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L’éloquence discursive.

Il manquait au discours préélectoral de Di Rupo, le pathétique de celui de Charles Michel, lorsqu’il vilipendait la N-VA, pour ensuite diriger le pays avec elle, au point de former avec Bart De Wever, un duo quasi amoureux, le grand émotif libéral lui passait tout !
Voilà qu’Élio accomplit le préambule de la même performance !
Il l’a même « martelé » selon les journaux Le Soir et Sudpresse.
"On peut, il faut, former un gouvernement sans la N-VA". Le président du PS est excédé, paraît-il, par la ligne de communication du MR de Charles Michel, qui met en garde contre un présumé grand dessein PS-N-VA, après les élections du 26 mai. Charles jaloux d’Elio ?
"Le prochain gouvernement fédéral, ce sera avec la N-VA sans le PS, ou avec le PS sans la N-VA. J'espère que c'est clair, cette fois". C’est ici qu’intervient le martèlement annoncé plus haut. Au MR, on est satisfait. Le prochain gouvernement ce sera encore avec le MR !
Au fond, on sait ce que vaut la politique de martèlement préélectoral. Par le passé, le PS n’a jamais rechigné à faire alliance avec le MR, ni avec le CDh (ex PSC), les courants les plus en pointe de l’économie libérale, bien plus dures que la N-VA actuelle.
Qui se souvient encore de Max Buset (PS) et du pacte scolaire de 1958 ? Le PS de l’époque s’était lancé dans un compromis sur la laïcité qui fait toujours le bonheur de l’extrême droite aujourd’hui. Il déconstruisit toute la laïcité enseignante humaniste. Depuis, on a compris entre le discours et les faits, il y a un boulevard.
Le même Di Rupo s’était lancé jadis dans l’apologie des gouvernements mixtes dits de compromis. Chacun négocie une part de son programme, afin de ne pas léser tout à fait ses électeurs. Dans les faits, ces compromis n’ont jamais produit autre chose que des électeurs de gauche cocus sur toute la ligne. Ce qu’a toujours contesté Di Rupo.
Que révèle, à part l’effet de menton en imitation à celui de Charles Michel, son « tout mais pas Bart De Wever » ?
Il révèle une sottise ou une fourberie, au choix. Je ne prends pas Elio Di Rupo pour un sot, mais pour un « furbo », mot italien à mi chemin entre notre « fourbe » et un sens poussé de la diplomatie, insulte en français, qualité de gouvernance en italien.
Di Rupo sait très bien que la politique de compromis, dans laquelle son parti est engagé depuis plus de cinquante ans, se plie à la réalité des chiffres pour consommer la démocratie sous forme d’alliance et des places à prendre.
Si la N-VA est incontournable en Flandre, Elio Di Rupo ayant l’opportunité de monter un gouvernement d’alliance avec la N-VA, le fera sans aucune espèce de difficulté morale.
Mais, il y a autre chose qui gratouille Elio Di Rupo, au point qu’à la tribune, l’aigu de la voix monte étrangement dans les vocalises du haute-contre, faisant hurler les chiens. .

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Ce n’est pas le dédain que Bart affiche des immigrés, des chômeurs, le goût des bas salaires et des cisaillements dans les indemnités maladie, qui affligent Di Rupo. C’est le séparatisme qui travaille la Flandre, depuis le temps où elle n’a plus aimé le roi et vu ses églises se vider. Di Rupo n’est pas séparatiste, avec le patronat et la bourgeoisie, il adhère à la Belgique de l’Expo 58, ses truismes, ses tautologies, sa patrie et son roi.
Di Rupo est un homme du présent tourné vers… le passé ! Il croit avoir réussi à faire du PS un parti de gauche à l'Américaine, qui n’est ni marxiste ni Quaregnonnais.
Aussi curieux que cela puisse paraître – je sais que rares sont les personnes qui pensent ça – mais, de son point de vue, il a raison de défendre politiquement le conservatisme du PS. Il défend son gagne-pain !
À l’examen, il ne tiendrait pas le coup une seconde devant le modernisme d’une gauche qui constate l’échec de son socialisme. L’électeur de gauche considère l’idée du capitalisme que se fait le PS, plus dépassée que le capitalisme lui-même !
Qu’adviendrait-il si Di Rupo se mettait à concurrencer le PTB sur ce qu’il conviendrait de faire pour rendre de la dignité aux travailleurs, de la considération aux gens, des perspectives d’avenir moins misérables ? Mais il se mettrait lui-même dans l’embarras, puisqu’il croit toujours la société pareille à celle qu’il a connue, jeune italien émigré, qui a progressé incontestablement depuis et dont il croit le PS capable de la faire repartir !
Son discours répulsif à l’égard de la N-VA fait partie de ce jeu-là. Il chuchote la même mélodie du bonheur, connote son royalisme et sa nostalgie de l’Expo 58 du village de le Belgique heureuse.
Étrangement pour quelques temps encore, le public aimera les has been. C’est son pied de moule qui fait coller Di Rupo au wharf de cette société là.
Résistera-t-il au gros temps proche ?
L’échec confirmé, s’il tentait du hollandisme pour rattraper l’électeur, aux élections suivantes, il n’atteindrait pas les 10 %.
Voilà pourquoi il doit jouer le conservatisme et le bourgeoisisme toujours dans la tête de beaucoup de Belges qui ont du mal à percevoir la société des années 2030 qui se profile Le MR en est au même point, du reste.
Di Rupo a consulté, paraît-il, deux millions d’électeurs. Il a conçu un plan de réforme fiscale. Il n’est pas le premier. Il a oublié qu’il n’est pas devant le Bankomat, mais derrière.

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