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Un Destin français.

Éric Zemmour a publié l’année dernière, chez Albin Michel, « Destin français », 570 pages, à 4 centimes la page. L’ampleur du mouvement des Gilets Jaune a terni sa campagne et même l’a abrégée. Richard3.com s’est posé la question de l’opportunité de la réclame involontaire, en publiant une chronique qui lui est consacrée. Non seulement ce type est dangereux dans ses apriori de société, raciste et fier de l’être, mais encore approximatif et souvent inexact dans ses relations historiques. L’interprétation du passé est chez lui, une façon habile de le transposer dans le présent et d’en tirer un enseignement.
Il faut lui reconnaître du style, mais Barrès en avait aussi. Le nationalisme que Barrès transmit à Maurras fit que celui-ci soutint dès 1940 le régime de Vichy et le maréchal Pétain. On voit comme peut être dangereuse la pensée, quand elle fait école.
Une polémique sur la facilité avec laquelle Zemmour est reçu dans les médias avait débuté avant que l’attention ne se porte sur les Ronds-points. Ses propos étaient suffisamment tendancieux et méprisants à l’égard des étrangers et des personnes de couleur, pour qu’on s’arrête et réfléchisse sur le cas Zemmour. Hélas ! la dispute fut stoppée dans l’œuf.
Richard3.com a toujours défendu la liberté d’expression et regretté que des mots interdits sous peine de sanction en justice ne puissent plus être employés, empêchant cette génération de commenter de grands écrivains et en perdant de vue des faits, sans l’éclairage duquel l’Histoire devient incompréhensible. Comment entreprendre une recherche sur la France de 36, sans avoir lu « Mein Kampf », qui allait tellement influencer la collaboration française ?
L’affaire des prénoms entre l’auteur et Hapsatou Sy ne vaut pas la peine qu’on s’y attarde tant la position de Zemmour est ridicule, indéfendable, le plaçant dans la catégorie des cons absolus, sauf que c’était peut-être ce qu’il visait en bon commerçant du souk à vendre ses livres, ramenant le débat au niveau des membres de l’Action Française de l’entre-deux guerres.
L’auteur fait cette fois dans le portrait. De la Saint-Barthélemy à Maurice Audin, il pratique l’art du contre-pied et comme le public en a plus qu’assez de la pseudo démocratie des notables, la démolition, il aime ça. Démolir, d’accord aujourd’hui, c’est tout pourri et sans doute qu’hier et avant-hier ce l’était aussi, mais si c’est pour reconstruire une société à la Zemmour, avec des valeurs à peau blanche et à prénoms français, autant faire l’économie d’une révolution ! Frigide Barjot, ancienne meneuse de "La Manif pour tous", a avoué avoir pesé sur le vote des revendications des G.J. en y poussant les voix contre le mariage pour tous. On n’a pas la réaction de Zemmour, sans doute cela le réjouit-il !

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Cependant, il y a quelque chose d’utile à défendre le droit de tout dire et de tout écrire et y compris quand cela nous heurte, c’est celui de la nécessité de nourrir son esprit du pour et du contre, le risque de n’en rien faire serait de plonger dans la pensée unique et d’en ressortir comme d’un lavage de cerveau. Enfin, ce serait laisser la part belle aux censeurs qui décident pour nous ce que nous aimons et ce que nous n’aimons pas.
L’histoire récente des Gilets Jaunes remet en question justement cette pensée unique qui nous vient « d’en haut » mais qu’on soupçonne fortement venir du monde des affaires plutôt que de celui de la démocratie.
Qu’Eric Zemmour soit le commerçant astucieux qui, pour exister en librairie, commercialise le contraire de ce qu’il est raisonnable de croire une vérité historique, c’est vrai.
Eh ! bien oui et c’est cela qui le fait vendre, même si ce côté mercantile du commerçant madré et qui sait y faire, rejoint l’état d’esprit auquel il s’oppose.
On peut très bien jouer de la controverse et en tirer profit ; mais, c’est à la condition que le travail soit bien écrit.
C’est le cas et l’écrivain du « Destin français » est à lire pour le style et le fonds pour la controverse.

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