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La chronique d’hier était, sans doute, trop technique. Dans le camp adverse, les têtes de gondole du superprofit ont pour armes favorites moquerie et désinvolture. On sent que sur la théorie, la réplique sérieuse n’est pas leur fort. À frimer, ils sont « en confiance » avec les « patriotes » qui leur mangent dans la main. Ils se savent battus d’avance par n’importe quel apprenti économiste qui les colle sur les graves défauts du libéralisme. Alors, autant prendre l’électeur sur un autre terrain !
Charles Michel s’est spécialisé dans la réplique insultante : « gauchiste, communiste, la FGTB passe son temps à dire n'importe quoi », etc. On attend toujours les arguments.
Les annonces fortes, les attitudes conciliantes, l’air grave et peiné quand on perpètre un coup contre les chômeurs, les vieux, les assurés sociaux et alors… on égorge le poulet dans la cour et on a soi-même du sang sur les mains.
Le public n’y voit que du feu. Entre Bart De Wever et les soviets, il a choisi ! Prendre leurs paroles pour de l’argent content lui convient le mieux. L’opinion s’en gave. Les citoyens en redemandent. Les MR le savent bien. Ils ont établi leur pouvoir sur la peur. Surtout pas d’examen du système, qu’arriverait-il si la masse passait d’une confiance aveugle à une confiance raisonnée ?
Bernard Madoff, président-fondateur de Bernard L. Madoff Investment Securities LLC. le savait aussi bien que Charles Michel, la confiance est l’essentiel pour les entrepreneurs.
Vous ne les verrez jamais revenir aux définitions du capitalisme et aux économistes qui ont établi les règles du commerce actuel. Chez Borsus, Michel et Reynders, et combien d’autres, l’air entendu sur leurs visages ferait croire qu’ils ont assimilé les principes du libéralisme, qu’ils l’ont dépassé et qu’ils mettent en pratique le résultat de leurs cogitations. N’en croyez rien ! Ces incultes plastronnent.
Leur point commun est l’ignorance. Eux travaillent d’instinct. Ils font confiance à leur staff, des gens bardés de diplôme établissant des règles qui en réalité masquent les sauts de carpe imprévisibles de l’économie, à la merci des détenteurs de la monnaie papier.
Ils ont cette chance qu’on hésite à revenir en arrière, comme on ignore la distance qui nous sépare du butoir fatal. Leur grande affaire, c’est la durée.
La formule est aussi celle des écologistes. On est toujours à moins une de redresser la courbe des températures. On multiplie les conférences sur le climat. Si, pas mal d’experts le prétendent irréversible, qu’on fonce vers les deux voire trois degrés de réchauffement, que d’ici vingt ou trente ans, des îles surpeuplées n’existeront plus, les experts républicains de Trump disent le contraire. De toute manière, la nécessité du commerce veut que l’on tranche de tout comme l’Amérique le veut.
C’est exactement la même chose avec le capitalisme. On nous fait croire qu’il n’a qu’une poussée d’urticaire et que nos bons docteurs vont tout arranger, en deux coups de cuillère à onguent d’assainissement budgétaire !

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On les croit. Sinon, nos bons docteurs seraient fichus. Le petit épargnant irait chercher ses trois sous planqués à la banque et flanquerait en une seule fois le système par terre ! Vous voyez d’ici nos prêcheurs en prison ? Le peuple déboussolé ne s’en remettrait pas !
Pourtant, à garder la tête froide, si le peuple commençait par voir ce qui ne va pas dans le libéralisme, s’il se mettait à comparer les perspectives des grands prédicateurs de l’économie libérale, avec la situation économique de 2018, je ne donne pas cher des Autorités actuelles.
La démocratie est allée trop loin dans ses démissions successives, faisant elle-même la promotion de ce qui est le plus détestable dans l’économie libérale. On ne peut plus arrêter la machine. Personne ne voit en Europe poindre un nouveau communisme, capable de balayer l’ancien système sans dommage pour autrui. Mais, ce qu’on peut faire, c’est réparer tant soit peu ce qui est réparable pour l’empêcher de dérailler, l’ouvrir à l’humain et la rendre moins crédule sur les valeurs fictives du papier-monnaie.
Le commerce va tout régler par plus de « probité et de morale » ! Alors que ces messieurs les donneurs de leçon ont tout fait pour transformer le monde en caverne de voleurs.
Pour s’opposer à ce cirque, la première étape est de bien comprendre l’économie libérale afin d’en faire ressortir le profond égoïsme, l’absolu déni de moralité et récuser les fins méprisables : voir les hommes se battre entre eux en faisant miroiter des intérêts sordides, résultat des passions funestes.
Les notions d'autonomie et d'hétéronomie individuelle et collective de Cornélius Castoriadis et de quelques autres devraient être abordées dans le but de faire, « un monde à visage humain ».
Ce n’est pas facile, mais pour un avenir moins sombre, le rétablissement de la démocratie est à ce prix.

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