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Deborsu me les brise menus.

Je ne voulais plus commenter le Deborsu du dimanche. Cette émission n’est plus regardable – l’a-t-elle jamais été ? – parce qu’on ne traite pas les sujets au grand galop. Pressé par le temps, Deborsu coupe le sifflet à tout le monde. Les deux débiles légers qui remplacent Michel Henrion et Alain Raviar (les anciens chroniqueurs centristes) n’améliorent pas le brouet dominical de la Station. Surtout enfin, parce que cette émission n’est pas politique. C’est une prise d’antenne de la bourgeoisie dominante, une bande d’irresponsables, quand on sait ce que l’économie libérale fait de la Terre, notre domicile à tous.
On saura vite l’impartialité de la nouvelle chaîne politique en continu LN24 qui débute ce lundi. Si c’est le cas, Deborsu pourra tenter sa chance dans le parlementarisme bleu à visage découvert, quand Philippe Delusinne l’aura déprogrammé. Sinon, sur la Foire d’Octobre à Liège, il pourrait animer une attraction.
Il y a autant de raisons de participer ou de ne pas participer à ce plateau du dimanche, quand on est de gauche. Je m’en explique dans ce qui suit.
Deborsu et la production ont vu les dissidents du PTB avant l’émission. Ce n’est qu’après concertation que RTL invite les responsables du parti à défendre leur point de vue. Se pose alors un dilemme. S’ils n’y vont pas, Deborsu daubera sur les absents et se délectera au récit catastrophe que ses interlocuteurs ne manqueront pas d’avoir. S’ils y vont, il faut s’attendre à ce que Bourdieu appelait un « présupposé » et qui s’appelle l’opinion déjà faite, sur l’ensemble du plateau. Elle ostracise systématiquement les représentants de la gauche, sauf ceux qui en imposent par l’art du boomerang. Mais ceux-là, Deborsu ne les invitera pas.
J’écris cette chronique que je ne voulais pas écrire sur ce programme de RTL du dimanche, pour mettre en garde la gauche contre les techniques de ces maltôtiers de l’information.
Je ne suis pas membre du PTB, quoique je partage un certain nombre de ses valeurs. L’avis que je donne ne regarde que moi.
La méthode de Mélenchon me paraît valable. Elle devrait faire école.
Deborsu à deux micros épinglés aux revers de son veston, les invités n’en ont qu’un seul. Si j’avais été Anouk Vandevoorde, j’aurais signalé cette inégalité d’où découle le reste.
Ensuite, profitant du brouhaha de cette inattendue entrée en matière, haussant le ton, j’aurais rappelé les valeurs qui distinguent ce parti des autres et que l’économie libérale n’a plus beaucoup de temps pour réfléchir à la crise environnementales et sociétales. Nous allons vite affronter, de par la seule incohérence du système, l’absurdité de la croissance coûte que coûte et les techniques s’employant à supprimer les mains-d’œuvre, du manœuvre léger à la profession libérale ! Sous nos yeux, le premier degré de la classe moyenne a déjà été éliminé.

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En conséquence, adhérer à un parti de gauche aujourd’hui, ce n’est plus fréquenter une crèmerie pour s’approprier des avantages, mais pour en partager ce que demain on devra partager, avec ou sans Deborsu : les salaires et les revenus, jusqu’au pain, au cas où il en manquerait.
Je vois d’ici la gueule de l’assistance, les rires gras et les mines contrites, mais quand on est sûr de son fait, qu’est-ce qu’apportent de plus ces guignols à l’opinion, même abêtie par leur propagande ? Tandis que rester serin et calme devant la bronca, impressionne favorablement.
Puis j’aborderais le cas des deux apostats, plus minables que méchants, toujours rattachés à la société de consommation et amoureux des privilèges des classes supérieures, plutôt qu’en qualité de membres d’un parti de gauche à en revendiquer une part équitable pour le collectif.
Le débat n’aurait pas pris la direction qu’il a prise. Les représentants du PTB n’avaient pas à présenter des arguments contre les arguments de la partie adverse. C’est le piège mortel où on attend la gauche. Elle n’a pas à s’expliquer, ni à s’excuser. Elle agit en régime capitaliste, plus assez crédible pour qu’on lui fasse don de nos sacrifices, afin qu’il clopine encore un peu.
Finalement, ce n’est pas le débat PTB contre Patricia Van Muylder, mais le débat de deux visions de la société qu’il faut avoir contre ces ennemis de classe.
Je sais bien que de pareils propos pourraient « effrayer » le vulgum pecus, mais je vois que La France Insoumise n’en souffre pas, d’autant qu’il n’est plus question de suivre un Karl Marx, obsolète dans son analyse du XIX siècle industriel, quand on vit au XXIme siècle. Mais par contre, toujours aussi pertinent sur l’association capital-travail, le premier devant être subordonné au second, dans la partie encore lisible de « Das Kapital ».
L’erreur de ce parti ne sera pas même abordée sur ce plateau, c’est celle d’avoir adoubé Van Muylder conseillère provinciale, car elle n’en était pas digne.
Mais ça, c’est une autre histoire, sinon celle d’un parti jeune, qui se cherche et qui commettra encore bien des erreurs avant de placer “ A man just in the right place“, dans ses castings.

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