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L’art du coup… mais fourré !

On assiste au triomphe des propos de saison en nouveautés d’étalage, thème du jour : les mœurs !
« Mon dieu des mœurs du temps mettons-nous moins en peine
Et faisons un peu grâce à la nature humaine. »
Philinte aujourd’hui serait embarqué au poste, pour non assistance à personne en danger.
L’affaire Weinstein a lancé la mode du « touche pas à mon cul » qui veut que chacune et chacun balance quelque chose « qu’on a vu mais qu’on n’a pas osé dire » ou mieux encore « dont on a été victime ».
On se réveille avec une sorte de révélation que l’homme est un prédateur et qu’il n’y a pas de raison qu’il laisse en paix une personne du sexe opposé, plus faible que lui, sans qu’il n’essaie sur elle, par instinct, sa belle musculature. Belle découverte !...
Il y a plus de trente mille ans que le chasseur-cueilleur exerçait son talent dans les mêmes conditions qu’en 2018 à Hollywood. On ne s’en rend compte, que parce que c’est la mode de s’en apercevoir.
Longtemps après nos lointains ancêtres, ces faunes champêtres, le baron médiéval reprenait la chose en mains, si je puis dire, en inventant le droit de cuissage.
Le serf trouvait cela profondément injuste, mais il était sous la condition, ou presque, de l’esclave romain qui devait subir bien pire.
Peu à peu, cette coutume gaillarde s’enfonça dans l’épaisseur des âmes, sans être perdue par tout le monde, le baron médiéval ayant distillé ses pouvoirs en une infinité d’autres dont se saisirent les notables, les patrons et jusqu’aux chefs de service, dans un anonymat fécond en filles mères et en besogneuses résignées.
Là-dessus, la religion catholique avait enfoui ces horreurs sous la soutane des prêtres, dans l’anonymat des confessionnaux.
La coutume de bien foutre et laisser dire les bonnes sœurs est encore vivace chez les bourges. L’affaire Weinstein a simplement rendu l’instinct prédateur plus circonspect.
Chose curieuse, la notoriété met certains prédateurs en posture d’être montrés du doigt. L’ignominie atteint surtout les têtes de gondole, les huiles politiques, les vedettes hollywoodiennes aussi nombreuses à Paris qu’à Los Angeles, comme si être célèbre concentrait les reproches et exonérait les autres des haines réchauffées par la mode.
Cette concentration profite aux subalternes, c’est bien la première fois, qu’ils profitent de quelque chose.
Des sous-directeurs aux sous-chefs de bureau, une belle carrière de frotteurisme reste à portée, sinon qu’ils doivent se montrer prudents. Ce n’est pas encore demain la veille qu’on descendra jusqu’au peuple pour dénoncer les vicissitudes prolétariennes.
Pourtant, nul doute, ça y fornique pareil.
La mode battant son plein, la blessure s’y ravive, le trauma ne s’exerce qu’au passé, de préférence prescrit par les autorités judiciaires, jusque là indulgentes. Les rois de la pige ont senti qu’il y avait du blé à se faire et des réputations sulfureuses à gagner. Le métier soudain requiert des plumes vengeresses. Le passé sexuel des importants est passé au crible, enfin ceux qui peuvent encore réagir face à la caméra. On y attend qu’ils y pètent les plombs. Tout le monde n’a pas la gueule de salaud comme Weinstein, pour rendre la désapprobation sans appel.
Certains illustres à la réputation de galopin restent en-dehors de la piste, Chirac en raison du gâtisme et Giscard d’Estaing en fonction de ses confessions littéraires, nouveau Casanova à la Une de Samedi Soir, si sa fougue écrite, n’était pas suspecte d’exagération.
On a eu Darmarin, contre exemple du patibulaire Weinstein, lui plutôt Dorian Gray. Il paraît que ce sont les pires ! Radin sans doute, il trouvait plus commode d’user de son petit bout d’influence, pour satisfaire un autre petit bout, pas cher, pas vu, allant même à se faire payer le resto par la belle quémandeuse, avant de lui sauter dessus dans un hôtel, alors qu’elle n’en avait pas envie. Encore que ce soit difficile de faire croire à un juge qu’on suit quelqu’un dans une chambre d’hôtel, juste pour se poudrer.

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On a maintenant Nicolas Hulot, ex cavaleur célèbre, aujourd’hui beau-fils préféré des Français. On a cru qu’il avait toujours été Saint Hulot patron des fleurs et des oiseaux, on apprend que le moderne François d’Assise ne baisait pas toujours en accord dans l’enthousiasme partagé de ses partenaires. Quelques créatures se souviennent encore du pervers sous le masque idolâtré.
C’est tout le vocabulaire en la matière qu’il faudrait revoir. Qu’est-ce qu’on met comme qualificatifs entre le viol et le flirt léger ? Flirt appuyé, drague lourde, violence et agressivité du mâle en rut ou mauvais jugement de départ qui finit dans l’horreur, le moindre mal étant une main sur la gueule du Brutus en caleçon.
Des charmeurs sont souvent tout cela à la fois, tantôt aimable et très régence, puis cour des miracles, grossiers à faire exploser les sous-tifs, des mains calleuses sur des fragiles nibards. Janus dévergondé un jour, grand prêcheur de l’Islam le lendemain, capable de galvaniser les croyants le matin et l’après-midi se rehausser des 8 cm d’épaisseur du Coran, nécessaire pour se mettre à niveau de la situation.
Le plus difficile dans l’esprit des prédateurs au souvenir, c’est de passer de la main douce et efféminée, à la paluche aux ongles endeuillés du débardeur.
On n’a pas besoin de lire Agatha Christie pour savoir que des doigts de pianiste peuvent aussi bien étrangler que d’autres plus courts et plus charnus.
Dans ces retours aux viols anciens dont on aurait perdu la trace sans Weinstein, l’histoire balbutie et laisse percer des anomalies.
On célèbre aujourd’hui les amours de Cloclo, le chanteur disparu. Des grands reporters en chasse de la petite culotte de coton des années « âge tendre », on mit la main sur une Belge de quarante ans, fille prouvée de Claude François.
La presse s’émerveille, sacré Claude François, les égrillards se poussent du coude, les jeunesses de rédaction qui serrent les cuisses. Le chanteur à la voix aigrelette avait un talent caché ! La mère de cette fille retrouvée avait à peine treize ans et le farfadet trente-huit !
C’est du Weinstein à l’état pur !
À l’heure où l’on est vent debout contre les prédateurs sexuels, Cloclo pose problème.
Dans le sexe, il y en aura toujours qui pourront faire n’importe quoi et dont on dira de leurs victimes, qu’elles l’avaient bien cherché.
Quand la mode sera passée, on trouvera autre chose. Les queutards ont encore de belles années devant eux. C’est dommage, les femmes avaient une belle carte à jouer.

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