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Le Vlaams Belang au Dettol.

Le système politique belge est beaucoup plus simple qu’on ne le dit.
Tous les partis sont jouables, sauf ceux qui ont une vision de l’économie qui les place en-dehors du système libéral. Il n’y en a donc qu’un seul d’impossible.
Patriotisme et nationalisme sont les deux mamelles du populisme d’État. Ils ne portent pas atteinte aux « principes » de l’économie capitaliste (encore que ce qualificatif ne doive jamais être prononcé).
Le cordon sanitaire est en réalité une gaine élastique. La N-VA y a la taille bien prise, depuis que ce parti a été décrété sain et apte à la démocratie par les commerçants du centre.
Pour le monde socialo-libéral, la N-VA est à un palier de décompression, afin de réduire le taux de flamingantisme restant dans les tissus de Bart De Wever, pour que celui-ci entre en zone d’attaque du Vlaams Belang, au mieux de sa forme, le palier en-dessous.
Le Vlaams Belang, depuis que le méchant Filip Dewinter a cédé la place au gentil Tom Van Grieken, est presque déclaré démocrate-compatible aussi.
Les bourgeois gardiens du temple de l’économie libérale se rassurent sur la nature du Vlaams Belang. Une règle non-écrite mais que tout le monde respecte, tient dans le lien principal des Belges : le libéralisme mondialisé. Le Vlaams est « Kraft durch Freude », ça rappelle des souvenirs. Wall Street convoqué, la sentence tombe, le Vlaams Belang est Trump compatible.
Juste encore quelques discours sévères de MM Charles et Reynders qui ont tous deux des ambitions européennes, puis le Vlaams Belang se placera derrière le comptoir avec les autres.
Que la Belgique soit coupée en tranches régionales, piquées des provinces, ensemencées d’Europe et que son terroir maritime ou ardennais de tradition wallonne-flamande, avec l’anglais mère des langues traditionnelles, devienne confédérale ou reste fédérale, la bourgeoisie a compris que sur le fond, la gauche serait baisée et les nationalistes flamands cocus.
Tom Van Grieken pourra monter sur le podium, quelque soit le chef libéral ou social qui l’accueillera. Le Vlaams rejoindra la grande famille démocrate et tout sera dit.
Pour le moment, histoire de rassurer la famille royale, on sonde les reins avec les bons docteurs Reynders et Vande Lanotte, heureux mélange fortifiant du centre. Nous voulons savoir jusqu'où le Vlaams Belang est prêt à aller pour gouverner, a dit Bart. C’est exactement ce que nos informateurs pensent. Ils font des baisers volant et vont avec Philippe et Mathilde arroser dans les serres avec leurs petits arrosoirs. Ils refont l’Expo 58 !
La crise ne touchera pas l’entreprise Belgique, probablement. On clouera quelques planches sur des portes, on arborera des sentiments d’appartenance linguistique comme des drapeaux, mais les commerces resteront ouverts et bilingues pendant les travaux et, concession minime. Le PS accordera quelques grillages de plus aux frontières et le MR entourera de barbelés quelques indésirables au motif qu’ils sont venus d’ailleurs. Cela fera plaisir au Vlaams qui sans cela demandait à Filip Dewinter de reprendre du service. La saison côtière restera florissante, la crevette grise affirmera son ambition séparatiste par les prix de ses étiquettes au terminus d’Ostende, des trains en provenance de Charleroi.

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Peter De Roover (N-VA) dans l'émission "De afspraak op vrijdag" de la VRT, est confiant dans l’aboutissement des discussions avec le Vlaams Belang.
C’est comme dans les jeux sous les préaux d’école : « C’est celui qui dit, qui est ». La N-VA en est puisqu’elle a été touchée pas le MR. Elle peut donc « toucher » à son tour le Vlaams Belang qui en sera aussi.
Le commerçant centriste de ce pays a commis des erreurs qu’il ne commettra plus. Qu’est-ce que le business avait à gagner de laisser un quart des Flamands, tous bons libéraux, dans une Flandre ceinturée d’un cordon ?
À l’heure des accords entre fabricants, des fusions et des suppressions de doublons dans l’industrie, du Traité de Maëstricht si merveilleusement adapté à l’entreprise, du futur gouvernement de l’Europe le plus à droite que l’on ait vu à Bruxelles, exclure le Vlaams Belang, si méritant sur le plan du cash et du profit, mais c’était proprement une folie !
Reste qu’il va falloir détricoter toutes les infamies dont les partis coalisés ont abreuvé leurs discours et que des journalistes imprudents ont répercuté dans les gazettes.
Heureusement, que dans ce milieu, les échines y sont d’une incroyable souplesse. Ils seraient même capables d’y acclamer Poutine, si l’intérêt de leurs patrons le leur recommandait.
Pour faire plaisir au Vlaams Belang, on dit que Van Grieken est pour la première fois face à un dilemme: choisir son programme ou le compromis. La souffrance est une attitude de pouvoir qui a toujours fait ses preuves. MM. Michel et Di Rupo ont souffert beaucoup avant de nous faire souffrir. Ils ont la technique. Van Grieken aussi, sans doute.
Tom Van Grieken doit surveiller "l'hygiène interne" de son parti. Pour franchir le cordon sanitaire, il faut le désinfecter. Normal !

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