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Allô, Bart ?... ici Charles !

L’invention du téléphone, puis du sans fil et enfin, celui qu’on emporte partout, a définitivement transformé les relations entre les personnes.
"Je n’accepte plus les choses que je ne peux pas changer, je change les choses que je ne peux plus accepter." Dit Angela Davis, Feminist, Civil Rights Activist.
Mais elle parlait d’autre chose, de la relation entre les sexes.
Ici, on parle d’un petit machin de la valeur d’un étui à cigarettes, qu’on a en poche et à l’aide duquel, vous pouvez emmerder qui bon vous semble et, juste retour des choses, par son intermédiaire, n’importe qui peut vous emmerder, s’il a votre numéro.
Pratique à bien des égards, dans une société de consommation avide de recettes immédiates, c’est un accélérateur de vie, du travail, des rencontres, et un outil de recette ou de dépense en accéléré du fric.
Par ses transformations, il est entré plus avant encore dans les relations intimes, en précipitant les rendez-vous, les ruptures, les prises de décision.
La plupart des grandes amours finissent par les sonneries intempestives, les « qu’est-ce que tu fais ?, pourquoi tu ne m’as pas répondu ? », exactement à l’inverse des débuts « Tu m’aimes ? Je t’aime, voyons ! etc. ».
Qui n’a pas connu une personne, par ailleurs charmante, qui finissait par se faire détester rien que par la rage de téléphoner dix fois par jour, à poser les mêmes questions. Et ici on n’aborde pas le cas incurable des bavards et des bavardes qui ont trouvé l’outil stimulant le partenaire invisible par ses sonneries et qui n’a qu’un droit : celui d’écouter !
La jeunesse est équipée vers les douze, treize ans du merveilleux engin. Papa et Maman sont rassurés, à défaut de ne pas suivre la progéniture de l’œil, ils le font à l’oreille.
Moralité, on voit la jeunesse d’habitude peu loquace qui parle toute seule dans la rue, suivie, il faut le dire, de gens qui s’arrêtent, s’esclaffent, prennent les murs à témoins ou pire, un passant juste à niveau d’oreille et qui s’en va avec un bout de phrase d’un autre dans la tête.
Cette rage communicante est d’autant plus étrange que les gens en-dehors de leur Smartphone ne se parlent, s’ignorent même complètement et prennent des attitudes outragées quand vous les abordez pour simplement demander votre chemin, quand ils s’attendent à ce que vous leur demandiez une petite pièce !

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Entre deux coups de fil, on se branche sur une radio dont le seul principe est de produire le bruit à la mode du jour « Crac boum boum », le lundi et « Boum boum crac » le mardi ou encore la clé USB qu’on emboîte comme un sextoy et qui répand dans les oreilles la voix de l’idole de la semaine, généralement dans une langue que l’on ne comprend pas, ce qui rend les paroles mystérieuses et qu’on croit intelligentes, par défaut.
Désolé de revenir dessus, mais cette société à une économie qui en s’accélérant fait devenir dingo. Dans la réalité, c’est la compétitivité sauvage dans les bureaux, ailleurs, on tuerait sa mère pour dix euros, les vieux on ne veut pas les voir, ils coûtent au pays, les chômeurs, tant qu’on n’est pas dans la confrérie, c’est tout feignasses et bouffe-budget, les parents ceux qui n’ont pas les moyens de faire la Saint-Nicolas aux derniers de la famille, qu’ils aillent au diable, les autres, on les invite juste ce qu’il faut. Pour leur dire quoi, au juste ? Rien… et depuis qu’on a le téléphone, on parle beaucoup pour dire tout le temps la même chose !
On ne lit plus, les feuilletons remplacent les bons auteurs, de toute manière, avant « le progrès », on lisait déjà les mauvais, les intrigues à deux balles, les feuilletons pour cathos encanaillés et les livres de cul illustrés, qu’on a prêtés et qu’on vous rend à ne plus pouvoir décoller les pages.
À travail abrutissant, société d’abrutis.
Charles Michel peut être content. Le système qu’il aime réussit parfaitement dans sa mission de créer des classes sociales bien mieux qu’avant.
Réflexion d’un pro taciturne et timide : « N'accepte pas les "voisins de communauté" dans les jeux (Facebook Zynga, par exemple) si tu ne les connais pas dans la vie réelle. Des hackers, des adultes malintentionnés peuvent se cacher parmi eux, il n'y a aucune vérification possible quant à leur origine. Cela peut aussi t'amener des virus, spywares ou autres crasses qui pourraient endommager ton I-phone »
Comme ce que l’on dit n’est guère intéressant. On ne le dit pas. À l’école, on a remplacé ce qui pouvait passionner, l’art, la culture, le bien dire, la critique, par la table des logarithmes et le calcul de la fausse parallèle asymptote. On fait l’impasse des mots. Bientôt, on n’en connaîtra plus que quelques centaines, juste le nécessaire. Si bien que le langage plus élaboré est suspect. Le mot juste est employé dans un but politique, pour faire intello et faire passer le businessman pour une lumière de la démocratie.
C’est déjà pas mal d’accélération dans la haine véhiculée entre « compatriotes » concurrents sur les mêmes bouses, grâce au gadget du téléphone. Le bavardage par satellite, en parlant des « étrangers » d’une rue à l’autre, bat des records de méconnaissance. On se récrie, tous les relais communicants en vibrent du matin au soir. C’est pour sortir les pires âneries sur les différences entre les peuples, tout ça pour cacher que le peu de réussite, même les échecs, la vie médiocre, l’heure à cinq euros, toute cette merde que Charles Michel nous vend comme les merveilles de son système, jamais on les partagera avec les autres, et pas que l’étranger, le voisin aussi, par la même occasion. « Le progrès est à nous, merde ! Qui c’est qui l’a créé ? Celui qu’en veut, il n’a qu’à bosser ! »
On est chez nous non ? Donc, les autres doivent savoir qu’ils sont chez les autres.
Voilà pourquoi Theo Francken est l’homme parfait, le communicant idéal, le petit télégraphiste amélioré en I-phone version hit, choisi par personne, mais aimé par tous. On part ainsi, en maugréant, vers un destin de plus en plus misérable, qu’on pourrait changer si on était un peu plus lucide, concret, critique.
« Sur le mien, je fais tout. J’ai Internet, mon courriel, je tweet, je lis et je tape mes mails, il m’indique le chemin dans ma bagnole, il fait ma banque, je paie les virements, tout ça dans la rue, sur le trottoir devant chez moi. Il est de la dernière génération. Je peux même me taper un rassis quand je mate un film porno. L’inconvénient, c’est l’écran. Trop petit pour le détail. On m’a dit qu’on développe un écran système « drap de lit ». Bientôt on aura des écrans qui feront au moins 50 sur 50 ! Tu imagines, dans la rue… étendre son écran, comme son linge ! ».
Tout le monde a eu une relation qui s’est suicidée au milieu d’une conversation téléphonique, sa pile s’était déchargée !... (Ce sera demain dans La Meuse)

Commentaires

Bonsoir cher Duc,
Il m'est impossible de faire un copier coller de votre blog sur Facebook, je ne comprends pas ce qui se passe, je peux tout retranscrire, sauf votre blog!!. Si (j'ai difficile d'imaginer cela) vous êtes à l'origine, vous seriez aimable de me faire savoir pourquoi, merci et bonne soirée.

En effet, je ne comprends pas.
Pour ma part, j'ai lancé le programme, sans plus, comme d'habitude.
Il faut chercher ailleurs.
Votre système peut-être ?
bien à vous.

R III

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