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…T’urne plus ?

La Flandre supprime le vote communal obligatoire : « Le vote blanc et nul va progressivement disparaître » DaarDaar interroge Yves Dejaeghere, politologue flamand. L’obligation d’aller voter n’est plus d’application en Belgique depuis que les amendes ne sont jamais appliquées. Alors, simplification ? assez d’hypocrisie ? la Flandre plus réaliste ?
Par le passé, c’est l’Open VLD et avec lui la classe politique libérale qui ont milité pour la suppression du vote obligatoire. Il paraît que la liberté du choix était leur seul but. Mais, les libéraux ont intérêt à limiter l’obligation de vote. Il paraît que les électeurs qui vont aux urnes en traînant des pieds sont des socialistes déçus et des apolitiques sceptiques. Ces électeurs ne mordent plus dans la belle histoire qu’on leur raconte. La démocratie tourne au vaudeville.
Les socialistes et le CD&V étaient contre la suppression du vote obligatoire. En tant que partis de masse, ils craignent que leurs électeurs se joignent au défaitisme ambiant, avec le sentiment que voter n’a plus aucune signification, dans une démocratie par délégation de pouvoir.
Vooruit (socialiste) risque de perdre une partie de son électorat.
« C’est impressionnant comme le vote est devenu aujourd’hui tellement volatile, les distinctions de profils socio-démographiques qui permettaient d’anticiper les comportements de vote sont devenues un réel flou artistique. Par ailleurs, si les sanctions n’étaient déjà pas appliquées, quels avantages à cette suppression ? » (Yves Dejaeghere)
Du côté francophone, les politologues sont vent debout contre cette réforme flamande. Pascal Delwit et son homologue flamand Sinardet sont les chantres de l’officiel bourgeois. Ils parlent d’une manœuvre séparatiste. Les deux figures libérales de l’unitarisme, craignent pour la monarchie, dont ils se veulent les connétables. « Ce que le gouvernement flamand fait en prenant cette mesure revient à prendre le mégaphone et d’y crier « si vous ne voulez pas aller voter, n’y allez surtout pas ».
Pour les pointus et les libéraux, défenseurs de cette suppression, les votants seront plus motivés. C’est un peu l’idée que le vote sera plus pur, le choix entre voter ou rester chez soi était auparavant au bénéfice du vote par peur de l’amende, même si celle-ci n’était plus jamais envoyée aux contrevenants.

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Le danger tient dans le comportement des élus locaux qui pourraient mener une politique en faveur des électeurs exclusivement. Or, ceux qui ne voteraient plus sont parmi les populations qui auraient le plus besoin d’une politique spécifique, puisqu’ils représenteraient le gros de la population la plus pauvre et la plus vulnérable.
La jeunesse pourrait être aussi abstentionniste. En Suisse, le vote des jeunes dans certains cantons est dramatique avec un impact énorme en matière de priorité politique. On observe la même chose au Royaume-Uni où les études montrent que si les jeunes avaient voté dans la même proportion que les personnes plus âgées lors du référendum sur le Brexit, le Royaume-Uni serait probablement encore dans l’UE aujourd’hui. C’est donc un enjeu majeur.
Le paysage politique flamand pourrait-il être transformé et dans quelle mesure ?
D’après le politologue, le parti qui doit avoir très peur de cette nouvelle mesure est le PTB/PVDA. Leur électorat plutôt jeune, pauvre et issu de la diversité est typiquement celui qu’il sera très compliqué à mobiliser dans le cadre d’une élection avec vote non obligatoire. »
Les électeurs francophones bien travaillés par l’opinion dominante dans les partis majoritaires pensent qu’il est plus que nécessaire de rapprocher les Régions plutôt que les séparer. Les Wallons se sont habitués à n’être qu’une minorité dans un pays dominé par les Flamands. Ils geignent plus qu’il ne faudrait pour obtenir les avantages que les autres leur concèdent. Ils voient la disparition de la tutelle flamande comme une sorte d’abandon
Personne ne saurait dire avec certitude ce que l’élection nouvelle formule pourrait modifier dans le corps électoral flamand. On attend la première élection pour en tirer des conclusions.
À la Région wallonne, Elio Di Rupo, président, partisan depuis toujours de la monarchie, de l’Europe et du système libéral est a priori hostile à ce projet.
Une démocratie délibérative forte et une démocratie représentative intégrant les grands courants de pensée, ce n’est pas pour demain. La conduite des affaires de l’État est de plus en plus dans les maisn des personnels spécialisés. La démocratie en Belgique se gère comme une étude de notaire, transmissible de père en fils.

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