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Retour à l’Histoire.

Un ami lecteur, à la suite d’un vif échange sur le blog Richard3.com, m’a donné l’idée de cette chronique.
Pourquoi, jusqu’à présent, les tentatives d’instaurer une vraie démocratie ont-elles échoué ?
Parce que les couches supérieures de la société sont parvenues à faire croire au reste de la population que les meilleurs finissent par réussir et qu’il n’est pas impossible que les plus méritants aient des salaires de 20.000 € le mois, comme Pierre Moscovici, commissaire européen des finances.
La machine à consommer, marchant à plein régime, complète l’illusion.
On ne comprend pas pourquoi on donne 20.000 € à Pierre Moscovici, sur le temps qu’un retraité vit avec 850 € ! On complète l’argument probatoire de la disproportion, en arguant que l’un travaille et que l’autre ne travaille plus. Et l’on se perd dans les notions de travail en oubliant que si l’emploi de commissaire européen est rare, un million de citoyens sinon plus, feraient tout aussi bien, sinon mieux que Pierre Moscovici, J-C Juncker et les autres. Comment se fait-il que le conflit entre l’offre et la demande ne se fait pas aux échelons supérieurs et n’affecte que l’ouvrier et l’employé ?
On voit par là que cette société n’est pas celle qui favorise le mérite, mais qui tuyaute ses affidés en les asseyant à coup sûr, dans le jeu des chaises musicales.
La priorité revient de droit aux « élites » privilégiées, auxquelles il faut associer les gardes prétoriennes de ces curieuses démocraties. Comment voulez-vous que la police soit contre un régime qui vient de les augmenter en France et demain en Belgique, si les échauffourées perduraient ?
Voilà comme le système bancroche perdure.
Des éclairs d’une fulgurance extrême ont traversé ces derniers siècles.
Citons Michelet « la Révolution française devient une incarnation de la voie de l’univers ». Et c’est vrai que ces années où le peuple prend possession de lui-même est exaltante, à l’image de la philosophie qui s’est épanouie en Grèce vingt siècles et demi auparavant. Que cette fulgurance ait peu duré, comme le souligne Gaston Reiter, c’est vrai. Mais ce n’était pas un feu de paille, puisqu’il brûle encore en moi et quelques autres.
Ces moments exemplaires ne sont pas démunis de contradictions. Était-ce assez hardi cette déclaration de Robespierre de 1792 « Les hommes de tous les pays sont frères et les différends peuples doivent s’entraider selon leur pouvoir, comme les citoyens d’un même État. Celui qui opprime une seule Nation se déclare l’ennemi de toutes. » !

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Nous avons besoin de ces grands exemples pour espérer.
Honneur aux 35.000 morts de la Commune de Paris de 1871, des Communards qui ont défié trois mois une autorité française capitularde face à la Prusse, préfigurant Vichy et Pétain. Nous ne sommes pas dupes des agissements coupables de tous les mystificateurs qui ont écrit l’Histoire pour nos enfants. Nous nous devons de la réécrire jusqu’aux plus infimes événements : les trois morts de Grâce-Berleur à la Question royale de 1950 et la mort de Jo Woussen, abattu sur l’ancienne passerelle Saucy lors de la Grande grève de 60-61 par les gendarmes, sans oublier l’assassinat de Julien Lahaut, en font partie !
Nous assistons en ce début d’année 2019 à une chose que nos suborneurs n’avaient pas prévue : l’effondrement possible du système. La crise qui s’annonce, sera-t-elle celle qui fera imploser la machine ? Les crises financières ne peuvent être évitées. La cupidité n’entend pas la raison qui ferait que les hommes limiteraient leurs désirs !
Le peuple aujourd’hui, qu’incarnent les Gilets jaunes, rejoint dans une épreuve de vérité les grandes insurrections de 1793, 1848, 1871.
Certes, l’oligarchie a tout pour elle, les hauts salaires, les gazetiers, les modes de scrutin, l’appareil politique, si l’on excepte l’extrême gauche. Elle a encore l’université et l’intelligentsia de cour et même une partie des gens qui n’ont rien, même pas leurs cerveaux.
Mais, il y a une force qui peut les dominer. C’est la force du nombre. Le nombre est irrésistible.
Les temps sont à la bascule. Espérons que cela durera plus que les quinze jours de l’insurrection de 48, plus que les trois mois du Temps des Cerises et plus de deux ans, que l’aventure de la jeune République de 1792, jusqu’au jour fatal du 8 thermidor an II (26 juillet 1794).

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