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En guerre imminente ?

Toute l’attention des gens se porte sur la dégradation du niveau de vie. Comment le système prend la perte du pouvoir d’achat à la légère, quand les hauts placés à galette reportent sur nous la responsabilité de leurs politiques. Les élites nous promènent dans leur délire néolibéral. Nous nous attachons, quasi exclusivement à ce conflit avec les Autorités.
On en oublie notre implication dans la guerre que Poutine mène en Ukraine.
Si les sorties de guerre sont beaucoup commentées, le basculement inverse a été peu étudié. Il s’agit de réfléchir au passage de la paix à la guerre. Savoir comment les gens prennent conscience que les actes et les prises de position de leurs dirigeants y mènent ou n’y mènent pas !
Or, s’il y a bien une chose dont on ne parle pas, ce sont les conséquences possibles où pourrait conduire l’aide de l’Europe à l’armée ukrainienne.
Il ne s’agit pas de peser le bienfondé de cette aide nécessaire du point de vue de nos seuls intérêts. Cela a déjà été tranché. Nous ne pouvions pas assister à la mort d’un État européen sur les ukases d’un dictateur russe. Il était hors de question une fois la démocratie étouffée en Ukraine, que celle-ci se voie coiffée d’un président à la solde de Poutine.
Certes, nous aurions dû monter aux créneaux dès l’invasion de la Crimée. Outre que cette invasion fut une promenade de l’armée de Moscou, il a semblé en 2014 que les Autorités ukrainiennes n’aient pas voulu aller plus loin qu’une simple protestation. Il était généralement admis à propos de la Crimée lors de son invasion en 2014, qu’elle était fondamentalement un territoire russe « donné » en signe d’amitié au temps de l’URSS à une République amie. Or, il n’en est rien, ce territoire ayant été conquis par les armes d’un tsar précurseur de Poutine. Le khanat de Crimée est attaqué par l'Empire russe au XVIIIe siècle. Au cours des campagnes d'Azov, le tsar Pierre le Grand attaque la ville d'Azaq (l'actuelle Azov). Après un premier siège infructueux en 1695, il finit par s'en emparer en 1696.
À l'issue de la guerre russo-turque de 1768-1774 les Tatars de Crimée, jusque-là vassaux de l'Empire ottoman, deviennent théoriquement indépendants par le traité de Küçük Kaynarca.
Mais en pratique le khan passe sous protectorat russe, et, contesté par la population, dépend du soutien russe. Après plusieurs années de désordres, l'impératrice Catherine II procéda à l'annexion du Khanat en 1783,
Nous avons donc choisi d’aider les Ukrainiens à contenir une armée dix fois supérieure en hommes et en matériel, huit années après l’annexion de la Crimée par défaut de connaître l’histoire et entraîné par l’Ukraine à faire passer ce territoire au compte de profits et pertes de la République.
Ce faisant, nous avons déclenché un processus nous conduisant à entrer tôt ou tard en conflit ouvert avec les troupes du dictateur de Moscou.

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En effet, un dictateur qui invente les motifs d’une guerre doit impérativement la gagner ; il y va de la survie de son régime et de lui-même.
Après le triomphe de Crimée, Poutine a cru pouvoir aller plus avant en faisant tomber le régime de Kiev par une simple démonstration de force , sorte de parade militaire, jusqu’à la capitale de l’Ukraine, sur le temps que Zelensky et son gouvernement se réfugiait à l’Ouest.
Au lieu d’un défilé avec la population jetant des fleurs aux tankistes, ce fut un déluge de feu et une résistance de la petite armée adverse bien résolue à défendre la terre et son régime démocratique.
C’est alors que l’Occident prit conscience de la dangerosité du dictateur du Kremlin en aidant par petits dons progressifs la capacité de résistance de l’armée de Zelensky.
Ce fut le premier acte ouvrant la voie à la guerre, tempéré par le sentiment que prenant conscience d’avoir à faire tôt ou tard à l’OTAN et à l’Amérique, le dictateur chercherait une porte de sortie par la négociation. Il aurait certainement conservé la Crimée et aurait négocier l’indépendance du Donbass qui comprend deux oblasts (provinces) : l'oblast de Donetsk et l'oblast de Louhansk.
Mais quel que soit le résultat des négociations, la dictature de Poutine aurait pâli en Russie, à cause des prétextes que le dictateur avait donnés à son peuple sur l’invasion de son voisin, à savoir, entre autres, l’éradication des fascistes de Kiev.
Aujourd’hui, c’est l’escalade entre deux armées faisant face. Moscou ajoute des chars et des drones, l’Occident fournit des chars et des drones à l’Ukraine.
Les parties ne peuvent plus reculer.
C’est aussi impensable pour Poutine de perdre la guerre que pour l’Amérique et l’Europe de perdre la face dans cette guerre qui, pour le moment n’en est pas une entre la Russie et l’Europe.
Poutine joue tout simplement sa peau dans ce conflit qu’il ne peut pas perdre, sans mettre fin à son règne.
A moins d’un sursaut des opposants du dictateur à Moscou et à Saint-Pétersbourg, mettant fin à cette guerre enclenchée sur une faute d’appréciation du dictateur, on est bel et bien parti pour un conflit majeur entre l’Otan, à défaut d’une armée européenne, et l’armée russe.
En résumé, nous sommes entrés dans un processus qui mène inexorablement à la guerre.
En avons-nous conscience ? Les médias n’osent aborder la situation sous cet angle. Nous avons donc une guerre « prévisible » dont nos dirigeants auront pris soin de ne la mentionner que lorsque l’OTAN entrera en Ukraine pour soutenir l’armée ukrainienne en voie d’être défaite. Ils nous placeront, une fois de plus, devant un fait accompli.

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