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Je croîs, donc j’en suis !

Il ne faut pas prendre tous les riches pour des veaux. Même ceux qui n’ont eu que la peine de naître pour encaisser des millions ne sont pas toujours des imbéciles. Quant aux autres, ils ont cette forme d’intelligence d’avoir compris qu’on ne peut s’enrichir de son travail, mais de l’accumulation du travail des autres, à l’exception de certains artistes et de quelques footballeurs, quand leurs modestes personnes bénéficient d’un phénomène de mode.
Les riches ont cette faculté de se nourrir de l’alliance du progrès scientifique et de la croissance économique. Les pauvres ont un progrès au rabais dans des grandes surfaces, par l’écoulement naturel de la production de masse.
Au moyen-âge, 100 villageois produisaient 100 tonnes de blé, en 2018 deux paysans sont suffisants. Ce progrès au lieu de profiter équitablement à tous et notamment au 98 villageois dont on n’a plus besoin, n’a, en général, profité qu’à un seul des deux producteurs.
La croissance obsède le monde moderne, comme Dieu obsédait les premiers Croisés. Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, cette obsession passait inaperçue. Les Princes et les manants ne se posaient pas la question de l’accroissement des biens par le travail. Les puissants usaient de leurs hommes d’armes pour rançonner les faibles. Ceux-ci s’en prémunissaient par la ruse et la dissimulation. Tous n’imaginaient pas vivre autrement. S’accréditait le fatalisme de ne pouvoir disposer d’un meilleur destin pour leur progéniture.
Les fonds étaient rares, parce qu’on ne prêtait vraiment qu’aux riches, et encore, à des taux usuraires, le banquier sachant qu’en cas de non remboursement, il n’avait aucun recours pour être défrayé du puissant.

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Aujourd’hui en pression forte de croissance généralisée, mais aussi de la démographie galopante, on a compris que quelqu’un qui perçoit une plus grosse part de gâteau, le surplus sera retranché de la part d’un autre. Ça l’est au point que certains ont une double part complète et que d’autres par voie de conséquence n’ont rien.
L’erreur du système repose sur la conscience que la croissance économique est essentielle. Cela serait jusqu’à un certain point raisonnablement juste, puisqu’elle devrait courir après la démographie. Qui ne défendrait une croissance altruiste ? La croissance du point de vue libéral n’est pas faite pour cela, mais pour le profit personnel. L’enrichissement personnel n’est pas un idéal, c’est un état d’esprit incompatible à la survie du groupe dans lequel on vit. Pour Macron et Michel, l’enrichissement personnel, c’est la clé de voûte qui tient tout l’édifice.
Les raisons des économistes pour une croissance continue servent essentiellement à alimenter la machine capitaliste. C’est son carburant. Sans croissance c’est la panne. Qui produit plus, consomme plus dit-on. Il suffit de poser la question à la sortie des usines à productivité exponentielle, pour savoir ce qu’il en est des salaires et en quoi la production accrue rend les personnels plus riches. Leurs avantages se réduisent à la conservation de leur travail. La production accélérée est faite sous la menace de leur licenciement, la stagnation étant un motif d’échec et de renvoi.
Le capitalisme de marché en est au point qu’il fait courir les gens actifs sur la tête. La croissance veut que nous relâchions les liens avec nos parents Et il en est ainsi. À ce jour, la grande vieillesse pose un problème irrésolu, attendu que les gens travaillent à la croissance économique. Ils n’ont plus le temps de s’occuper de leurs vieux. Les liens familiaux se sont distendus et la famille est en train d’exploser.
Le capitalisme de marché a franchi la frontière qui séparait le champ de la science et celui de la religion, par le travail du dimanche et cette détestation des productions de s’attarder sur la spiritualité source de déperdition d’énergie. Le capitalisme c’est Proust qui aurait cessé de partir à la recherche du temps perdu, depuis l’invention de l’horloge pointeuse et du behaviorisme.
C’est une course contre la mort et aussi contre la vie. Jamais le capitaliste ne dira « ça suffit, nous avons assez bossé et nous allons profiter de notre travail en nous la coulant douce le reste de l’année. Il n’y a que deux espèces d’individus qui peuvent dire cela : le propriétaire sur qui s’écoule tous les bénéfices. Il est encensé et félicité pour son intention à ne rien faire, et le libertaire-clochard qui n’a que faire du travail et qui est l’être le plus haï de la société, pour son frein à la croissance, compris comme une attitude provocante.
S’accrédite une guerre à qui gîte sur les trottoirs, au nom de la propreté des rues. Les mendiants et des demandeurs d’asile sont déshumanisés. Les directions et les partis de droite organisent une nouvelle chasse aux sorcières qui les arrange, puisqu’elle a pour principal objet de détourner l’attention sur des boucs émissaires.
Le thème de la croissance est comme le bramement du cerf de la démocratie, sauf qu’il n’a pas lieu qu’en automne, mais toute l’année. La croissance peut-elle cependant se poursuivre éternellement ? Poser la question, c’est y répondre quand on est intelligent. Or, cette question capitale n’est jamais posée, parce qu’enfin si la croissance était stoppée un jour, qu’adviendrait-il de cette société qui a toujours refusé d’y réfléchir ?
L’économie moderne a un énorme besoin de poursuivre son expansion, parce qu’on n’a pas encore trouvé autre chose pour nourrir la machine.
Quand les matières premières seront épuisées et l’énergie au bout du rouleau, il ne restera plus que la science pour trouver l’échappatoire. La conquête d’autres planètes sera peut-être une solution, mais pour un très petit nombre de riches exclusivement.
La machine capitaliste aura fait le tour des possibles et nous aura rendu tous idiots. Alors nous disparaîtrons entraînant avec nous les grands mammifères et la bio diversité !

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