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En affaires courantes, Charles Michel ?

On jurerait que non, depuis son intense lobbying pour passer de premier ministre à président de l’UE, Charles n’a pas quitté les affaires une seconde, saisi par l’ivresse d’un commandement, sans avoir à rendre des comptes !
Que peut faire un gouvernement démissionnaire, par rapport à celui qui ne l’est pas ? La réponse n’est nulle part. En principe, le gouvernement en affaires courantes se limite à traiter les dossiers administratifs et de routine. Le tout est de savoir ce qu’on entend par routine ?
Charles est le concierge qui veille au bon entretien de l’immeuble, pour ses patrons les propriétaires. L’électeur est ravi qu’il ne se passe rien. Voilà qui va donner à Charles l’occasion de jouer un mauvais dernier tour à son ennemi intime Didier Reynders.
En effet, Didier pourrait devenir premier ministre par intérim, si Charles démissionnait tout de suite de sa sinécure belge. Sinon, il devra attendre octobre, à moins que d’ici là un nouveau gouvernement soit trouvé. Didier ferait tintin, une fois de plus.
Être payé pareil qu’une activité pleine en responsabilités réduite, il y a pléthore de candidats ! Il n’appartient pas à un gouvernement démissionnaire de définir de nouvelles orientations – sauf urgence. En 2010-2011, le gouvernement Leterme, démissionnaire, nous a fait partir en guerre en Libye. C’est dire combien la notion d’affaires courantes est… élastique.
Calme plat des polders à l’Ardenne. Au niveau flamand comme au niveau fédéral, aucune nouvelle sur les négociations en cours. « Or il ne se passe pas un jour, pas une heure, sans qu’un ministre-en-affaires-courantes n’annonce une nouveauté ou même, comme hier, des mesures et des conseils pour lutter contre la canicule. » Daardaar magazine.
Le pouvoir est une drogue (1). Ils sont tous atteints ! L’incapacité de renoncer à la notoriété, au grand bureau protégé d’huissiers et de portes matelassées est telle que leurs rapports avec les personnes ordinaires y compris leurs épouses doivent être singuliers et compliqués.

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L’implication des ministres dans la conduite des affaires, la docilité des secrétaires, l’ambiance studieuse dès qu’il émet le moindre avis, le moindre désir, « Chose voulez-vous fermer cette fenêtre je vous prie » et l’autre qui est payé huit mille par mois pour tenir la serviette de l’illustre se précipite en montrant un désir évident de bien faire, à cela aucun n’y résiste ! Leur sens des responsabilités ministérielles frise l’acharnement.
« Quand la ministre Lydia Peeters critique l’idée d’établir un lien entre Mobiscore (note attribuée à votre logement en fonction de son accessibilité.) et fiscalité, au nom de qui s’exprime-t-elle ? Lorsque Maggie De Block refuse qu’Actiris aide des sans-papiers à trouver un emploi, de quelle autorité est-elle investie ? Et quand Charles Michel, depuis plus de six mois, écume la scène internationale, grenouillant de réceptions en dîners comme s’il était encore le Premier ministre en titre de la Belgique, au nom de quelle majorité le fait-il ? Des 38 sièges (sur 150) dont il dispose à la Chambre ? » Daardaar magazine.
On a encore en mémoire les 541 jours d’intérim en 2010-2011 (record mondial !). La différence avec la vacation d’aujourd’hui est quand même importante, seul le gouvernement fédéral attendait le messie, en l’occurrence Élio Di Rupo, tandis qu’aujourd’hui TOUS les gouvernements régionaux sont en panne avec le fédéral si l’on excepte l’assemblée germanophone.
On ne le dirait pas, tout le monde s’affaire et se prend au sérieux. Les gens aux affaires se prennent à aimer cette bride sur le cou que le 26 mai a facilitée.
D’ici à ce que ça continue comme si de rien n’était, il n’y a qu’un pas. Le roi est bien nommé à vie ! Et si Charles Michel cumulait sa fonction de président de l’UE, de premier ministre et la présidence du MR ? C’est l’homme idéal du MR à la rue de la Loi, il n’est nommé par personne au MR et a toujours été minoritaire ailleurs. À l’union Européenne, Monsieur Patate (c’est ainsi qu’on le surnomme) est l’homme de Macron.
Un ectoplasme pareil peut-il devenir un dictateur ?
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1. Dans "The Hubris Syndrome: Bush, Blair and the Intoxication of Power", le lord et ancien ministre des Affaires étrangères britannique, David Owen, décrit cette pathologie du pouvoir dont les Grecs anciens avaient déjà constaté certains symptômes : démesure, orgueil et prétention insolente de la part d'un mortel. Ce sera le thème de la chronique suivante.

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