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Popolocrazia ?

Tout observateur sérieux est sidéré de la manière dont la presse belge a quasiment passé sous silence ce qui vient de se passer en Italie, un événement considérable qui pourrait tout changer en Europe et qui nous concerne directement.
La Ligue et le Mouvement 5 Étoiles sont arrivés à un accord de gouvernement ! La Ligue, l’extrême droite maîtresse du Nord et le M5E, la gauche radicale, majoritaire au Sud !
L’eau et le feu, les antinomies, bâtissent ensemble une politique de gouvernement.
Président du Conseil : le professeur Giuseppe Conte.
Encore ce soir, en écrivant ces lignes, j’ai du mal à y croire.
C’est comme si la N-VA formait un gouvernement en Belgique avec le PTB !
Mais est-ce vraiment un programme de gouvernement que de juxtaposer les promesses faites aux électeurs si différents des deux partis ?
En vrac, ils vont mettre en musique une flat tax, le droit à la légitime défense ( ?), de nombreuses dépenses sociales (création du revenu de citoyenneté et une majoration sensible des retraites), un durcissement de la politique d’immigration, des mesures écologiques, et enfin, la volonté de taper dans la fourmilière européenne en matière économique et financière, le plus raisonnable et le plus justifié étant la demande de la levée des sanctions à la Russie et le plus déraisonnable étant un essai de démocratie directe, sans aucune préparation de ce si important chapitre tabou partout en Europe, avec son pendant qui est la question des référendums populaires.
Deux mesures nécessaires pour redonner vie au projet européen de démocratie, mais qui risque de transformer l’Italie en un Venezuela européen, tant la réussite d’une si formidable entreprise n’est possible que dans une Europe l’exigeant d’une seule voix.
Le seul consensus du programme de ces deux formations tient à la nécessité d’exiger la pleine souveraineté nationale.
On voit d’ici Merkel, Macron et Juncker se précipiter dans les abris pour s’équiper en armement lourd.
Déjà ce rapprochement hors nature sent la magouille, pour lancer une sorte de bipartisme, afin de se partager les électeurs : « toi au Nord, moi au Sud ».
Ce programme s’il était appliqué, mais encore convient-il de se demander s’il est applicable, aboutirait à une vraie rupture pour l’économie, le social, la fiscalité, la justice, l’immigration, les institutions et l’Europe, tout un chambardement !
Gare dans un an quand les électeurs et les deux partis feront le point.
Depuis toujours, je pense que la rupture avec l’économie libérale et l’Europe petite bourgeoise est nécessaire, mais est-ce vraiment ce qu'il se passe en Italie ? Où est la majorité de gauche homogène capable de réaliser vraiment les promesses électorales ?
La première certitude, c’est hélas le déficit public et la dette, qui vont grimper. Les Italiens sont déjà à 132% de la dette par rapport au PIB.
Ce qui est bien, voilà enfin un grand pays qui en exposant ses problèmes, atteste que l’Europe en a aussi de plus importants encore.

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Les gros chats de gouttière de la rente du pouvoir comme Charles Michel attendent une réaction des locomotives de l’Europe, le mot d’ordre donné aux journaux est l’attentisme dans l’incertitude du vainqueur du bras de fer entre Macron et Merkel, qui n’ont pas le même point de vue sur l’attitude à adopter devant le nouveau gouvernement italien.
Giuseppe Conte, le président du conseil, est sans expérience. Il se voit encadré de deux vice-présidents. Enfin, l’expérience… ça ne veut rien dire. En Belgique, nous avons des tas de ministres à expériences diverses et de longue date, on voit où ça nous mène.
Ce qui complique tout, le M5S et la Ligue se disent prêt à claquer la porte de l’Europe, sauf qu’ils ne veulent pas perdre l’euro !...
Une majorité des Italiens reste attachée à la monnaie unique et peut-être même à l’Europe. N’est-ce pas Rome qui voilà deux mille ans unifiait le pourtour méditerranéen et même au-delà ?
Il n’y a pas trop à barguigner, pour se défaire de l’euro, il faut d’abord liquider le système bancaire. Pour cela l’Italie seule risque de sombrer à la grecque. Les autres pays en seront maris, mais en même temps intéressés à dépecer la bête comme ils le firent pour la Grèce.
Va-t-on vers un gouvernement de théâtre ? On sait les Italiens amoureux d’opéras et de bel canto. En vertu de l’article 74 de la Constitution, le président Sergio Mattarella peut refuser une loi et la renvoyer pour examen devant les Chambres et au Sénat, la Ligue et le M5S ne disposent que d’une courte majorité.
On voit la dramaturgie se dessiner et Giuseppe Conte jouer le grand air de Paillasse.
Et si le pays s’engageait dans une nouvelle expérience politique, sans que l’Europe s’en aperçoive ? L'Italie a inventé le fascisme au début des années 1920, bien avant Adolphe !
L’Italie constitue un laboratoire où l’Europe pourrait puiser de nouvelles formules de rassemblement des peuples.
Les paris sont ouverts.

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