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Allô, place Saint-Paul ?

Voulez-vous que je vous dise, l’intérêt d’avoir le cœur à gauche sans être inscrit à un parti peut avoir des conséquences bénéfiques pour tous et notamment pour ceux qui mènent un combat politique dans le cadre du PS et du CDH.
Après avoir lu ce qui suit, il faudra que leurs dirigeants enfilent les perles autrement.
J’observe une constante au sein de la FGTB que je trouve inappropriée et même inquiétante. C’est l’affiliation quasi obligatoire des responsables des centrales syndicales et des instances de la Régionale (je parle pour Liège) au parti socialiste !
Je me demande si cette affiliation aux emplois de cadre dans cette instance, n’est pas la cause de la lente perversion qui a fait de ce syndicat, jusqu’à hier fidèle à la Charte de Quaregnon, une sorte de cache-misère tampon entre le système politique et le capitalisme ?
Nous subissons les outrages au quotidien de l’abandon de l’espérance en un socialisme-humaniste, par le pari d’une social-démocratie qui est en train de tourner court. Tandis que les gens du PS s’affèrent à renouveler les slogans de la pêche au filet du mois de mai, les travailleurs ricanent et n’y croient plus. Si bien que syndicat et parti pataugent dans une irréalité de concept carrément hors des clous du présent.
Pour avoir côtoyé les deux facettes, ayant été tour à tour en bas et en haut de l’organisation syndicale, je peux dire combien la position des cadres actuels de la FGTB est complètement en-dehors des préoccupations des travailleurs. À croire qu’on n’a plus affaire qu’à des promoteurs immobiliers qui spéculent et ajoutent au patrimoine, en aspirant les petites Centrales (1).
Trente années de libéralisme intempestif à la suite des trente années Glorieuses ont liquéfié le cerveau des héritiers de Jaurès et de Destrée. Quand les grossiums de la chasse au trésor, qui se résume à la défense des acquis, montent à la tribune pour sortir « camarades», ce mot désormais dénué de sens pour eux, on dirait des gens qui avalent du Nutella à la louche.
A-t-on bien mesuré à la FGTB que les cadres supérieurs en étant tous affiliés au PS sont en train de saborder un syndicat dont la mission essentielle, l’émancipation des travailleurs par l’espoir d’un socialisme autogestionnaire, est rangé dans le placard, et que c’est une trahison des élites ?
Il paraît que c’est d’actualité de récompenser les anciens du syndicat qui ont eu quelques temps leurs noms dans les journaux, en étant accueilli par le parti auxquels ils ont adhéré par ambition, pour devenir quelque chose ailleurs. C’est à la fois commun et en même temps révélateur du courant qui passe du parti au syndicat et du syndicat au parti.
La conversion d’un socialisme pragmatique au capitalisme ambiant est la cause directe du dévoiement du syndicat FGTB en une agence-bis de placement, ressemblant de plus en plus – ne serait-ce que par les guichets – à une compagnie d’assurance des risques de licenciement, avec avocat et accompagnement en justice.
Quand Benoît Lutgen écarte Anne Delvaux de la liste européenne au profit du syndicaliste Claude Rolin, il n’agit pas différemment de Jean-Claude Marcourt, qui pour les élections du 26 mai prochain, embauche Francis Gomez, ancien président des métallos liégeois, puis de la FGTB Liège-Huy-Waremme.

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Si les métallos ne sont pas convaincus que Gomez a toujours roulé pour le PS et d’une certaine mesure s’être fichu du monde, pour ne pas dire de leurs gueules, c’est à croire que tout est bien mal barré à gauche et qu’il n’y a plus que les Gilets jaunes pour relever le gant !
Partis différents, mais même mœurs ! À un autre échelon, cela rappelle Barroso, prédécesseur à l’Europe de JC Juncker et engagé chez Goldman Sachs, un banquier responsable majeur de la crise économique la plus grave de ces 50 dernières années et que Barroso a critiquée sévèrement dans l’exercice de ses deux mandats. (voir Blog Richard3.com)
Peut-on se moquer plus ouvertement de ses convictions affichées et claironnées haut et fort, pour n’être finalement que le vendeur de son carnet d’adresses ?
Pour les syndicalistes, c’est encore autre chose. Ce sont des gens qui partis de rien, tels que nous sommes tous, sont arrivés à quelque chose : bon salaire, considération, notoriété locale et grisés de la différence, ne peuvent pas supporter de rentrer dans l’anonymat où est leur vraie place.
Faut-il s’étonner qu’il leur semble ne pas se déjuger de passer d’une barque à l’autre, surtout qu’ils ont eux-mêmes conduit le syndicat à renier sa fonction première, pour s’aller compromettre avec des marchands de soupe d’un PS, sans idéal, sans but, sans avenir finalement.
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1. Je pense au syndicat du Livre avalé par plus gros poisson et qui a perdu du coup son immeuble de la rue Roture, devenue une succursale de la Place Saint-Paul. Alors que les Statuts de l’Association des Arts Graphiques en déterminaient la propriété incessible. C’est à se demander comment les Notaires ont procédé à ce transfert de biens, sans rechercher les responsables historiques encore en vie de ce syndicat, bien plus ancien que la FGTB elle-même, et probablement de par sa date d’organisation (1845), parmi les premiers syndicats de Belgique !

Commentaires

Pourriez-vous expliquez le titre de votre rubrique pour les non-liégeois? Est-ce une référence au vatican?

Bien volontiers.
La Place Saint-Paul est le Vatican du syndicat FGTB à Liège. C'est sur cette place qu'un gros immeuble avec deux ou trois satellites du syndicat concentre ses moyens de la Régionale Liège-Huy-Waremme et de quelques centrales syndicales.

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