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Le gilet du samedi 5.

Au 8me samedi de conflit entre le pouvoir macronien et les Gilets Jaunes, différents événements sont à prendre en considération.
Le premier, c’est que les Gilets Jaunes n’ont pas désarmé. Le mouvement a repris la vigueur qu'il avait avant les Réveillons. Nous sommes arrivés à un tournant de la carrière de Macron. Il a devant lui une véritable sédition d'un peuple résolu qu'il a outragé par sa politique nettement de droite et pro système.
Le deuxième, le taux de sympathie de la population reste largement au-dessus de 55 %, ce qui est un signe qui indique combien la société française est outrée de voir le sort que le pouvoir réserve à ceux qui sont à la base de la prospérité et qui travaillent au SMIC brut (± 1O € brut de l’heure en 2019 en France), sans parler de ceux qui n’ont pas cette « chance » !
Le troisième concerne le pouvoir. Macron a été élu pour faire des réformes en profondeur de l’État. Il a cru adroit, pour ne pas fâcher le patronat et le monde des affaires, d’abandonner l’impôt sur la fortune, plus quelques mesures signalant qu’il est du genre très libéral, la réforme sur le code du travail et des mesures supplémentaires jetant la suspicion sur les chômeurs considérés comme réfractaires à l’emploi, toutes mesures propres à rassurer la droite de ses intentions. Cette erreur, il la paie aujourd’hui. Il est toujours délicat de méconnaître le sort de la majorité, pour satisfaire une minorité, même si elle est agissante en économie.
Le quatrième est le résultat du précédent. Cette méconnaissance de la détresse d’une grande partie des Français, il faut à présent qu’il l’assume en renforçant sa police, en musclant les initiatives de celle-ci et en faisant monter en ligne un ministre de l’intérieur remonté comme une pendule, comme si les Gilets Jaunes étaient une branche de Daech !
Le cinquième tient à l’incertitude de la suite du mouvement lui-même. On voit qu’il résiste bien au pouvoir parce qu’il montre jusqu’à présent une colère indignée qui est collective. On devine la tentation de certains Gilets Jaunes de se fédérer dans l’intention de créer un parti. C’est très visible à propos des élections européennes de mai prochain, comme aussi la possible récupération de quelques figures marquantes du mouvement par un quelconque parti. Là aussi, l'ensemble tient bon et reste, dans une grande majorité, en-dehors des partis. C'est une bataille entre le pouvoir et les citoyens qui ne veulent pas être des sujets, comme sous l'Ancien Régime.

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Le sixième, c’est l’incapacité des parlementaires, cependant majoritaires, de la République en Marche d’organiser, en contre-feu, un grand rassemblement national, comme ce fut le cas des gaullistes en mai 68, ce qui mit un terme aux émeutes et qui fit basculer la masse des indécis pour l’ordre qu’incarnait le gouvernement de l’époque. C’est la grande faiblesse d’un parti né du hasard d’une conjoncture favorable de l’Histoire avec Macron, qui était à l’époque l’homme providentiel. Ce parti disparaîtra vraisemblablement avec lui.
Le septième, est plutôt d’ordre personnel, d’un Richard3.com qui s’informe comme tout le monde et qui avait jusque là fait confiance à des journalistes souvent regroupés dans les « C » de Francs 5. On les voit critiques parfois sévères par temps calme du pouvoir et des oppositions, au point qu’on est prêt à jurer de leur impartialité et de la sûreté honnête de leurs analyses. Tout change dès que l’État tel qu’il se fige dans leur mémoire d’anciens de polytechniques et de l’ENA, soudain secoué par quelque chose que personne n’avait prévu, parfois feu de paille, mais aussi embrasement d’ampleur comme celui des Gilets Jaunes. On en avait eu un aperçu en 2008/9 à la crise économique. Ils se sont tous rendus à l’analyse des ministres des finances partout en Europe et ont partagé la thèse qu’il fallait faire payer la crise aux imposés habituels, plutôt qu’aux banques. Ils remettent le couvert avec les Gilets Jaunes. Ils sont pour tous les pouvoirs à partir du moment où ils sont en place dans un jeu alternatif, un peu pour la droite, un peu pour la gauche. Tout en décriant le scrutin à deux tours, ils l’adorent puisqu’il permet aux uns de se succéder et aux autres d’attendre leur tour, laissant ainsi sur la touche jusqu’à 38 % des Français qui ne sont pas représentés, alors qu’ils ont voté pour un parti politique qui a la malchance d’être minoritaire un peu partout au second tour et qui rassemble parfois plus d’électeurs que le parti de l’élu.
Si vous disiez à ces journalistes qu’ils sont des complaisants de qui décide au plus haut, ils ne vous croiraient pas. En fin de compte, ont-ils jamais été autre chose que des machines à valider le pouvoir ?
Le huitième est la revendication du référendum. Macron en avait évoqué la tenue lors de sa campagne électorale. Mais, il ne s’agit pas de la même chose. Il est toujours pour un référendum mais d’initiative gouvernementale et à la limite, qu’il soit d’initiative populaire à la rigueur, à condition que ce soit lui qui en fixe les règles et les enjeux. Ce n’est pas du tout ce que souhaite les Gilets Jaunes. Ils veulent tout simplement revenir sur le blanc-seing que l’électeur donne au parti qu’il soutient. Cela s’appelle une démocratie à participation citoyenne. Vous pensez bien que ceux qui sont au pouvoir ne donneront pas les clés de l’État au peuple ; ils savent bien qu’alors, le temps de leurs privilèges sera non seulement compté, mais encore que certains pourraient être obligé de venir s’expliquer devant le peuple et finir en prison, exactement comme ils se le permettent, en incarcérant en masse des Gilets Jaunes qui revendiquent seulement le droit de manifester et que Castaner prive arbitrairement de ce droit.

Commentaires

La France, la France .... J'ai lu ici que c'était le peuple le plus intelligent (c'est quoi l'intelligence?, c'est quoi le peuple?), mais il faudrait aussi s'intéresser à nos autres voisins: les Pays-Bac, l'Allemagne, le Luxembourg, la Grande Bretagne. Et à la Belgique. J'ai entendu hier à la radio:" Le mouvement des gillets jaunes est toujours bien présent: une quinzaine de personnes manifestait à Bruxelles et une trentaine à Namur. Des manifestations sont aussi attendues à Charleroi et à Liège". J'ai coupé la radio....

Il est vrai, la France... la France ! Il faut convenir que les événements en France sont considérables et qu'ils intéressent dans leur vie au quotidien TOUS les citoyens européens, quant à la suite de cette confrontation entre le pouvoir et le peuple. Ceci dit, je vous promets que ce soir, j'écrirai un billet qui ne concerne que les Belges. Bien à vous.

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