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La politique privatisée ?

La différence entre l’ambiance au MR et au PS est sensible. Les premiers, c’est la guerre des tranchées. Reynders joue son va-tout et intrigue pour le poste du Conseil de l’Europe.
Trois candidatures s’opposent à la sienne, l’ancien Premier ministre lituanien Andrius Kubilius, l’ancienne Première ministre grecque, Dora Bakoyannis, et la ministre croate des Affaires étrangères, Marija Pejcinovic Buric. Tous les trois plus qualifiés que Reynders pour l’emploi. Mais, on sait qu’à l’Europe, la compétence n’entre pas en ligne de compte. On aura l’occasion de le savoir lors de la désignation du Président des Commissions en remplacement de J-C Juncker. Les tractations sont en cours entre les chefs d’État à l’heure actuelle, en-dehors des électeurs et du Parlement européen, c’est dire si la démocratie, ils s’en fichent.
Des candidats, c’est Reynders qui a le plus urgent besoin d’être recasé. On ne le veut plus dans les ministrables du MR et Bruxelles redoute, qu’en cas d’échec à l’Europe, il ne s’incruste en sa qualité de président local du parti. Du reste, il a lui-même coupé les ponts. Il n’est plus candidat à rien. Il a tout misé sur le secrétariat, lui qui n’a jamais mis ses œufs dans le même panier, c’est montré sa lassitude des Michel, Chastel et Cie. De Decker a fait pschitt à Uccles, son dernier atout ne vaut plus rien À Soixante et un an, et sans perspective que le secrétariat, c’est délicat. Si ça foire, ce ne sera qu’un prépensionné de luxe en plus dont l’État n’est pas avare. Ils seront deux, avec Madame pour le scrabble à la veillée pantoufles.

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Au PS, c’est la guerre, mais en dentelles, la bouche en cœur et après vous s’il en reste, entre Elio Di Rupo et son ex poulain Paul Magnette, œil vif et jarret d’acier.
Le brouhaha se limite aux porte-serviettes. Ceux qui vont miser sur le mauvais cheval risquent de le payer cher. L’andouille de base, la larme à l’œil facile, dès que l’idole fait parler de lui, croit que la social-démocratie – l’alliance avec la N-VA – peut sauver la Belgique. Réduire les injustices et renouer avec le peuple, ne les intéressent pas.
Les élections nous diront qui des deux têtes de gondole remportera la mise ! Pas sûr !
Le vieux a toujours ses aficionados. Le jeune n’est pas du tout adoubé à Liège qui a perdu avec André Cools son dernier président assassiné en 1991.
La nouveauté vient de Magnette « Nous sommes disposés à parler avec tout le monde, y compris la N-VA », coupant ainsi la parole à son vieux qui dit exactement le contraire. Charles Michel va être heureux ! Voila un centriste de gauche qui octroie à Bart De Wever un certificat de démocrate. Parfait. Il ne reste plus que le Vlaams Belang à rallier pour sauver la Belgique. Afin que cela ne traîne pas, il suffirait d’une fusion avec la N-VA. Ce serait possible si aux élections, ils devenaient majoritaires ensemble à la Région flamande.
Magnette entend bien user jusqu’à la corde centriste un PS bon a tout pour entrer au fédéral.
À 67 ans, Elio se voit rempiler à la tête d’un gouvernement fédéral : Di Rupo II. Paul Magnette (47 ans) s’est lancé dans une offensive de charme pour se profiler dans l’avenir du PS, même en Flandre.
Nos responsables politiques n’éludent plus les questions sur leurs ambitions personnelles. Reynders et l’Europe sa planche de salut, Di Rupo sa dernière ambition d’Indien à plumes et Magnette son désir d’être le calife à la place du calife, sans oublier Charles à la ferraille, c’est-à-dire à un intérim qui risque de durer longtemps.
Avant, ils faisaient des manières. Ils faisaient semblant d’être poussés par les autres et ils passaient pour être sans ambition. Ils parlaient des dossiers à traiter, des difficultés des citoyens et des limites de l’État. Les postes, vous pensez, ils se les répartiraient plus tard.
Changement de décor, aujourd’hui chaque palier de pouvoir à ses ambitieux postulants surtout contre les lèse-majestés, que sont les autres. Le discours altruiste selon lequel on fait de la politique pour le pays, pas pour gagner des sous « la preuve, je serais mieux payé dans le privé, si je faisais avocat ou médecin généraliste », ce discours, on ne l’entend plus nulle part, sauf Louis Michel qui se lamente comme le ferait un syndiqué de la FGTB. Alors que s’il était resté prof en secondaire inférieur, il serait pensionné en septembre à 1700 € par mois.
Le nombre de candidats avec des ambitions ministérielles a explosé. Dans le passé, on tentait d’éviter les déclarations de ce genre. Au CDH on racle les fonds de tiroir, on place Jean-Denis Lejeune à la deuxième place à la Région, juste derrière Alda Greoli ! Benoît Lutgen s’en va rejoindre le club des ratés à l’Europe.
Des vétos auxquels personne ne croit, des exclusives qu’on oubliera au soir des élections, et des guerres pour les emplois lucratifs et de prestige, c’est l’état de la démocratie en Belgique.
Les problèmes majeurs sont trop nombreux ! On les connaît, en parler fait perdre des voix…
L’équilibre budgétaire ? La sécurité sociale ? L’enjeu climatique ? La crise migratoire ? Qui rendra du pouvoir à l’électeur ? Qui mettra un terme à l’évasion fiscale ?
Vous connaissez la dernière ? Le MR songerait à privatiser la police ! On commencerait par les radars… Et si on privatisait aussi le gouvernement ? Tant qu’à faire…

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