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21 février 2023

DES REGRETS.

Quoi ! Le grossier et désinvolte « je vais comme tu me pousses » aurait-il eu raison de l’intérêt que nous devrions porter à la Belgique, dans son organisation linguistique catastrophique, ses difficultés organiques pour un pacte de gouvernement aussitôt après les résultats des nouvelles élections, ainsi que pour ses structures abracadabrantes !
Après tout, c’est notre pays, aussi mal fichu soit-il. Le seul que nous ayons. Si la démocratie acquérait enfin ce caractère bien trempé dont nous manquons ; nous n’en serions pas là. Nous pourrions peut-être encore faire de ce royaume baroque, un vrai État.
Serait-ce qu’intuitivement, nous ayons senti que tout effort était inutile ?
Cette indifférence est terrible car c’est une démission et elle n’est pas perdue pour tout le monde. Les partis nationalistes flamands sont aux aguets. Ils spéculent justement sur cet affaissement de la volonté de prendre à bras le corps ce manifeste invalide qu’est notre pays. Il est par terre et ils souhaitent qu’il y reste pour lui marcher dessus plus à l’aise.
Si ce n’était la question épineuse du million de francophones à Bruxelles, c’en serait déjà fait du sort de la Wallonie dans un fédéralisme défunt devant le fait accompli d’une Flandre, État indépendant, Bruxelles, capitale de la Flandre et « barst » pour le reste !
Tout se jouerait entre les partis flamands et les « pointus », les nationalistes de la N-VA et du Vlaams Belang.
La partie francophone ayant épuisé tous les accommodements possibles avec l’ensemble de la classe politique flamande, le plus décevant aurait été les compromissions avec les non pointus pour contenir ces derniers dans une limite fédérale et qui n‘auraient servi, au contraire, qu’à faire progresser plus rapidement le nationalisme en Flandre.
C’est fou, ce qui aura été raté pour en arriver là !
D’abord l’organisation en deux Régions côté francophone. Pourquoi n’avoir pas relevé le gant et décrété que la capitale de la Wallonie, ce n’est pas Namur, villette entre Sambre et Meuse, mais Bruxelles ? Et d’y installer dare-dare nos bureaux plus légitimes que ceux de la Région flamande, ces derniers n’ont-ils pas osé le faire avec moins de 10 % de Flamands !
Tout de suite saute aux yeux les raisons de notre manque d’audace : les partis francophones ont trop de créatures à placer dans les différents niveau d’une organisation régionale. Simplifiée cette dernière aurait divisé par deux le nombre de mandats rémunérés. Avec notre système nous en avons trois, à compter la Fédération Wallonie-Bruxelles, vache à lait des socialistes et des libéraux.
Déjà bien avant les lois linguistiques, nous nous étions couchés devant l’impérialisme naissant de la Flandre.
Nous aurions dû impérativement discuter de deux problèmes fondamentaux. Le premier touche aux droits, quel est le plus juste : droit du sol ou droit des gens ? Enfin, nous aurions dû faire entendre notre volonté de maintenir les recensements linguistiques, sans lesquels ont ne peut pas fonder une politique des langues administratives.

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Mais non, par une sotte idée que faire ces concessions allait arrêter le grignotage des pouvoirs de l’´Etat par une majorité flamande, nous avons même collaboré à l’établissement de la frontière linguistique, contribuant par nous-mêmes, à fixer les frontières du futur État flamand !
Cela fait beaucoup d’erreurs anciennes qui nous éclatent à la figure aujourd’hui.
Ce constat ne fera revenir personne en arrière. Il met l’accent sur l’extrême faiblesse de nos mandataires à l’époque, dont il est certain qu’elle est encore présente dans le gouvernement régional Di Rupo-Borsus.
Car, question gaffe, ils n’ont pas changé.
S’il est normal d’exagérer les différences entre les partis afin d’attirer le plus d’électeurs possibles, il aurait été capital de rester unis et intransigeants sur les questions de principe vis-à-vis de la Flandre.
Nous avons manqué de fermeté par une sorte de lâcheté naturelle acquise souvent par le sentiment d’inégalité de par le nombre. Nous avons fait le complexe des minorités !
Et nous le faisons encore dans nos rapports avec la Flandre en passant par le filtre du Fédéral.
Que Bart de Wever dise haut et fort qu’on n’ait pas besoin d’une majorité des deux tiers pour réformer l’État Fédéral, c’est vrai. Mais qu’est-ce qui empêcherait la Wallonie de tenir un discours contraire en l’occurrence, avec la ferme intention de résister aux flamingants, sinon notre complexe des minorités !
Et quand bien même nous le voudrions aussi, ce confédéralisme entre deux États, n’avons-nous pas fait jusqu’à ce jour toutes les boulettes possibles pour en arriver à donner à la Flandre les meilleures positions de négociations avec nous ?
Serait-ce que les Flamands ont ce que nous n’avons jamais eu : un attachement au pays par la langue parlée ?
Notre première faute n’a-t-elle pas été une indifférence à la langue française, notre seul et vrai patrimoine ?

19 février 2023

Humour toujours !

Les francophones de Belgique n’ont pas à rougir devant les lazzis que nous distribue avec fatuité une certaine « élite » française qui nous traite familièrement de ploucs, de lourds, sinon de lourdauds, mais que sauve presque directement la qualification de surréalistes, depuis qu’à partir de Magritte, nous en serions abondamment pourvus.
Nous contribuons à la folie ambiante en ouvrant des portes étranges et inattendues, ce qui supposerait que nous ayons une certaine supériorité sur l’hexagone en imagination et en drôlerie, quoique à partir de ce dernier qualificatif, nous méritions parfois d’être traités de ploucs !
Les francophones de Belgique sont perméables à l’imaginaire et n’hésitent pas à se vautrer dans la fiction, rendant poreuse la frontière linguistique, sauvant ainsi de l’esprit germain, le seul vraiment lourd de toute l’Europe, quelques Flamands mâtinés de français. Cela les exonère de la plaisanterie pataude qui date au moins de Guillaume II.
Un de nos écrivains des plus farfelus est Jean Rey, gantois et bien Flamand, mais qui écrit en français ce qui sauve tout et à qui nous pourrions donner l’accolade et traiter de confrère en surréalisme, qu’on en juge : en 1936, il publie 96 fictions originales et près de 300 articles, alors qu’en 1937, ce sont 108 fictions originales et toujours quelque 300 articles… en temps de guerre, publication aux Auteurs Associés des recueils Le Grand Nocturne (1942), Les Cercles de l’épouvante (1943), Les Derniers Contes de Canterbury (1944), ainsi que des romans Malpertuis (1943) et La Cité de l’indicible peur (1943).
On ne sait par quel bout prendre son côté fantastique un rien schizophrène, sinon par son aspect farfelu rendant « la peur indicible » plus comique qu’autre chose.
À Liège, nous avons tout un rayon d’excentriques que les Français nous envient et parmi lesquels le plus « performant » pour ses contributions physiques, tout au moins, est noël Godin.
Dite sur un ton prophétique plein de drôleries, sa philosophie se tient et nous oblige à la trouver juste.
Cet auteur d’une roborative « Anthologie de la subversion carabinée » est devenu l’inquisiteur en chef des vanités contemporaines.
Voilà bien tente ans qu’il a inventé son terrorisme pâtissier, héritier de Mack Sennet et de Ravachol.
Le Liégois s’est donné pour mission « d’entarter » certaines des fausses « vraies » gloires de notre temps.
Cet artisan de la plaisanterie a commencé petit et solitaire pour s’étoffer par des ralliements complices, depuis que devenu célèbre au lancé, il a fallu des subterfuges pour ne pas être aperçu, à mesure que son combat prenait de l’ampleur. La rançon de la gloire en quelque sorte.
Comme rien ne l’effraie, il s’est attaqué à des personnalités mondialement connues comme Bill Gates.
Certaines de ses victimes ont été entartrées jusqu’à sept fois !
Fervent cinéphile, Godin s’en est pris aux vedettes du septième art ; il a exercé son terrorisme pâtissier sur Jean-luc Godard à cause de son film « Je vous salue Marie ». Jean Delannoy pour Bernadette, Marco Ferreri et Marguerite Duras, pour leurs élucubrations ubuesques
Du côté politique et médiatique, on a vu Godin entartré Douste-Blazy, Chevènement, Sarkozy, Elkabach.

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Mais son exploit le plus constant sont les lancés tous réussis sur Bernard-Henri Lévy, champion dans le genre puisqu’il le fut sept fois !
L’écrivain finit par redouter la présence de son ennemi intime, toujours grimé et caché sous diverses identités, notamment reprise plusieurs fois sous le nom de « Le Gloupier ».
On se souviendra de la première tarte à la RTBF, lorsqu’il y fut plaqué au sol par deux vigiles, tandis que Lévy lui ordonne en direct de se lever « ou je t’écrase à coups de talon ». La scène entièrement filmée pourrait repasser de temps en temps afin d’édifier les générations futures.
Godin ne fait rien au hasard. Il signe ses attentats, soit un bristol est disséminé dans la meringue crémeuse, soit Godin diffuse un communiqué de presse.
Au cœur de ses entartrages, il fit les beaux soirs de Coluche, Desproges, tandis que Renaud en fera une chanson.
Noël Godin est tout et son contraire. Est-ce une farce inutile et gratuite, un canular à la liégeoise en règle contre l’esprit de sérieux et souvent prétentieux qu’on relève chez presque tous les personnages de notoriété publique ?
Certains l’ont célébré comme un homme en quête de reconnaissance ou performance esthétique proche de l’art contemporain.
Le mystère demeure. Ce qui fait qu’à travers le temp cette démarche singulière restera comme un moment spécial dans une drôlerie faisant revivre les scènes du cinéma américain des années trente, c’est que, le côté physique de l’exploit, conférent à l’humour une dimension artisanale.
À l’heure de la réalité virtuelle, Le Gloupier est à la fois le dernier homme libre et le premier cyborg.
Il se pourrait que la Belgique soit à l’avant-garde de « l’étrangement drôle » et se la pète un peu devant les Français grâce à lui plutôt que certains humoristes ratés, comme les Frères Taloche, que Godin aurait dû entarter, mais l’âge venant, qu’à près de quatre-vingts ans, il n’ait plus le poignet adéquat pour des lancers réussis, on le comprend !

18 février 2023

Le syndrome de Cassandre.

On nous promet des merveilles sur l’avenir de l’IA (intelligence artificielle). Le temps des robots est venu. Ils vont travailler pour nous. Nous serons des oisifs désormais libres comme l’air, etc… L’orphéon de la Silicon Valley a sonné de la trompette afin que nul n’ignore. Après « penser woke », voilà « plus penser du tout », qui déboule de la banlieue de San-Francisco. Ce n’est qu’un début !
Qu'est-on encore si nous cessons de penser par nous-mêmes ? N’avons-nous pas fait le plein de débiles légers depuis que l’école n’est plus qu’une succursale du FOREM ?
Dans les usines on nous presse déjà d’abandonner notre curiosité naturelle. Que sera-ce à la sortie du boulot quand nous nous heurterons à la froideur d’un monde d’acier nickelé bourré de capteurs capables de lire « Les mémoires » de Saint-Simon en cinq minutes, alors que 99 % des gens ne savent même pas qui c’est ?
Nous n'en sommes qu'à l’ouverture et pourtant comme dans Tannhäuser, de Richard Wagner, dès le grand air, on se voit fini, réduit à rien, emporté par les flots de l’apocalypse. La fin de l'humanité telle qu'on la sentait venir depuis des siècles à travers notre tentative désespérée de donner un sens à un monde qui n'en possède pas, est en avance sur l’échéance naturelle d’un astre qui ne peut pas éternellement tourner autour de son soleil ! Nous avons trouvé les moyens d’en abréger l’existence, en imaginant un suicide collectif.
Pourtant on a du mérite. On a tout essayé, les dieux, la philosophie, les Arts, en vain ! À défaut d’avoir trouvé la grâce et la sensibilité, voici venu le robot qui va admirer Michel Ange pour son plaisir et nous expliquer Bill Gates !
Les algorithmes couplés aux semi-conducteurs, la technique enfin, nous permettra de brosser les cours et de devenir cancres à vie ! Peu à peu mais d'une manière inéluctable, l'humain disparaîtra de nos moeurs. Nous remonterons aux arbres exposant nos parties honteuses naturellement aux autres toujours en-dessous, comme nos frères bonobos.
Pas tout le monde, évidement, les intelligences froides qui commandent la marche du monde créeront des succursales de la Silicon Valley dans les plus beaux endroits afin d’y construire de magnifiques villas et en même temps, ils feront pousser des bananiers dans les déserts pour que nous y retournions, puisque nous serons devenus inutiles, en attendant l’invention du robot-égorgeur qui mettra fin aux dix milliards de presque humains que nous serons devenus !
Mais avant de céder l’intelligence à l’instinct, nous éprouverons une angoisse grandissante à laquelle personne ne résistera, celle de l’absence de ce que le cœur humain a éprouvé depuis toujours : les sentiments, ce langage de l’âme qui se perdra avec le reste.

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Les sentiments seront affaire de synapses. Dans le monde merveilleux de la technique, tout aura une explication, une raison d'être. On sera à même de déterminer la destinée de chacun. La cartomancie sera enfin une science sérieuse, expliquée et précise.
L’humanité aura vécu. Elle était déjà en bonne voie de disparition à cause des guerres dont nous ne sûmes nous déshabituer, tant la convoitise de la terre des autres était forte.
Déjà partout la technique « ultime » est omniprésente. Un médecin d’aujourd’hui en sait plus sur la manière d'utiliser un robot-scanner que sur les peurs tapies de nos consciences. Il guérit, certes, mais ne soigne plus. Vous passez de patient à statistique, de la barbaque traversée de tuyaux et de polypes réparables ou non à des produits de moindre capacité de résistance au tungstène.
Tous les hauts techniciens, les intellectuels les plus illustres ont d’abord été décérébrés à la Communale. Certes, ils n’en sont pas sortis idiots, mais il leur reste ce fond d’incuriosité qu’ils conserveront toute leur vie. Hormis leur spécialité, ils sont pleins d'ignorance, une absence totale de curiosité comme si plus rien ne les intéressait, hormis les mises à jour des joujoux où ils excellent.
Avant Hall 9000, à force de visionner des séries américano-japonaises, nous sommes devenus des somnambules étrangers de nos propres existences. On ne se sent plus d’ici, ni d’ailleurs, mais de nulle part. Nous vivons comme Palmade, l’histrion, à qui il faut chaque soir une dose d'évasion pour ne pas perdre la raison. Sauf que le manque de moyens nous sauve de l’addiction.
Avant que le robot-tueur ne nous finisse, la victoire de la bêtise aura été totale.
Les philosophes, qui ont inventé le monde en constante réflexion, sont réduit à des citations sur Facebook en remplissages pseudo-intellectuels du titulaire, une apologie du vide derrière laquelle on tente de se singulariser. Nous avons rétréci la métaphysique de nos pères à une sorte de cosmologie de l'identité où, las de nous interroger sur les fondements de l'univers, nous nous passionnons sur des questions de crottoir pour chiens, dans l'espace public.
La technique aura beau multiplier les exploits, jamais elle ne satisfera la part d'infini qui sommeille en nous. Face à la mort qui s'avance, la machine n'a rien à proposer si ce n'est le moyen le plus approprié de recycler les cadavres. Pour supplanter Dieu, elle devra d'abord tuer notre âme. La seule question qui se pose est de savoir si nous la laisserons faire, si nous participerons à notre propre génocide.
On aimerait penser qu’il n’en sera rien et que nous vaincrons le syndrome de Cassandre.

17 février 2023

LES DÉCIDEURS ANONYMES.

La Belgique est un étrange pays dans son organisation et ce, à tous les niveaux. Peut-on imaginer un autre pays que le nôtre qui s’ingénierait depuis trente ans à mettre en pratique des Lois séparatrices, frontière linguistique, discrimination des locuteurs du français en Région flamande, droit du sol contre droit des gens, etc. pour faire en sorte que le Nord et Sud du pays soient toujours ensembles !
Autre étrangeté moins connue, nous déléguons tous les cinq ans à peu près nos représentants au Parlement. Ils ont mission de former un gouvernement. Ensuite, les ministres s’empressent de constituer leur cabinet, issu du parti politique du ministre. Leurs membres sont souvent décrochés de la haute Administration. Tandis que le titulaire de la charge muguette de table ronde, en prestations publiques, les cabinettards travaillent, font les discours, étudient les dossiers et convainquent sans rencontrer d’objection que leur compétence est supérieure au ministre. De fait, un ministre détient un ministère non pas pour sa compétence, mais en fonction de l’opportunité d’équilibre entre les partis de la coalition.
Au-delà du gouvernement, la Belgique est dirigée par des chefs de cabinet que le public ne connaît pas et qui gagnent le même salaire que le ministre. Ils fonctionnent comme s’ils étaient des chefs de mafia, s’étourdissent de leur importance au point de devenir la caricature d’eux-mêmes. Ils peuvent échouer sans que leur carrière s’arrête ; il leur suffit de rentrer dans la Haute Administration dont ils sont sortis. Leur impunité est totale. Ayant raté les grands projets, ils sont parfois reconduits dans le poste qu’ils occupaient la cession précédente, par le même ministre incapable de déceler chez eux leur incompétence, tant la sienne l’est davantage !
Les cabinettards ne sont pas élus. Ces hauts fonctionnaires prennent les décisions, ont le pouvoir de ministre, ne risquent rien, ne craignent rien et auront, de toute façon, les honneurs de la nation le jour de leur départ à la retraite. La bourgeoise particratie en a fait son état-major d’élite, ses bérets rouges ! Pérorant entre eux et dans l’ombre, ils savent mieux que quiconque, mieux que les experts, avec une totale prétention au savoir.
Certains de ces cabinettards ont l’esprit appauvri par vingt ans d’Administration, avachissement intellectuel et culturel qui les conduisent à se rabougrir à leurs caricatures, comme dans « Messieurs les ronds-de-cuir ” de Courteline.
Des informations ont filtré des derniers salons où l’on « cause » de politique. Les cabinettards y sont accueillis comme des messies de la bienpensante bourgeoisie activiste.
Des infos explosives sont détenues par des journalistes qui se gardent bien d’en éditer le premier mot. C’est qu’ils tiennent à leur place.
Nous voilà « beaux » dans une Belgique ainsi « drivées », conduites par des irresponsables, on ne s’étonne plus de cette dérive sans fin qui empêche la démocratie d’être ce qu’elle devrait : un régime tenant compte de l’avis du plus grand nombre des citoyens.

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Le seul parti dans l’opposition à entrer dans un gouvernement : les engagés (ex CDH) pourrait cracher le morceau, sauf que ce n’est pas dans ses intérêts, attendu qu’il a ses hauts fonctionnaires qui piaffent d’impatience d’en être. On ne voit pas Catherine Fonck, cheffe des Engagés à la Chambre, qui attend depuis des lustres que son président de parti l’adoube enfin dans un rôle de ministre, le devenir de la Santé, alors qu’elle est médecin dans la vie civile. Ce serait trop facile et aussi parce que novices, on ne la placerait pas dans un grand ministère, peut-être au commerce et à l’agriculture. Je suppose que dans sa tête elle a déjà composé sa liste de cabinettards. On est certain qu’une de ses premières intervention serait dictée par son chef de cabinet. Ce serait stupide de se mettre mal avec eux.
Ainsi, de mauvaises raisons en plus mauvaises encore, on laisse aller le pays à vau-l’eau.
La difficulté c’est encore d’informer le peuple de cette omerta sur les décideurs anonymes.
Il a été possible de trouver de la documentation en France qui vit les mêmes difficultés. Un parallèle entre les deux systèmes politiques permet raisonnablement de penser que les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Publié en 2022 par la Libre Belgique, un article d’Adrien de Marneffe sur les coûts de l’organisation des ministères en dit long sur les dégâts de cette manière de diriger.
"En France, quand on leur dit qu’un ministre belge a 80 cabinettards, ils hallucinent"
Le coût des cabinets ministériels bruxellois a atteint 23,129 millions d’euros, pour 348 collaborateurs. Selon Marie Goransson (ULB), "dire qu’on a confiance en quelqu’un car il a la même couleur politique, c’est purement belge".
« Un élément décisif dans l'analyse des effectifs des cabinets réside dans le nombre de personnes détachées de l'administration parmi les cabinettards. Car pour ces collaborateurs, seule une prime de cabinet est payée... ».

16 février 2023

FEVRIER EN AOUT !

Mercredi soir l’émission QR de Sacha Daout a plus d’une fois frôlé le fascisme, tant les invités avaient sur le travail des vues classiques d’une droite qui ne désarme pas quant à la dépréciation qu’elle porte sur ceux qui cherchent du travail et qui n’en trouvent pas.
On aurait été bien en peine de trouver une opinion contraire à l’unanimité qui pousserait au travail par la contrainte, jusqu’à réduire, voire supprimer, les allocations de chômage.
Le peu d’écart entre les bas salaires et les sommes perçues par les chômeurs tendrait à décourager de se lever tôt matin pour se rendre à l‘usine. Personne n’a relevé qu’il suffirait d’augmenter les bas salaires directement par l’employeur pour régler le problème, plutôt que chercher la diminution des taxes ou pire baisser les allocations de chômage. Le délégué de la FEB a développé les thèmes habituels de concurrence pour exclure une augmentation directe de l’employeur.
Une émission convenue, sans originalité, comme le seul produit admissible pour une télévision d’Etat avec un Sacha Daout qui a compris le topo et que la direction ne prendra pas en défaut d’anticonformisme.
On n’a jamais tant écrit sur le travail… au siècle dernier. Aujourd’hui, la question de l’éthique sur le travail semble résolue : on l’a mise sous le tapis. Le travail apparaît comme la seule issue permettant au citoyen de se considérer comme une personne honorable satisfaisant à ses responsabilités, de se former en tant qu’individu… enfin pas tous les citoyens, les riches sont au-dessus de la règle générale d’honorabilité. Ils le sont naturellement qu’ils travaillent ou pas.
Les invités de Daout n’ont jamais tant associé le travail aux qualités humaines, alors qu’il y est parfaitement étranger. Le courage, l’altruisme, le dévouement pour une noble cause, une vision plus juste de l’économie, n’ont rien à voir avec le fait de reproduire les mêmes gestes ou de vérifier les mêmes bordereaux huit heures par jour, sous l’œil d’un contremaître ou d’un chef de bureau et sous leur contrainte.
L’irresponsabilité est du côté du chômeur, pas loin d’être considéré comme un asocial, se complaisant dans une situation en délicatesse, porté par ceux qui travaillent comme un boulet. Emmanuel Macron l’a dit « il suffit de traverser la rue » pour transformer un chômeur en un bon citoyen.
Or cette société fabrique des chômeurs qui lui sont indispensables pour fonctionner. Sans eux, il serait difficile de maintenir une hiérarchie par l’argent assimilé au mérite, comme d’établir une hiérarchie des valeurs, dont le chômeur est le premier échelon.

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Toujours au siècle dernier, le travail a pu être détaillé en fonction de son intérêt et du choix en toute liberté d’une profession. Entre le travail choisi et la contrainte de travailler, il y a cent manières de le considérer comme un enrichissement moral et pécunier venant récompenser le travailleur ou comme une terrible nécessité niant les dons et les qualités de celui qui y est astreint, poussé par la nécessité qu’il est, de gagner son pain de n’importe quelle manière, y compris la pire.
On n’ose plus s’élever contre le travail à la chaîne. Le geste sempiternellement produit dans la cadence d’une chaîne de montage, et pas seulement, l’emploi de magasinier chez de grands distributeurs et d’une certaine manière tout ce qui est répétitif et donc peu enrichissant intellectuellement, dans son ensemble fastidieux, ne sont plus classés dans des métiers « décérébrant », pour la simple raison que la nouvelle posture libérale les célèbre dans le processus de la robotisation générale du travail.
Le travail continu a quelque chose de bête comme le repos, écrit Jules Renard. Il neutralise le travailleur dans une sorte de routine qui ressemble au sommeil sans rêve où il ne se passe rien. Mais à l’inverse du sommeil qui est une réparation des efforts commis, le travail continu est d’une absolue cruauté pour la fatigue qu’il engendre et les dégâts qu’il suscite chez le travailleur qui pense indépendamment du travail qu’il produit.
Ce siècle, à l’inverse du précédent, devait être celui des services et des techniques. On aura compris le sens que cela implique, les élites se réservant les techniques et le gros de la population, les services.
En 2023, tout ce qui se rapportait aux travail dans ses spéculations humaines, ses dépendances et ses aperçus philosophiques ont complètement disparus des discussions des partis et même des syndicats. On ne peut même plus dans certains cas critiquer des conditions de travail d’une entreprise peu scrupuleuse des lois, mais qui compterait des dizaines d’employés et ouvriers.
On dirait que l’absolue nécessité de travailler dans des conditions pas toujours normales, avec des salaires peu gratifiant a complètement effacé les critiques frappées du coin du bon sens au siècle dernier. Elles apparaissent comme un ramassis de paroles en l’air servant la cause des fainéants.
Le tragique du travail obligatoire à défaut d’un travail recherché comme « intéressant » touche encore comme jadis et de la même manière brutale des dizaines de milliers de travailleurs, mais il est quasiment interdit de se plaindre et de critiquer.
Sacha Daout n’a pas inventé l’émission qui met l’animateur au centre du jeu, mais il en a compris le mécanisme. Il distribue la parole, coupe quand ça lui chante, assuré que le responsable qu’on ne voit pas de la RTBF aura choisi les bons clients qui disent juste ce qu’il faut pour passer une bonne soirée à l’heure (10 heures) où la somnolence prend le téléspectateur.

15 février 2023

MEA-CULPA !

Nous avons un formidable atout inexploité en Wallonie : notre jeunesse.
Nous nous répandons en propos amers quand nous la voyons boire des bières jusqu’à plus soif au carré (centre de Liège) dans la nuit.
Des bagarres éclatent, la police intervient, nous ne sommes pas mécontents d’accabler nos enfants, les accusant d’une mauvaise éducation, alors que c’est nous qui la leur avons donnée !
Mieux, nous ne comprenons pas cette course à l’abîme et la vocation d’une jeunesse pour les drogues. Nous ne voulons pas voir que le chemin par lequel on y arrive est celui que nous avons tracé dans notre refus de voir les choses en face.
Les premiers responsables de ce gâchis sont tous issus de la génération précédente. La nôtre !
Au lieu d’associer la jeunesse aux moyens d’arrêter les déboires de la Région, de les mettre devant des responsabilité citoyennes, nous nous sommes lamentés sur les partis politiques qui conduisent ce pays à la ruine.
En leur transmettant le sentiment qu’il n’y a plus rien à faire, ils sont devenus aquoibonistes.
Lâches comme il n’est pas permis, nous les avons poussés dans des écoles selon les critères de Caroline Désir, dont on connaît la philosophie, un métier d’abord ! La suite de ce fiasco était prévisible. Ils ne sont pas devenus des citoyens, des humanistes, mais des machines à faire du fric, en s’aliénant dans des métiers sans autre issue que celle de prévoir l’avenir dans autre chose, tant le système Désir fait des personnels hantés par la précarité et le chômage.
N'ayant rien à gagner d’une pareille éducation, la jeunesse à quelques exceptions près s’en est éloignée, au point que la plupart sait à peine lire et écrire. Et comment en serait-il autrement ? On ne leur a jamais parlé d’auteurs classiques, d’historiens capables d’éveiller en eux la curiosité des grands événements qui ont fait la vraie histoire des Hommes, des mille et une manière d’aimer la langue française. La plupart n’a jamais vu une pièce du théâtre. Molière est ce parfait inconnu qui porte le nom d’une paire de chaussures. Par contre, Madame Désir a pour objectif de faire apprendre le flamand dès l’école primaire !
Pendant que nous râlions sur l’incompétence du gouvernement régional, sans trouver d’autres solutions que de nous exclamer devant des dépenses somptuaires pour des voyages ou des constructions inutiles, comme la gare de Mons, il sont allés danser et boire et nous ne les avons pas retenus par des projets et des pensées positives.
Ils se sont rendu compte que nous fulminions contre les élus dans leur responsabilité d’avoir permis la frontière linguistique et l’abominable droit du sol flamingant, mais que ces mêmes histrions de la politique sont toujours réélus et par qui ? justement par ceux qui râlent le plus ! pour refaire quoi, mais pour peaufiner l’usine à gaz, dont ils sont fiers !
La jeunesse désabusée de tout, est devenue désabusée de nous.

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C’est le grand schisme de notre génération et de la leur.
Ils ne nous croient plus et ils ont de bonnes raisons pour cela. Nous sommes devenus aussi peu crédibles que le type qui vante l’état d’une bagnole d’occasion qu’il veut vous vendre.
Certes, ce sont tout de même nos enfants et nous les accueillons toujours sans barguiner quand ils sont dans des situations financières difficiles. Cependant ils ne font rien ou pas grand-chose pour s’en sortir. Nous le leur reprochons amèrement, suscitant le conflit classique des générations ; alors que c’était à nous de leur créer une vie plus facile dans une société équilibrée où il est aisé de trouver un emploi bien rémunéré. Nous leur rappelons leur état de besoin en les humiliant inutilement, pensant que notre « sacrifice » les touchera quelque part. Nous sommes si maladroits que c’est le contraire qui se produit et par notre manque de sensibilité, nous les reconduisons à la rue dans notre inconscience totale.
Cette jeunesse qui nous file entre les doigts, que nous ne comprenons pas, c’est nous au double de notre image. C’était aussi ce que nous pensions de nos parents. Qu’ont-ils fait pour nous après nous avoir mis au monde ? Ils se sont souvent comportés en bons parents nous donnant selon leur moyen tout ce qu’ils pouvaient, mais à part le nid dans lequel nous avons passé notre petite enfance, qu’ont-ils fait pour que l’en-dehors ne nous soit pas hostile, pour que nous soyons respectés et compris par la démocratie fabriquée de leurs propres mains !
La jeunesse actuelle pense exactement la même chose, mais dans un autre contexte.
Celui de la dégradation des existences dans une économie sourde à nos revendications et particulièrement ouvertes auprès des classes plus aisées. L’aide que nous apportaient nos parents, la plupart d’entre nous seraient bien en peine d’en faire autant pour leurs enfants.
Au lieu de combattre le fléchissement de notre pouvoir d’achat, nous nous sommes résignés et même si certains continuent à se saigner aux quatre veines pour aider leur progéniture, beaucoup ont lâché la rampe et dégringolent avec leurs enfants dans une absolue misère.
Que ce soit la conjoncture, le triomphe de l’égoïsme des « casés » des partis politiques dans les hautes sphères du pouvoir, des événements extérieurs, de l’Europe et des guerres à ses frontières, tout se passe sous notre nez sans que nous puissions intervenir. Même de ça nous sommes responsables. N’avons-nous pas cette économie de marché que nous voulions ? N’avons-nous pas rêvé de vivre comme les Américains ? Ne sommes-nous pas les victimes de nous-mêmes, faibles avec les riches et durs avec les pauvres ?
N'avons-nous pas ce que nous méritons ?

14 février 2023

SCHNOUF et PLOUF !...

Ce vendredi 10 février, Pierre Palmade a provoqué un accident de la route qui a fait trois blessés graves, dont un enfant et une femme enceinte qui perdu son bébé à plus de six mois de grossesse. D’après la police, l’humoriste était sous l’emprise de la cocaïne au moment du drame.
Voilà ce qu’on pouvait lire dans les gazettes du samedi 11 au mercredi 15. Et ce n’est pas fini. Quant aux victimes, on n’en parle guère et encore, si on en parle, c’est dans l’ombre de la notoriété dont Palmade bénéficie grâce à quelques comédies jouées avec Michèle Laroque, des sketches acides sur la société, les couples et une tournure d’esprit prompte à son propre dénigrement.
Est-ce une raison pour que les médias parisiens s’emballent, ne couvrent l’accident qu’à travers l’artiste, au point que François Rollin, metteur en scène, ait osé un article sur le combat perdu de Palmade « …qui a essayé vainement de sortir de son addiction à la drogue ».
On en pleurerait presque.
Quant à la responsabilité du citoyen Palmade, il faut bien chercher pour la trouver, alors que cet accident est le fruit d’une inconséquence et d’un je-m’en-foutisme qui sont inadmissibles au point de faire de lui un meurtrier si l’une des victimes venait à décéder.
Le comédien bénéficie de l’effet de notoriété qui rend sa condition d’être humain supérieure au tout venant. Ce sera l’occasion où Palmade devant une juridiction, avec derrière lui une meute de journalistes, d’estimer l’effet de notoriété sur le juge même.
L’avènement médiatique de la notoriété est aussi vieux que la première société structurée en hiérarchie. Les incidences sur le monde des élites de cette reconfiguration de la reconnaissance sociale ont suivi tous les Régimes jusqu’à nos jours.
On se souvient qu’Alexandrie fut fondée par Alexandre le Grand, moins de Ptolémée Ier, qui prend le contrôle de l’Égypte après la mort du conquérant en 323.
Le développement des inégalités de visibilité induit par les techniques de l’image est à la base du succès de la notoriété actuelle. Palmade a le physique pour ça. Grand, d’un comportement inquiet effarouché, les yeux écarquillés par la cocaïne, l’espèce d’hésitation qu’il a de lâcher ses mots balisant ceux qu’ils considèrent comme drôles, il a tout pour gagner le public parisien.
L’ascension d’une élite dont font partie les politiques est assujettie au niveau de visibilité. On se souvient de la tête de François Hollande, moins de celle de Jean-Marc Ayrault, son premier ministre.
La population des visibles, reproduit les techniques propres aux groupes élitaires (« entre soi », endogamie ou encore transmission héréditaire). Elle se caractérise également par des rites et des privilèges associés au statut de célébrité qui ne sont pas sans évoquer ceux de l’aristocratie en son temps.
François Ruffin (France Insoumise) multiplie ses approches filmées pour être reconnu par les gens. Il n’est pas certain que, plus discret, il serait réélu.
L’artiste de scène n’a pas besoin d’insister sur son image dans les médias ; il est vu par des milliers de personnes en une seule soirée.

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Procurant une attractivité sans égale à tout ce qu’elles promeuvent, les vedettes se trouvent associées à une quantité de biens et de services commerciaux, assurant aux plus sollicitées des rémunérations variées aux montants parfois faramineux. Pour autant, les gratifications de la visibilité ne sont pas aussi idylliques qu’il y paraît, s’accompagnant souvent de troubles identitaires issus de comportements à la fois addictifs et répulsifs. La culture de la visibilité constitue, enfin, dans de multiples secteurs industriels, à commencer par le tourisme, la presse et l’édition, des filières économiques éminemment rentables.
En prison, à condition qu’il n’y ait pas une justice trop conditionnée qui se contenterait du bracelet, Pierre Palmade pourra rédiger ses mémoires qui seront convoitées par toutes les maisons d’édition, même si, sans cocaïne, l’auteur perdait sa verve.
Nombreux sont les intellectuels qui s’inquiètent de voir dans la célébrité, l’attrait du présent, de la mode ou encore de l’image publique des célébrés prendre le pas sur l’œuvre et sa postérité.
Ce qui frappe dans ces analyses de la notoriété vues d’« en haut », c’est la manière quasi identique d’en saisir les manifestations objectives et subjectives au sein des élites et de leurs sphères d’appartenance pour aboutir à une réflexion plus générale sur la fascination et le rejet qu’elle suscite.
Au niveau d’un large public, la notoriété agit comme un exemple à suivre ; on s’identifie à un modèle idéalisé ou de la possession amoureuse plus ou moins fantasmée. Mais ils se rencontrent aussi sur un mode collectif avec ce que l’on appelle communément les « fans », dans un engagement identitaire total et de longue durée au sein duquel les mises à distance subjectives s’accomplissent par le jeu, le retrait ou la distinction.
Le manque de notoriété chez les gens qui ont du talent empêche aussi le renouvellement de la classe politique. C’est une des raisons de la sclérose de nos démocraties.

13 février 2023

Crise et consommation.

On peut très bien comprendre l’interrogation du lecteur sur le devenir de cette société de consommation. Consommer à l’infini et reculer encore l’échéance par de nouveaux produits, cela n’arrête en rien le moment où la consommation, arrivera à ses limites.
De quel ordre sont ses limites ?
Par une saturation de ceux qui ont les moyens de consommer, l’inadéquation aux besoins réels faisant ressortir le côté gadget des produits, la raréfaction des matières premières tendant à faire monter les prix et rendant impossible une production de masse.
Ce constat établi, reste à savoir pourquoi le public n’est pas plus intéressé par le devenir de la consommation et comment y obvier à l’avenir ?
Les idéologies sont aujourd’hui le produit d’intellectuels logés dans les classes supérieures proches du pouvoir. Ces idéologies servent des intérêts particuliers qu’elles présentent comme des intérêts universels, communs aux consommateurs.
La culture dominante contribue aux seuls besoins de la classe dominante, donc à la démobilisation des classes dominées et à la légitimation de l’ordre établi.
Tandis que l’incitation à la consommation ne cesse de produire ses effets sur le consommateur, le provoquant par des « offres alléchantes » et permettant de croire chez celui-ci à l’illimitation des besoins par les crédits et les paiements différés, les grandes manœuvres ont commencé chez les entrepreneurs des grandes surfaces périphériques. Le premier coup de semonce fut, en décembre, la faillite de MAKRO et l’arrivée sur le maché belge de la marque française Intermarché.
Tandis que les Autorités en relai avec l’union Européenne nous impose la voiture électrique et donnent des dates à l’extinction progressive de la voiture à essence, les grandes surfaces périphériques n’y croient pas. Elles réfléchissent à des commerces plus petits de proximité. Valent de l’or aujourd’hui les moyennes surfaces bien implantées en milieu urbain.
Comment veut-on que le consommateur coincé entre différentes versions d’avenir de la consommation s’y retrouve ? Faire le point et décider d’agir indépendamment des Autorités et des industriels deviennent hors de propos. Directement intéressés par une transformation de la société qui touche à la consommation, ils sont pourtant les seuls à assumer d’importantes modifications de comportement !
On pourrait balayer tout d’un grand revers de main, mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Les masses sont loin d’avoir ce raisonnement. Elles vont toujours consommant, quoique l’inflation est le premier frein et le seul actuellement au type de consommation du n’importe quoi, n’importe quand et n’importe comment.
Car derrière tout, se trouve tapie et aux aguets l’économie de marché braquée sur le néolibéralisme, comme la mère poule sur ses poussins. Faire bouger les lignes en ce domaine relève de l’impossible.
C’est ici qu’on se rend compte que le système économique, répandu parmi les pays occidentaux, est en compétition avec le système « communiste » chinois, ainsi qu’avec le troc, méthode africaine de consommation.

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Exiger des comptes du système est déjà une gageure. Le sommer de changer sa pratique et de revoir ses exigences productivistes reviendraient à une trahison pure et simple « des valeurs occidentales ».
Il est donc exclu que le consommateur averti ouvre une discussion avec le pouvoir économique. Celui-ci ne le perçoit qu’en faveur des élus siégeant dans les instances démocratiques.
C’est ça la réalité du moment.
Contrairement à une controverse entre le consommateur et le Pouvoir, ce dernier compte sur le premier, non seulement pour faire perdurer le système au plus longtemps, mais voilà qu’il compte désormais sur lui pour défendre la démocratie occidentale, depuis que la Russie n’y voit que du fascisme.
D’un côté les Bons et de l’autre les Mauvais, comme au bon vieux temps de la guerre froide, on y revient toujours et particulièrement en ces temps de grand danger venu de l’Est !
Selon le Pouvoir, il n’est jamais le temps pour autre chose que la défense de ses propres intérêts.
Voilà à peu près où nous en sommes dans le « match » qui n’a pas encore commencé, entre le pouvoir et le consommateur ;
On l’aura remarqué, s’il n’est question que de consommateurs, c’est uniquement par le constat que la qualité de citoyen ne peut en aucune manière lui être attribuée ; mais il est évident, selon les circonstances, que cette qualité lui sera rendue, s’il agit en fonction de l’intérêt collectif..
Tout conspire à la fin d’un système économique dont on ne voit que trop bien les limites atteintes en 2023, prolongées certes jusqu’aux années proches du demi-siècle, sans doute, par des rapiéçages devant l’ennemi, d’abord économique avec la rivalité USA-Chine, mais depuis peu militaire, avec l’agression dont l’Ukraine est victime.

12 février 2023

FÉVRIER 2023 !

La plupart des gens y ont pris leur parti. La société de consommation n’est acceptable que parce qu’on y consomme. On passe sur ce qui est condamnable et qui tient à la justice sociale et à l’éthique. Mieux, on n’y pense pas, ce qui dispense d’être inquiet. Il y aurait trop de choses à dire et le consommateur en général ne peut pas consommer et contester en même temps, c’est une question de digestion.
Cependant, dans le système économique qui pourvoit à nos appétits, il y a des failles. Qu’on ne les perçoive pas n’influence en rien de leur présence et de leur pesanteur sur nos vies.
Ces failles ont des noms : crise financière, dépression et même stagflation. Ce moment clé où le chômage part en flèche et que le marché s’effondre sans perspective de redressement.
C’est un leurre maintes fois agité par les libéraux et qu’ils nous expliquent à leur manière dans le but de nous rassurer : entre deux abondances, il y a un temps de repos au cours duquel la machine se répare pour acquérir plus de puissance et repartir de plus belle.
Pendant ce court séjour la machine est en danger. Pour fabriquer la saucisse de Francfort et ses relais en 3 D, elle a aussi produit du chômage et agrandi les écarts entre les citoyens. Au lieu du rattrapage promis, c’est le contraire qui se passe. Quelques-uns s’en tirent très bien, tandis que les neuf-dixièmes de ceux qui font l’économie tombent dans un trou. Les parois sont lisses et on s’y cassent les ongles.
Mais la plupart dans la fosse croient encore à la grand’messe libérale. Les gens sont patients, ils sont convaincus de ce que les libéraux leur racontent. Par exemple que l’accroissement des productions est perpétuel, que nous sommes à un palier et que la montée continuera comme par le passé, qu’il suffit d’un peu de patience. L’économie se remettra en marche et rattrapera le temps perdu.
On saupoudre ce message d’une fine pincée d’écologie et on assure que même productif comme hier, on a fait ce qu’il fallait pour redonner du tonus à la planète.
Oui, mais on entend ce discours depuis 2020. Trois ans plus tard, le palier est devenu un boulevard qui aurait plutôt tendance à descendre plutôt qu’à monter. Mais non, soufflent les voix des anges de l’économie de marché, « c’est un faux plat », comme en cyclisme.
Les libéraux nous auraient-ils menti ?
L’inflation détruit chaque jour un peu plus le pouvoir de consommer, un marasme économique est en train de s’installer et la crise semble se nourrir des mesures prises contre la Russie avec laquelle nous ne voulons plus commercer tant que durera la guerre en Ukraine.
Les « responsables » de nos destinées cachent leur inquiétude et tentent de nous rassurer, encore et toujours. Le « tout va bien » est une seconde nature chez eux, le mot de passe du parfait VRP en vente rapide des produits qui commencent à sentir l’arnaque.

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Il y a une chose qu’ils croyaient définitivement ancrée dans la tête des consommateurs et qui tend à disparaître : l’assurance que ce système économique est le meilleur du monde, qu’il est irremplaçable.
C’est à l’ampleur des dégâts et à l’irréversibilité d’une mauvaise situation vers une meilleure vie que vont les premières critiques qui se font entendre parmi la masse des consommateurs, toujours mastiquant et indifférente la plupart du temps, même aux gros événements, comme la guerre en Ukraine avec une forte probabilité qu’elle s’étende chez nous.
Soudain un certain bon sens gagne les esprits. Comment a-t-on pu imaginer un système à la croissance éternelle dans un monde fini géographiquement et matériellement, dans lequel on inventorie ce qu’il reste à consommer, jusqu’à épuisement des sols et des matières extraites ?
Comment a-t-on pu croire que l’accroissement mondial des activités ne nuirait pas à l’environnement jusqu’à l’air qu’on respire ?
Enfin, pour les âmes sensibles, comment a-t-on pu les convaincre que l’excès d’accroissement pourrait nourrir les pauvres et les laissés-pour-compte du trop plein de nos poubelles, au point qu’à midi les sept milliards que nous sommes ici-bas dressent la table et ont à profusion des baguettes de pain, du vin et du Camembert ?
À cet instant, une partie supplémentaire des consommateurs se rend à l’évidence. Les libéraux nous ont vendu un monde artificiel, bidon même, soit par bêtise, soit par calcul !
Qu’importe, ils nous ont menti !
Il est de toute évidence que la majorité d’entre eux, c’était par bêtise, tandis qu’une minorité agissait par calcul.
Mais encore, si l’évolution du marché n’est pas la bonne, alors que depuis la fin du millésime précédent, la voie royale semblait être le « néolibéralisme », soit la privatisation généralisée et la fin d’une gouvernance de l’État, laissant au privé le soin de s’approprier les dernières propriétés des citoyens. Tout n’était que chimère !
Qu’enfin des libéraux intelligents doivent revoir leur copie et nous présentent une nouvelle manière de consommer autre que « néo » !
Arrivés à ce stade de la réflexion, les consommateurs passent de fait dans un autre camp de celui du système et qu’ainsi, ils acquièrent une autre dimension beaucoup plus dangereuse et moins manipulable pour un pouvoir troublé par la grossièreté de ses échecs.
C’est le phénomène que l’on peut observer en ce février 2023.

11 février 2023

Un désengagé engagé.

Le clivant Georges-Louis Bouchez est tombé sur un os en démettant un ministre MR du gouvernement wallon. Ce n’est pas la première fois qu’au sein du parti l’autoritarisme du président heurte les sensibilités. C’est une façon assez innovante de diriger un grand parti que celle adoptée par GLB. Il n’a besoin de consulter personne pour agir dans des occasions où, ne serait-ce que par fair-play, il devrait prendre les avis les plus autorisés du mouvement libéral.
Du coup, il fait passer les anciennes pointures pour des clowns.
On n’en connaît que trop des mandataires rémunérés du parti qui sont excédés de la situation actuelle, mais qui se résignent et se taisent pour des raisons d’intérêt personnel. C’est exactement comme être employés dans le privé depuis des lustres. Les vieux serviteurs mettent de l’eau dans leur vin pour cohabiter dans la paix, avec le nouveau maître.
Voilà que Jean-Luc Crucke se rebiffe et plutôt d’accepter une situation sur une voie de garage, non seulement proteste de la façon dont GLB l’a remercié, mais encore claque la porte avec fracas et s’affilie aux Engagés. Prévot, président des Engagés, tout heureux de cette recrue de surcroît parlementaire, est ravi.
On a rarement vu un président du MR aussi détesté par les notables du parti. À part les courtisans et ceux qu’il a obligés, ses recrues de l’extérieur et son deal avec les Michel pour sauver le soldat Mathieu, le petit dernier du clan, il ne peut plus vraiment compter sur personne au sein de la famille libérale. GLB doit la popularité dont il jouit à l’extérieur du parti et de ses têtes de gondole. Il l’a trouvée chez les gens de toutes sortes, amateurs de télé et de personnages de bandes dessinées.
Les libéraux lambdas l’adorent. Ils aiment sa petite gueule jamais à court d’imagination vindicative sur la politique des autres partis et sa méchanceté vis-à-vis des chômeurs, sur qui il fait reposer les échecs du système libéral.
Ils goûtent comme un feuilleton à la télé ses démêlés avec le président du PS, Paul Magnette. Même ses foucades contre son homologue flamand du parti libéral plaisent.
Cet engouement le soutien contre le bureau du parti.
GLB est un populiste qui s’assume. Il sait que ses opinions bien tranchées et discourtoises trouvent un bon accueil chez ses fans. Il en rajoute à la louche et ces gens acquiescent apparemment ravis.
Mais, il en va des pulsions des foules, comme un coup de dé sur une table de jeu. Jusqu’à présent ça marche, mais jusqu’à quand ?

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L’affaire Jean-Luc Crucke n’a pas nui à son image dans l’opinion libérale. Dès la nouvelle selon laquelle le dissident s’allait jeter dans les bras des Engagés (ex CDH), il s’est mis à sa table de travail pour verser son acide sur cette défection. Pour des raisons tactiques, il a délégué Jean-Paul Wahl à cette perfidie : "Je suis étonné et déçu. Jean-Luc Crucke a tout un parcours au cours duquel il a toujours défendu les valeurs du libéralisme et il ne s'est jamais privé de critiquer, parfois vertement, le cdH, devenu ensuite Les Engagés".
Pour la bonne compréhension de la manœuvre, Wahl est bourgmestre en titre de Jodoigne, fief des Michel par excellence. On voit la manœuvre, poivré le départ de Crucke par un homme de main des Michel, c’est quasiment se dédouaner envers ses bienfaiteurs et se dispenser, par avance, de tout reproche.
Wahl est le fantassin galonné en service. Il est hyper dépendant de la famille pour tous ses mandats :
député de la Communauté française et Sénateur, Président de la fédération MR du Brabant wallon et chargé de mission Europe de l'Assemblée Parlementaire de la Francophonie.
La dernière charge est manifestement de la main de Bouchez "Il (Crucke) a été élu sur une liste MR ; il était ministre sortant MR lors des dernières élections ; il a négocié et approuvé la déclaration de politique régionale. Qu'il passe subitement aux Engagés avec son siège, c'est tromper les électeurs".
Bien sûr, il y a d’autres façons de tromper l’électeur, GLB en connaît un rayon. Sauf que dans le cas de Crucke, il s’agit d’un mandataire élu et qui devra s’expliquer auprès des électeurs lors des prochaines élections. Réélu, ce serait un démenti pour la cour tournant autour du président du MR. Ce ne serait pas le premier parlementaire qui quitterait une formation pour siéger en indépendant ou sur une autre liste.
On peut chipoter sur la question de l’honneur, en se posant la question de savoir pourquoi ceux qui rongent leur frein au MR, restent à faire semblant d’apprécier le nombrilisme de Bouchez ? C’est là qu’ils remplissent leur gamelle, pardi !
Que va faire Crucke aux Engagés ? Ce n’est pas chinois. Il va faire une politique d’opposition dans un parti qui historiquement fait partie de la classe au pouvoir depuis toujours, en attendant de revenir au gouvernement.
Autrement dit : PS, MR et Engagés c’est blanc bonnet et bonnet blanc.

10 février 2023

Souriez, vous êtes filmés.

La vidéosurveillance des rues de nos villes n’a pas l’air de beaucoup effrayer les gens. Le quidam, le cerveau au cerveau à la dimension d’un petit pois, a la réplique toute faite « Pourquoi j’aurais peur ? Je n’ai rien à me reprocher ». C’est ainsi que des millions de Juifs qui n’avaient rien à se reprocher ont fini dans les chambres à gaz. Ce voyeurisme communal a le même destin que les empreintes digitales : conçu pour les prisons, il a été progressivement étendu aux publics.
Un espace vidéosurveillé n’est plus une agora. Il n’a plus aucun caractère public. C’est une zone contrôlée par quelqu’un qu’on ne voit pas qui signale à on ne sait qui des anomalies de comportement des gens et pas que.. reconnaître des connaissances parmi les passants par celui qui observe peut entraîner des conséquences privées de tout ordre.
Sous prétexte de sécurité, une pareille transformation relève d’une dérive du pouvoir moderne vers
une forme d'exercice du pouvoir qui porte, non plus sur les territoires, mais sur la vie des individus (biopolitique : terme inventé par Michel Foucault).
Il ne s’agit plus d’exercer une souveraineté sur un territoire, mais sur des gens !
L’alignement de l’identité sociale sur l’identité corporelle a commencé avec le souci d’identifier les islamistes radicaux perpétrant des attentats au nom de leur religion. Traités selon les mêmes méthodes que pour des criminels (le passage par des détecteurs, les fouilles à corps, l’ouverture des sacs, etc), les gens finissent par accepter comme allant de soi que le rapport normal entretenu avec eux par l’Etat soit le soupçon et le contrôle.
Un État qui soupçonne tout le monde par apriori peut-il être appelé démocratique ?
Nous en sommes à un stade de surveillance qui selon la formule de Gilles Deleuze s’appelle un « État de contrôle », afin d’assurer la sécurité des citoyens. Tandis que le rôle du pouvoir judiciaire reste identique tel qu’il était établi dans des temps anciens, celui de la police est plus difficile à définir.
Il semblerait que par l’accroissement des moyens de contrôle, le rôle de la police se soit considérablement étendu au détriment de la justice.
La « marge d’appréciation » de l’officier de police s’est élargie. Il agit en souverain puisque c’est lui qui détient le matériel technique lui permettant d’élargir ses compétences. Ce faisant, il ne décide pas ni ne prépare la décision du juge ; mais il l’influence. C’est toujours le magistrat qui tranche d’après les causes, sans pour autant négliger les faits. On est passé de la raison d’État, à la raison de la sécurité.

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Sous le signe de la sécurité, auquel il s’est placé, l’Etat sort du domaine du politique pour entrer dans un flou juridique dont on perçoit mal les contours et pour lequel la conceptualité reste à définir. Le vie politique y est devenue impossible, puisque démocratie et vie politique sont synonymes.
Devant un tel État, les stratégies traditionnelles du conflit politique, ne sont plus de mise. Toute tentative de renverser le pouvoir par les voies légitimes des députés réunis en assemblée fournit à l’État l’occasion d’en maîtriser les effets au profit d’intérêt incontrôlables.
Si l’on veut arrêter la dérive antidémocratique de l’Etat sécuritaire, le problème des formes et des moyens constitue bien la question politique essentielle.
A-t-on bien réfléchi à ce qu’aujourd’hui on puisse retrouver par la science et les techniques chaque individu qui se révèle être, par l’une ou l’autre de ses singularités, un être unique ?
On pourrait très bien classer sept milliards d’hommes par le numérique et les retrouver les uns après les autres, les sortir de l’unique fichier pour des classements aussi divers que la couleur de peau, le niveau des études, la langue parlée ou l’espérance de vie.
Cela n’arrivera jamais disent ls rousseauistes qui font confiance à l’automaticité chez l’homme de ses qualités de bonté et de justice. Le contraire est plus probable assurent les gens d’expérience.
Il importe, les progrès de la science permettent aujourd’hui à des outils de sélectionner de façon pointue chacun d’entre nous. Ces outils peuvent se manipuler par n’importe qui. Les caméras de sécurité ne sont qu’un maillon du début de la chaîne de sélection. Elles devraient être interdites dans l’espace public.
Elles ne le sont pas et ne le seront sans doute jamais, tant les services qu’elles rendent sont probants. Ainsi, de technique en technique, d’un matériel faisant appel à un autre, le temps est venu de l’indissociation d’ensemble.
Il est vraisemblable de penser qu’en bout de chaîne nous aurons inventé de quoi en finir avec les libertés et la démocratie.
Il est arrivé par le passé et sous certains régimes qu’être honnête et n’avoir rien à se reprocher constituent un délit passible de sanctions pouvant avoir les plus graves conséquences, puisqu’être honnête et n’avoir rien à se reprocher n’induit pas nécessairement l’admiration du chef.

9 février 2023

Encore et toujours l’Ukraine !

On ne voit que trop bien la suite du conflit entre l’Ukraine et la Russie. Le tsar s’est aventuré dans un processus où il ne peut plus reculer sous peine d’être déchu et l’Europe se trouve à peu près logée à la même enseigne vis-à-vis de l’Ukraine.
La réception de Volodymyr Zelensky à Bruxelles où il arrive « en couple » avec le président français donnera des résultats connus à l’avance sur le renforcement de l’aide financière et militaire à l’Ukraine, le tout enveloppé dans un papier cadeau de l’espoir de voir bientôt en l’Ukraine un nouvel adhérent aux Vingt-sept.
Depuis six mois la presse rêve d’un cancer en phase finale que Poutine tenterait difficilement de dissimuler sur les photos, le tout entre deux actualités où l’on voit le tsar sauté sur des estrades et, par la magie des gros plans, on cherche en vain des traces de bouffissure sur le visage, par la prise de cortisone comme le président Pompidou.
Déçu de l’état de santé du tsar, on se rabat sur le pragmatisme de la presse américaine qui ne voit qu’une issue possible, celle d’un coup d’État au Kremlin et l’assassinat du despote.
Personne ne sait où on va si, doté d’une santé florissante et entouré de larbins prêts à tout pour un clignement d’yeux du maître, celui-ci poursuit sa course en avant sans état d’âme.
Et que peut-il faire d’autre ?
Le hic c’est que ce conflit est perdu d’avance par l’Ukraine. L’immense pays dont le tsar tire les ficelles ne peut pas être vaincu sur le terrain qu’il a choisi de conquérir quoi qu’il en coûte. La Russie regorge de pétrole et de gaz qui, même à prix bradé à la Chine, à l’Afrique et à qui veut, lui fournissent des réserves de devises considérables avec lesquelles il peut remplacer les armes détruites par l’armée ukrainienne de façon quasi illimitée.
Depuis le « rouleau compresseur » de Nicolas II en 1917, en passant par Staline et ses successeurs de l’URSS jusqu’à Boris Elstine, le matériel humain est sans importance pour les dictateurs, c’est inscrit dans une fatalité dont le peuple russe à conscience et contre laquelle il ne peut rien.
Beaucoup de Russes mourront en Ukraine, plus que d’Ukrainiens. Si la Russie peut se le permettre, l’agressé ne le peut pas pour des raisons évidentes.
Sur la distance, c’est fichu d’avance pour Zelensky sur le plan humain. Après la demande d’avions de chasse et de chars lourds, le président ukrainien réclamera-t-il aussi des hommes pour les mettre en mouvement ?

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On ne le voit que trop bien, la partie est inégale. En faisant de la Russie une terre inviolable sous peine de sanction atomique, Poutine a inventé un jeu de chat perché d’un nouveau genre. Il peut à son aise rééquipé ses armées, préparer de nouveaux coups à la porte de l’Ukraine, former de nouveaux soldats dans des camps d’entraînement, le tout sans crainte d’être sous les missiles ennemis. L’armée russe peut même craquer en un endroit et courir s’y réfugier, y refaire des forces et repartir au combat sans coup férir !
Tôt ou tard, le tsar sait que l’armée d’en face s’effondrera à moins qu’il ne la perce et l’encercle avant.
Devant une défaite quasiment certaine à brève ou à longue échéance, malgré l’héroïsme des combattants de Kiev, l’Europe et l’Amérique, mais l’Europe surtout aux premières loges, accepteront-elles de revoir le tsar face à la Pologne, comme lors du pacte germano-soviétique ?
Le poids de la défaite de Zelensky sera partagé par ses alliés, l’Europe, l’OTAN et l’Amérique. Le retentissement de cette défaite majeure sera répercuté à travers le monde, surtout que les pays hostiles à l’Occident ne manquent pas. Ce scénario ne se peut, évidemment.
Il ne restera plus aux Occidentaux qu’à prendre le relais et relever le gant. Je suis sûr que des plans de ce type existent déjà à l’état-major de l’OTAN.
Sera-ce la guerre totale ? On peut imaginer dans un premier temps, que l’OTAN essaiera de circonscrire le conflit à l’Ukraine et s’excusera auprès des Russes de ne pouvoir faire autrement. Encore une fois, la suite est dans les mains du tsar.
Reculera-t-il devant une guerre totale et à défaut de ravager l’Europe, restera-t-il prudemment à son travail à ravager l’Ukraine ?
On ne peut savoir. Ce que l’on sait, on aura avancé nos pions vers un conflit plus étendu.
Voilà à peu près les enseignements que l’on peut tirer aujourd’hui de la venue à Bruxelles du président ukrainien.
Les grandes guerres s’établissent souvent à la suite d’événements fortuits, comme l’assassinat perpétré le 28 juin 1914, de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l'Empire austro-hongrois, et de son épouse, Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg.
En l’occurrence, c’est la promenade que le tsar croyait de santé en février 2012 jusqu’à Kiev qui a mal tourné.
Après, c’est l’escalade et l’imprévisibilité de la suite, à la roulette russe, en quelque sorte !

8 février 2023

La tactique du gendarme.

Les foules en colère font-elles encore peur au pouvoir ?
Voilà des mois que des Français disent ne pas vouloir du recul de la retraite à 64 ans. Macron s’obstine et se résout à faire passer la loi sur les pensions au Parlement, par sa première ministre Elisabeth Borne.
Du coup le ton monte et les syndicats, tous d’accord, appellent à de grands rassemblements. Ils ont lieu, le public qui s’y rend n’a jamais été aussi dense et nombreux.
Quelle est la réaction d’Elisabeth Borne ?
Aucune. Les gens défilent, c’est leur droit. Et après ? Le problème du Président, c’est de convaincre les Républicains de faire l’appoint des voix. C’est tout.
On a devant soi deux cas d’école.
– La révolte des Gilets Jaunes avec à Paris le préfet Lallement et sa méthode musclée.
– La « pression du peuple » surveillée par le préfet Laurent Nuñez, toujours dans la capitale.
On a été près de la guerre civile avec l’un par ses méthodes souvent à la limite de la légalité. Séparation en plusieurs tronçons du cortège des Gilets Jaunes, acculant la foule dans des culs de sacs, tactique visant à agréger les Black bloc au défilé pour taper dans le tas, usage de balles en caoutchouc avec un nombre incroyable de blessés, œil crevé, main arrachée, etc. lacrymogène et canon à eau. La méthode Lallement était conspuée par tout le monde.
Ce fut si désastreux que le président de la République crut nécessaire d’aller en Province réunir des assemblées bidons pour « amadouer » les Gilets jaunes et rallier à sa cause les « braves gens » pris au piège par les « émeutiers ».
Macron y perdit trois mois en palabres et rata la fin de son premier quinquennat.
L’actuelle bronca n’est manifestement pas traitée de la même manière.
La police accompagne le défilé sans provocations et de façon discrète. Les quelques Black bloc sont repérés et séparés des manifestants.
On défile. On proteste entre soi. On écoute les discours des secrétaires syndicalistes, puis on rentre chez soi, la conscience d’avoir fait ce qu’il fallait pour « inquiéter » les pouvoirs publics.

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1789, 1830, 1848, 1871 furent les dates clés de l’évolution de la société passant de l’Ancien Régime à l’Empire, puis de l’Empire à la Restauration, de la Restauration au second Empire et de celui-ci à l’installation de la IIIme République qui survécut de 1870 à 1940.
Les forces en présence étaient disparates depuis 1789, sans commune mesure à celles d’aujourd’hui. La prise de la Bastille se fit contre une poignée de gardes suisses commandés par Bernard-René de Launay. Ne recevant aucun ordre de Versailles, livré à lui-même, il ne fit rien. Tous moururent massacrés.
La troupe était la seule force d’opposition aux émeutiers. Elle fit face à l’émeute avec des fortunes diverses. Sauf celle de Versailles marchant sur les Communards de 1871, les massacrant ou les fusillant sur ordre de Thiers, lors de ce qu’on appela la « Semaine sanglante ». Toutes les autres manifestations contre le pouvoir réussirent, plus ou moins à influencer les décisions prises. La révolution de Juillet 1830 est la deuxième révolution française, après celle de 1789. Elle porte sur le trône un nouveau roi, Louis-Philippe Ier, à la tête d'un nouveau régime, la monarchie de Juillet, qui succède à la Seconde Restauration. Cette révolution se déroule sur trois journées, les 27, 28 et 29 juillet 1830, dites « Trois Glorieuses ». Elle détrône Charles X. Cette révolution fut récupérée par les libéraux, sauvant ainsi la monarchie, alors que le peuple souhaitait la République.
Ce qui change avec les remous de la société presque jusqu’à la guerre de 14, c’est la prise de conscience du pouvoir, selon laquelle il faut pour maintenir l’ordre interne à la démocratie des forces de police et de gendarmerie proportionnellement plus importantes que ce qu’on opposait avant au peuple mécontent.
Pour en revenir à la période Gilets Jaunes, jusqu’où le préfet Lallement aurait-il put aller pour maintenir l’ordre par la force ? On le stipendie avec raison pour son discours et ses ordres, mais on oublie qu’il n’aurait pas été le préfet sanguinaire s’il n’en avait reçu l’ordre de plus haut, à savoir du ministre de l’Intérieur, lui-même, le téléphone branché sur l’Élysée. C’est quand même au président à qui devrait revenir une partie des doléances des Français à l’encontre du préfet de police Lallement.
Avec l’expérience qui aurait pu finir en désastre dans l’affaire des Gilets Jaunes, le pouvoir essaie une autre méthode qui semble porter ses fruits.
La police encadre en nombre le défilé, mais ne se montre pas. Des dizaines de véhicules avec des centaines de CRS sont massés à proximité, mais pas à la vue des manifestants. Un petit contingent posté en tête du cortège s’assure des intentions des Black bloc les empêchant de s’infiltrer parmi les manifestants, aidé par le service d’ordre des syndicats.
Jusqu’à présent tout s’est passé comme sur des roulettes. On verra si la manifestation de samedi prochain se fera dans le même esprit.
Reste la question principale. Et si malgré la volonté populaire, sans doute majoritaire dans le pays, n’a aucune résonance au Parlement et que la loi est votée grâce aux Républicains d’Éric Ciotti ?
Que vont faire les gens, puisque manifester en bon ordre et dans le respect des lois, ne sert à rien ?
L’avantage de la guerre civile sur l’autre, c’est qu’on peut rentrer manger et dormir chez soi.

7 février 2023

Brussels off limits…


Bruxelles est le nœud gordien de la Belgique. Que l’on trouve un accord entre les trois Régions sur le sort de la ville et c’en est fait du pays.
Alors, on peut être rassurés disent les Belgicains, ces bourgeois patriotes qui ont un patrimoine épars sur trois frontières. Il doit bien y avoir quelque part un accord possible disent les séparatistes et les rattachistes.
On en est là. La bonne solution est d’autant impossible à trouver qu’usant de leur nombre dans le pays, les Flamands pèsent sur le Fédéral en imposant à Bruxelles des pouvoirs disproportionnés pour une minorité de Bruxellois se déclarant Flamands.
Le comble, c’est dans ce Bruxelles francophone que par défit ils ont installé leur Parlement régional, montrant ainsi leur volonté de passer outre l’opinion publique lorsqu’elle ne coïncide pas avec la leur.
L’ambition ainsi déclarée, les Flamands ne sont manifestement pas près d’abandonner Bruxelles aux Bruxellois, sachant qu’une pareille alternative les verrait déménager leur Parlement à Gand et abandonner à la bonne volonté des Francophones le sort de la minorité flamande.
Ils se doutent bien qu’avec l’exemple qu’ils donnent chez eux du peu de cas qu’ils font des minorités francophones, du sort que les Bruxellois réserveraient à leur minorité dans la capitale.
L’absence d’un recensement linguistique, rejetée avec force par la Flandre, est bien entendu la pierre d’achoppement qui manque si l’on veut proportionnellement accorder des compétences par langue parlée, sans se référer à la frontière linguistique, cette ligne imaginaire d’inspiration flamande bloquant des statistiques, dont l’ersatz fige la pratique de la langue sur son territoire.
L’idée d'un recensement linguistique dans les communes "qui avoisinent Bruxelles", n’est pas mauvaise. On saurait "une fois pour toutes ce que doit être la Région bruxelloise". Inacceptable au Nord ? "Pourquoi devrions-nous considérer que BHV est scindable et pas faire un recensement ?" Au Nord, on a tonné. Et pour cause, on a une petite idée du « grignotage » du flamand par les habitants de la périphérie bruxelloise qui francophonisent autour d’eux, non par militantisme, mais par le rayonnement d’une langue latine, sur une langue germanique.
Ce recensement linguistique vilipendé par les Flamands, dit tout sur l’évolution des gens dans leur choix de la langue usuelle parlée. La progression du français en Flandre est le désastre caché qui dit tout sur les références dépassées des quotas accordant à la Flandre plus de pouvoir au Fédéral que logiquement elle devrait avoir.

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Pour la petite histoire, en 1947, les résultats du recensement linguistique furent si défavorables à la Flandre qu'ils ne furent pas publiés. Ils ne le furent qu'en 1954. C'est alors que trois communes du Brabant flamand, où les francophones déclarés dépassaient les 50 pc, rejoignirent le giron bruxellois (Berchem-Sainte-Agathe, Ganshoren). Dès lors, au recensement qui suivit, en 1960, des bourgmestres flamands en renvoyèrent le volet linguistique en toute illégalité - restée impunie. La frontière de 1963 s'ensuivrait, avec "l'échange" entre Fourons et Mouscron-Comines que l'on sait et les 6 communes à facilités de la périphérie (qui eussent été 11 si les francophones avaient concédé des facilités à La Hulpe, Braine-l'Alleud et Waterloo).
Un recensement linguistique persiste. Par la bande. C’est celui des urnes et des élections. Les résultats électoraux fournissent une évaluation fiable des rapports de force. Ainsi, pour la Chambre, le pourcentage des listes francophones augmente dans les cantons de Hal-Vilvorde : 18,8 pc en 1999; 20,5 pc en 2003; 22,2 pc en 2007. En extrapolant, on atteint les 100 000 francophones dans la périphérie. Tandis qu'en quatre ans, les listes flamandes dans les 19 communes bruxelloises ont reculé, de 15,5 à 11,5 pc.
Enfin, reste le gros morceau que sont les Institutions européennes qui ne sont pas en faveur d’un éclatement de la Belgique en trois Régions séparées.
Bruxelles, capitale européenne est connue dans le monde entier sous cette appellation. Les tribulations flamando-bruxelloises pourraient se répandre partout si elles prenaient une autre dimension que la zwanze des marionnettes de Toone.
On est dans le flou absolu qu’une solution bancale, favorisant comme d’habitude au Fédéral une majorité flamande supposée, ne provoque des réactions soutenues par 26 pays sur 27 que comptent l’UE.
Alors, l’effet d’annonce de Bart de Wever d’une ixième révision de la Constitution sur le Confédéralisme à partir d la législature de 2024, n’avait que pour ambition de replacer la N-VA devant le Vlaams Belang dans un futur sondage.
À moins d’abandonner toute ambition sur Bruxelles et ne plus rêver d’une entité flamande reconnue comme un pays à elle toute seule, il est possible d’encore imaginer quelques billevesées dans un nouveau costume de la Constitution qui satisferaient le nationalisme flamingant. Mais ce serait, une fois de plus, par la lâcheté d’un Fédéral soumis à la volonté flamande.

6 février 2023

PIÉGÉS !

Où sont passés les renseignements généraux sur ceux qui de près ou même de très loin ont été mêlés ou confrontés au terrorisme de l’avant Covid-19 ? Ces renseignements sont, vraisemblablement, au chaud dans une banque de données. Qui y a accès, à part les services spécialisés de l’antiterrorisme ?
De même les dossiers médicaux, mais pas seulement, collectés par les services de Frank Vandenbroecke lors de la pandémie, ont-ils été détruits ? Les archives des mutuelles, comment sont-elles gardées et par qui ?
Pareil dans le secteur privé où les banques de données ne manquent pas, des réseaux sociaux aux répertoires des innombrables sources de clients potentiels des ventes en ligne, tout est gardé dans les mémoires des ordinateurs de société, pardi ! Qui connaît les codes d’entrées peut entrer dans ma banque comme dans mon ADN !
Où trouver la documentation concernant le Registre national des personnes physiques ?
Toutes les informations sont bien évidemment disponibles quelque part.
On ne le chante pas sur tous les toits, mais big Brother n’est pas loin avec ses grandes oreilles et la dextérité avec laquelle il manipule son ordinateur pour rassembler le puzzle.
Le pouvoir est curieux par nature. Il aime percer l’intimité des gens, même si c’est interdit. Il est au-dessus des interdictions de même qu’un policier a la clé pour consulter le site de la police sur tous les citoyens, avec interdiction de communiquer quoi que ce soit en-dehors des services et à leur seul usage, ben voyons..
Tout le monde sait que cette interdiction n’est pas toujours respectée.
Les dangers d’un contrôle absolu et sans limites de la part d’un pouvoir qui disposerait des données biométriques et génétiques de ses citoyens, en plus de celles récoltées par des moyens connus, en partie énumérées ci-dessus, est possible depuis que la démocratie n’est plus ce qu’elle était, au point d’être ouvertement manipulée par les politiques.
Adolf, en 42, avec de pareils outils, exterminait tous les Juifs d’Europe en moins de deux ans !
La législation en vigueur dans les pays européens en matière de sécurité est sous certains aspects sensiblement plus sévère que celle des Etats fascistes du XXe siècle, mais on voit dans les régimes libéraux à droite que des pays comme la Pologne, font pression sur le ministère de la Justice par des moyens classificatoires.
Personne n’a envie d’un Régime poutinien où les droits des personnes n’existent pratiquement plus
Quoiqu’il soit vrai que la Russie n’est pas une démocratie.

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En Italie, le texte des lois sur la sécurité publique du régime de Benito Mussolini est toujours en vigueur depuis 1926. Les lois contre le terrorisme votées au cours des « années de plomb » (de 1968 au début des années 1980) ont restreint les garanties qu’il contenait. La législation française contre le terrorisme est encore plus rigoureuse que son homologue italien, le résultat d’une comparaison avec la législation fasciste ne serait pas très différent.
Les partis belges ont la manie de voter de nouvelles lois souvent doublons des anciennes ; Elles se cumulent si bien que la complexité est telle que s’y retrouver est une gageure laissée aux spécialistes.
La multiplication croissante des dispositifs sécuritaires témoigne d’un changement de l’attitude de ces partis. On peut légitimement se demander si la société dans laquelle nous vivons ne correspond pas plus à la définition d’une oligarchie plutôt qu’à celle d’une démocratie ? Peut-elle encore être considérée comme politique, tant on voit les mêmes personnages défiler aux commande de l’État, dans une sorte d’inamovibilité de type dynastique.
Le processus de politisation spécifiquement grec a été transmis en héritage à la politique occidentale, dans laquelle la citoyenneté est restée le facteur décisif. Ce facteur se trouve progressivement entraîné dans un processus de dépolitisation. La citoyenneté devient purement passive. L’action politique d’activité quotidienne se limite désormais à un statut juridique et à l’exercice d’un droit de vote, ressemblant plus à un sondage d’opinion, qu’une participation active à la construction du pays.
Les dispositifs de sécurité ne sont pas étrangers à cette modification de sens. L’extension à tous les citoyens des techniques d’identification autrefois réservées aux criminels agit sur leur identité politique.
L’identité n’est plus fonction de la « personne » sociale et de sa reconnaissance, en nom et renommée, mais des données biologiques. Des empreintes digitales et la double hélice de l’ADN pouvant receler, le détail le plus neutre, deviennent des procureurs-adjoints réclamant la peine de mort, pour des Régimes de type religieux, comme en Iran.
Si des critères biologiques qui ne dépendent en rien de la volonté, déterminent l’identité, alors la construction d’une identité politique devient problématique. Quel type de relation puis-je établir avec mes empreintes digitales ou mon code génétique ? L’espace de l’éthique et de la politique que nous étions habitués à concevoir perd son sens et exige d’être repensé de fond en comble. Tandis que le citoyen grec se définissait par l’opposition entre le privé et le public, la maison (siège de la vie reproductive) et la cité (lieu du politique), le citoyen moderne semble plutôt évoluer dans une zone d’indifférenciation entre le public et le privé, entre le corps physique et le corps politique.

5 février 2023

Cicéron au Sénat !

Entre le triangle des Bermudes, la disparition de Dupont de Ligonnes et celle de Delphine Jubilar, s’inscrit le mystère du programme d’Alexander De Croo.
On a beau se dire que pour faire la Quatre fromages ce fut laborieux, dès le départ Paul Magnette et le sémillant Georges-Louis Bouchez sortaient leur couteau pour se saigner dans les ruelles du pouvoir.
Ils avaient pourtant eu le temps de peaufiner la chose : seize mois de cris et chuchotements des partis dits traditionnels, pour en arriver à un accord, le 16 octobre 2020, date officielle de départ du prodige toujours sur ses patins à l’heure actuelle.
On a beau avancer à la débroussailleuse dans le maquis, diable, on s’en souvient à peine. Il a bien fallu que le premier ministre dévide sa pelote devant les députés et leur dise, en fin de compte ce qu’on dégustera les mois à venir !
Heureusement restent les archives des gazettes. Ces vieilles menteuses ont laissé des traces. elles tiennent sur une demi-page. Voilà pourquoi personne ne se souvient du lancement de ce gouvernement.
Flashback.
Comme au cinéma, on repasse l’ancienne actualité, par le droit de savoir ce que nous devrions en principe déguster aujourd’hui !
A part notre déficit qui augmente de 3 % et des poussières (prévision), on n’apprendra que dalle !
On voit l’ambiance au Parlement. Tout le monde attend l’orateur sur l’accord des partis de la coalition.
Alexander ne semble pas pressé. Il évoque la guerre en Ukraine ! Certes dommageable pour l’Europe, mais encore…
« En ces heures sombres, la Belgique se tient debout aux côtés de la population ukrainienne », merci on le savait !
L’Ukraine, c’était une figure de style, un analogon pour exprimer notre souffrance égale à la leur !
"Dans notre pays, nos propres citoyens sont également confrontés aux conséquences économiques de la guerre". Ce n’est pas la même chose de s’attendre à ce qu’une bombe rase son appartement que souffrir de l’augmentation du prix du gaz !
"Il n’y a pas de solution miracle", conclut Alexander De Croo à la première période de son discours.
On en arrive aux trois mesures qui vont soulager les Belges de la plaie inflationniste.
Amortir le choc des prix de l’énergie sur les factures des Belges, soit un total de mille euros, cet hiver. On est en février de l’année suivante, il est temps d’y penser, dans deux mois on sera au printemps ! Un peu comme en Région wallonne où on attend toujours la prime mazout.
Dans le fil du discours, les trois mesures se diluent si bien qu’on ignorera qu’elles sont les deux autres ?
Qu’importe, le Premier ministre tire au « bazooka énergie ». Il sera financé en captant les surprofits des producteurs d’énergie. "Plus de trois milliards seront ainsi redistribués aux familles et aux entreprises", a déclaré Alexander De Croo.
Vous avez en mémoire une mesure allant dans cette direction au point de faire pâlir les gros distributeurs ?

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La suite est délectable « le travail doit rapporter plus que l’inactivité ». Cela va sans dire, sauf que pour arriver à un résultat, on ne trouve rien de plus malin que de réduire les allocations de chômage déjà fort maigres. Si c’est cela l’idée : appauvrir les plus pauvres pour qu’il y ait un écart entre les indemnités et les salaires, ce n’est pas génial. On croirait entendre Georges-Louis Bouchez dans une de ses diatribes
Bilan nul, c’est l’avis… du parti d’Allexander De Croo !
« L’Open Vld admet que le travail doit rapporter plus que l’inactivité, mais le bilan du gouvernement en matière de politique du marché du travail ou de réduction de la taxation sur le travail est nul », conclut De Roover. « Une fois de plus, la Vivaldi se limite aux slogans creux. » (les gazettes)
Fin du flashback.
On le savait que le discours de politique générale n’était pas l’outil capable de percer le mystère des actions futures d’Alexander.
On cherche en vain un lien entre ce qui a été dit et ce qui a été fait.
Tout à fait branchés sur les élections de l’année prochaine, les partis de la Vivaldi ne parlent plus que de la dernière déclaration de Bart De Wever sur le confédéralisme.
Il sait y faire, le bougre, au bon moment. Les autres marchent comme des petits soldats. Il est vrai qu’un dernier sondage place le Vlaams belang (25,5 %) devant la N-VA et qu’il est temps que Bart trouve quelque chose pour attirer l’électeur.
On en oublie même la législation actuelle et son gouvernement.
Quant au discours inaugural d’actions, c’est la synthèse de toutes les foutaises de tous les discours inauguraux.
Et on voudrait que l’électeur se passionne !

4 février 2023

Federatie of Confederatie ?

On croyait avoir touché le fond à propos de notre Constitution. À moins d’en faire un chiffon de papier comme Staline des Traités, c’est toujours, qu’on le veuille ou non, l’élément nécessaire à la cohésion d’un État, sa colonne vertébrale bancroche, telle une oisellerie pleine de perroquets.
Le texte trilingue est plein de ratures, de repentirs de traits de hardiesse émancipatoires aussi, bref, c’est une mouture confectionnée par trois générations de politiciens maniaco-dépressifs, effrayés à la perspective des micmacs linguistiques et des joyeusetés d’un Parlement flamand tatillon. Ils avaient les miquettes, rien qu’en la sortant du tiroir, pour un replâtrage.
Bart De Wever remet le couvert pour 2024. Ses récentes prises de position sont claires. Notre homme pousse à une ixième révision de la Constitution. Cette fois ce serait la belle, qui dirait de l’irréversible. On passerait du fédéralisme au confédéralisme.
Il n’y aurait même pas besoin de sombrer dans la procédure, avec le quorum de députés et tutti quanti, puisqu’il est vrai, depuis belle lurette, qu’on la prostitue à la mode du jour, sans tambour ni trompette, à la sauvette, pourrait-on dire, en oubliant tralala et solennité. Ces dernières années, elle servait de thermomètre dans l’anus de Filip Dewinter.
Tout de suite Écolo a mis le doigt sur ce qui fait mal. Voit-on deux, voire trois Code civil différents, dans un pays comme le nôtre, tant les entreprises sont imbriquées dans des zones à cheval sur deux Régions ! Les délits et les condamnations seraient moins lourds ou plus lourds selon les États confédérés !
On voit d’ici le criminel spéculer sur le lieu où il serait plus « intéressant » de commettre son crime !
Nous sommes déjà la risée de nos voisins, à tout le moins sommes-nous plus surréalistes que jamais, aux yeux des Français. De ridicules, nous passerions à grotesques. Du coup, l’usine à gaz Belgique déjà nuisible par sa complexité et son coût élevé dus au personnel pléthorique de fonctionnement, deviendrait impossible à gérer.
Néanmoins, en connaissant l’obstination de la N-VA, qui a le Vlaams belang au train, on peut être certain que De Wever ne lâchera pas le morceau, même si sa position a beaucoup à voir avec celle des électeurs de son bord. Et pour cause, depuis qu’il tape sur le clou, pas mal de Flamands se sont convertis à l’idée.

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De toute évidence, le confédéralisme ne durerait pas longtemps. Si notre Fédération est pitoyable et ubuesque, une confédération avec les éléments dont on dispose, les antagonismes et la guerre des langues sur des territoires grands comme des mouchoirs de poche, ne tiendrait pas cinq ans !
Et quand bien même on mettrait plus longtemps à s’apercevoir que nos législateurs on fait une connerie, on en reviendrait au problème inextricable qui s’appelle Bruxelles.
La Flandre n’a quand même pas pour objectif d’annexer Bruxelles, comme Poutine, l’Ukraine !
D’autant que la Ville est le siège des Institutions européennes. Quid de l’adhésion de deux États au lieu d’un à l’UE ? Enfin, tout ce que cela suppose de nouveau au sein des Institutions et de la représentativité des États, ce n’est pas simple. Il est vrai qu’avec le Brexit, on en a vu d’autres.
On pourrait scinder la capitale, il y aurait Brussels et Bruxelles. Le confédéré francophone garderait la zone du Petit Sablon pour y liquider ses vieilleries et en hommage à la série culte d’Affaires conclues.
C‘est fou comme les problèmes graves et sérieux deviennent des bouffonneries sans nom, dès qu’ils ont pour théâtre les rapports Flandre-Wallonie. On voit d’ici la dispute des géomètres délimitant la frontière des langues.
Oui, au fait, la frontière linguistique serait celle qui limiterait les deux états confédérés ? Franchement, ce n’est pas sérieux.
Sait-on d’abord de quoi on parle ?
Une confédération est une union d'États indépendants qui délèguent l'exercice de certaines compétences à des organes communs destinés à coordonner leur politique dans un certain nombre de domaines, sans constituer cependant un nouvel État superposé aux États membres.
On délègue le football et l’un ou l’autre gadget électronique dont Mathieu Michel, secrétaire d’État a dressé la liste durant ses heures de loisir. Et chacun garde jalousement sa diplomatie, le commerce extérieur et l’armée.
« La nature des relations entre les membres d'une confédération varie considérablement. De même, les relations entre les États membres et les institutions communes et la distribution des pouvoirs entre eux est hautement variable », écrit Wikipédia.
Allez ! on a de la ressource pour les chicaneries.
Voilà qui pourrait intéresser maître Marc Uyttendaele, à la recherche d’une affaire plus compliquée que celle de la princesse Delphine.
En parlant de la princesse, que deviendraient Philippe et Mathilde, en confédération ? Une royauté bicéphale ? Quaregnon et son château siège du règne de Philippe, roi des Wallons ?
Di Rupo en grand chambellan avec chapeau et tête à claque, on en raffole à l’avance.

3 février 2023

Retraite qui décide ?

Les grèves en France contre le gouvernement Borne au sujet de la retraite à 64 ou 65 ans remettent en question le sens que l’on donne au travail.
L’Homme moderne n’est pas né d’une pièce, d’un coup de claquement de doigts, selon le calendrier qui voit défiler les années et les siècles. Sa transformation ou, plutôt, sa mutation en suivant le progrès des techniques et des disciplines de production ne sont pas des effets naturels propres à sa nature, mais, au contraire, les résultats d’une acceptation par la nécessité d’être de son temps ou de périr, de suivre à la lettre ce qu’on lui dit pour produire ce qu’ont décidé ceux chez qui il a loué ses services.
Voilà qui est contraire à sa nature, plutôt inventive, capricieuse et touche à tout, tantôt active, tantôt flemmarde.
Or, ceux qui décident pour lui de sa carrière, de sa longévité en années et en heures par jour de travail, ne fonctionnent pas du tout comme ça.
Certes, ils ont des chefs, des contraintes et vivent dans le respect d’une hiérarchie dont en France, le président de la République est le chef suprême qui fait et défait les carrières. Mais, entre le lever et le coucher, ils vont et viennent mêlant leurs préoccupations de carrière à des considérations éthiques et ludiques personnelles, selon des agendas dont une petite partie est seulement de contrainte.
Il est impossible de comparer une journée de travail entre ces deux sortes de travailleurs, de quantifier ce qu’ils proposent d’eux-mêmes à autrui pour justifier le salaire que leur donne l’État ou le patronat.
Les uns apparaissent accablés par les contraintes, tandis que les autres se plient ou s’esquivent de leurs obligations de façon unilatérale, sans rencontrer une réprobation systématique.
La question financière est vite tranchée en faveur de ces derniers. Les salaires sont incomparables, dérisoires d’un côté, hypertrophiés de l’autre. L’argent, dans cette société, permet entre autres, d’organiser le temps de loisir d’une manière tout à fait différente selon les sommes que peuvent y consacrer ceux qui perçoivent une rétribution pour ce qu’ils font.
Les uns n’ont souvent aucune possibilité de varier les plaisirs, les autres le peuvent aisément en y ajoutant des dépenses purement culturelles, que sont les plaisirs raffinés des fauteuils d’orchestre dans des concerts, des conférences, des achats de livres rares et des évasions dans des pays exotiques pour y connaître les mœurs et la langue ou tout simplement pour s’y baigner dans la piscine d’un cinq étoiles.
En même temps que le curieux et l’édifiant d’une conclusion préliminaire, ce n’est pas au travailleur en bleu ou en cache-poussière, rivé à ce qu’il fait, payé chichement, à qui revient de décider du nombre d’années de présence, à un travail agencé selon les normes d’un tiers, mais à l’autre celui qui est dans une forme différente de travail, dont on n’a pas encore trouvé un autre nom, pour le désigner, alors qu’ils sont d’essence tout à fait différente.

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On objectera que les décideurs de l’âge de la retraite ont d’autres considérations que le respect et le progrès de l’humain. Ils sont tenus de veiller à un équilibre entre les productifs et les improductifs. Les variantes démographiques sont propices aux déséquilibres entre la somme de travail, d’un ensemble selon le nombre de bras permettant de l’étendre sur le temps de l’accomplir. Mais leur condition les met hors d’état de juger ce qui est bon ou pas pour ceux qui pratiquent ce qu’ils ne font pas et ne feront sans doute jamais, comme un enfermement de huit heures dans un lieu clos, réagissant à l’avertisseur sonore qu’il est midi ou cinq heures.
La question du mérite est à débattre. Il paraît qu’aller à l’école plus longtemps que d’autres donne droit à un meilleur salaire et à une autre considération. Aucune école au monde n’a jamais permis de classer les intelligences comme les prix des marchandises dans les rayons d’une épicerie. La plupart des hautes tâches administratives de l’État peuvent se faire par n’importe qui possède une capacité de jugement critique et d’intelligence pratique.
Mais comme dans toute organisation sociale le prince doit être entouré d’un certain nombre de gens qui le protègent par la défense de leur intérêt personnel, au fil du temps, on a trouvé pratique de les sélectionner par diplôme. Ce qui n’est pas du tout le cas dans le privé, le seul critère étant le pouvoir par l’actionnariat.
Reste la valeur morale du travail. Le plus grand nombre se dévouerait pour une société inégalitaire au plus haut degré, à qui pourrait-on faire croire à ces sornettes ?
Que la sinistre obligation de la vie impose le travail, soit, mais qu’on demande d’y croire à ceux qui descendent dans la rue pour qu’on ne touche pas à l’âge de la retraite, de révérer son métier avec celui des autres, passe l’entendement du philosophe. Certains préfèrent la nuit au jour, n’est-ce pas leur droit ? Rien ne sert d’être vivant le temps qu’on travaille.
André Breton dans « Nadja » n’écrit-il pas « L‘événement dont chacun est en droit d’attendre la révélation du sens de sa propre vie, cet événement que, peut-être, je n’ai pas encore trouvé, mais sur la voie duquel je me cherche, n’est pas au prix du travail ».
C’est justement là qu’on retrouve Emmanuel Macron et son soldat Borne, ces gens qui tranchent selon leurs critères que la multitude des Français doit accomplir trois ou quatre ans de plus pour trouver une raison d’être. Ce n’est pas au prix du travail qu’ils la trouveront.

2 février 2023

En guerre imminente ?

Toute l’attention des gens se porte sur la dégradation du niveau de vie. Comment le système prend la perte du pouvoir d’achat à la légère, quand les hauts placés à galette reportent sur nous la responsabilité de leurs politiques. Les élites nous promènent dans leur délire néolibéral. Nous nous attachons, quasi exclusivement à ce conflit avec les Autorités.
On en oublie notre implication dans la guerre que Poutine mène en Ukraine.
Si les sorties de guerre sont beaucoup commentées, le basculement inverse a été peu étudié. Il s’agit de réfléchir au passage de la paix à la guerre. Savoir comment les gens prennent conscience que les actes et les prises de position de leurs dirigeants y mènent ou n’y mènent pas !
Or, s’il y a bien une chose dont on ne parle pas, ce sont les conséquences possibles où pourrait conduire l’aide de l’Europe à l’armée ukrainienne.
Il ne s’agit pas de peser le bienfondé de cette aide nécessaire du point de vue de nos seuls intérêts. Cela a déjà été tranché. Nous ne pouvions pas assister à la mort d’un État européen sur les ukases d’un dictateur russe. Il était hors de question une fois la démocratie étouffée en Ukraine, que celle-ci se voie coiffée d’un président à la solde de Poutine.
Certes, nous aurions dû monter aux créneaux dès l’invasion de la Crimée. Outre que cette invasion fut une promenade de l’armée de Moscou, il a semblé en 2014 que les Autorités ukrainiennes n’aient pas voulu aller plus loin qu’une simple protestation. Il était généralement admis à propos de la Crimée lors de son invasion en 2014, qu’elle était fondamentalement un territoire russe « donné » en signe d’amitié au temps de l’URSS à une République amie. Or, il n’en est rien, ce territoire ayant été conquis par les armes d’un tsar précurseur de Poutine. Le khanat de Crimée est attaqué par l'Empire russe au XVIIIe siècle. Au cours des campagnes d'Azov, le tsar Pierre le Grand attaque la ville d'Azaq (l'actuelle Azov). Après un premier siège infructueux en 1695, il finit par s'en emparer en 1696.
À l'issue de la guerre russo-turque de 1768-1774 les Tatars de Crimée, jusque-là vassaux de l'Empire ottoman, deviennent théoriquement indépendants par le traité de Küçük Kaynarca.
Mais en pratique le khan passe sous protectorat russe, et, contesté par la population, dépend du soutien russe. Après plusieurs années de désordres, l'impératrice Catherine II procéda à l'annexion du Khanat en 1783,
Nous avons donc choisi d’aider les Ukrainiens à contenir une armée dix fois supérieure en hommes et en matériel, huit années après l’annexion de la Crimée par défaut de connaître l’histoire et entraîné par l’Ukraine à faire passer ce territoire au compte de profits et pertes de la République.
Ce faisant, nous avons déclenché un processus nous conduisant à entrer tôt ou tard en conflit ouvert avec les troupes du dictateur de Moscou.

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En effet, un dictateur qui invente les motifs d’une guerre doit impérativement la gagner ; il y va de la survie de son régime et de lui-même.
Après le triomphe de Crimée, Poutine a cru pouvoir aller plus avant en faisant tomber le régime de Kiev par une simple démonstration de force , sorte de parade militaire, jusqu’à la capitale de l’Ukraine, sur le temps que Zelensky et son gouvernement se réfugiait à l’Ouest.
Au lieu d’un défilé avec la population jetant des fleurs aux tankistes, ce fut un déluge de feu et une résistance de la petite armée adverse bien résolue à défendre la terre et son régime démocratique.
C’est alors que l’Occident prit conscience de la dangerosité du dictateur du Kremlin en aidant par petits dons progressifs la capacité de résistance de l’armée de Zelensky.
Ce fut le premier acte ouvrant la voie à la guerre, tempéré par le sentiment que prenant conscience d’avoir à faire tôt ou tard à l’OTAN et à l’Amérique, le dictateur chercherait une porte de sortie par la négociation. Il aurait certainement conservé la Crimée et aurait négocier l’indépendance du Donbass qui comprend deux oblasts (provinces) : l'oblast de Donetsk et l'oblast de Louhansk.
Mais quel que soit le résultat des négociations, la dictature de Poutine aurait pâli en Russie, à cause des prétextes que le dictateur avait donnés à son peuple sur l’invasion de son voisin, à savoir, entre autres, l’éradication des fascistes de Kiev.
Aujourd’hui, c’est l’escalade entre deux armées faisant face. Moscou ajoute des chars et des drones, l’Occident fournit des chars et des drones à l’Ukraine.
Les parties ne peuvent plus reculer.
C’est aussi impensable pour Poutine de perdre la guerre que pour l’Amérique et l’Europe de perdre la face dans cette guerre qui, pour le moment n’en est pas une entre la Russie et l’Europe.
Poutine joue tout simplement sa peau dans ce conflit qu’il ne peut pas perdre, sans mettre fin à son règne.
A moins d’un sursaut des opposants du dictateur à Moscou et à Saint-Pétersbourg, mettant fin à cette guerre enclenchée sur une faute d’appréciation du dictateur, on est bel et bien parti pour un conflit majeur entre l’Otan, à défaut d’une armée européenne, et l’armée russe.
En résumé, nous sommes entrés dans un processus qui mène inexorablement à la guerre.
En avons-nous conscience ? Les médias n’osent aborder la situation sous cet angle. Nous avons donc une guerre « prévisible » dont nos dirigeants auront pris soin de ne la mentionner que lorsque l’OTAN entrera en Ukraine pour soutenir l’armée ukrainienne en voie d’être défaite. Ils nous placeront, une fois de plus, devant un fait accompli.

1 février 2023

Maudite Europe !

Nous sommes malades de l’Europe, ce grand rassemblement des peuples européens n’a pas réussi à nous enchanter, dans un premier temps, pour réussir à nous décevoir, dans le second.
Ce sentiment de plus en plus partagé pèse sur nos relations dans la politique intérieure, puisqu’il est courant de s’entendre dire par le pouvoir que nous ne pouvons pas contrarier la politique de l’Europe dans notre politique intérieure.
Cette conformité obligatoire réduit l’autonomie des États membres à presque rien, surtout dans le domaine social. En effet, l’Europe s’affiche clairement libérale dans le sens d’un domaine privé qui a la priorité sur le domaine public, au point de réduire celui-ci d’année en année à pas grand-chose.
La ligne néolibérale défendue par la Commission est devenue indéfendable dans un monde divisé en plusieurs blocs qui se font une guerre commerciale à coups de marchés antagonistes, parfois aussi à coups de canon. Elle l’est aussi socialement par la mise en concurrence des travailleurs des pays adhérents, modifiant les statuts et équarrissant les salaires vers le bas.
La politique extérieure de l’Europe est désastreuse, on y sent la vassalité aux États-Unis. Elle n’a pour ainsi dire pas d’autonomie par rapport à son puissant mentor. De même qu’elle accepte sans murmure les sanctions contre des entreprises européennes qui commerceraient avec des nations qui sont sous embargo américain.
La guerre à la frontière de l’Europe est un cas d’école.
Puisqu’il a été décidé d’aider l’Ukraine à se défendre contre son agresseur, on attend la position des États-Unis pour la livraison d’armes sophistiquées, comme les chars lourds nous en révèle le procédé.
Personne n’a prévu une issue fatale qui serait une victoire de l’agresseur. Cette alternative entraînerait ipso facto la défaite de l’Europe aussi ; qu’elle serait l’attitude de celle-ci, si les vainqueurs plantaient leur drapeau à la frontière de la Pologne ?
Quelle serait la décision de l’OTAN autre puissance extra-européenne, pourtant gérant militairement la quasi-totalité du territoire des Vingt-sept ? Afin de ne pas perdre la face, ne serions-nous pas obligés d’intervenir militairement en Ukraine, afin de repousser l’ennemi chez lui ? Bref de faire la guerre ?
Aucun des grands projets de l’Europe n’a abouti. La politique des frontières (Schengen) est un échec. Vient en Europe qui veut, sans y être invité et sans permis de séjour. Le flux migratoire au frontière est incessant. Des bateaux affrétés par des organisations caritatives sauvent de la noyade des milliers de candidats à l’asile venus d’Afrique. Au lieu de les reconduire là d’où ils viennent, on les dépose dans des ports européens.
Ils entrent ensuite en Europe et font leur choix du pays dans lequel ils vont vivre. Ils s’y installent illégalement et tentent de survivre comme ils peuvent. Ils savent bien qu’ils sont quasiment inexpulsables par les lois cumulées des Etats et de l’Europe, tant les recours sont innombrables et les coûts de rapatriement élevés.
Ce déferlement empêche une politique d’accueil acceptable, tout en discréditant l’Europe qui fait la leçon pour plus d’humanité aux États récalcitrants.
Poussant au maximum l’initiative privée, l’Europe est à la base du démantèlement et de l’appauvrissement des pouvoirs publics allant des Services sociaux aux populations pauvres, au manque d’investissements des hôpitaux ouverts à tous. S’en suit la durable impression qu’une politique de démantèlement de tous les acquis sociaux se poursuit, en consensus avec les autorités des pays adhérents.

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Le néolibéralisme tenant pour acquis que chacun peut trouver un emploi et qu’il suffit de traverser la rue, selon Emmanuel Macron, pour de l’embauche, les aides attribuées aux chômeurs se voient régulièrement réduites dans les États à majorité libérale, ce qu’ils sont presque tous devenus par le phénomène généralisé d’une poussée de la droite partout.
De même, il est « nécessaire » de relever l’âge de la retraite dans les pays, comme la France, que l’Europe estime trop bas. On chuchote même dans les couloirs du Berlaimont que l’âge idéal serait de septante ans !
Ainsi, sans politique européenne réelle, sans prise de décision aux seuls critères de l’Europe, avec une guerre dont on ne sait que faire sur les bras, sans armée et sans l’intention d’en construire une, avec des achats massifs d’armement aux USA, alors que nos entreprises et pas seulement d’armements, mais encore touchant à tout, de la pharmacie aux secteur de pointe de l’atome et de l’électronique, se décentralisent en Inde et en Asie, l’Europe s’ajoute en grand corps malade à celui de notre gouvernement fédéral, en passe de se confédéraliser à notre insu.
Cette Institution qui allait faire des merveilles est devenue un obstacle à l’amélioration de l’existence du plus grand nombre. L’Europe aggrave le sort d’une démocratie déjà mal en point, rien que par la faute des acteurs locaux.
Si à cela on ajoute l’absence d’élections pour la constitution du parlement européen, on aura un tour quasiment complet des raisons d’un désamour général de l’Europe.