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L’Amérique décotée et décodée.

À ce point de non-retour d’un délire permanent du président Donald Trump, nos américanolâtres et, au-delà, tous ceux qui ont une vision économique et libérale de la liberté de ce pays, se trompent lourdement sur ce vaste territoire qui fut d’abord la terre d’exil des Européens, quand nous étions comme aujourd’hui en Libye, au Sahel et un peu partout dans le Nord-Afrique, des populations traquées par la misère et sous la botte des régimes autoritaires.
Si Trump n’a jamais été aussi « dangereux » aux yeux des Européens, c’est surtout parce que l'Amérique n'a jamais été aussi inquiétante.
Sortons des films de Woody Allen qui nous fascinent par ce côté européen d’un New-York sublimé. Abandonnons les grands centres, les grandes plages, les grandes visions de notre futur qui se vit dans la Silicon Valley ou à Cap Canaveral. L’Amérique ce n’est pas cela, ce que nous admirons, c’est sa vitrine. Nous ne connaissons pas l’intérieur. Nous nous en faisons une représentation d’après ses expositions d’étalage, c’est tout.
Ce faisant, nous laissons de côté l'Amérique divorcée du réel, des églises évangélistes et de la ségrégation, l'Amérique revancharde et parano de l’ouvrier blanc fasciste à force d’amour des armes à feu et des caractères forts. Cette Amérique là a toujours existé, dans quelle proportion et dans quelle mesure ? Si j’en crois les élections, en élisant Donald Trump, ne vient-elle pas de prouver qu’elle est majoritaire ?
Parler d’accident de l’Histoire, d’erreur temporaire qui sera redressée dès les élections de mi-mandat, c’est conserver une vision rêvée de ce pays, c’est faire comme Junior et pas que les Michel, l’ensemble du monde libéral belge, une erreur de jugement qui les arrange bien.
Pas que dans ses bas-fonds, affleurant en surface malgré le voile d’une Amérique pudibonde, honnête dans ses calculs bancaires, l’Amérique se révèle aussi un pays d'une effroyable brutalité, de massacres comme celui des Indiens et plus récemment des écoliers dans les écoles, des écoliers victimes d’autres écoliers possédés par l’instinct de mort et la facilité de s’armer à bon compte.
En 2018, les drapeaux confédérés flottent encore au-dessus des réunions musclées du Ku Klux Klan, tandis que le premier amendement permet une fâcheuse liberté, celle de descendre d’une balle de 45, tout qui vous paraît menaçant.
De ce point de vue, la guerre civile, qui prit fin officiellement en 1865, n'est pas terminée.
Cette violence se traduit par un nombre record de citoyens américains dans les prisons. Des démocraties, ce pays est le champion dans le domaine carcéral. Dans ce sens, attendu que 65 % des détenus sont noirs et couleurs confondues, à peu près sans profession dans les mêmes proportions, c’est une façon pratique de faire baisser les taux du chômage et comme les peines sont longues et applicables jusqu’au bout, de garder une partie de la délinquance sous clés, les apprentis du crime suffisant largement à alimenter les futurs contingents.
Autre triste record, de toutes les démocraties, l’Amérique est le pays qui soigne le moins de concitoyens pauvres, et pour cause, la médecine y est plus chère que nulle part ailleurs, quoique aussi une des meilleures au monde, pour ceux qui ont les moyens d’honorer les factures.

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Une partie non négligeable de l’électorat de Trump rêve de faire des USA une théocratie chrétienne isolationniste qui supprimerait les impôts, une autre tendance, le libertarisme va bon train dans l’esprit des milliardaires, au nom d’une épuration justifiée par des évangélistes, des ultras préconisent la suppression violente de tous les musulmans. Ces partis religieux se cachent de moins en moins, puisqu’ils ont élu leur président !
Le courant d’idées selon lequel les États-Unis ont toujours raison n'est pas né avec Trump...
Les balades-cartes postales sur la Pacific Highway californienne, des soirées dans les hôtels chics de Brooklyn, n’ont jamais été que le lyrisme à quatre sous d’Emmanuel Praet dans le Soir-Illustré, notre Alex Jones et ses Infowars, dont nous saluons le final dans la Police des communes bruxelloise, comme une consécration à l’américaine.
Combien faudra-t-il de gifles à nos américanolâtres pour enfin sortir de leur mysticisme et nous faire enfin des réflexions sur l’Europe, seule, face à son destin et ses responsabilités, une Europe baladée par l’OTAN dans une fausse sécurité, démunie et aujourd’hui bousculée par l’extrême droite renaissante un peu partout ?
Et dire que le personnel politique que nous élisons régulièrement, se dit européen !

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