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On y va !...

Certains bartistes voyaient Bart De Wever Premier ministre en 2014. D’autres l’espéraient ministre-président flamand. Le débat n’est pas clos. Au lieu de « s’éteindre » dans le boulot de bourgmestre d’Anvers, le fauteuil de Premier de la Région flamande, place des Martyrs à Bruxelles, était plus approprié pour atteindre au système confédéral, Charles Michel aurait été la marionnette de Bart De Wever de façon bien plus visible qu’elle ne l’a été depuis les débuts de la suédoise. Pour les flamingants nombreux à la N-VA, c’est une erreur du chef.
Ce temps perdu pour l’indépendance, Bart Maddens l’avait écrit dès 2015 dans le Standaard (Daardaar magazine).
Parmi les bartistes, Peter De Roover, chef de groupe N-VA à la Chambre et flamingant assumé, est de ceux qui pensent que le responsable politique flamand le plus important soit aussi le premier ministre de la Flandre. La notion du chef est très importante en Flandre dont les origines ne sont pas latines, mais germaniques. C’est avant tout une question de culture.
Le pouvoir que confèrerait au chef le confédéralisme est autrement plus important à l’influence qu’on attribue à Geert Bourgeois, l’actuel ministre-président flamand dans le système fédéraliste. Sans le désavouer, les flamingants espéraient lui voir jouer un autre rôle, une sorte de contrepartie aux vedettes de la N-VA partenaires de Charles job-Michel et obligés à un devoir de réserve. Geert Bourgeois a compté les coups pour ou contre la coalition suédoise.
A la place de Bourgeois qu’elle aurait été l’attitude de Bart De Wever ? On le saura sans doute après les résultats de dimanche, quand la semaine qui suit la N-VA redistribuera les postes.
Le scénario de rêve pour la N-VA serait qu’après un an ou plus d’une confusion extrême, le roi soit obligé d’appeler Jan Jambon à la formation d’un gouvernement, ce qui faciliterait le travail du chef pour le confédéralisme, même si Di Rupo y étancherait sa soif de ministères pour remercier ses fidèles.
On peut imaginer l’inverse, par la formation d’une coalition anti-NVA. Bart De Wever serait alors le chef de la Flandre et le premier ministre, celui des trois autres Régions (Avec les Germanophones)
Jambon au fédéral ce serait retardé le confédéralisme. On sait que le poste assouplit le cuir des plus rétifs.
De toute manière, Charles Job-Michel s’en va à l’Europe. Macron lui prédit un destin formidable. Il en est tout impacté (mot à la mode employé partout et n’importe comment). Il était trop usé pour prétendre un nouveau mandat au fédéral. Le risque pour Job-Michel serait que Reynders soit recalé au concours du Conseil de l’Europe où il brigue le pognon de secrétaire. (Je dis pognon, parce que je suis certain que Reynders s’est informé de ce que gagne ce haut fonctionnaire en directe ponction financière sur le budget de l’Europe). Recalé, Reynders reporterait ses dernières ambitions sur le MR et pourrait nuire au camp de Job-Michel. Est-ce que la permutation de Reynders avec Job-Michel au fédéral changerait quelque chose pour De Wever ? Reynders est souple et il aime les honneurs et l’argent. Alors…

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Le coup de Marrakech a augmenté la probabilité de la N-VA à participer au gouvernement fédéral à la prochaine redistribution des emplois. Un gouvernement flamand mené par la N-VA serait de nature à rendre le pays encore plus ingouvernable, sans de grandes concessions aux appétits d’indépendance de la Flandre.
Sans majorité absolue en Flandre, ce qu’il n’aura pas, même avec le Vlaams Belang, Bart De Wever peut très bien se résigner à envoyer de nouveaux ministres au Fédéral ne serait-ce que, selon ce qu’il a déjà affirmé pour l’ancienne coalition « Si nous ne trouvons pas d’alliés pour le confédéralisme, nous participerons au gouvernement fédéral pour préserver la Flandre du pire. »
Par conséquent, la porte reste largement ouverte à une coalition suédoise bis, assortie d’une trêve communautaire. Et avec Bart De Wever comme ministre-président flamand, cette trêve sera plus facile à faire passer aux militants nationalistes. En d’autres termes, le confédéralisme de facto servira d’alibi pour expliquer l’absence du confédéralisme institutionnel.
Mais ce n’est pas tout, loin de là. Avec l’homme fort de la Flandre au poste de ministre-président, la constellation politique aura une tout autre configuration. Bart De Wever ne se laissera jamais mener par le bout du nez par le fédéral. Il exercera les compétences flamandes jusqu’à leurs plus lointaines limites, de manière à révéler un maximum de dysfonctionnements du fédéralisme à la belge. Ce sera le ministre-président flamand qui convoquera le Premier ministre belge, et non l’inverse. Le confédéralisme aura ainsi le temps de mûrir dans les esprits. Bref : il semble bel et bien que la révolution copernicienne soit de retour, mais en plus flamandisée encore. Et ce n’est pas ce que le MR espérait.

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