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Les Gilets Jaunes.

C’est de façon tout à fait inusitée que cette chronique sur les « gilets jaunes » est publiée à la mi-journée à la veille de sa lecture normale, effaçant presque la précédente chronique (« La Bruyère, de gauche ? » Richard3.com).
C’est que l’événement a des précédents qui sont presque tous entrés dans l’Histoire. La Jacquerie, le coup de sang, le « ras-le-bol » est pratiquement la seule manière qu’a le Peuple de s’exprimer librement et sans les contraintes des chicanes et des barrières mises par tous les pouvoirs, parfois dans les meilleures intentions du monde, des intermédiaires entre le Peuple et ce qui fait l’État et la démocratie.
Peut-être que demain il n’y aura que des petits mouvements d’humeur, des occupations de ronds-points sans conviction et très facilement dégagés par les CRS. Mais peut-être aussi s’agira-t-il d’un raz-de-marée, un déferlement humain submergeant tout et emportant avec fracas les « élites » et l’État dans les tourments d’une révolution.
Sans chef, sans les syndicats et les grains de sel des particularismes que sont les intérêts politiques, les « gilets jaunes » sont pour les observateurs et les historiens un vaste point d’interrogation.
Cela mérite au moins que l’on s’interroge sur la manière qu’ont les responsables au pouvoir de faire prospérer le peuple et la démocratie, de s’ingénier à pratiquer une politique de dosage qui ne peut que desservir le plus grand nombre, pour satisfaire une minorité.
La taxe, l’accise ou le prélèvement, qu’on appelle cela taxe contributive ou part de l’État sur tout produit de base est tout simplement le fondement de toutes les injustices et de toutes les disparités. L’essentiel des ressources de l’État est le produit du plus grand nombre. Quand le gouvernement réduit l’impôt sur la fortune, il contribue à creuser le fossé entre ceux qui apportent le moins d’argent à l’État et ceux qui en apportent le plus.
Il n’est pas logique que la charge des lourds prélèvements sur l’essence soit la même pour celui qui a un salaire de 1500 € par mois que celui qui gagne 10.000 € sur le même temps, voilà ce que cela veut dire.
Ce raisonnement est imparable. Il est valable partout, même en Belgique, faut-il le rappeler.
Cette colère irraisonnée du peuple français (quand on gagne peu et que l’élite veut prélever plus, c’est la famille et la raison d’être d’une société qui est en jeu) trouve matière à réfléchir dans tout ce qui précède. C’est le « bon sens » du peuple qui va au plus pressé et qui voit juste.
Reste la colère qui s’exprimera demain. Elle est légitime, elle découle du bon sens populaire et remet les élites à leur place, parmi les imbéciles instruits qui font les Républiques.
La France verra-t-elle un véritable blocage samedi 17 novembre?
La mobilisation est massive sur les réseaux sociaux, là où elle est née. Les élites sont contrariées, il n’y a pas de chef, pas de dialogue possible. Une droite et une « gauche centriste » se sont défaites des syndicats et nié l’existence des vrais partis de gauche. Elles sont tellement bien arrivées à leur fin que les voilà seules et dépourvues devant une force qu’elles ne connaissent pas et qui pourrait être le plus redoutable de leurs adversaires : un peuple en colère.

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D’abord révolte fiscale, les gens se sont peu à peu appropriés d’autres doléances, comme l’augmentation de la CSG qui a mis les retraités hors d’eux, ce qui est rare, puisqu’ils étaient jusqu’alors les piliers d’un État stable et centriste.
C’est enfin l’histoire du peuple des campagnes et des petites villes éloignées de tout et où la bagnole est vitale pour tous les déplacements, à commencer par des trajets parfois de plusieurs dizaines de kilomètres pour se rendre à son travail, alors que les urbains des grandes villes auraient plutôt tendance à considérer la voiture comme un luxe parfois bien pesant, avec des transports en commun variés, des taxis et une pléthore de véhicules en location.
La réaction de la CGT est assez surprenante. Ce syndicat, d’habitude à la pointe des mouvements contre le système, ressent plutôt une sorte d’humiliation quand on voit avec quelle difficulté elle rassemble encore sur des thèmes salariaux et conditions de travail, alors que des gens venus de nulle part et non-structurés sont en train d’inquiéter jusqu’au sommet de l’État ! La réaction de la CGT dénonçant le mouvement « gilets jaunes » comme d’inspiration d’extrême droite, personnellement je la trouve déplacée, peu conforme à la réalité et peu compatible avec l’esprit qui devrait animer le syndicalisme. Il faut y voir l’appartenance des syndicats à la société civile organisée, déconnectés des préoccupations, un peu à l’image du parti socialiste. Et c’est regrettable pour leurs affiliés.
Le 17 novembre, c’est l’alliance de ceux qui ne veulent pas suivre la voie que leur trace une société qui menace de les rejeter s’ils ne la suivent pas. Ils ne leur restent pas d’autre choix que de dire à cette société que c’est réciproque et qu’ils n’en veulent pas non plus.
Passé le 17, le mouvement se maintiendra-t-il ? On sait comme parfois la colère du peuple est difficile à éteindre et puis, après l’émeute, comme souvent le peuple honteux retourne dans la niche de ses maîtres avec le sentiment de les avoir trahis !
C’est la raison de cette chronique inhabituelle pour l’évènement imminent, qui méritait une « Édition spéciale ».

Commentaires

Effectivement, le mouvement est parti du Front National de le Pen et avec les conséquences, c.a.dire, facilement reprises par un peuple qui en a marre et qui ne fait pas la différence en une extrême-droite et la démocratie de ce qui reste d'une gauche en décomposition, hormis la vraie gauche radicale de la France Insoumise , du parti anticapitaliste du facteur etc..bonne journée mon cher Duc.

Désolé de vous contredire, cher ami, mais des interviews que j'ai suivis aux radios et télévisions françaises, il semblerait que les initiateurs ne soient pas du tout branchés "Marine Le Pen" et complètement hors des partis. Bien entendu, l'extrême droite, et il n'est pas le seul, va s'efforcer de récupérer à son profit ce mouvement spontané.

Et bien , si c'est le cas et que je me suis trompé, tant mieux, je suis révolutionnaire et mon souhait, demain le peuple dans la rue et si , il reste des pavés, ils serviront pour contrer les "forces de l'ordre".

Ce mouvement est apolitique. Cessez de lire les "merdias" qui vous manipulent.

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