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Fanions, coupes et belgitude bruxelloise seront-ils russes, tchétchènes ou libanais ?
C’est quand même étrange cette manie qu’a le pognon de s’internationaliser, alors que c’est le contraire chez le Belge moyen, de plus en plus extrême droite libérale nationaliste, tendance De Wever/Michel.
Le pompon de l’info revient à la presse flamande. C’est normal, quand on fait l’impasse du domaine social, il faut bien se rattraper sur autre chose. Quoi de mieux que les coulisse du sport ? La presse flamande croit savoir que le candidat acheteur du club de football d'Anderlecht, le milliardaire russe Alisher Usmanov, ne serait en réalité qu'un "intermédiaire" qui cacherait un "troisième homme", comme dans le film d’Orson Welles !
Le suspens est insoutenable.
Surtout que les Anderlechtois qui tapent le ballon pour leur club sans être payés – et ils sont plus nombreux que les rétribués – n’étaient pas au courant que la recherche d'un repreneur avait "débuté il y a sept mois", via l'agent Christophe Henrotay, et que l'on serait donc plus proche de l'épilogue que du début des négociations.
Vendus sans le savoir et tout ça gratos !
Le Belge moyen ne se serait désintéressé de l’argent, que dans l’ignorance de ce que Vanden Stock et Alexandre Van Damme tramaient. Voilà les libéraux réformateurs rassurés.
Ne reste plus qu’à parler des offres.
On parle de cent millions. Broutilles, quand le commissaire priseur entend bruisser le papier-monnaie à cent trente cinq, la main levée suivante !
Armand De Decker dresse l’oreille, au MR c’est le meilleur renifleur d’argent frais.
Le Belge moyen frémit. Pourvu qu’on n’augmente pas trop le prix des places !

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