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2me partie : La commémo honteuse.

À la décharge de Reynders, tous les gouvernements, en septembre 2008, après quelques jours de panique, rachetèrent les obligations douteuses, empêchant des faillites, avec l’argent des contribuables, sans contrepartie. Ce qui démontre bien que les règles commerciales ne s’appliquent pas partout et tout le temps de la même manière.
Henry Paulson, secrétaire américain au Trésor, le 18 septembre 2008 annonce la mobilisation de 700 milliards de dollars pour racheter les créances douteuses de Lehman, trois jours après la chute des actions en Bourse.
L’argent du contribuable est jeté dans la bataille, en dépit de toutes les règles commerciales en matière de gestion et sans l’avis des contribuables et de leurs représentants politiques.
Le prétexte évoqué, en Belgique et ailleurs, était le sauvetage de l’emploi de dizaines de milliers de personnes. Dix années plus tard, la révolution des applications de l’électronique dans le système bancaire mettait à la rue les gens qu’il fallait sauver à tout prix en 2008.
Ce fut pour le public une mauvaise opération commerciale, puisque l’État avec les sommes déboursées aurait pu s’approprier les banques, quitte à les vendre ensuite aux plus offrants ! Les taux de prêts à l’epoque ont défié toute concurrence, si même il y en eut. Sitôt remises sur pied, les banques ont prêté l’argent qui avait permis de les sauver… à ceux qui les leur avaient avancés et à des taux très supérieurs !...
En 2008, il est vrai, la mesure apaise les marchés. Il n’en reste pas moins une grande interrogation, ce sauvetage mondial a été initié par les USA et tout le monde a suivi. La rapidité de la réaction américaine est suspecte, avant de rejoindre l'administration Bush, Paulson avait été cadre supérieur plus de trente ans chez… Goldman Sachs !
Dix ans après, les liens entre les quasi faillis et les régulateurs financiers ne se sont pas distendus, au contraire. Un autre ex- Goldman Sachs, Mario Draghi, est à la tête de la Banque centrale européenne, et un ex-BNP Paribas, François Villeroy de Galhau, gouverne la Banque de France, Jose-Manuel Barroso, ex-président de la Commission européenne, a rejoint Goldman Sachs (toujours !) et Xavier Musca, secrétaire général de l'Elysée sous Sarkozy, travaille aujourd’hui au Crédit agricole.
À l’époque, pourquoi la gauche a-t-elle laissé passer ce vol organisé ? Était-ce déjà qu’on ne pouvait lutter contre la puissance du dollar, et que les rodomontades de Reynders n’étaient que les aboiements du chien qui remercie son maître, sans qu’on y trouvât à redire ?
La crise de 2008 a laissé des séquelles et déclenché une mécanique infernale dont on devrait mesurer l’incidence sur la dette publique, puisque les recettes ont baissé avec elle. Résultat, les déficits ont filé et les pays, comme la Belgique, ont aggravé leur dette !

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L’Europe pâtit aussi par la légèreté de ses responsables. Nous vivons sur un volcan financier. Athènes a toujours un endettement de 188 % du PIB. L'Italie inquiète par un passif qui s’alourdit d’année en année, si on ne fait rien, son problème sera celui de la Grèce ! Les nouveaux dirigeants italiens ne disent-ils pas qu’ils vont laisser filer la dette, parce que l’Italie a besoin d’investir dans ses infrastructures, à la suite de l’effondrement d’un pont à Gênes ?
Les créances douteuses qui ont fragilisé les banques sont dues en partie aux agences de notation qui trompent les investisseurs. S&P et Moody's ont soutenu les fonds de titrisation, par des cotes avantageuses ! Les américains S&P, Moody's et Fitch détiennent toujours plus 90 % de part de marché en Europe. Ils jettent de l’huile sur le feu et jouent avec les cotations des États et font remonter les taux de remboursement de la dette.
Les banques belges s’embarquent dans le même type de raisonnement qu’en 2008, ouvrant des crédits aux entreprises sur les recommandations de Charles Michel, afin de créer une atmosphère euphorique pour les élections d’octobre.
Les banques sont-elles devenues plus raisonnables dix ans plus tard ? En 2017, BNP Paribas, Société générale et Natixis comptaient un total de cent banquiers millionnaires en France. On n’a pas les chiffres des hauts salaires pour la Belgique, mais cela ne doit pas être triste. Cela démontre l'agilité des financiers pour exploiter les failles des règles européennes encadrant les bonus. L'ABE cite l'exemple d'un gestionnaire d'actifs qui a gagné 33 millions d'euros au total pour trois millions d'euros de salaire fixe.
Pourquoi la gauche n’exploite-t-elle pas davantage le dérapage économique constant de l’économie libérale ?
Cette chronique n’est pas de pure fantaisie écrite par un farfelu. Elle s’appuie sur des journaux financiers et des économistes underground. La seule difficulté est de faire comprendre les enjeux aux populations rebutées par la complexité du sujet.

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