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Qu’allait faire Charles en cette galère ?

À entendre nos petits génies au pouvoir, Recep Tayyip Erdogan est à la tête d’une démocratie. C’est ce qu’ont dit à l’Europe les représentants de la Belgique, qui ne sont pas pour l’arrêt des pourparlers avec la Turquie à l’UE.
Charles, pas encore Quint de la Toison d’Or, tempère son choix pour ne pas perdre des électeurs « Il y a encore du chemin à faire. Les mesures fortes, les arrestations de journalistes, la mise à pied massive des fonctionnaires et les lourdes peines de prison pour des opposants, ne sont pas de nature à faire progresser les choses. »
Une large partie des Européens, bien avant la vente de loukoums à prix bradé de Charles Michel, ne voulait plus entendre parler d’adhésion de la Turquie.
Mais il s’est passé quelque chose à propos des migrations intempestives. L’Europe a payé Erdogan pour arrêter le flux chez lui, en même temps cet allié de l’OTAN, même en traînant les pieds, a été pour quelque chose dans l’effondrement de Daech.
Enfin, personne n’avait prévu que la démocratie s’effilocherait partout en Europe, surtout à l’Est. Erdogan n’est plus seul à faire un pas en avant. Maintenant l’Europe va vers lui en faisant un pas vers la dictature !
Vous verrez que, contrairement à l’opinion, quand nos chefs ont une idée en tête, ils ne la lâchent pas facilement.
Donc moins de prévention à l’encontre d’Erdogan, jusqu’à cette semaine.
Depuis lundi, Recep Tayyip Erdogan multiplie les déclarations guerrières laissant envisager une intervention militaire turque en Syrie ! Elle serait dirigée contre les forces kurdes de l’YPG. Les Kurdes ont en effet le malheur d’exister en Turquie aussi, sur des terres de leurs ancêtres malheureusement envahies par le sultan turc Selim Ier, le premier calife, au XVIme siècle. Ils sont un peu dans la position des Palestiniens occupés depuis 60 ans par les troupes d’Israël.
Cette situation détériore les relations de la Turquie avec ses partenaires internationaux qui soutiennent les Kurdes d’Irak et de Syrie, alliés sûrs et efficaces contre les intégristes musulmans.
La Turquie bombarde la région syrienne d’Afrin, depuis début d’année. Voilà dix jours, l’armée turque a pris position au nord-ouest de la frontière syrienne et pilonne à l’artillerie lourde les positions des forces kurdes qui contrôlent la région d’Afrin.
Le président turc, à son habitude, prend la pose mussolinienne “Si les terroristes ne se rendent pas et ne quittent pas Afrin dans la semaine, nous ferons s’écrouler le ciel sur leurs têtes”, a tonné le président turc le 13 janvier.
On voit d’ici Charles Michel tiraillé entre son désir de turquerie en Europe et la décision de son leader libéral, Donald Trump, d’entraîner et d’équiper une force de 30.000 Kurdes en Syrie. Ankara les considère comme des terroristes affiliés au PKK, la guérilla indépendantiste de Turquie.

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Pour réaliser son coup, Erdogan peut compter sur l’Europe qu’il tient à la gorge et aussi de la Belgique. Le siège de l’OTAN est en Wallonie et puis l’argent n’a pas d’odeur, comme on dit dans les couloirs du MR. Donc là, pas de problème, le gouvernement belge aime les dictateurs, ce n’est pas Theo Francken qui dira le contraire. La région d’Afrin que les Turcs comptent envahir est sous protection russe. Et c’est le plus scabreux. La Turquie ne peut pas entrer dans Afrin sans le feu vert de la Russie. Si l’opération a lieu, ce sera avec l’accord des Russes, qui voudront punir les Kurdes pour leur alliance avec les États-Unis”, analyse le quotidien d’opposition Cumhuriyet. On voit d’ici Reynders, ministre des ronds-de-jambe, partagé entre son amour inconditionnel de l’Amérique et son désir de faire plaisir à Erdogan !
Cette poussée de fièvre du président Turc, successeur de Selim le magnifique, contre l’YPG risque de provoquer la révolte des Kurdes de Turquie, solidaires dans leur grande majorité des Kurdes syriens.
On n’est pas loin d’un nouvel embrasement dans cette partie du monde à laquelle nous avons partie liée, ne serait-ce qu’à cause du million de Turcs devenus Allemands et de cette immigration en Europe de Kurdes venus des quatre pays qui ont digéré leur zone d’habitat.
On pense dans des milieux informés (quand on parle de milieux informés, généralement la Belgique n’y est pas) qu’Erdogan jouerait la carte de la guerre pour redorer son blason alors que sa cote baisse dans les enquêtes d’opinion. Il tente de pousser la Turquie vers une aventure militaire à l’étranger, afin de remporter les élections de 2019.
Reste à épingler au mois de janvier 2018, la première menace sérieuse d’un conflit dont on ne mesure pas bien toutes les conséquences pour nous européens.
L’année commence sur les chapeaux de roue et avec la flopée de cornichons aigre-doux qui nous dirige, on a raison de ne pas se sentir rassurés.

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