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Le MR piège à cons !

Encore une preuve de la trahison des clercs : le tri partisan des œuvres philosophiques. On se souvient de la gourmandise avec laquelle Didier Reynders parle à tout propos d’Alexis de Tocqueville, le père fondateur, avec Adam Smith, du capitalisme moderne.
L’escroquerie est double. Il suffit de lire les œuvres de Tocqueville pour connaître ce que les économistes modernes retranchent volontairement des citations : une critique assez bien faite de l’économie du XVIIIme siècle. Quant à Smith, la transposition de son champ d’observation au nôtre n’est pas du tout acceptable par un esprit rigoureux.
L’esprit rigoureux, hélas ! fait défaut chez nos bateleurs de foire électorale. Ils comptent sur la candeur des électeurs qui n’iront pas voir s’ils ont raison ou tort.
Par contre, vous ne les verrez jamais se lancer dans l’analyse de l’œuvre de Schumpeter (+1950). Et pour cause, auteur hétérodoxe de par son positionnement méthodologique, Schumpeter est surtout un visionnaire quant à l’avenir du capitalisme (Capitalisme, socialisme et démocratie. 1942)
Ces cuistres diplômés en droit, pharmacie, médecine, voire en science de l’économie (Denis Ducarme) qui jouent les Pic de la Mirandole au sein du MR, sont avant tout de sacrés menteurs et d’incompétents bavards.
« Le capitalisme, s’il reste stable économiquement, et même s’il gagne encore en stabilité, crée, en rationalisant l’esprit humain, une mentalité et un style de vie incompatibles avec ses propres conditions fondamentales, avec ses motivations profondes et les institutions sociales nécessaires à sa survie. » (Schumpeter).
Loin aujourd’hui d’être stable le brouet capitalistique que nous lègue Charles Michel, en partant sur la pointe des pieds et sans gloire, est on ne peut plus instable et voué par logique à une fracturation prochaine.
Schumpeter pensait déjà à l’époque que même « stable » le capitalisme ne pourrait survivre à ses propres contradictions. Il a même proposé dans les années quarante, une vision pessimiste de son évolution future. Il partage le constat de Marx (là nos chasseurs de populistes vont rugir de bonheur) d’une fin programmée du capitalisme. Dans une chronique déjà ancienne sur le Blog de Richard3.com, j’avais déjà émis quelques remarques sur les causes de l’échec annoncé, que Schumpeter ne pouvait pas encore soupçonner à l’époque, Marx non plus d’ailleurs.

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Les économistes qui prospèrent en se pendant aux basques des gens de pouvoir n’envisagent qu’un marché en concurrence pure et parfait, dans lequel les stratégies des entreprises sont internes, toutes tournées vers l’accroissement des gains productifs, dans un environnement possédant des ressources inépuisables. Schumpeter démontre qu’au contraire les stratégies de contournement de la concurrence font florès partout. Les entrepreneurs n’ont aucun intérêt à mener une guerre économique entre eux ; celle-ci pousserait à la baisse des prix. Or, l’inflation continue est presque essentiellement nourrie de la hausse des prix. Leurs revenus étant une des principales sources de leur motivation, tirez les conclusions vous-mêmes.
Schumpeter cite la concentration en grands conglomérats, ce que Macron et les autres chefs d’État appellent de leurs vœux.
L’esprit du capitalisme est en train de tuer le capitalisme et nul ne s’en plaindra. C’est un système de valeurs spécifique à l’Occident, soit la recherche rationnelle et systématique du profit.
« Entreprise capitaliste et entrepreneur capitaliste sont répandus à travers le monde depuis des temps très anciens, non seulement en vue d'affaires isolées, mais encore pour une activité permanente. Toutefois, c'est en Occident que le capitalisme a trouvé sa plus grande extension et connu des types, des formes, des tendances qui n'ont jamais vu le jour ailleurs ».
Max Weber (1864-1920) est plus ancien que Schumpeter sur le marché des idées, mais tout aussi mal feuilleté par nos élites, pire jamais lu comme titre de gloire de la part d’un fossile comme Louis Michel.
Weber fait pire que Schumpeter, il associe le protestantisme au capitalisme dans un ouvrage qu’on a tout de suite fait semblant d’ignorer « L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme/ » (1905)
En effet, le capitalisme « moderne » est né dans le berceau du protestantisme : Grande-Bretagne, Etats-Unis d'Amérique et Allemagne, trois pays majoritairement protestants.
Le protestantisme croit en la prédestination de chacun à la grâce ou à la damnation sans qu’il ne puisse rien changer. Le croyant adopte, pour son salut, une conduite de vie d’assiduité au travail, pour que son organisation ascétique et régulière serve de confirmation. Ainsi le calvinisme encourage un comportement économique de valorisation de valeurs éminemment capitalistes, comme l’épargne, l’abstinence et le refus du luxe, la discipline du travail et la conscience traditionnelle.
Quitte à ce qu’en réalité, seules les classes sociales inférieures pratiquent cette ascèse, étant entendu qu’à partir d’un certain standing, tout est luxe et vanité, dans le confort absolu en jouissance du travail des autres, envoyant au diable vauvert ce qu’il convient de laisser aux besogneux : les philosophes !

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