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Aux descendants paumés du Jeu de paume.

Il n’est aucun problème, si complexe soit-il, qu’une absence de décision ne puisse résoudre, a jeté sous forme de boutade le président Queuille à des journalistes ; pourtant Charles Michel s’en est inspiré et s’en inspire encore. Il faut se méfier de ce type. C’est quand il prend un air « larmoyant » qu’il est le plus dangereux. Mine de rien, il est en train de brader la Belgique au plus offrant, au nom de l’Europe libérale, sur la pression d’une droite « qui ne fait plus confiance aux élus », à savoir Charles Michel, lui-même ! En bon libéral, il s’appuie sur le bruit que font courir les gazetiers « le privé gère mieux l’entreprise que le secteur public ».
Jean-Jacques Rousseau, le génial errant (1712-1778), ne condamne pas n’importe quelle propriété. Ce n’est pas un busard, ce gracieux rapace au vol chaloupé, que dépeignent les intellectuels de la Fondation Jean Gol (ils n’en peuvent dire trop de mal pour éviter de passer pour des cons). Le philosophe croit fermement que certaines propriétés sont le fondement même de la société démocratique et que le privé en mettant la main dessus commet tout simplement un vol.
Nous avons un bel exemple à Gênes du pont qui vient de s’effondrer en tuant 43 personnes et qui n’aurait jamais dû être privatisé avec les routes qui y conduisent ; même si l’État italien avait eu la même incurie dans l’entretien de l’ouvrage d’art, que la société « Autostrade per l'Italia » !
Au moins, en politique, « responsable mais pas coupable » ne dilue pas si facilement les responsabilités qu’un tribunal et ses experts. Il y aurait eu des fins de carrière retentissante.
La propriété ne doit pas être fondatrice, mais doit découler naturellement du travail. L’avènement du propriétaire plus que de la propriété a été un passage funeste dans l’histoire de la démocratie. Le libéralisme n’est pas devenu une doctrine, comme glose Richard Miller, mais un système, celui de l’économie mondialisée. Ce système permet dorénavant qu’un port grec, celui du Pirée, le plus chargé d’histoire, devienne la propriété du capitalisme chinois.

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Dans le système libéral, le propriétaire ignore la générosité. Il produit des avares qui, voulant tout posséder, entendent bien aussi posséder les hommes. Il ne peut y avoir d’indépendance de la conscience que fondée sur une indépendance économique, nous enseignait déjà Jean-Jacques Rousseau. Dans sa quête de vérité, le reclus d’Ermenonville disait dans son « Emile », qu’il fallait refuser les bénéfices, l’accumulation du capital, si ce n’est pour satisfaire ses besoins. On ne doit pas tirer profit du travail d’autrui, mais du sien propre.
Ce serait l’objet d’une grosse rigolade dans le bureau du petit Chastel d’entendre de pareils propos. Et il est vrai que la société s’est tellement aventurée dans un sens opposé qu’il serait inimaginable de revenir en arrière. Encore faudrait-il mettre des freins à cette ivresse de toute puissance économique de certains, aidés par leurs valets politiques dans l’accomplissement de leur malfaisance. Les biens de l’État sont le fruit du travail de tous. Les mandataires politiques ne sont que des gestionnaires du bien public, en les offrant parfois à vil prix et souvent avec des dessous de table, ils commettent un crime contre la Nation.
En ce sens, je pense que les partis de gauche s’honoreraient de proposer une loi d’incessibilité de tout bien de l’État ayant un caractère de service à la population. Elle devrait même être rétroactive à l’occasion.
Il est anormal que ce soit des particuliers qui font les prix des péages des autoroutes, même s’ils sont réglementés, tout ce que l’Europe tente de privatiser les postes, les hôpitaux, les chemins de fer, les ports et jusqu’à un certain point les polices surtout de surveillance, déforment l’esprit européen au profit de l’esprit de propriété, de possession et de domination.
On voit bien que cette déformation déteint sur les citoyens et les atteint dans leur conscience, au point de refuser de tendre la main à la détresse humaine, le chômage, la vieillesse pauvre, les étrangers qui fuient leur pays en cendre, tout geste qui devrait être considéré comme fondateur de la démocratie et dont on voit la caricature au MR.
Alors, quand ces clowns de la Fondation Jean Gol se mêlent d’interpréter l’Histoire au nom du libéralisme triomphant, on se pose la question de savoir pour qui ces gens travaillent réellement.

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