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30 septembre 2005

Les postillons de l’apostille.

Ce n’est tout de même pas à un pauvre type comme Richard III d’encore taper sur le clou. Pourtant, les avocats, ça commence à bien faire.
Le PS à lui tout seul est le plus grand prétoire de Belgique.
On ne peut pas dénier le droit à un citoyen de faire de la politique, mais puisqu’on a bien établi des quotas pour les étudiants en médecine, on pourrait en faire autant pour certaines professions libérales que l’on voit trop souvent, ces temps-ci.
Comment ce fait-il que cette honorable profession soit la première pourvoyeuse en parlementaires et diverses autres professions publiques ?
Si c’est pour le côté coupeur de cheveu en quatre, manipulateur d’opinion et grande gueule pour amuser le tapis que l’on préfère ces adeptes de la langue de bois au MR et au CDh, on pourrait expliquer cet afflux de compétences au sein du PS par le côté « terre vierge » de l’ex parti ouvrier, les Sioux des maisons du peuple ayant quitté Di Rupo depuis longtemps.
Il est vrai que les avocats par mimétisme professionnel sont des artistes transformistes qui vous jouent l’ouvrier du bâtiment au noir, comme la veuve sanctionnée de l’ONEm avec un réalisme saisissant. Encore qu’au sein du PS leur rôle favori soit administrateur de la société, ce qui ne les empêche pas d’y joindre l’anonyme, éventuellement.
Leur registre étant étendu, on peut se demander où ils s’arrêteront ?
Même les fonctions suprêmes ne leur sont pas interdites. Il se pourrait que l’un d’entre eux se découvrît descendant de Léopold II, par les femmes bien entendu, à seule fin de s’introduire dans l’ordre hiérarchique de la dynastie.
Ces moments-ci, ce serait plutôt là où ils ont toujours brillé, à savoir devant les tribunaux, qu’ils sont les plus demandés. A force de plaider, ils sont devenus plaideurs, faut-il s’en étonner ? Leur capacité à occuper le terrain partout finira par leur jouer un mauvais tour. C’est ainsi que certains pourraient, comme ce fut le cas par le passé, être à la fois devant et derrière les barreaux.
Comme les magistrats sont des avocats en puissance, certains d’entre eux l’ont même été avant de changer de robe, les voilà au face à face : juges, avocats, plaignants, parties civiles, avocats-inculpés et avocats-disculpés, dans un imbroglio fameux qui plonge la Nation dans la consternation.
La société ne serait-elle qu’un immense palais de Justice avec ses caméras cachées à chaque carrefour, ses écoutes téléphoniques élargies aux bénéfices des cocus des polices locales et fédérales et enfin ces radars distributeurs automatiques de procès qu’on nous promet sur chaque pont enjambant nos autoroutes ?
Une société comme celle-là ne peut se passer d’avocats, il est certain ; même si le terroriste est une graine de criminel tout de même assez rare sous nos climats, il devient urgent pour les avocats en quête de prospérité de ne pas en voir éteindre la race. Aussi, à défaut, nous fait-on chaque semaine le portrait au vitriol des olibrius de ben Laden à seule fin de nous maintenir en état de poursuivre l’étranglement de la démocratie des mains mêmes de ceux que notre légèreté a commis à sa défense, nos chers avocats !
Particulièrement concentrés au PS, les Fregoli de la manchette se remuent beaucoup cette semaine à cause de « La Carolorégienne ». Ce n’est pas tous les jours que les cordons des dossiers se dénouent pour répandre dans la rue des torrents de feuillets, tous plus noirs les uns que les autres, libérant des affaires que les avocats des autres formations politiques MR et CDh défendraient gratuitement au titre de la partie civile.
Au fait, qui est la partie civile ? L’Etat dans les mains d’un avocat-ministre qui envoie un administrateur temporaire, sans doute aussi avocat de son état, remettre de l’ordre dans les paperasses de « La Carolorégienne ». Et voilà que, comble de l’horreur, Van Cauwenberghe, un avocat reconverti en politique comme par hasard, est toujours le gérant du cabinet d’avocats Van Cauwenberghe-Lemal auquel « la Carolorégienne » a longtemps confié la défense de ses intérêts ! Ainsi les larmes du ministre-président au Conseil communal de Charleroi la semaine dernière n’auraient été qu’un effet lacrymal de prétoire !
Comme si ce n’était pas assez, le PS est par ailleurs rattrapé par les Affaires Agusta-Dassault, avec encore une belle brochette d’avocats en cause.

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Une seule solution pour s’en sortir : puisque notre société est essentiellement conduite par des avocats et que c’est entre eux que tout se passe, pourquoi ne pas mettre sur pied un système où les élections se feraient entre les seuls avocats ? Ce serait un gain de temps et d’argent, le résultat serait le même et enfin il n’y aurait plus d’affaires délicates étalées sur la place publique. Pour les distinguer du vulgaire, ces éminences garderaient leur robe en toutes circonstances, y compris dans la rue, ce qui éviterait aux forces de police de dresser des contraventions qui finissent sans suite dans les corbeilles du pouvoir. Enfin, ce serait un talisman pour les files d’attente et les spectacles où les gens de robe entreraient sans payer, comme c’est le cas neuf fois sur dix.
Je dépose donc ma requête au greffe – pardon au parlement – dans l’espoir qu’elle sera entendue et j’invite tous les lecteurs de ce blog à la signer :
La démocratie sera avocatière ou ne sera pas !

29 septembre 2005

Il était une fois…

- De quel langage logorrhéique discours-tu, Anicet, mon jardinier ?
-Je me disais, Uranie…
-Qui est Uranie ?
-Une princesse imaginaire d’une histoire que je me raconte, avec un jardinier comme moi… Ce jardinier se disait : Uranie est bien seule depuis que le prince, son époux, festoie, puis guerroie sur son grand destrier blanc, à tel point qu’il se demanda si cela ne merdoyait pas aussi dans leur couple.
-Te voilà bien impertinent, Anicet ! Ignores-tu que la fonction de jardinier consiste à tailler seulement mon rosier ?
-Oh ! reine Bélise, je le sais. Je le taille. Je répondais simplement à votre question.
-Admettons. Ainsi, cette Uranie est malheureuse dans le conte que tu me fais ?
-Ce jardinier la voyait si souvent seule qui se promenait au jardin…
-…des Hespérides bien entendu !
-Bien entendu. Aussi, s’intéressa-t-il à cette solitude. Peu à peu, cet intérêt se transforma en amour… Mais, comme dans mon rêve sa condition était la même que celle que j’exerce dans ce palais, je me suis reproché ses désirs comme si c’étaient les miens. Un jardinier ne peut aimer une princesse.
-C’est pourtant ce que tu lui fais faire !
-C’est un conte. Est-ce interdit ?
-Non. Sauf si je l’entends et qu’il m’offense.
-Un jour, Uranie tomba malade. On l’a cru même perdue. Il fut le seul à vouloir contre tout avis qu’il n’en fut pas ainsi.
-Toujours dans ton imagination… car je fus très malade aussi.
-Evidemment. Il ne se passait pas un jour qu’il ne se renseignât sur l’état de sa santé. En sa qualité de jardinier, il avait pour mission d’orner les vases du palais des plus belles fleurs. Dès que la princesse quittait une pièce, sans qu’elle s’en aperçût, il renouvelait les fleurs en fonction des saisons. C’était en janvier que la maladie surprit la princesse. L’amaryllis luttait de fraîcheur avec le clivia aux fleurs orange. En février, ce furent les orchidées qu’il remplaçait par de la Saint-Paulia et ainsi de suite… De sorte que ne pouvant se rendre au jardin, ce fut le jardin qui vint à elle. Cela eut-il une influence ? On ne sait. L’amour accomplit parfois d’étranges exploits.
-Toujours est-il qu’Uranie, car il s’agit toujours de cette princesse imaginaire, n’est-ce pas ? guérit et que dans ton rêve, d’impudent jardinier, tu en attribuas le mérite à ton confrère ?
-…Le prince qui s’était détaché de la princesse, parce que l’état de celle-ci lui faisait songer que cela pouvait devenir le sien, passa par hasard au chevet de la mourante. Quel ne fut pas son étonnement de voir Uranie dressée sur sa couche, plus belle et souriante que jamais !
-Pousserais-tu l’impudence jusqu’à me soutenir qu’après les effusions que se doivent les époux, ce prince, à nouveau, festoiera et guerroiera ?
-C’est exactement cela, reine Bélise. Votre majesté connaît la suite.
-Comment veux-tu que je la connaisse !
-Ne me voit-elle pas tous les jours en ce jardin ? Ne m’en vais-je pas parler aux fleurs ?
-Je te vois surtout, déboucher une tourie et en boire le contenu.
-Cette fiole, la voici derrière ces iris bien cachée à votre vue.
-Mais elle est vide, maraud, aurais-tu déjà tout bu dès le matin ?
-C’est qu’elle n’a jamais contenu la moindre goutte de vin.
-Alors pourquoi la déboucher et la porter à tes lèvres, comme parfois je te vois faire ?
-Un génie y est enfermé comme celui d’Aladin. C’est un roi… égal à votre époux.
- Un roi, quelle est cette nouvelle bizarrerie ?
-Il se nomme Richard. Il détient le secret de la princesse Uranie. Je le sais parce que c’est moi qui l’ai décidé ainsi dans l’histoire. L’autorité de Richard le dispense de flatterie et de bassesse. Il tutoie le genre humain et se veut l’égal de tous : un homme parmi les hommes et que vaut n’importe qui.
-Cela devient moins drôle. Ce roi serait un génie égalitaire !
-Non, sa présence, souvenez-vous est seulement liée au secret du jardinier de la princesse.
-Ah ! oui, le secret !
-Lorsque Uranie fut guérie, le jardinier reçut l’ordre du prince de ne plus salir les parquets de ses sabots crottés. En attendant la belle saison et qu’Uranie descendît au jardin, il retourna à ses parterres de fleurs. Par jeu et parce qu’il était seul, parfois il ouvrait la fiole afin de parler au roi dépositaire de ses secrets. Comme vous me le voyez faire…
-Ouvre là, pour qu’enfin tu te rendes à l’évidence qu’il n’y a rien dans cette tourie.
-Je ne puis devant vous. Ce que cette fiole contient, personne n’en est le maître.
-Je le ferai donc moi-même !...

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Ce que la reine fit.
L’histoire ne dit pas ce qu’il en advint. Les secrets d’Etat cachent le plus souvent au public ce que tout le monde sait, sans l’oser pouvoir dire.

28 septembre 2005

Sémiologie de la gauche

Le wallonissime Van Cauwenberghe attendait beaucoup de l’effet d’annonce de ce que bizarrement on a appelé plan Marshall. Manque de pot, le plan à peine lancé, voilà Jean-Claude obligé d’aller jusqu’aux larmes dans son dictame pour conjurer ses amis de jeter l’éponge au Conseil communal de Charleroi à la suite du flop de « La Carolorégienne ».
Une contre publicité dont la majorité socialiste, initiatrice du projet, se serait bien passée.
Avant la gestion foireuse des logis sociaux, pour la première fois, le PS passait en Wallonie sous ses scores électoraux de 2003 et de 2004. La lente érosion de la confiance pourrait n’être que passagère ou relever d’une méfiance naissante de l’électeur à l’égard du socialisme réformateur. Dans la seconde hypothèse, sans autre parti de gauche que le PS, il est à craindre que l’électorat qui se détournera du PS, s’en aille voter à droite, ou pire, à l’extrême droite. On constate un peu partout en Europe l’effritement du modèle social-démocrate, comme les élections polonaises nous le confirment.
Il faudra attendre d’autres sondages, avant les élections, pour se faire une opinion.
Heureusement que le FN en Wallonie n’a pas l’encadrement qui lui permettrait d’accrocher les autres partis, sans quoi, après le scandale de « La Carolorégienne », il pourrait faire un carton.
Néanmoins, les adolphins dépassent pour la première fois leurs résultats électoraux de 2004, sans approcher le score du Vlaams belang, fort heureusement.
Cette descente aux enfers du PS par petit palier met en lumière le rôle d’extincteur des initiatives de la base du président Di Rupo, talentueux lorsqu’il s’agit de gérer le succès, mais incapable de faire face, quand l’eau monte dans les cales du navire.
L’autoritarisme agressif des dirigeants du PS, non seulement vis-à-vis de l’extérieur – ce qui est de bonne guerre – mais hélas ! à l’encontre des militants qui ne partagent pas l’opinion majoritaire, tue tout esprit d’initiative et réduit à néant les idées originales.
La grotesque tentative de « conscientiser » la base sous la forme d’un questionnaire lancé fin de l’année dernière, non seulement n’a jamais permis de dégager une nouvelle politique, mais en plus, en confirmant la confiance à Di Rupo, le leader charismatique, l’a définitivement figé dans une autosatisfaction qui ne pourra que nuire au parti. C’est un peu le drame Jospin que nous vivons en Belgique.
Quand on entend Di Rupo, on a entendu tout le reste du PS. Cette unanimité n’est pas porteuse, elle est terriblement réductrice et suspecte.
C’est bien la première fois qu’un président d’un parti de gauche fait sienne la devise de Talleyrand « Tout ce qui est excessif est insignifiant », en oubliant un peu trop vite que c’est « l’excessif » qui a permis de sortir dans un premier temps les ouvriers de l’exploitation libérale par une lutte contre les partisans d’une modération qui a toujours fait les affaires d’une bourgeoisie dominante.

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Un malheur ne venant jamais seul, le rééquilibrage à gauche du CDh de Joëlle Milquet, s’il a par sa nouveauté permis un meilleur score, s’est rapidement essoufflé pour les mêmes diathèses que celles de l’attentisme centriste du PS. La variation est ici minime par rapport à juin dernier (-0,3pc), mais c’est la fin d’une série de succès. Si ce lent prolapsus se confirmait, c’est la donne qui changerait refaisant du MR un parti convenable pour le gouvernement wallon. On verrait alors Elio Di Rupo, dont toute la politique tendait à se séparer d’un MR accusé de vésanie, composer sur le plan régional comme il compose sur le plan fédéral avec lui.
On voit bien dans les foucades de Verhofstadt, notamment sa proposition d’augmenter la TVA sur les produits de première nécessité, la tendance thatchérienne que l’on croyait éteinte chez lui, revenir dans son fonds de commerce.
Si une telle rémanence perdurait, c’est toute la politique ancienne de collaboration du PS avec la droite qui redeviendrait honteuse, réduisant un peu plus l’espoir des masses à vivre autre chose.
Didier Reynders étant deuxième en Wallonie et troisième à Bruxelles, dans les sondages de popularité, profite de sa présidence au MR. Il est en train de laisser sur place le fils Michel qui vit mal l’absence de papa.
Que vont faire Di Rupo et Milquet pour redresser la tendance ?
On sait Di Rupo incapable d’écouter d’autres voix que la sienne. Quant à Milquet sa capacité de manœuvre est moins grande dans son parti où l’influence d’une droite chrétienne est toujours perceptible malgré la mise au rancard de Nothomb.
Le moyen d’empêcher l’électeur de s’enfoncer davantage dans la morosité, dans le climat politique actuel ?
Il n’y a pas trente-six recettes pour la gauche. Celle qui consiste à redevenir ce qu’elle était avant la collaboration honteuse est la seule convenable. Mais les conséquences seraient telles en perte d’influence et de revenus que, pour une nouvelle politique de gauche, il faudrait quasiment une révolution interne au PS.

27 septembre 2005

Een belgishe sondage.

Le Reader’s Digest s’est livré à un sondage qui vaut son pesant de moules-casseroles.
Huit personnes sur dix sont fières d’être belges.
Ça fait quand même deux millions et quelques qui n’en ont rien à foutre.
Léopold-Sédar Senghor, Damas et Césaire ont établi les fondements de la négritude. C’est facile, ils étaient noirs. Dans une société blanche, raciste et colonialiste, leur négritude ne passerait pas inaperçue. Mais la belgitude ? Il n’y a que le Reader’s Digest pour savoir ce que c’est.
Pour qu’il y ait une belgitude, il faudrait un signe apparent qui sauterait aux yeux.
Les frites, ce n’est qu’une habitude alimentaire. Tous les Belges ne pèsent pas cent kilos. Le sybaritisme à la belge ne signifie pas que le pays adhère au mythe de la frite, signe de ralliement à la commémo de la révolution brabançonne.
Par exemple une tache de vin sur le front qui ferait à peu près une carte de Belgique ou que tous les Belges viendraient au monde avec des oreilles comme Monsieur Spock, voilà qui serait un signe distinctif unanimement reconnu.
Une vésanie légère, comme signe universel ?
Peut-être, pour accepter ce pays tel qu’il va et comme il est dirigé, il faut être un peu con.
Deux millions de personnes adhèrent à cette définition, comme Anne-Marie, la nouvelle chevalière, les belges sont un peu zinzins. Les joyeux fêtards du 175me anniversaire sont supposés ne pas être du même avis. Pour eux le pays va bien à la selle tous les matins, parce qu’il est dirigé par des gens qui prennent en compte le transit de l’Europe par Bruxelles.
Le bas libéré, le haut profite. C’est bien connu en médecine.
Pour le décompte des Belges qui se sentent proches d’une région, le Reader’s Digest n’est pas aller sonder les Fouronnais et les Bruxellois de la périphérie, par manque de temps.
Quant aux habitants qui ne souhaitent pas vivre dans un autre pays, les sondages ont tenu compte de l’opinion des sans papiers en instance d’expulsion. C’est en tout cas ce qu’affirment les sondages, alors que la majorité des Belges fuient le territoire en juillet et août et ne rentrent au pays qu’avec le vif désir d’en repartir au plus vite la saison prochaine.
La belgitude se reconnaît par l’amour des frites (22%), le drapeau national (20%), la bière (14%), le chocolat (12%) et la famille royale (11 %), ce qui renvoie au syndrome de vésanie légère comme il a été traité plus haut. Il y aurait donc 89 % qui ne se reconnaissent pas dans le symbole royal ! On se demande ce que Gendebien fait à chaque élection pour attirer un aussi petit nombre d’électeurs ?
Le Reader’s Digest explique ensuite que la belgitude est le principal lien unissant les Belges (42%), puis l’histoire commune (38%), la famille royale (34%) et les performances des sportifs belges (30%). Pour la famille royale, il y a contradiction entre les deux sondages.
Je croyais que c’était la bière, le foot et le Loto les principaux liens ?
41% pensent que les étrangers associent la Belgique à l’affaire Dutroux. C’est un sondage à verser au dossier des Russo qui ont toujours cru que Dutroux faisait partie d’un réseau.
Au niveau de la gastronomie, les frites demeurent une référence typiquement belge puisqu’elles composent la majeure partie des plats favoris : moules-frites (41%) et steak-frites (35%). Van Cauwenberghe pense qu’avec son plan Marshall, les belges vont se mettre au hamburger, les échevins de « La Carolorégienne » aussi, mais eux, c’est à la suite de la suppression de leurs notes de frais.
C’est dans le domaine de la culture que les belges se sont surpassés.
Cependant, un contre sondage nous a permis de constater que parmi les sondés, 80 % ne s’intéressaient pas aux Arts, 60 % ne lisaient que des illustrés et 99 % ne savaient pas rédiger un texte sans faire trois fautes d’orthographe à la ligne. Le sondage officiel est plus favorable : les Belges ont plébiscité Rubens pour la peinture (45,3%) et Magritte (21,9%), pour la musique Jacques Brel (26,2%) et Toots Thielemans (25,8%), pour le cinéma les frères Dardenne (41,1%). Quant à la littérature, il correspond au contre sondage : c’est le bottin téléphonique qui est le plus lu.

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Réalisé à Bruges le sondage suivant a donné 54% des Belges qui trouvent que Bruges est la plus belle ville du royaume, loin devant Gand (8,4%) et Bruxelles (6,5%). Un autre sondage fait à Liège donne à peu près les mêmes scores : Liège (56 %), Huy (12 %) et Charleroi (2%).
L’Atomium passe pour le symbole architectural de la Belgique (82,9%) suivi de loin par l’hôtel de ville de Bruxelles (38,6%) et le beffroi de Bruges. La nouvelle gare des Guillemins n’a pas été incluse dans les monuments, par contre sous la rubrique charpente métallique, elle obtiendrait 90 % devant le plan incliné de Ronquière, 8 %.
Un dernier sondage parmi les arrières cours et les quartiers à forte délinquance donne la palme du site le plus original à Richard III. Dans les autres quartiers, il ne recueille que 0,5 %.

26 septembre 2005

Un drame

-T’as des nouvelles ?
-Non. C’est comme si elle n’avait jamais existé.
-Merde. Qu’est-ce que ça veut dire ?
-J’en sais rien. Qu’est-ce qui s’est passé entre vous ?
-On se voyait, comme ça à l’occasion.
-C’est tout ?
-Ouais.
-Pourquoi tu me demandes si j’ai des nouvelles ?
- Elle semblait t’avoir à la bonne.
-Pas plus que toi.
-Pourquoi ce silence ?
-Elle serait tombée raide d’un mec ?
-Elle nous l’aurait dit.
-Tiens donc, pourquoi ?
-Elle a toujours été d’une certaine cruauté dans sa franchise.
-Pourquoi amoureux comme t’étais, t’as pas saisi ta chance ?
-L’occasion ne s’est pas présentée.
-Alors là, j’hallucine ! T’as déjà vu un d’amoureux qui attend l’occasion ?
-Je pense que cela n’aurait pas marché.
-Alors de quoi tu te plains ?
-J’aurais bien aimé pourtant….
-C’est pas suffisant, fieu. Elle est là, tu dis rien. Elle s’en va, tu t’inquiètes.
-J’attendais le moment favorable…
-Le duo de la bohême. Tu vois la gueule que tu fais ?
-C’est pas drôle, tout ça.
-C’est jamais drôle, mon vieux. Tu t’es vu ? Ton sérieux…
-Quoi mon sérieux ?
-Faut être léger, aérien. Pas lui laisser le temps de réfléchir, une femme. Si tu lui représentes le danger qu’elle court… les ennuis que ça peut faire… Tu la revois plus…
-Quel danger ?
-Avec un mec comme toi, c‘est clair qu’elle risquait de s’emmerder !
-Merci… Parce qu’avec toi ?
-Ce que j’en dis… Trop sérieux, elle panique à la pensée du cornard… les embrouilles possibles… l’avocat… le partage difficile. Romantique, tu en remets tellement que c’est toi qui sais plus suivre… Sportif… t’as plus les jambes…
-Comment, faut être alors ?
- Faut être rapide.. Après, quand, c’est gagné, c’est comme tu le sens. Toujours à surfer sur la vague, gai, insouciant… disert, intelligent, souple…
-Un amuseur… qu’avec lui rien n’a d’importance…
-Voilà, t’as tout saisi.
-Fais gaffe la voilà.
Elle – Je vous cherchais. J’ai quelque chose à vous dire.
- Oui !
- Je quitte mon mari.
-Tu pars quand.
Elle - Je ne pars pas. Je le quitte moralement.
-Tu le quittes moralement avec qui ?
Elle -Avec le maître plongeur de la piscine.
-Mais, il est marié !
Elle -Moi aussi.
- Il bégaie !
Elle –Ça fait rien. On n’a rien à se dire.
-Il a baisé tous les gros culs de plus de 18 ans.
Elle – Et alors ? Son passé ne me regarde pas.
-Il est moche !
Elle - Vos belles gueules me plaisaient pas trop. J’aime les tronches saisissantes.
- Il a bien trente ans de plus que toi !
Elle -Si ça se voit trop dans cinq ans, j’aviserai. D’ici là, tout peut arriver.
-Mais qu’est-ce qu’il a, nom de Dieu, de plus que nous ?
Elle - Il a tout moins que vous. Ce qu’il a en plus, c’est un bec-de-lièvre sous la moustache, Ça se voit pas trop. Allez, salut les mecs, sans rancune.
(Elle s’en va)

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- On a oublié de dire qu’il est con…
-On comprendra jamais rien aux femmes !
-T’as raison On était plus heureux avant de la connaître….
-Tu te rends compte un bec-de-lièvre, trente ans de plus, un coureur de gros culs, marié et con, manquerait plus qu’il soit pédé.
-Il l’est.
-Non ! Comment tu le sais ?
- !!!!!

25 septembre 2005

Fermeture et ouverture.

Sur le temps que l’épargne du besogneux est récompensée par un dividende de 1,5 %, les actionnaires dignes de ce nom s’habituent à une croissance de 15% de leurs revenus de participation. Comme quoi l’argent n’est rare que pour les ploucs.
Les rigolos qui manipulent les milliards des fonds de pension, touchent une commission sur les plus-values. C’est dire quand un de ces histrions sans état d’âme déplace la joncaille de ses actionnaires bibliques, d’une industrie à l’autre, l’entreprise qui est quittée n’a plus qu’à mettre la clé sous le paillasson et prier le gros de sa troupe d’aller se faire branler par les employées du FOREM.
Les plus fines gâchettes de l’économie mondiale, et nos gouvernements sont entièrement d’accord, tous recommandent de serrer les cordons de la bourse et de vivre sur un petit pied. Le haut actionnariat - pas le bourgeois de la villa « Samsuffit » qui bidouille deux actions des charbonnages de la Grande Bacnure qu’il tient de son grand-père sans savoir que c’est fermé depuis longtemps - le haut actionnariat, donc, nous conseille vivement la prudence salariale et la modération. Etienne Davignon, aussi, alors, si Etienne le dit !...
Produire plus, gagner moins et dépenser plus pour relancer l’économie, voilà le syllogisme des temps modernes, si Pyrrhon revenait, il en resterait baba.
C’est capital, si l’on veut rester performant selon la gauche, et survivre selon la droite.
Ce l’est encore plus pour l’actionnaire. Comment voulez-vous qu’un ponte retourne au boulot suite à sa banqueroute ? Par contre, sécher l’épargne des gogos sur des affaires comme l’Euro Tunnel, ça c’est du nanan !
C’est comme si Di Rupo ou Verhofstadt finissaient leurs carrières chauffeur-livreur à TNT, ou même, aide-comptable chez une sous merde de Roger Mené, aux classes-moyennes !...
La litanie de l’économie sans pitié, nous l’entendons tous les jours, de la bouche relookée faïence à mille euros l’incisive, par nos grands prêtres gestionnaires.
Certaines dépenses y échappent. Celles de prestige ou de sécurité toutes payées par nos gueules, évidemment.
Ainsi, le coût global de la visite de Bush à Bruxelles n’est pas encore connu, mais pour la seule police fédérale, la facture est de 471.462 euros. Et de 150.507 euros pour les zones de police hors agglomération bruxelloise. Le montant total risque de dépasser un million d’euros. A titre de comparaison, le coût sécurité pour un sommet européen à Bruxelles est de 132.000 euros.
De même notre folie de surveillance renforcée, celle des écoutes de madame Onkelinx. La dépense est paraît-il indispensable. La police s’en félicite. On s’attend à ce que tous les flics spécialisés se tapent des rassis à l’écoute des confidences du téléphone rose…
Le public sera heureux d’apprendre que notre fric fera jouir toute la police fédérale.
Au début, il y aura quelques règlements de compte aux armes de service, quand Moustachu apprendra que Tapinois baise sa femme quand il est en mission… mais, c’est des problèmes internes, tout ça, rien à comparer avec l’étau qui se resserre sur la fellouze intégriste.
Un triomphe anti ben Laden s’amorce…
C’est mieux qu’avec Bush, nous allons financer nous-mêmes la mise en place d’un système fouille-merde dont nous serons les premières victimes. C’est comme si je finançais la bagnole du type qui va me rentrer dedans sur l’autoroute. C’est fort quand même.
Donc certaines dépenses sont justifiées.
Alors, débat pour débat, on choisit ce qu’on peut sacrifier sur l’autel de la patrie. De toute façon, c’est pas eux qui font ceinture.
L’autre jour un colloque sur l’économie que nos forces vives livraient à nos ébahissements.
Maurice Lippens, Marco Brecht, André Mordant, Robert Tollet, Jean-Claude Marcourt, Mathias Dewatripont, Elio Di Rupo, Jean-Pierre Hansen, Rudy de Leeuw, Anne Peeters, Marc Lemaire, Peter De Smet, Amid Faljaoui, c’est dire le gratin…
Questions gravissimes :
Peut-on demander aux entreprises, implantées dans notre pays, d’avoir d’autres objectifs que la maximisation de leur profit ? Est-il possible, de guider les entreprises vers des pratiques socialement responsables, respectueuses de l’environnement et des générations futures ? Les responsables économiques peuvent-ils être guidés par la recherche de l’intérêt général ? Quels sont les rôles des syndicats et des ONG dans la prise en compte d’autres critères que celui de la maximalisation du profit ?
Comme on voit, c’était presque le festival comique de Rochefort. Ne manquait que les Frères Taloche et Etienne Davignon, les incontournables du rire.
C’est sous le chapiteau de l’Institut Emile Vandervelde que les guides de la Nation ont débattu.

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Rainier de Monaco étant décédé cette année, on ne sait pas encore qui aura l’insigne honneur de remettre des clowns d’or. Si on demandait à Hermann De Croo ?

24 septembre 2005

Si les larmes servaient de remède au malheur, (1)

Une proposition de devise à l’entrée des bureaux de La Carolorégienne :

On avait beau heurter et m’ôter son chapeau, -
On n’entrait point chez nous sans graisser le marteau.
[ Les Plaideurs, I, 1, Petit Jean ], Jean Racine

Séquence « émotion » à Charleroi avec la supplique de Jean-Claude Van Cauwenberghe à l’adresse de ses deux amis échevins pour qu’ils démissionnent, à l’issue d’un Conseil communal sur l’affaire de La Carolorégienne, cette société de logements sociaux, gérée à la « mords moi le nœud » par un aréopage de trois échevins.

Considérations d’un ordre général qui n’augure en rien des suites de cette affaire sur l’innocence ou la culpabilité des personnes mises en cause.
Cela a toujours été un des points faibles des partis de gauche et des syndicats que d’asseoir des hommes à des postes à notes de frais, émoluments et jetons de présence qui viennent de peu et aspirent à beaucoup.
Qu’on ne se méprenne pas sur ce « qui viennent de peu », ce n’est pas une marque de mépris de je ne sais quelle prétention à talons rouges.
Je ne dirai pas non plus qu’un militant d’humble origine s’inscrit dans la mouvance d’un parti pour en croquer. Ce serait même le contraire. On devient militant par le besoin de dénoncer les injustices et créer avec les gens de bonne volonté une société plus juste et plus fraternelle.
Mais quelques uns ne résistent pas à l’envie de « faire comme tout le monde » dès qu’ils se trouvent mêlés à un monde où l’argent est facile. A voir les salaires que des élus de gauche se votent, aux lucratifs à-côtés, aux voitures de fonction, aux coupe-files et aux passe-droits qui viennent en supplément, on ne sait plus faire la différence avec ceux qui représentent le peuple et le monde industriel et financier censés être l’adversaire.
Alors, on peut comprendre l’affolement devant un niveau de vie auquel on n’aspirait pas et qui n’a rien à voir avec celui que l’on avait avant l’entrée en politique.
Ce basculement n’est pas propre au seul parti socialiste. Mais les conséquences pernicieuses sont le plus souvent dénoncées et font plus de bruit à gauche qu’à droite.
C’est qu’à gauche le paradoxe entre dénoncer la richesse par rapport à la pauvreté générale et s’en mettre en douce dans le gousset peut paraître plus scandaleux qu’à droite où les fortunes ne se sont pas faites par des enfants de chœur, souvent sur plusieurs générations dont parfois la première a échappé à la prison. Enfin, en général, les gens de droite se sont habitués à se faire des ronds en toute légalité dans les gestions de leurs patrimoines. Il deviendrait stupide de commettre quelques modestes escroqueries, sauf si on est la première génération. Il est inutile de leur demander un avis sur la question. C’est comme si on demandait à Al Capone ce qu’il pense d’un voleur de bicyclette.

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Naïf, le débutant de gauche, généralement pressé, oublie toute réserve : on ne peut pas se servir sur une bête malade. Les logements sociaux de Charleroi l’étaient au plus haut point. Un échevin de droite aurait réservé une part décente des rentrées locatives aux réparations indispensables et au confort des habitants. Ce qui ne veut pas dire qu’il aurait mieux géré la chose. En définitive, il se serait peut-être davantage sucré au passage ; mais moins sottement, en intermédiaire adroit entre les entrepreneurs et les fournisseurs et en prenant des précautions élémentaires que l’on apprend en venant au monde dans des familles où « faire de l’argent » est inné. Ainsi le vocabulaire de droite en témoigne : homme d’affaire au lieu d’escroc, bon gestionnaire au lieu d’association de malfaiteurs et enfin politicien honnête au lieu de prévaricateur.
L’histoire du parti Socialiste comme l’histoire de la FGTB fourmille d’exemples de pauvres types qui perdent les pédales devant des millions à gérer.
Jusqu’à aujourd’hui les pointures de ce parti et son mouvement satellite ont plus souvent été des responsables latitudinaires. Combien d’affaires de ce genre ont-elles été réglées à l’amiable sans que les bulles de gaz du marécage remontent à la surface !
C’est que souvent, les dirigeants parvenus l’ont échappé belle. Ils savent combien l’homme est faible devant les liasses qu’il compte et recompte pour les « camarades ».
Ce n’est pas l’affaire de Charleroi qui nettoiera les écuries d’Augias.
La parade est facile. Elle est la même à droite. On prie le maladroit gestionnaire d’aller planter ses choux momentanément ailleurs. Comme tout soupçonné est, en attendant un procès, présumé non coupable, il disparaît des feux de l’actualité parfois un an ou deux. Quand l’abcès se débride en Correctionnelle à peine sait-on ce pourquoi les prévenus ont été condamnés ou innocentés.
On se rappelle les lièvres que la juge Ancia avait levés à Liège dans la foulée de l’affaire Cools. Qui se rappelle encore les noms de ces artistes en fines ciselures comptables du PS ?
On peut tout de suite rassurer Jean-Claude Van Cauwenberghe, ses larmes l’honorent, elles partent d’un bon fond pour des amis en difficulté. Qu’il prenne en exemple son ami Guy Coëme, plébiscité par tout Waremme qui l’adore. Cette condamnation et cette non éligibilité momentanée n’ont en rien affecté sa carrière de grand professionnel de la politique, au contraire, ce coup d’éclairage loin d’avoir été scandaleux l’a propulsé dans une position dominante au sein de l’opinion et du parti.
Evidemment, les échevins de Charleroi sont des lampistes. La manière à la Robespierre dont Di Rupo a réclamé leurs têtes en dit long sur le peu d’intérêt que présentent pour lui ces « petits, ces obscurs, ces sans-grade ! » Au pire, ils rentreront dans leur Administration au mieux, nous verrons si les larmes de Jean-Claude ne sont pas celles du crocodile. Ces échevins maladroits m’émeuvent. Qu’ils se rassurent, il y a toujours eu au PS, qu’il soit de Charleroi, de Liège, ou de Mons, un strapontin d’attente pour les amis en détresse.

23 septembre 2005

Course à la cata.

La civilisation dite « occidentale » ne s’est pas limitée à l’essor de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Elle s’est étendue sur moins de vingt ans au reste du monde. L’hémisphère Nord est parvenu à en diffuser les techniques et la méthode à l’hémisphère Sud.
Pour la première fois dans l’histoire des civilisations, le phénomène touche essentiellement le travail et la diffusion de ses produits délaissant la culture, les religions, et les coutumes, réduisant ainsi au seul critère de production tout programme de développement.
Ce behaviorisme confiné au commerce et à l’échange est par sa simplicité même la caractéristique essentielle du libéralisme libre échangiste actuel.
On peut dire sans beaucoup de risques d’erreur, que cette civilisation à peine centenaire, une des plus jeunes de l’Histoire, sera aussi une des plus brèves.
On ne savait pas qu’après les soixante années de l’avatar communiste, son tombeur allait sombrer dans une autre barbarie et disparaître.
Car elle a vécu cette civilisation industrielle et tandis que nos libéraux et la plupart des imbéciles heureux qui en poursuivent le rêve s’associent encore frénétiquement pour en imaginer les lucratives retombées, les visionnaires et certains économistes en tournent la page sans une certaine inquiétude.
Car comme un virus dont les nuisances actives n’ont cure de la paroi de verre qui les confine, le libre échange poursuivra sans doute bien des années après la condamnation de son principe, les ravages dont on mesure à présent l’ampleur.

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Pourquoi cette brusque décadence imparable ?
L’immoralité du profit poussé à ses extrêmes conséquences en est une des raisons principales.
L’histoire des chemises chinoises à un euro est son côté burlesque. La décentralisation vers les pays à bas salaires en est une autre. Un entrepreneur pour limiter ses coûts et vendre ses produits délocalise, sans état d’âme, ses productions là où il sait augmenter ses profits. S’il ne le fait pas, en termes de mondialisation, il est mort. Les Etats-Unis depuis longtemps ont essayé de se protéger de cette fuite irrésistible. Ils ont établi des barrières douanières, des pénalisations et des subventions de compensation, notamment à Boeing, enfreignant ainsi une loi qu’ils imposent au monde, que l’on pourrait comparer à une sorte de dumping subventionné. En Europe, c’est le contraire. De lourdes pénalisations sont prévues à l’encontre des sociétés concurrentes qui s’arrangeraient sur les prix. Rien n’est prévu pour arrêter l’hémorragie des délocalisations, synonyme de fermetures d’usines et de licenciements massifs.
Le plan de suppression, par Hewlett-Packard (HP), de 15 % de ses effectifs en Europe (5 968 emplois) dont 25 % de ses effectifs en France (1 240 emplois) est la goutte qui fait déborder le vase. Des réactions s’opèrent. Une réflexion sur l’ensemble du libéralisme à l’aveugle sera dans doute au programme de rentrée des Commissions européennes. Jacques Chirac va saisir les sphères européennes. Ce ne sera qu’un début. Mais, c’est un combat d’arrière garde et cette réaction épidermique est bien trop tardive. Les dégâts pour l’Europe de ce libéralisme mondialiste, plusieurs centaines de milliers d’emplois sur notre continent, ne peut se corriger d’aucune manière. Les freins que l’on va certainement trouver dans les années à venir seront déjà obsolètes dès leur mise en place.
Enfin, l’immoralité du profit n’a même pas un impact bénéfique sur les populations du tiers monde qui passent de la condition de paysan misérable à celle d’ouvrier misérable. Nos bassins wallons ont connu cela à l’ère industrielle du dix-neuvième siècle.
La seconde réflexion sur la probabilité de la déchéance prévisible et rapide de la civilisation libérale, tient dans l’impossibilité à tenir les promesses des tenants bourgeois du système. Non seulement il est impossible d’accroître les niveaux de vie de la planète afin qu’ils soient équivalents du moins approchant le niveau américain, mais encore la poursuite de l’illusion d’y maintenir au moins ceux qui y sont parvenus..
C’est inutile de dresser la liste qui rend le progrès du type libéral occidental impossible. Les considérations écologique et minérale sont suffisamment sérieuses pour ne pas s’attarder à d’autres barrières.
L’épuisement du pétrole prévu dans une fourchette qui va entre quinze et cinquante ans, selon que l’on appartienne aux universités ou aux pétroliers, est un fait incontournable. Il n’y a aucune énergie bon marché de remplacement. L’émergence de pays comme l’Inde et la Chine vont hâter le chant du cygne.
Ce qui frappe aujourd’hui, ce ne sont pas ces faits accablants, c’est le côté dérisoire des combats des personnels politiques pour le pouvoir. C’est le détachement au seul défit qui compte et qui comptera de plus en plus à l’avenir : comment préparer la sortie du système capitaliste libre échangiste et mondialisé ?
Nos glorieux du gouvernement de Namur nous la baille belle avec leur plan Marshall. La seule façon d’utiliser cet argent intelligemment aurait été de l’investir massivement dans cette seule question là.
Leur plan Marshall sera vite englouti dans des projets conformes à l’idéologie pour un temps encore dominante et aspiré pour des combats d’arrière-garde non sans d’ultimes profits pour les deniers voyous capitalistes.

22 septembre 2005

Tu tiens la porte ?

-Tu la tiens, hein ? Fais pas comme l’autre fois. Grrrr…
-Oui. Mais l’autre fois… t’étais avec Roger… Alors, que là t’es seule pour tes ramiaous…
-T’aurais quand même pu dire que tu la tenais plus. La gêne quand une pouffe l’a ouverte.
-Pourquoi t’as pas été sur le parking ?
- Ouaips. On ne fait rien sans la passion-on.
-Qu’est-ce qui te fait dire ça-a
-La trique à Roger … pouvait plus faire cent mètres. Lol
-Donc tu vois un mec qu’à un durillon de braguette et tu sais que c’est lui, hein-in, le beau des beaux !
-Ouais…
-Et tous tes largages, tes divorces, tes mecs qui couchent et puis couilles en barre ?…
-Tu vois quand t’as la passion-on, tu sais réagir qu’avec tes fesses.
-Tu parles. Le lendemain, le beau, zzzzz, était droopy…
-Savais pas qu’il laguait avec les putes du t’chat….
-Tu me diras, c’est toujours ça… Sauf, qu’on peut pas vivre sa vie rien qu’avec ses fesses. Un moment, tu dois sortir et te présenter à l’embauche, t’as le droit de penser à tes fesses qu’à la sortie. Ton travail, c’est pas avec les fesses, sauf si tu fais putes, c’est avec ce que t’as dans le citron-on… Et l’autre, le beau-au Roger, pareil. Si toi tu penses qu’avec tes fesses, le beau-au Roger pense qu’avec sa queue, faut quand même qu’il se la recale dans le calcif pour trouver un chantier. Faut manger pour bander… C’est pas avec sa queue qu’il va trouver du boulot, sauf s’il fait proxénète. Tu le vois maçon chez Demarche à bander sur l’échafaudage ?
-Ouais. Ça serait du talent perdu. Tu veux dire quoi au juste ? Que t’es jalouse, Josy-i ?
-Non. je veux dire que tu sais pas dans le coup-ou de foudre si derrière la queue, il y a un cerveau-au ?
-Tu tiens toujours la porte ?
-Qu’est-ce que tu fous ?
-Attends je vais sortir.
-Dépêche, je dois aller aussi.
-Qu’est-ce qu’on disait ?
-Rien. C’est juste que j’en ai marre des beaux-au. C’est que des gros con-on.
-Comment tu sais que c’est que des gros cons-on, comme on est cons nous aussi?
-Tire la chasse au moins…
-Aha ! j’ai rien sur le tampon. Je crois que je vais bomber la guérite…
-Encore ! Tiens la porte. C’est à moi.
-Comment je sais, comme on est cons aussi ? Tu connais un beau-au ici ou au Romantic qu’est pas con-on ? Et c’est même pas sûr qu’ils ont la queue-eu Pic Saint-Lou… Tiens, celui de la semaine dernière, qu’étais marié sans l’être, puis qu’avait une maîtresse qu’était plus avec son mari et qui le relançait… juste avant qu’elle se mette gouine avec Loulou.

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-Ah ! Je vois, Riri…. un beau-au… super… qui boîtait-è un peu-eu ?
-Oui, je rage. Un si beau-au…
-Oui. Déjà fallait pas qu’il ouvre sa gueule… l’ASV 48 plombes, Noiseux et l’handicap, c’est lourd.
-Quoi, qu’il lui manquait ?
-C’est un vioque Riri qui devrait pas se mêler à la jeunesse…. Rapport aux conneries, présentait plus les armes... Lol.
-N’empêche, pour dans le parking, ou qu’on était à danser… un beau comme lui, peut me tirer tout de suite, si-î-veut-eu… hehehe, malgré sa boiterie.
-Je sors. Tiens plus la porte.
-On reste ici ?
-On a fini notre coca.
-Cinq euros, pour un autre, c’est pas donné.
-Si on allait à Tongres ?
-Faudrait une voiture.
-T’as celle de Rouston.
-C’est pas un beau-au.
-Ouais. Mais, il est gentil-ti.
-T’as vu le pouème qu’i’ t’a envoyée ?
-T’as vu les fautes ?
-Qu’est-ce que je sais moi, je peux pas savoir… j’étais mdr.
-Au moins lui, écrit pas avec sa queue-eu.
-Peut-être, mais moi je lis qu’avec mes fesses, arffff…

21 septembre 2005

Big Fact.

A la réflexion, c’est l’enfance qui a décidé pour nous du reste de notre vie.
Que je sois avec une femme que j’aime et qui ne m’aime pas, outre ce fait, je dois à l’enfance cette infortune. Je me suis trop habitué à vaincre à la tête de mes soldats de plomb, pour que l’échec de l’adulte me soit une douce résignation pour on ne sait quelle revanche. Je n’ai ni appris la résignation, ni la revanche. Je suis un général vaincu qui n’attend plus rien.
La loyauté m’ordonne même d’accepter la défaite dans l’honneur.
J’ai donné ma parole.
Je ne l’ai pas donnée à cette femme aujourd’hui, mais jadis, il y a très longtemps, à la tête de mes troupes défaites.
Tout est perdu fors l’honneur.
Ce n’est même pas l’exacte vérité.
Il n’y a pas de vérité. Il n’y a pas d’honneur. Il n’y a qu’un général vaincu de toujours.
Cette longue enfance nous joue des tours. Heureux ceux qui n’ont pas de mémoire. Sans cette enfance, il me semble que j’aurais été autre. Peut-on débuter dans la vie à l’âge d’homme ?
Oui. Cela se peut : ceux qui n’ont pas de mémoire et ne se souviennent que d’hier. Si la femme que j’aime est ainsi faite, elle se souviendra encore de moi demain, mais pas après-demain ?
Un jour, c’est à la fois peu et beaucoup. Ce jour-là, tout ce qui, insectes et plantes, ne vit qu’un jour, l’aura vécu dans la durée de sa pleine existence. Peut-être le papillon vit-il aussi longtemps que moi, dans sa tête de papillon ?
De mon enfance, je me souviens de tout.
D’aucuns voudraient être à ma place. S’ils le pouvaient, ils cultiveraient les souvenirs comme leurs géraniums. Ils ne savent pas à quoi ils échappent ! Ils échappent à ce vertige onomastique qui me saisit à la vision d’une immense galerie de portraits dont nul n’est exempté de porter sur une petite plaque de cuivre vissée à la moulure du bas, le nom du modèle, quand a été fait son portrait et par qui. Rien de plus normal quand il s’agit d’un musée, mais d’une mémoire ?
Déjà tant de morts y figurent ! Ces morts qui s’approchent et qui se figent au plus près du mot fin. Ces morts qui m’attendent…
Un sentiment que j’ai toujours eu, m’envahit, le sentiment qu’aujourd’hui il va se passer quelque chose. Ce sentiment m’est quotidien, seule l’heure à laquelle il survient varie. Il était présent ce jour à 14 heures.

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Mon désir onobèle touchait à ses cuisses sous la table, je défiais Dieu et les enfers. J’abattais d’un coup de rame arrachée au tolet, Caron qui se noyait dans les eaux noires du Styx, tandis que d’une phrase hésitante, j’entendais ma propre voix douce et monotone dire les bienséances et les plaisirs polis d’un tête à tête d’une grande banalité.
En somme, je vis depuis l’enfance sous un déguisement.
Je voudrais arracher cette altérité insupportable, tandis que je n’ignore pas que sans ce masque personne ne me reconnaîtrait.
Régulièrement, il me vient à l’esprit de me traiter de lâche.
Les gestes qu’on ne fait pas sont les plus anciens que l’on conserve, comme les femmes que l’on a désirées et que l’on n’a pas eues sont peut-être celles qui ont compté le plus.
Cette réflexion dernière m’apparaît en l’écrivant d’une belle absurdité. Me souvenant de tout, je puis dire que les plus doux moments sont au contraire ceux qui font toucher le bonheur des doigts, de peau à peau, comme les soupirs de lèvres à lèvres…
Les grandes envolées, les tautologies énamourées, les trémolos s’arrêtant aux distiques, respectant l’hémistiche, ne vaudront jamais deux êtres qui s’enlacent et qui joignent leurs corps, qu’ils scellent dans un baiser.
Si j’ai toujours su cela depuis l’enfance, c’est qu’il existait une faille dans ce qu’il convenait de faire croire à l’enfant que tout est définitif et que tout est joué par avance.
Rien n’est moins sûr.
L’anomie peut de son anarchiste liberté rompre toute certitude.
Ce qui a été, peut demain ne pas être ; comme ce qui n’est pas, peut apparaître.
Il suffit de fermer les yeux et d’avoir hâte de les ouvrir sur elle, pour que dans l’intervalle, dans ce milliardième de seconde entre le rêve et la réalité, ce temps infini au cours duquel on revoit le film de sa vie, il ne se passe rien que l’envie de vivre et l’envie de sourire.

20 septembre 2005

Le rose et le noir

La bataille pour la Chancellerie en Allemagne limite définitivement les sondages d’opinion qui donnaient Angela Merkel de la CDU gagnante à 40 % des voix, aux seules intentions de vote des dirigeants des instituts de sondage, généralement à droite, comme partout en Europe.
La question de qui va toucher le jackpot de Gerhard Schröder ou d’Angela Merkel sera dans les mains des petits partis : les verts, les libéraux qui se vendront au plus offrant.
Aujourd’hui, il n’y a pour nous qu’une leçon à tirer des élections allemandes. Elle concerne les partis socialistes français et belge.
Pour comprendre ce qui pend sous le nez du socialisme réformateur de nos deux pays, lisons dans la presse ce qui a fait perdre le SPD :
« Le SPD de Gerhard Schröder, recule à 34,3% (38,5 en 2002) de même que son allié Verts (8,1% au lieu de 8,6 en 2002). Les sociaux-démocrates, avec leur plus mauvais score depuis 1957 (31,8%), ont souffert de la concurrence du nouveau Parti de gauche, rassemblant les néo-communistes à l’est et les déçus du SPD à l’ouest: cette gauche plus radicale recueille, sous la houlette de l’ex-communiste Gregor Gysi et de l’ancien président du SPD Oskar Lafontaine, ennemi juré de Gerhard Schröder, 8,7% des suffrages contre seulement 4% en 2002 à l’ancien PDS. »

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En clair, c’est le mécontentement grandissant des électeurs de gauche, fatigués d’être les victimes du libéralisme ambiant qui a fait trébucher le parti socialiste allemand.
Le raisonnement est simple : « Je vote pour qui paraît défendre le mieux mes intérêts et par tradition et par raisonnement, j’ai toujours voté socialiste. Or voilà 25 ans que ce parti collabore avec la droite par la nécessité, prétend-il, de composer avec un système libéral incontournable. Non seulement cette collaboration ne m’a apporté aucune amélioration dans la vie de tous les jours pendant la prospérité économique, mais il faudra que je perde du pouvoir d’achat et des avantages sociaux, maintenant que le pouvoir économique déserte nos régions pour chercher ailleurs des profits plus appréciables. Question : à quoi la gauche a-t-elle servi durant toutes ces années de collaboration avec la droite libérale ? Quel a été notre intérêt dans sa participation aux affaires ? Elle n’a jusqu’à présent fait qu’assister impuissante aux pertes d’emplois et aux diminutions de salaire, qui se sont accomplies en douceur grâce à elle. Ses mandataires sont les seuls à avoir gagné une position sociale avantageuse. Nous, nous avons presque tout perdu en leur faisant confiance. ».
Et c’est vrai que la défaite de Schröder est moins sa défaite personnelle, que la défaite des partis socialistes de collaboration dans une Europe d’économie libérale.
Ce n’est pas innocent que les socialistes français sous la direction de François Hollande tolèrent des courants contestataires au sein de leur parti. Ainsi, il leur semble que la tentation d’aller militer ailleurs, chez les radicaux, les verts ou les communistes, par exemple, soit moins forte.
Ce sera intéressant de suivre les évolutions du PS français bientôt en campagne pour les présidentielles, puis pour les législatives, puisque aussi bien Jospin a inversé les dates.
On verra bien si les courants sont réellement des alternatives crédibles ou des leurres et s’ils seront en mesure de refonder un vrai socialisme depuis l’intérieur du parti et dans l’alternative contraire, s’ils ont la capacité de créer un nouveau parti socialiste qui ne soit pas à la remorque des partis libéraux.
Pratiquement, il se pourrait que cette opposition interne à l’orthodoxie de Hollande soit efficace pour détourner la critique et rallier les mécontents.
En Belgique, c’est un autre cas de figure. La situation est on ne peut plus claire. Le parti socialiste n’a aucun rival à gauche, pourquoi tolérerait-il des courants qui viendraient perturber un socialisme en pantoufles !
Une seule inconnue : Les temps peuvent changer. Que vont faire les mécontents de gauche sans l’alternative d’un autre parti crédible ? Si le vote n’était pas obligatoire, c’est clair qu’en Belgique il y aurait une forte abstention à gauche, ce qui renforcerait les chrétiens et les libéraux. Dans l’alternative où il faut obligatoirement opter pour la gauche collaborationniste ou la droite classique, jusqu’à présent les abstentionnistes obligés d’aller voter ont sensiblement assuré l’équilibre des partis traditionnels.
En Belgique, aucun socialiste n’a rué dans les brancards. Les caïds du parti vont à la soupe en bon alignement. Les fils succèdent aux pères et les avocats y ont établi une succursale des palais de Justice. Tout baigne et Di Rupo ne semble pas contesté.
Sauf si, un jour, par l’effet du désespoir des électeurs, les petits partis d’extrême droite en Wallonie se retrouvaient en position d’en croquer aussi. Il suffirait qu’un animal politique du genre de Jean-Marie Le Pen amuse le tapis pour que la donne change et que la droite extrémiste démarre en Wallonie, comme elle a démarré en Flandre.
C’est un cas de figure qu’il ne faut pas exclure.
Personne ne souhaite un effondrement de la gauche de cette manière. Mais qui sait comme les gens réagissent quand ils n’ont plus rien à perdre ?
Le PS belge devrait au moins sortir de ses réunions d’affidés pour s’intéresser aux affiliés. Peut-être est-il déjà trop tard ?

19 septembre 2005

Les partis sont unanimes.

Le progrès est en route, on n’en a jamais douté.
Le tout c’est de savoir prendre la BMW en marche, plutôt que se retrouver comme des cons à l’abri-bus, après avoir raté le virage du succès. Marie Arena a une technique qu’elle tente d’appliquer au FOREm. Hélas ! les chômeurs sont de mauvais élèves. Oncques ne vit plus frustres et plus attardés, que ces bestiaux-là, diraient les Vlaams belang et les Fronts nationaux, les si délicats adolphins du royaume.
Le progrès n’est qu’une question de bonne éducation.
Quand on n’est pas éduqué, le travail des moniteurs est tellement difficile que la Région interdit de prendre le thé dans des tasses « coquille d’œuf » au cours HORECA, pour l’emploi de porte-serviette dans un graillon de la zone. Les leçons pratiques se donnent donc dans des gobelets en plastique… Et puis comment voulez-vous que les licenciés de la sidérurgie et de l’industrie lourde saisissent dans leurs grosses mains calleuses et maladroites, les objets qui seront demain les témoins de leur réussite hôtelière ?
Vous voyez Moulou, ben Soussian, Ismaël et Ishram faire une table de bridge ?
Il n’est qu’à se promener en ville pour arriver à la conclusion que le productivisme porte ses fruits. On sent la prospérité gagner du terrain. Les fonctionnaires de l’Europe ne comprennent pas qu’on ait pu voter « non » sur le projet de Constitution Giscard, ce joyau de la démocratie de pointe.
En général les mandataires publics sont satisfaits.
Hermann De Croo, à la dernière interview de la RTBf, n’a pas hésité à recevoir le journaliste dans sa salle à manger alors qu’il déjeunait avec Madame. Le cadre raffiné et exquis de l’hôtel de maître que la Nation offre au président de la Chambre des Représentants était propice aux épanchements sur l’amour qu’à Hermann pour la dynastie. Le vin y est de première qualité. La gastronomie d’Etat ne compte plus ses fourchettes. A voir avec quelle grâce notre gloire nationale portait sa coupe de cristal aux lèvres, et avec quel soin il découpait son filet pur, on devinait qu’il pouvait faire moniteur HORECA chez Arena.
On n’a pas vu les domestiques, comme les deux étaient fringués, on les devinait en gilet rayé et gants blancs, debout hors camera à épier les désirs de leurs éminences.
La bégum, pardon… la rombière à Hermann, on la voyait mal ramasser les couverts et les porter à la cuisine.
Ce fut pour les téléspectateurs un moment divin ! Il manquait Jean-Pierre Koff à s’écrier : « Ça au moins, ce n’est pas de la merde ! »

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Tout va donc pour le mieux dans ce merveilleux pays, on sent la joie de ceux qu’on interroge au hasard du côté du Palais royal. Même la sentinelle à l’air si heureux, et elle va son petit bonhomme de chemin si sereinement qu’on a envie de l’embrasser sur l’air de « Fernande ».
Roger Mené, exceptionnel de vitalité a ses troupes « classe-moyenne » bien en main. L’artisanat répare sa montre, le chausse de cuir souple et entoure sa large bedaine des soieries les plus délicates.
Le plan Marshall remet l’oignon de Roger en 45, encore 6 mois et c’est la bataille des Ardennes.
L’artisanat sera épique au Mardasson.
Ils attendent de pied ferme la poignée de misérables nostalgiques de Staline, contre lesquels toute la Belgique se liguera dix ans plus tard, puisque Von Rundstedt aura complètement raté sa mission. .
L’avenue Louise est aux anges, du pied d’Ixelles à Knock-le-Zout.
On sable le champagne dans les cantines, sous les plafonds à caissons et moulures des palais de la nation. Les costumes sombres sont les salopettes du riche. Il y en a tellement que sur les trottoirs il faudrait allumer les réverbères à l’ouverture des bureaux du rond-point Schumann. .
Le PS et les libéraux recueillent énormément d’avis enthousiastes de citoyens satisfaits. Selon des sources dignes de foi, le baromètre est au beau fixe, malgré la flambée des prix du mazout.
Ce tableau idyllique concernait en 2004, 10 % de la population. En 2005, presque 15 % !
A la demande de Madame Simonet, l’ULg a calculé qu’en 2080 plus de 18 % de la population seront au comble du bonheur, soit 3% de mieux qu’en 2005.
Elle va proposé un référendum libellé de la manière suivante : Etes-vous très très satisfait de la démocratie libérale ? Très satisfait ? Satisfait ?
Selon l’indice trimestriel 4 de l’Institut national de statistique (INS), d’octobre 2003 à octobre 2004, les salaires dans l’industrie ont augmenté de 2,37%, tandis que l’indice des prix à la consommation a grimpé de 2,86%. «De ce fait, conclut l’INS, les salaires ont diminué de 0,49% en valeur réelle.» Comme l’index est depuis longtemps truqué, on pourrait même aller jusqu’à 2 % en perte réelle du pouvoir d’achat.
Si l’on augmentait les salaires du privé de 3%, cela coûterait 2,6 milliards d’euros aux patrons. Soit à peine 8% du bénéfice des 30.000 plus grandes sociétés du pays.
N’est-ce pas divin pour le commerce extérieur, que cette augmentation de 3 % n’aura pas lieu ?
Quant aux pensions et à l’assistanat public des carottiers et des paresseux, tous les partis sont unanimes. Comme du temps où l’on regardait du côté de la ligne bleue des Vosges : ils ne passeront pas.

18 septembre 2005

Liège : une gare Général Marshall !

Transsubstantiation à l’envers du discours de José Happart, ce soir à Namur. Il a réussi à changer son personnage de président du parlement wallon en épanalepses et antépiphores, dans un discours balbutié qui fera date.
Touchez ceci est mon verbe et le mec de plonger la tête dans ses papiers jusqu’à son cul !...
Trébuchant sur tous les mots, à l’aide d’un apocope et d’un aphérèse, il n’a fait entendre du membre de phrase « à condition d’avoir » que la syllabe « con » !
Ce type est à la fois touchant et consternant, de l’incipit au mot fin.
Touchant parce qu’il prouve par sa seule présence qu’on peut accéder aux plus hautes dignités en venant de rien pour n’aller nulle part. Consternant, parce que d’autres que lui pourraient venir de rien et aller partout. Sa présence bloque la porte tambour.
Evidemment, il change des avocats aux mots-valises qui ne contiennent que les prospectus du barreau socialiste, cet aréopage de la lutte contre l’exclusion sociale, spécialisé dans le sauvetage des avocats.
Quand même, Happart ne commet pas des métataxes (figures de construction), mais des métastases !
Franchement, j’ai honte !
J’ai honte de mon identité wallonne. J’ai envie d’opter pour une nationalité moins suspecte de connerie. Je pense à Monaco. Le prince y est sympa. Pour peu qu’il fasse un enfant à ma copine et me voilà sauvé, plus besoin de plan Marshall en privé.
En gros, décryptée, l’interprétation de ce qu’a voulu dire Happart reste délicate.
Il a tellement peur de se retrouver dans l’opposition aux Fourons qu’il n’en parle plus, invitant seulement les Wallons à se montrer moins timorés (J’avais compris moins « limogés »).
Pour le reste, ça va. C’est le discours du garde-champêtre qui prend sa retraite à Champignol !
Avec ça, qu’on nous demande des initiatives, de l’ampleur dans le mouvement et du dynamisme au bord de la piste. S’il le faut, que les wallons prennent tous le départ dans leurs voitures à Francorchamps et que le meilleur touche le milliard d’euros. Nous entrerons dans le livre des records et Schumacher sera baisé, avec son petit million de revenus par mois.
On aura beau faire de « l’ardeur d’avance », nos ministres arriveront toujours les premiers dans les cabinets. Que les suivants tirent la chaîne.
Le plan Marshall nous ramène en 45, voilà qui ne nous rajeunit pas.
Le général américain commençait ainsi son discours : « Je n’ai pas besoin de vous dire, Messieurs, que la situation mondiale est très grave », or, ceux qui s’en inspirent aujourd’hui n’en disent pas un mot, à croire que la Wallonie est seule responsable de ses malheurs.
Une vérité quand même : « L’outillage industriel n’a pas été entretenu, a été endommagé ou est tout à fait démodé, sous la domination arbitraire des Nazis », ne chipotons pas sur le dernier mot. Marshall évoquait la situation en 45. Happart nasille. On peut faire la différence.
« …presque toutes les entreprises ont été attelées à la machine de guerre allemande » s’était emporté le brave général. Laissons dormir les grands papas des actuels banquiers qui ont fait la preuve comme Benoît XVI qu’on peut être nazi au départ et social libéral à l’arrivée. Plus les conversions relèvent du tour de force, plus elles sont proches de l’Esprit Saint. Le social-libéralisme est au sol wallon l’engrais qui fera germer le milliard d’euros que nous y déversons. Poil au con.
Le milliard a failli être distribué avant que n’éclate le scandale à Charleroi des logis sociaux. On a eu chaud. C’était au moins 100 millions qui passaient dans un trou noir. Van Cau, notre Tartarin régional a fait « nan, nan, nan » à ses échevins Bézuquet. Le fric est toujours là
Dernière citation prémonitoire du général américain : « Les relations commerciales anciennes, les institutions privées, les banques, les compagnies d’assurances et les compagnies de navigation ont disparu, faute de capitaux, par suite de leur absorption… », le cœur des pleureuses namurois ajouterait : …de leur absorption par la Chine, l’Inde ou HongKong.
Nous n’irons pas plus loin dans le discours du précurseur de notre plan Marshall ; car il entendait reconstruire aussi les campagnes, ce dont les Flamands et les Hollandais se chargent très bien depuis dix ans.

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Nous rappellerons seulement aux populations enthousiastes, pour ce qui concerne le plan Marshal actuel, que les Américains, quelle que soit la destination de notre milliard d’euros, entendront bien, comme en 45, ne pas prêter à l’admiration des populations wallonnes, un général de cette envergure pour rien.
Happart aura beau bégayer pour rendre la lecture de la facture inaudible, on sentira passer l’addition.
Une dernière question :
Les ayants droits et héritiers Marshall toucheront-ils des droits d’auteur au nom de leur papa si honoré en Wallonie ? C’est quand même son plan, non ?
Et si pour commencer à Liège, on baptisait la nouvelle gare des Guillemins, gare Général Marshall ? Voilà qui devrait plaire aux socialistes !

17 septembre 2005

Eidétique de l’amour.

Est-ce qu’être amoureux porte à l’indulgence ?
Autrement dit, analyse-t-on une situation politique ou sociale en fonction de l’éréthisme de son cœur ?
Je t’écris du plus lointain de mes rêves parce que je déborde d’indulgence en ce moment.
Ne crois pas qu’avant de transsuder l’amour à travers l’âme, je n’avais de l’attention pour personne. Les amitiés électives ne m’ont jamais empêché de m’offrir des coups de gueule.
Et tandis que je partais sur mes grands chevaux à des batailles perdues d’avance, ma fidélité, pour les gens que j’estime et la tendresse avec laquelle je pensais à eux, ne portaient pas la marque de mes emportements.
Mais il faut plus à l’amour. Par exemple, si j’étais Chirac en ce moment, j’accorderais la grâce présidentielle aux pires gredins, tant il me semblerait que touchés par ma mansuétude, ils oublieraient leurs écrouelles et le solipsisme de la cellule.
Dans les délices d’une pensée tout émue de toi, l’augmentation du prix du mazout, l’ouragan Katrina, la réforme de la Sécu… et même à ma honte, je le dis : la pauvreté dans le monde, n’arrivent plus à me sortir des cris rageurs.
C’est simple, Richard III s’en fout !...
Scolie le lundi et un baiser le mardi… Bush me deviendrait presque sympathique !
Mercredi fera la part des choses. Le sire reprendra sa guerre aux cons…
Tiens, même ça, traiter les autres de cons ! On est toujours le con de quelqu’un. Donc, j’en suis un moi-même. Va savoir de qui on l’est ?
Par exemple, mes amis trouvent que j’exagère dans ma dénonciation des temps présents. Ils ne me le disent pas ouvertement, mais d’après leur vie gadgétisée et formatée pour la compétition sociale, pour eux, je dois en être un fameux.
Les élus que j’égratigne, et qui m’ignorent, ma connerie doit profondément les réjouir ; car, depuis le temps que je fustige leur sans-gêne de pilleurs de tronc et que ça marche toujours fort pour eux, vous pensez comme ils doivent rigoler de ma connerie militante !
Moi c’est pareil, étrangement, j’adore être traité de con par ceux que je méprise
La réciprocité annule les effets de la connerie et l’amour fait le reste.
A l’heure où j’écris ces lignes, il n’y a qu’une personne au monde qui me ferait mal en me traitant de con. Les autres ? Pfuittttt…
Richard III, homme prudent, tu le sais, est double.
Si cela était, comme je suis deux, il me resterait le Richard bis que je tiens en réserve.
Mon désespoir ne serait total que si tu les englobais en un paquet cadeau dans la même réprobation.
Dans toute autre hypothèse, je ne serais qu’un demi con. Ce qui, par ces temps de disette, reste fort honorable.
Nous n’en sommes pas là.
Nous n’en sommes même nulle part, ce qui est plus que rien. Si tu vois ce que je veux dire ?

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Je sais qu’elle sait que je l’aime. Mais moi je ne sais pas qu’elle m’aime.
Sans doute ne le saurais-je jamais. Car affirmer que l’on aime ne confère la certitude de la chose que d’un seul côté. Comment me direz-vous sait-elle que je l’aime puisque c’est une vérité incommunicable ?
C’est là un des mystères de l’amour.
Si vous l’ignorez pour vous-mêmes, chers lecteurs impatients, attendez d’être indulgent comme moi, avant de vous poser la question.
Vous voulez un test immédiat sur l’indulgence que confère l’amour ?
Trouvez quelques images de Chirac, le monarque absolu français, observez les gueules enfarinées de l’entourage à sa sortie du Val-de-grâce, voyez Bush en tournée de reconquête de l’opinion en Louisiane ou jaugez le raïs Moubarak visitant les hôpitaux après les derniers attentats du Caire, et enfin imaginez le monstre qui s’est fait exploser l’autre jour à Bagdad parmi des ouvriers qui cherchaient du travail et si vous n’avez pas envie de vomir, c’est que vous êtes amoureux.

16 septembre 2005

Un gars de Faulx-les-tombes !

-Tu veux quoi, toi ?
-Monsieur Benini… je viens vous…
-Appelle-moi Mario.
-Mario…
-Oui ?
-Je viens vous…
-Dis-moi tu, c’est plus facile…
-Mario, je suis venu te demander la main de ta fille Fortuna.
-Tu rigoles ?
-Pas du tout, Mario…
-Pas Mario, Monsieur Benini.
-Bien Monsieur Benini, tu comprends…
-On se disais-tu ?
-C’est toi… vous qui me l’aviez permis…
-Tu as mal entendu. C’est moi qui dis tu, et toi qui dis vous, capiche ? D’abord, t’es qui, toi ?
-Alfred Mainléger.
-C’est quoi, ce nom ? D’où tu sors ?
-De Faulx-les-tombes.
-Avant que tu viennes m’emmerder, je ne savais même pas qu’on pouvait être de Faulx-les-tombes. Je vais interdire qu’on n’embauche jamais un type de Faulx-les-tombe. Je raie ce bled de la carte. Et qu’est-ce que tu fous ici ?
-Je vous l’ai dit, je suis venu demander votre fille Fortuna en mariage.
-Mais, c’est qu’il continue, l’asticot. Je te demande ce que tu fous en-dehors de ce bureau ?
-Je travaille à l’atelier.
-T’es à mon service ?
-Depuis deux ans.
-Considère que tu n’y es plus.
-Pourquoi ?
-Et il demande pourquoi, un type de Faulx-les-tombes !... à moi, classe moyenne supérieure, l’ami de Roger Mené, ce grand homme… qui va bientôt en tournée mondiale des marchés avec le prince Philippe… qui joue au golf avec Didier Reynders…
-C’est que j’aime votre fille.
-Tu n’as pas abusé d’elle, au moins ?
-C’est-à-dire…
-Suffit. Je ne veux rien savoir. Plus vite tu disparais, mieux ça vaut. Tu finis pas la journée. Tu vas chez le comptable. Je paie le préavis tout de suite. Tu files à Faulx-les-tombes… que je n’entende plus parler de toi. C’est clair ?
-C’est clair !...
-Tu rouspètes pas ?
-Non.
-C’est louche que tu dises rien, que tu vides les lieux, comme ça… sans la ramener.

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-Bien oui. C’est comme ça. Fortuna attend votre réponse dans la voiture et elle m’a dit de vous dire « C’est pas grave si mon père dit non. C’est un vieux con ! »
-Elle a dit ça ?
-Comme je vous le dis.
-Vous n’allez pas partir comme des voleurs ?
-C’est vous qui…
-Dis-moi tu.
-C’est vous… toi qui, Monsieur Benini…
-Appelle-moi Mario.
-C’est toi Mario qui m’as dit d’aller chez le comptable…
-Tu ne vas quand même pas retourner à Faulx-les-tombes ? D’abord quelles études as-tu faites, mon garçon ?
-Aucune.
-C’est bien ça, comme papa Benini.
-Qu’est-ce que tu penses des classes moyennes et de Roger Mené, mon ami ?
-Des sales cons qui pètent plus haut que leur cul.
-Parfait. Je pense pareil. De Didier Reynders et du MR ?
-Qu’ils s’intéressent qu’à notre pognon.
-C’est ce que je disais hier au délégué syndical. Et des efforts de la dynastie pour avoir des marchés à l’étranger ?
-On serait mieux en république.
-Je suis bien d’accord avec toi. Tous des parasites. Es-tu content de ton travail ?
-T’as déjà fait magasinier chez Benini pour poser une question pareille ?
-Non, mais chez Torturalo, mon oncle. T’as raison, c’est pas humain faire magasinier…
-Surtout chez Benini.
-Tu vas trop loin, mon garçon. Appelle Fortuna, qu’on discute en famille.
La voix de Fortuna –Tu m’as appelée papa ?
-Tu étais là, tu as tout entendu ?
-J’étais à côté. J’ai entendu juste la fin. Qui c’est celui-là ?
-Comment… Qui, lui ? C’est l’ouvrier magasinier Mainléger de Faulx-les-tombes. Tu ne le connais pas ?
-Vaguement, en passant dans la cour…
-Mais alors, bougre de petite crapule ! T’es de la graine de criminel !
- Bin, c’était juste pour une augmentation…
-Hein ! concierge, appelle la police Fortuna, qu’on sorte ce type de ma vue. Qu’on le foute en tôle. Quand il sera calmé, qu’on le ramène à Faulx-les-tombes…

15 septembre 2005

Servitudes et grandeurs militaires.

- T’étais où ?
-J‘ai fait casque bleu à Lubumbashi. Et toi ?
-Srebrenica, mon pote.
-Casque bleu ?
- Non. On était mieux payé chez Ratko Mladic ;
-Criminel de guerre ?
-Pas plus que les Hollandais à Srebrenica…
-J’ai voulu faire l’Irak.
-Moi aussi.
-Saddam n’engageait pas.
-C’est heureux. On serait où ?
-Les Américains ne prennent que des Américains…
-Ou alors tu fais vigile et t’es moins payé… reste plus que les Italiens…
-Tu parles… même Adolphe leur faisait pas confiance !
-Note que c’est pas pour l’argent qu’on risque sa peau…
-Non ? C’est pourquoi, toi ?
-L’aventure, le danger…
-Moi, c’est pareil. Pourtant, personne n’aime en prendre plein la gueule.
-Quand on revient, on se sent devenu un homme.
-Sauf Poilu. Tu sais Poilu…
-Ah ! oui… qui c’est Poilu ?
-T’étais à Kin en 92 ?
-Oui, quand on était instructeur chez Mobutu…
-Le mec qui pissait dans son verre à bière et si on lui en payait un autre, le buvait…
-Oui, je me souviens… Poilu !... de la rue Saint-Léonard…
-Poilu peut plus se sentir un homme.
-Je l’ai vu sur la Batte dimanche, il avait un drôle d’air… il a grossi.
-Un shrapnell de ce con d’Avranche…
-J’y suis, Percée… ce qu’on s’est foutu de sa gueule !..
-Le shrapnell lui a coupé les couilles !
-Non !
-Comme je te le dis.
-Ah ! le mec… ah ! le mec… la gueule de sa femme… ah ! le mec…
-Y a quelque chose, en ce moment, au Niger ?
-Non. A part les rebelles. T’as une place à prendre chez les réguliers, des Marines les instruisent… vont avoir besoin de nous.
-Flahaut en est ?
-Les mecs, c’est des vrais magasiniers…
-Des combattants d’arrière-garde.
-D’arrière-salle, plutôt.
-Flahaut et son ardeur d’avance, est pas plus libéral qu’un autre…
-Est libéral, Flahaut ?
-C’est pas possib’ autrement.
-J’croyais qu’était socialiste, Flahaut ?
-T’as peut-être raison…
-Toute façon… La politique pour ce qu’on en a à foutre…
-C’est pas lui qu’a sauté sur Kolwezi…
-I’ chie pas en trois couleurs…
-Autrement, on saluerait sa merde…
-Aha ! Aha… ça rappelle le bon vieux temps.

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-Quand on se tapait de la gonzesse au village, quand les Viet’s étaient dans les rizières et les Cong’s dans les paillotes.
-Les rizières ? T’as fait le Vietnam, toi ?
-Non, mais, j’ai vu les films…
-Apocalypse Now ?
-Platoon.
-C’est la même chose.
-Oui, c’est des gars qui en ont bavé.
-Surtout De Niro…
-Surtout.

14 septembre 2005

Elle est belle, la banque…

- Alfred, je vais te crever !
-Qu’est-ce que tu fais sur la table ? D’où tu sors ce revolver ?
-Ta gueule. Je te dis que je vais te crever et c’est tout ce que tu trouves à dire : « Qu’est-ce que tu fais sur la table, un flingue à la main ? »
-Ne pointe pas ça sur moi tu te crispes un petit peu et sans le faire exprès ton index appuie sur la gâchette, le coup part et…
-…tu crèves, salaud… C’est pour ça que c’est fait.
-Pourquoi tu ferais ça ? Qu’est-ce que je t’ai fait ?
-Tu me le demandes ! Comme si tu ne le savais pas, pourriture !
-Voyons Coly…
-Non. Pas Coly… plus de Coly… Colette…
-Voyons Colette, on ne peut pas discuter calmement ? Si tu descendais d’abord ? Ta tête touche le lustre…
-Surtout ne fais pas un pas de plus… bouge pas ! Tu restes à la porte. Tu gardes tout, ton pardessus, ton attaché-case, tout…
-Ah bon !... les deux bouteilles des Hospices vides… T’en tiens une sévère. J‘aime mieux ça.
-Alfred, fais pas trop de commentaires. T’as intérêt à fermer ta gueule et tu l’ouvres seulement quand je te le dis. Tu piges ?
-Oui… dépose ton arme tu vois que je suis calme et…
-Non !... N’avance pas ou j’appuie !
(Un coup part. Un vase de Chine d’une valeur inestimable tombe en morceaux)
-Voilà, je bouge plus.
-T’as intérêt. Qu’est-ce que c’est la photo de Trends Tendances ?
-Quelle photo ? Ah oui !... Tu t’intéresses aux finances maintenant ?
-Réponds connard !
-La banque monte en ligne au London Stock Echange contre nos concurrents Euronext et Deutsche Börse. Je ne t’en ai pas parlé, puisque tu ne t’intéresses qu’aux mots croisés et à l’alcool…
-Et la photo ?
-Quelle photo ?
-Tu veux mes lunettes ?
-Oui, ils ont fait une photo du Conseil d’Administration qui date de la semaine dernière…
-Et tu remarques rien ?
-Non. Qu’est-ce que je dois remarquer ?
-La vice-présidente du Conseil d’Administration…
-Quoi ?
-T’es un fumier Alfred… Avec les cloches qui chient dans leur froc quand tu passes dans les couloirs, tu peux le faire, mais pas avec moi, trouduc… Ah ! elle est belle la banque Alfred Poirier, la réputation de sérieux, l’envergure et l’ambition pour la clientèle, le placement sûr… le financier modèle… l’homme qui inspire confiance…

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-T’as pas bientôt fini de lire le prospectus…
-Non. T’as raison. Quand je pense que je t’ai connu regrattier remis au travail à Oxfam-Solidarité ! T’avais été foutu à la porte du GB de Boncelles… T’avais volé quoi ? Crapule !
-Tu vas pas recommencer ? C’était pas ma faute… mon père…
-Ton père savait bien que t’étais un voyou… C’est ça qu’il savait ton père…
-Si tu déposais les armes ?
-Tu parles comme au wagon de Rethondes, parole… Je sais, si t’avais été là, t’aurais été pour Pétain… Ton côté pragmatique… mon cul, oui…
-Enfin, vas-tu me dire ce que tu as, à la fin ?
-La vice-présidente du Conseil d’Administration, là sur la photo, l’air d’attendre une passe rue Cathédrale… C’est notre ancienne femme d’ouvrage !
-Tu crois ?
-Tu l’ouvres encore une fois pour me dire des conneries, je t’étends pour le compte. Tiens passe- moi plutôt un verre…
-Les deux bouteilles sont vides.
-Derrière toi, sur ta fameuse commode Boule, y en a une autre !...
-Nom de Dieu ! la bouteille a fait un rond…
-T’auras qu’à demander à la vice-présidente qu’elle nettoie…
-C’est une femme de paille… Il fallait trouver quelqu’un…
-Ordure !... Quand je pense que tu m’avais dit de l’engager en noir… en-dessous du barème !... Comme t’as fait pour le chauffeur et la cuisinière… comme tu fais partout pareil… voilà Dolorès Machino vice-présidente, les nichons à l’air, quasiment à poil, sur Trends tendances ! C’est un magazine porno ta gazette à finance ? Tu fais proxénète-banquier, à c’t’heure ?
-C’est un hasard… Elle était là…
-Qu’est-ce qu’elle foutait au siège de la banque Poirier…
-Je l’avais recommandée à la banque australienne Mac Quarie…
-Ah ! c’est complet !... Tu recommandes des femmes d’ouvrage à tes amis banquiers… Dis, tu me prends pour Di Rupo chez Dexia ?
-Justement, si tu veux tout savoir, voilà six mois qu’elle est affiliée au PS et j’avais besoin d’une entrée au parti pour une affaire qu’on monte sur la Région bruxelloise…
-Si je t’avais dit que tu me prenais pour Bacquelaine, t’aurais trouvé que t’avais besoin de magouiller un truc sur Chaudfontaine !...

13 septembre 2005

L’Art en crise

Notre démocratie libérale, « la meilleure au monde », toute bavarde qu’elle soit sur le progrès, n’a pas encore trouvé la parade à la réflexion de La Bruyère :
« Il ne manque cependant qu’à l’oisiveté du sage, qu’un meilleur nom ; et que méditer, parler, lire, et être tranquille, s’appelât travailler. »
Que dire aussi des disparités entre actifs ?
Les distorsions entre le coup de raquette de Kim Clijsters à 2 millions deux cent mille dollars et le salaire de la caissière mi-temps chez Carrefour sont de nature à faire douter du juste équilibre entre les extrêmes de la composante sociale.
Jean Dutourd (mon cochon, vais-je m’entendre dire, tu as de ces douteuses références à la mords-moi le nœud de droite !) donne en partie une réponse à La Bruyère. « Stendhal dit que la Société ne paie que les services qu’elle voit. Pensée d’une justesse que j’ai vérifiée maintes fois. Le propre de l’écrivain étant de ne rendre que des services invisibles (quand il en rend), il n’est jamais payé ».
Réponse partisane. La corporation compte quelques millionnaires de la plume, fabriqués, certes, mais réels. Cependant, reste cette fameuse disparité entre les revenus, puisque les sportifs de haut niveau s’intitulent eux-mêmes des professionnels.
Enfin Flaubert rejoint la pensée de Dutourd.
« Nous sommes des ouvriers du luxe. Or, personne n’est assez riche pour nous payer. Quand on veut gagner de l’argent avec sa plume, il faut faire du journalisme, du feuilleton ou du théâtre. La « Bovary » m’a rapporté… 300 francs, que j’ai payés, et je n’en toucherai jamais un centime. J’arrive actuellement à pouvoir payer mon papier, mais non les courses, les voyages et les livres que mon travail me demande ; et, au fond, je trouve cela bien (ou je fais semblant de le trouver bien), car je ne vois pas le rapport qu’il y a entre une pièce de cinq francs et une idée. Il faut aimer l’Art pour l’Art lui-même ; autrement, le moindre métier vaut mieux ».
Quand on est le fils d’Achille-Cléophas Flaubert, médecin-chef des hôpitaux de Rouen, et qu’on n’a jamais eu besoin de travailler, c’est évidemment plus facile de faire de l’Art pour l‘Art et de débourser 300 francs pour publier la « Bovary ».
La création artistique requiert un temps d’inspiration fort variable selon les genres et les artistes.

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Peu importe le temps consacré à la maturation et à la création, l’art échappe à tout critère productiviste. En Belgique, une réforme admise du bout des dents permet au créateur au chômage d’exposer ses œuvres sans encourir de pénalisation. Malheur, s’il en tire un profit quelconque et que l’Administration l’apprend. C’est dire dans ce domaine, qu’on n’est nulle part.
L’Art n’étant pas considéré comme un travail, il ne faut pas s’étonner de ne compter le plus souvent que des rentiers parmi les artistes, avec quelques membres de professions qui laissent du temps libre. Le mécénat n’a jamais été que le pourboire de l’Autorité à ses serviteurs. Voilà pourquoi ne subsistent que des artistes conformistes, parfois conventionnés ou subsidiés… autrement dit, « recommandés » par les classes dirigeantes.
Pourtant en butte au système et à l’idéologie dominante, l’Artiste a toujours fasciné secrètement notre société obsédée par la priorité du travail productif. Elle porte ainsi une admiration discrète à la vie du « réprouvé » dont elle craint et admire à la fois, le « génie » et la liberté. La vie erratique et difficile du créateur fascine les foules plongées dans la grisaille et le conformisme du matérialisme du temps.
La classe moyenne tolère l’« articisme » de ses enfants, comme elle tolère ses cancres. La plupart seront récupérés après leur vie de bohême dans la « boîte de papa ». Mais, ce qu’elle ne tolère pas, c’est l’«articisme » de l’ouvrier, devenu chômeur, par la suite logique des choses. Dénoncé comme vivant aux crochets de la société – et qu’est donc d’autre le bourgeois artiste ? – le malheureux a toujours été la cible de tous les partis de gauche et de droite qui participent du pouvoir.
Sous des dehors triomphants, cette société libérale est en réalité très fragile. Elle ne repose que sur le consensus des esclaves à le rester, tant qu’elle leur joue du pipo, un peu comme les fakirs sur les marchés de Bombay disposent du naja.
Il est tout de même curieux de savoir à quoi servent les Maisons de la culture dans ce contexte trouble ? Elles servent à tout, sauf à aider les créateurs et promouvoir les créations originales. C’est que le concept a pour mission de donner aux populations le goût de la culture officielle et rien d’autre. Même les artistes de rue et ceux des arts nouveaux n’y sont admis que sous cet impératif. Les encadrements permanents sont politisés à l’extrême suivant les municipalités de gauche ou de droite. Les personnels y sont incapables de donner l’élan suscitant des vocations de créateurs dans les couches populaires. Leur travail relève plus du délassement et du hobby que de la promotion de l’art proprement dit.
Le « progrès » de nos sociétés industrialisées à outrance n’est donc pas pour tout le monde et surtout pas pour les Artistes. C’est bien la pire des avanies que cette forme achevée de l’«égoïsme productiviste». On attend toujours à gauche des propositions pour l’amélioration de la condition d’artiste.
Une Civilisation sans créateur est condamnée à terme. La place réduite que la nôtre consacre à l’artiste est un signe. Voici venu les temps grossiers d’une barbarie que les intégristes ne pouvaient imaginer de leurs adversaires, tant elle leur ressemble.

12 septembre 2005

Qui a dit « OUI » ?

Heureusement qu’on ne divorce pas avant de se marier, sans quoi que saurait-on des joies du mariage ?
On n’arrête pas le progrès. Avant, on se mariait sur un coup de tête, aujourd’hui, on divorce sur un clic !
Le cabinet d’avocats d’Assenede permet aux couples désireux de se séparer par consentement mutuel d’entamer la procédure en cliquant sur Internet. Il en coûtera 595 euros ttc. 25.000 mariés pathologiques ont déjà réagi favorablement depuis le début de l’année.
Le prix discount : 595… (600, c’était moins porteur), c’est le prix d’une réparation automobile.
-Dis, gros Lou, tu n’aurais pas 595 euros ?
-Pourquoi faire, ma biche ?
-Oh ! c’est seulement pour une course…

Lorsque les demandes en divorce seront aussi importantes que les demandes en mariage, ne serait-il pas plus simple d’éviter de se marier ?
Les mariés/divorcés gagneraient du temps et il y aurait moins de drames de la séparation.
Les avocats d’Assenede feraient comme leurs confrères, ils entreraient en politique. Ils pourraient même se laisser tenter par les échevinats de l’Etat-civil afin de reconstituer le stock.
-T’as signé un contrat d’exclusivité, nom de dieu ! Oui ou non ? Or, ça fait trois fois que je te vois grimper les escaliers de l’hôtel d’en face !
-Forcément, j’y suis portière, banane !
-C’est au rez-de-chaussée la porte d’entrée, madame !...
-Je porte aussi les plateaux au client !...
-Pourquoi tu fermes les rideaux qu’en t’arrives dans la chambre !
-Parole, tu me suis à la jumelle !
-Et alors ? Il n’est pas indiqué dans le contrat qu’un mari ne peut pas suivre sa femme qui travaille en face à la jumelle !
-Je te jure quand j’aurai mis de côté 595 euros !...
On voit où ça mène, quand on se sent propriétaire de l’autre…

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D’après les statistiques, en Belgique, un couple sur trois divorce (un sur deux dans les grandes agglomérations). C’est dire les menteurs qui jurent solennellement devant la famille et les autorités que c’est pour la vie !
-Hector, oui, c’est mon deuxième mari. Après s’être dit qu’on s’aimerait toujours, nos premiers 595 euros, c’était pour ça…
www.divorce-online.be est le site de ces messieurs du barreau. N’y cliquez pas tout de suite, des fois qu’un cher maître d’ailleurs en mal de clientèle ferait le divorce à 450 !
Le type à 595 s’appelle Arvid De Smet. En Flandre orientale on prononce
Avide. Rassurez-vous, c’est du solide. Les Flamands ne passent pas pour des gens à jeux de mots.
Avide s’inspire de la vie américaine, évidemment. Les Américains adorent divorcer. Le calcul des pensions à verser, généralement à l’épouse, mobilise un avocat sur trois.
Dans certains Etats on divorce plus qu’on ne se marie ! En toute logique, il y aurait des gens qui ne sont pas mariés et qui divorceraient quand même, histoire d’être à la mode. Quand on a goûté à la procédure américaine, c’est comme les pipes de Monica Lewinsky, on ne sait plus s’en passer.
Pour en revenir à Assenede, vous y allez de vos 595 jetons, Avide vous envoie un formulaire avec la marche dénuptialisée à suivre. Quand vous avez le dossier complet, vous vous glissez une dernière fois dans les bras de votre tourmenteur moral et vous lui dites alors qu’il est toujours dans un demi sommeil :
-Chéri, tu veux bien signer là, en dessous de ma signature ?
-Qu’est-ce que c’est ?
Répond-il souvent dans un grognement (S’il était enjoué, vous ne divorceriez pas tout de même ?).
-Rien, c’est pour une demande de départ…
-Ah ! c’est pour les vacances prochaines ?
-C’est ça.

L’expérience flamande est un succès. Le site sur la Toile est visité par des couples de tous âges. On a même vu un couple de sourds procéder sous prétexte qu’ils ne s’entendaient plus. Certains se font aider par leurs enfants, on ne dit pas comment ces petits monstres se font rémunérer. Avide devrait établir des tarifs pour ses collaborateurs bénévoles.
Le site est en deux parties : la publique et la privée. Pour entrer dans la privée il faut un mot de passe. Avide déconseille le nom du nouvel amant généralement su par le mari. Par association d’idées du mot de passe… à la passe, on donne généralement le nom de l’hôtel où on s’est convaincu qu’il fallait divorcer.
- Qu’as-tu fait l’après-midi chérie ?
-J’étais tellement pressée d’être aux fourneaux à préparer ton dîner que j’ai remis ma petite culotte à l’envers !

(Non, c’est mauvais la franchise pour un divorce à l’amiable. Il faut la refaire)
-Qu’as-tu fait l’après-midi chérie ?
-J’ai nourri les poissons rouges et tondu la pelouse pour t’éviter d’avoir mal au dos…

Si vous voulez passez à l’étape active après l’envoi des formulaires, Avide a besoin de la thune…
Il ne vous restera plus qu’à régler la question la plus délicate : le partage des biens !
Quand on n’aime plus, on s’aperçoit qu’on tenait énormément à la chaise romantique de la tante qui pourrit dans la cave. Généralement le conjoint quitté manque de générosité.
Quand « on n’a que l’amour à offrir en partage », le divorce est plus facile.
-Ça, c’est à moi. C’était le cadeau de mariage de mes parents.
-Menteur !... Quand tu t’es installé, tu n’avais pas deux chemises.
-Parle pour toi, je t’ai tirée du ruisseau !...
-Et surtout ne touche pas à ma collection de timbres postes !

Souvent, on arrête la procédure du divorce à la séparation des biens. Trop tard, vous avez perdu 595 euros. C’est ça l’astuce !

11 septembre 2005

Alerte aux cons !

« La misère est un poids qui a son prix : on peut l’attacher à une machine, et elle la fera aller. » Claude Philibert Coqueau.

Ça se vérifie tous les jours. Ce qui emmerde les « honnêtes gens » c’est le marginal, dénomination assez vague qui va du Rom et du mancheux, à l’artiste, tous plus ou moins enviés et traités de parasites par tous les mystifiés qui vont bosser avec à la fois la trouille de perdre leur emploi et la rage au ventre d’y aller.
A cause de son caractère vague et fourre-tout, le bohème est à l’opposé des structures sociales. Son côté anarchiste effraie les automates humains qu’on remonte dès la naissance et que l’on programme pour une bonne quarantaine d’années au service des automates machines.
Il leur semble qu’ils entretiennent de leurs deniers ceux qui ne fichent rien, sans jamais lever la tête vers ceux qui leur prennent tout.
Ils ne comprennent pas que l’on puisse considérer différemment qu’eux la manière de vivre.
Ceux qui les remontent, c’est-à-dire ceux qui les éduquent pour le travail, savent bien qu’on ne peut condamner personne à vie, désespérer l’homme-machine serait dangereux. Alors, comme en tôle, il y a la liberté conditionnelle, ces horlogers du crime s’en sont allés répandre partout le bruit que tout un chacun pouvait légalement ne rien foutre, sans perturber l’ordre public. Ils appelèrent cela « réussir », c’est-à-dire se faire du pognon sur le dos des autres, ou toucher le gros lot dans les tombolas, ce qui revient au même puisqu’on se partage avec l’Etat le magot constitué des mises des parieurs.
A la réflexion, à voir le petit nombre de « réussites », la masse par un simple raisonnement, devrait comprendre qu’il n’y a qu’une seule façon pour elle de « réussir » : entrer dans la marginalité. Pourtant, elle ne le fait pas !
La Société est tellement vicelarde ! Ce ne sont pas les richissimes flemmards qui poussent le petit peuple dans leurs abrutissoirs, mais les classes moyennes : leurs capos, ces demi réussites qui sortent d’en baver et qui se satisfont d’une situation intermédiaire entre les deux extrêmes, les riches oisifs et les pauvres.

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Les classes moyennes aiment bosser. Ce sont les seuls du système qui peuvent voir directement les résultats de leur travail. Le soir, ils établissent l’état du tiroir-caisse, comme les professions dites « libérales » avec lesquelles ils partagent des convictions. On dirait qu’ils n’ont été conçus que pour cela. Ils poussent les personnels au boulot et s’étonnent qu’il y ait moins d’enthousiasme chez les salariés !
Tous ne font pas des ronds. Certains bossent comme des malades pour se retrouver, en fin de compte, à la rue. Le plus dur pour un con, c’est de reconnaître qu’il s’est fait avoir et que tout ce à quoi il avait cru n’était que de la poudre aux yeux.
Pourtant, même à la rue, le mec « Classe moyenne » ne sait pas encore à quel point il est con ! C’est dans la faillite que son âme se détrempe. Certains vont dégueuler leur connerie chez Le Pen, d’autres se suicident. Les cons détrompés sont les plus redoutables. Si un jour on recrute du kamikaze hors intégrisme en Europe, ils formeront le gros des troupes. Ah ! si Poujade avait été au courant des techniques d’Al Qaida…
Bossez, vous vous épanouirez, dit-on aux jeunes. Ça marche depuis les débuts de l’ère industrielle. Même la mère au foyer la plus pauvre à la mentalité « classes moyenne » pour son fils. Elle ne le voit pas chômeur… Elle le voit bon travailleur, honnête, soumis, votant, rotant, heureux. C’est imbécile cette obstination-là.
Ce qui différencie le bohème du gagne-petit, c’est une vie moins ordonnée et prévue à l’avance. Le marginal n’attend rien des règles du travail/repos. Il sait bien que les congés payés ne sont qu’une soupape de sécurité supplémentaire au mirage de faire fortune. La loi accorde aux besogneux le droit à ne rien foutre une à quatre semaines par an, à condition d’avoir apporté ponctuellement la « baballe » à son « maîmaître ».
Le projet du marginal, pour autant qu’il en ait un, c’est de n’avoir ni horaire, ni étiquette, de sortir du cycle productif. La « paresse » de la bohême et de la marginalité n’est rien d’autre que le droit à la fainéantise, le même que pour les riches. Avantage du bohême, il ne part jamais en vacances, parce qu’il est toujours en vacances !
Oui, diront les pervers qui vont se faire sucer par des enfants en Thaïlande, ils ne savent pas les beautés du monde et l’enrichissement intellectuel que c’est de voyager ! J’ai connu un officier de marine qui ne descendait jamais à terre et qui fit ainsi 20 fois le tour des océans en jouant à dames avec le cuisinier chinois. Il ne voulait pas, disait-il se gâter le plaisir de voir du pays en feignant d’ignorer la misère souvent considérable des gens aux alentours.
Ça se discute.
Les Américains, qui sont les rois des cons en ce domaine, vouent à la marginalité une horreur qui se traduit par des années de prison au paumé qui glande sur les trottoirs à chasser la thune.
Reste que c’est difficile, quand on a la vocation du marginal, de rester à ne rien foutre jusqu’au bout. C’est que, dans ce domaine aussi, il y a un doute supérieur. A force que le travail n’est bon que pour les autres, on finit par se retrouver devant l’horloge pointeuse quand même, alors qu’on n’y a vu que du feu…

10 septembre 2005

Et on tuera tous les mendiants

En début d’année, on a joué à Liège, L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht, dans un boyau sous la chaussée devant la Maison Curtius. Ce lieu sinistre et dépouillé convenait très bien comme décor naturel à cette pièce qui se passe, selon l’auteur, dans les bas-fonds de Londres.
Au début de l’Acte III, Peachum « L’Ami du mendiant », pourtant si cruel et dénué du moindre scrupule lui-même, dit depuis 1928, date de la création, ce que lui a soufflé Brecht et qui résume ce qu’on peut dire de la misère, vue d’en haut :

« Je suis arrivé à la conclusion que si les puissants de la terre sont capables de provoquer la misère, ils sont incapables d’en supporter la vue. Car ce sont des faibles et des imbéciles exactement comme nous. S’ils ont à bouffer jusqu’à la fin de leurs jours, s’ils peuvent enduire leur plancher de beurre, pour engraisser jusqu’aux miettes qui tombent de leur table, ils ne peuvent pas voir de sang-froid un homme tomber d’inanition dans la rue : évidemment il faut qu’il vienne tomber juste devant leur porte. »

L’histoire de la compassion dans la tradition judéo-chrétienne est une belle hypocrisie.
Voyez Bush, il s’en fout bien des négros de la Louisiane. Pourquoi voit-on si souvent Condoleezza au premier rang, ces temps-ci ? Parce qu’il fallait faire savoir aux dizaines de milliers de Noirs et de petits Blancs dans la détresse que le président les aime et qu’il fera tout pour les sortir du bourbier sous la mer qu’est devenu leur ville.
Et pourquoi voit-on le président s’agiter un peu plus, alors que trois mois auparavant il avait diminuer de façon drastique les subsides pour consolider les digues qui même sans Katrina menaçaient ruine ! Mais parce que des journalistes sont venus quasiment par les images de leurs reportages déposer les morts et les blessés devant sa porte à Washington, Bush brusquement a changé de politique. Il ne peut pas voir le malheur en face, cet homme-là. Cela gâte son petit déjeuner, ses momeries à l’église presbytérienne et ses parties de vélo avec Lance Armstrong dans son ranch.
Il en va de même chez nous.
Sans que la situation n’ait pas des allures de catastrophes naturelles, le Gouvernement et les riches ne sont quand même pas aveugles au point de ne pas s’apercevoir que la misère gagne le pays, qu’il y a de plus en plus de pauvres et qu’il faudrait revoir de toute urgence une politique sociale. Ils le savent. Puisque c’est délibérément qu’ils maintiennent cet état de pauvreté. Que font-ils ? Ils prêtent une oreille complaisante à une proposition patronale selon laquelle il conviendrait de retirer le mazout de chauffage de l’index des prix à la consommation !
Le jour où des malheureux transis de froid forceront en hiver la porte des ministères surchauffés afin de camper dans les immenses vestibules à 22°, alors oui, cela leur gâtera leurs nuits douces au coin du feu.
Il faut pour donner de la vigueur aux gens du dessus qu’un événement médiatisé lève un coin du voile sur les populations mal logées, mal nourries. La couverture d’un incendie à la téloche les voit accourir la larme à l’œil, le geste compatissant et, se penchant sans honte, sur les victimes, ils donnent au peuple par l’accolade, le salut de la Nation !
Viennent ensuite les discours, les résolutions, pour ne plus que cela arrive, comme s’ils avaient été eux-mêmes brûlés dans leur chair, comme s’ils avaient perdu leurs enfants dans les flammes. Ils ne savaient pas avant l’incendie que ces immeubles étaient dangereux, disent-ils tout attristés !

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La suite est toujours la même. On expulse quelques squatters sous prétexte de la dangerosité des locaux qu’ils habitent. On jure qu’on va les reloger. On les fourre dans des hôtels, aussi dangereux, juste le temps de les faire oublier. La suite n’est écrite nulle part, mais on la connaît. On les fout à la porte des hôtels au bout d’un temps. Ils se débrouillent en squattant de nouveaux immeubles encore plus insalubres.
Pourtant, la situation était bien connue de tous. Ils sont donc responsables, selon la belle formule de Georgina Dufoix à propos du sang contaminé, « ils sont responsables, mais pas coupables. » Ils ont résisté à la compassion puisqu’ils ne voient pas le résultat de leur politique. Si on avait déposé, comme Bush à Washington, des morts devant leurs portes, ils auraient flippé de crainte de l’opinion.
On aurait difficile de comparer le nombre de mendiants de la Société médiévale à celle d’aujourd’hui. Il y a dans nos villes à côté des quémandeurs professionnels, une population dans la misère qui n’a plus que la ressource de tendre la main dans les rues. Je défie quiconque de traverser le Pont d’Avroy jusqu’à la place Saint-Lambert sans jamais être sollicité.
Tous les âges sont représentés dans cette détresse visible à laquelle il faut ajouter ceux qui n’osent pas et qui sont peut-être deux fois plus à court de tout !
Comme la mendicité est un acte isolé et qu’on peut rudoyer le mendiant esseulé sans encourir la réprobation de la foule, les Communes prennent des Arrêtés afin d’interdire la mendicité. Ainsi, le mendiant tombe sous le coup de la Loi. Les flics interprètent la loi. Ils sanctionnent ou ferment les yeux. Ils font une politique de ségrégation à visage découvert. Et tout le monde trouve cela très bien.
Dans ce cas de figure, la compassion du bourgeois n’a plus sa raison d’être puisque son geste humanitaire ne serait repris sur aucun média et que son électorat ne s’émouvra pas.
C’est donc chaud qu’ils veulent le mort d’inanition devant leurs portes.
On comprend comme les cadavres gonflés des noyés dans les rues de la Nouvelle-Orléans appellent à la compassion et comme Bush se fait voir serrant des rescapés dans ses bras.
Tout le monde sait aujourd’hui que l’Etat américain livré à l’initiative privée est le pire des régimes, bien pire dans certaines conditions que l’initiative privée livrée à l’Etat des régimes communistes.
Voilà un retournement imprévu de l’opinion qui conduit à une réhabilitation des anciens adversaires par la démonstration de l’incurie libérale. Le système communiste était tombé tout seul. Qui nous dit que celui-ci n’en fera pas autant ?

09 septembre 2005

Une sulfureuse affaire.

L’hommage, comme les timbales et la grosse caisse, est toujours vibrant chez nos adorateurs de gens célèbres.
Ainsi d’Amélie Nothomb : son dernier bouquin « Acide sulfurique » une charge contre la télé réalité.
Résultat, la lionne des kiosques a subi l’assaut des redondances énamourées des garçons de piste des radios périphériques.
Elle est bonne à l’interview. Les torche-culs aiment ça.
C’est vrai que les spectacles dits de divertissement deviennent de plus en plus persos, accrocheurs, et qu’on peut se poser la question de savoir jusqu’où la logique d’un producteur peut aller pour faire du fric ?
Après les années pudibondes qui moururent vers 1980, montrer son cul eut le succès parfumé du scandale pour se banaliser dix ans plus tard. Mais à la montre, on sait ce que c’est, le public en veut toujours plus. C’est bien une belle parade, mais quand il n’y a rien que du vent derrière les rideaux, le téléphage rechigne à cotiser l’année suivante. Jusqu’au jour où quelqu’un s’avisa qu’on pouvait lever le coin du drap plus haut et offrir aux âmes frivoles les copulations télégéniques des sapiens sapiens.
Comme l’amateur du « tie the true lover’s knot » se blase vite, on a fait le distinguo entre les spectacles de nuit des chaînes câblées et l’amusement classique des chaumières. Dans le second cas, pour que la masturbation ne soit pas trop sévère chez les jeunes et les moins jeunes, on a limité la chose à l’image ultime avant pénétration. On se demande avec ce qui reste à voir dans le premier, comment les producteurs vendent encore leurs classiques, « golf à deux trous » ?
Tandis que les films répandaient le voyeurisme de la nudité et de la copulation, les vedettes de la chanson et du cinéma n’étaient pas en reste à exposer leur anatomie à ce point dépouillée que les esthètes admiraient autant les exploits de la couturière que celle qui s’était glissée dans l’œuvre.
Mais cela n’eut qu’un temps.
De nos jours, le cul ne suffit plus à épater le bourgeois désabusés.
Il a fallu que se dépouillassent les monstres sacrés de l’intérieur. C’est les boyaux qu’on veut voir. Le sang, le pu et la merde succèdent à la bête, la brute et le truand de la préhistoire télévisuelle…

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L’accouchement en direct est une première étape. On en est aux « alvéoles cachées de la vie ». Le fœtus est à la une. Faut-il ou ne faut-il pas le suivre à la trace depuis l’œuf initial ? Peut-on le manipuler ? Si on clonait une grenouille avec un bœuf, pour concrétiser la fable de La Fontaine ? Comme on ne peut pas encore et que dès lors, on ne saurait imaginer un show « Je manipule l’œuf en direct », la tendance revient aux opérations esthétiques : Voyez quelle sale gueule a notre candidate ! On lui fiche un autre nez, des autres jambes, des seins de stars et un cul de boschimane. On l’habille d’un timbre poste pour mettre tout le travail en valeur. On la maquille a faire monter la facture Max Factor à des sommets hollywoodiens et puis, régénérée, liposucée, massée, alors que le conjoint lui jetait des pierres avec les autres, on la sort des coulisses face aux caméras et qu’est-ce qui attend la nouvelle séductrice dans le lit conjugal ?... le pèpère qui voulait divorcer la veille et qui va pas assez vite pour ouvrir sa braguette…
Les rallyes, où des personnes cohabitent pour mille raisons apparentes dont la plus évidente le fric, sont encore porteurs, mais pour combien de temps ? On vit dans la ferme, au château, sur une île déserte pour le grand plaisir des voyeurs accablés par le stress au quotidien et qui accroissent leur plaisir dans la joie de voir souffrir les autres. Ah ! qu’ils sont cons, dit-on en se précipitant à l’heure dite à l’abreuvoir des étranges lucarnes ! On jouit de leur prétention pleine de trac à chanter juste ou à jeter du fumier dans une brouette. Et de savoir que ces « veaux » seront à la fin à la tête du pactole de TF1 au prorata de l’humiliation subie, on s’écrie « Ah ! les vaches… » induisant par là que pour cette connerie là, on aurait été capable de faire pire.
La petite Nothomb va plus loin. Elle imagine un camp de concentration en studio, avec barbelés, sentinelles avinées et miradors, où les candidats bagnards se font dresser à la vraie gègène et au martinet à clous. Le gagnant est celui qui tient le coup le dernier, qui supplie une dernière fois qu’on l’empale en public, qu’on le piétine et qu’un furet lui bouffe les couilles devant un jury sélectionné parmi les troupes de Le Pen…
Les morts, ceux qui n’en peuvent plus et qui meurent en public d’une vraie mort celle-là, seront veillés par leur famille dans une chambre mortuaire attenante, pour un autre show. L’étape suivante on prévoira des nécrophiles pour une ultime sodomisation, une sorte d’apothéose aux « cent vingt journées de Sodome ».
Aux dernières nouvelles, la Nothomb pensait pouvoir introduire le docteur Mengele à la tête de l’entreprise. Renseignements pris, il n’est plus disponible.
Bien sûr, c’est de la fiction. Le tout est de savoir quand l’attraction bien saignante aura lieu ?
La délicieuse enfant parie pour moins de dix ans.
Sans doute a-t-elle raison.
Personnellement je trouve déjà que le « château pépinière de stars » est tellement de mauvais goût qu’on pourrait difficilement faire pire. L’écrivaine jure le contraire. Pourvu qu’elle n’ait pas raison !...

08 septembre 2005

Gare au gorille !

Tous les prétentieux dans l’exceptionnelle nature de l’homme et tous les béats devant la création divine de nos petites personnes ont pris un sale coup à la nouvelle ; nous ne sommes plus les seuls hominidés !
Non seulement plusieurs découvertes de fossiles remettent en cause les conditions de l’émergence en solitaire « génial » de l’homo sapiens sapiens, mais voilà que les hommes de science s’en mêlant, le séquençage du génome des grands singes nous prouve que ces aimables quadrumanes ne sont pas nos cousins, mais nos demi-frères ! Identiques à 99 % ! Et encore, on n’est pas sûr que le % qui manque ne soit pas plutôt la lente et « admirable » évolution d’un acquis des belles manières.
Déjà en 1871, les affirmations de Darwin avaient bouleversé la bonne société londonienne au point qu’une lady se serait écriée au milieu d’un salon de thé à la nouvelle qu’une de ses aïeules était une guenon : « Oh ! mon Dieu, pourvu que cela ne se sache pas ! ».
Près d’un siècle et demi plus tard cela se sait, et en plus cela ne se discute pas.
La main de ma sœur pourra s’égarer dorénavant dans les poils pubiens d’un bonobo sans scandale !
Il y a quand même des différences entre demi-frères, par exemple cette propension qu’a le singe à montrer son derrière en public, alors que nous, nous ne le faisons que dans les films X et dans quelques rares exceptions où parfois l’homo surpasse le singe en « laides manières » (le clubman échangiste branché n’en est pas loin).
La prétention d’Honoré de Balzac à la bonne bourgeoisie, n’a jamais étouffé en lui l’immense génie. Je cite avec un délicat plaisir : « Les parvenus sont comme les singes desquels ils ont l’adresse : on les voit en hauteur, on admire leur agilité pendant l’escalade, mais, arrivés à la cime, on n’aperçoit plus que leurs côtés honteux. »
Nous voilà beaux ! Nos illustres, le pape, Chirac, Albert II, les frères Schumacher, l’épicier du coin, moi, ma concierge et Jean-Paul Sartre : dès que nous nous élevons un peu, c’est mathématique et facilement vérifiable, on ne voit plus que les culs !
Mais comment voulez-vous qu’on soit sérieux ? L’autorité morale, les rois du pognon, enfin tout ce qui fait la grandeur des peuples à ne pas se diriger eux-mêmes, nous pousseraient dans le dos, alors qu’ils ne sont que des singes !
On s’en doutait un peu quand on voit sous quel déguisement les sapiens se produisent. Les Immortels en habit vert, les curés durant leur messe, les généraux de Bush en tenue de combat alors qu’ils ne quittent pas leur bureau de Bagad, oui on s‘en doutait. Il y avait quelque chose de simiesque dans leur attitude. Mais c’est surtout le discours qui les dénonçait. La phrase louche, les promesses extravagantes, les apologies à des gloires supposées, c’est tout le gorille arboricole qui se dresse, bombe le torse et se bat la coulpe avec les poings serrés, pour grogner n’importe quoi.
Si nos demi-frères réintègrent la grande famille, cela va poser des problèmes sérieux. Je ne vois pas qui pourrait résister à Kong s’il se mêlait à faire de la boxe ou du catch, même les sumos voleraient dans les balustrades. Un bonobo au saut à la perche, on ne sait pas jusqu’où il pourrait monter. Et même en vitesse pure, on se ferait battre par des ouistitis.
A l’avenir, ce sera un chimpanzé qui présentera un homme au tour d’adresse dans un cirque et j’aurai sans doute des problèmes de rivalité avec l’un ou l’autre demi-frère tant leur ardeur sexuelle est reconnue, comme tout le monde peut encore le voir pour un temps devant la cage des grands singes… pour un temps, disé-je, car il va de soi que nous ne pourrons plus traiter comme des animaux inférieurs, nos nouveaux compatriotes.

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Reste à savoir ce qu’ils pensent du système capitaliste et s’ils ne vont pas émigrer en masse aux Etat-Unis où déjà à la maison Blanche, un des leurs a pris le pouvoir ?
Cet avènement était souhaitable. Cela va débloquer notre conformisme. Par exemple, la femme que j’aime est mariée. Mais, avec la nouvelle vision du monde, son mari est-il un mâle dominant ? A-t-il la capacité de l’épouiller ? Peut-il chercher avec agilité le grille-pain au-dessus de l’armoire ? Et cueillir les cerises du jardin sans échelle ? Et si par un renversement de situation – ce qui est déjà une réforme en cours – les femmes devenaient polygames, imitant en cela certaines guenons d’Amazonie (1) ? Ce serait une véritable revanche sur les males polygames que nous sommes bien avant Abraham. Et puis quel progrès et quelle facilité dans les échanges amoureux, quand nos belles nous présenteront d’abord leur derrière avant de nous serrer la main.
Nous sommes à un tournent de l’humanité.
Je vois déjà les astucieux de la Bourse et du Libre échange se ruer sur les plantations de cocotiers et les bananeraies.
Nous avons de grands jours devant nous.
Je cours m’exercer aux anneaux et à la corde. On ne sait jamais que X ayant le choix entre un acrobate et un homme de bureau, ne prenne en grippe le dernier pour se donner toute entière à la voltige et à la copulation en altitude sur une corde… raide, bien entendu. Je la vois bien, elle et moi, sous chapiteau dans nos habits de lumière, c’est-à-dire désormais à poil, faire de l’acrobatie, soutenus par les applaudissements connaisseurs de nos demi-frères.
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1. Quand on ne sait rien du sujet à traiter, il faut toujours citer l’Amazonie.

07 septembre 2005

Une poésie trouduflasque.

-Monsieur Omar Trouduf-Liégeois, la 24e Biennale Internationale de Poésie, qui s’ouvre ce week-end au Palais des Congrès de Liège, a pour thème "Les mots qui brûlent", à quoi cela vous fait-il penser ?
-A mon pays, le Troudistan…
-Parlez-moi du Troudistan ?
-C’est un pays entouré de montagnes artificielles de schiste charbonneux.
-Des terrils, osons le mot…
- Ô mon pays bleu
Vaste comme ma mère
Quand il pleut
Et qu’elle attend mon père
Devant le GB
Dans la Pigeot…

-Pourquoi Pigeot ?
-Parce que c’est ainsi qu’on disait dans la famille.
- Connaissez-vous le poète marocain Abdellatif Laâbi, qui sera le président de cette Biennale.
-C’est mon poète préféré, après Omar Trouduf-Liégeois, bien entendu. Si on ne s’aimait pas soi-même, où irions-nous ? Ce n’est pas les tirages à 75 exemplaires qui vous apporteraient la reconnaissance.
-Quelle est la tendance cette année…
-On voit beaucoup des minis pulls, surtout les poétesses qui ont le nombril tatoué et emperlé.
-Des nombrilistes ?
-Oui, et un peu des mercantilistes, aussi. J’ai remarqué peu de troudufistes.
-La vision n’est pas la même ?
-Non. Je suis le chef de file de la poésie exaltatoire et enthousiamative de l’amour du sol natal.
-On en revient au Troudistan.
- Cette colline est belle, charbonneuse et minière
Sa ligne sur le ciel, est d’anthracite à l’horizon
Elle est un de ces lieux où la vie décidière
Voudrait s’entourlougaffer les derniers kublatons

-C’est beau ! Avec des mots peu répandus.
-C’est le thème de cette année : la portée des mots où la raison s’égare…
-Beau thème.
-Nous voulons exprimer notre révolte dans le cadre des lois et le respect des mandataires du peuple Trouduf. Notre démarche révolutionnementera le Centre et tant pis pour les formations déconcentrées. Nous voulons leur faire mal.
-C’est tout à fait nouvelier, en effet. Tant d’audace, vous n’avez pas peur que les autorités ne vous dévolutionnent pas ?
-Monsieur Magotte est formel pas de censuration à la poésie contendimentionnaire et populiste.
-Quel grand homme d’Etat !
-Immensatoire.

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-Et les forces d’amour et de solidarité ?
-Après les séances, nous choisissons notre poétesse pour des apartés poétiques où chacun et chacune transporfuckeront. Il y aura des ateliers cramahutant et d’autres liquorant la bédouillette, mais seulement en séance de minuit. On peut s’attendre à un grand succès.
-Et des hommages ?
-Nombreux comme d’habitude. Nous honorerons la mémoire du grand poète Alexandre Bézuquet de la Rive-penchée, connu pour sa célèbre sonnette :
Ma vie à son succès, mon cœur sa douairière
C’est heureux qu’elle n’ait jamais rien su
De mes amours passagères
Avec la femme du dessus.

-C’est un peu leste !
-Vous trouvassiez ?
-Et pour le 175me anniversaire du pays d’accueil ?
-Nous avons prévu un grand spectacle arlequinesque, une sorte de café liégeois, mais en plus varié, plus animé, plus… enfin moins brumioulinesque, avec un prologue brouwertien. Puis des conférenciers, des professeurs, des magistrats, des généraux, bref, révolutionnaristes et inusitatifs. Des révoltés rimbaldiens… Le Conditionnementalisme, le Matuvuisme et le Saturnalisme hutois de la nouvelle plomberie Ombrettoise tiendront des ateliers de réparation des âmes. Nous aurons, Tentatrice Cerbère, 56 kilos de muscles érotisés et Yvonne Deplusmaschère, de l’Académie des langues, et plus si affinités…
-Il y avait jadis le pédicure des âmes, de Pierre Dac… C’est zingorant, en effet…
-Et pour couronnementer le couronnement d’une finale couronnante, le Grand Prix des Biennales Internationales de Poésie sera attribué à l’issue de la Biennale Internationales de Poésie à l’oeuvre d’un poète vivant, presque mort. Il y a plusieurs candidats en listing. Mais, on est certain que c’est Alexandre Pouche-Kinn qui a le plus de chance. Il est socialiste, Liégeois, avocat à tendance suicidaire…
- C’est le favori ?
-Non. Ce sera le gagnant tout simplement..
-Vous allez jouter ?
-Dans les urnes, comme d’habitude.
-Quand les videz-vous ?
-Après la proclamation des résultats, selon une procédure démocratique.
-C’était Archie Danlefrok, pour la RTBf, au Palais des Congrès de Liège.

06 septembre 2005

Humour parisien

Dans un appart comme un terrain de football en plein Champs-élysées, Pierre Palmade et Muriel Robin travaillent à leur futur sketch dans une cuisine minuscule.

-Tu vas au cours Florent ?
- Mais non. J’ai l’air d’un comédien ? Tu peux pas dire « Florent, tu vas au cours ? »
-Je comprends pas.
-Tu parles à un type qui s’appelle Florent et qui va à la faculté de Nanterre.
-Bon et alors ?
-Ecoute, t’es bien gentille, laisse tomber.
-Faut que tu m’expliques. J’ai l’air de passer pour une idiote.
-C’est rien… c’est qu’entre nous. C’est déjà fait.
-Il faut que je dise : Florent, tu vas au cours ?
-Non. Il faut que les gens comprennent que ce type ne va pas au cours Florent. Mais qu’il s’appelle Florent et qu’il va à son cours.
-Ça va, j’ai compris.
-C’est comme si tu demandais à Richter de te passer son échelle.
-Qu’est-ce que je ferais d’une échelle ?
-Bienheureux les pauvres d’esprit car le royaume des cieux leur appartient.
-Et bienheureux les cons, car ils ont le royaume d’en dessous.
-Oh ! merci. T’es une sorte de professionnelle du rire en cascade. T’aurais dû remplacer Coluche. T’as déjà le physique…

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-Toi, t’as ni le physique, ni l’esprit…
-J’ai préféré le genre bourgeois coincé.
-Tu sais faire que ça d’ailleurs.
-Tout le monde vient pas d’un salon de coiffure…
-Je signale que c’est la semaine prochaine qu’on va à Liège. Alors si au lieu de se lancer des vannes, on bossait un peu ?
-On n’attaque pas par le cours Florent ? On débute par quoi, alors ?
-Un gars de la RTB locale doit nous expliquer par téléphone demain le rebond wallon.
-C’est du basket ?
-C’est à mon tour de me marrer. C’est les types des partis qui veulent que la Wallonie rebondisse.
-Comme un ballon ?
-C’est une image, pauvre con ! Ils veulent repartir du bon pied.
-…c’est ce que je disais, pour ne pas faire un « marché » et se faire siffler une faute.
-Arrête, t’es pénible… Faut faire de la plaisanterie adaptée.
-Tu crois qu’ils sont pas adaptés ? ?
-Explique pourquoi, dès qu’on sort du bourgeoisisme parisien on vaut plus rien ?
-Peut-être parce qu’on est des bourgeois et qu’on est pareil à notre public qui l’est aussi…
-Montre ce que t’as écrit pour la réplique suivante ? On était bien parti. C’était pas mal Richter et le royaume des cieux. Après, c’est beaucoup plus lourd. Comment ça se fait ?
-Ça se fait que voilà dix ans qu’on dit la même chose et qu’on adapte à tous les publics nos classiques « Parisiens de Passy ». On finit par s’emmerder et quand on s’emmerde sur scène, forcément ça se voit dans la salle.
-On n’en a rien à foutre de faire rire l’autochtone, finalement. On a répété tant de fois les mêmes gestes sur les mêmes textes, qu’on va finir par craquer…
- C’est où qu’on va après le Forum ?
-Bassenge. Ils appellent ça la Basse-Meuse.
-C’est complet ! Combien de gens à Bassenge savent ce que c’est le cours Florent
-Dis tout de suite que c’est des cons !
-C’est un peu ça, oui. Mais vu de Paris, ce qui veut dire qu’eux pensent pareil de nous, ça s’annule.
-Puis on fait Eupen.
-C’est où Eupen ?
-A la frontière de la Hollande, non, allemande… merde, je ne sais plus.
-On n’aurait jamais dû accepter. On devrait jamais dépasser Lille, Roubaix, quelque chose comme ça. C’est la limite à ne pas franchir…
- Digresse pas trop. Qu’est-ce qu’on fait pour le Forum ?
-Tu leur refais le sketch du beau-fils de couleur…
-Et toi ?
-Je trouverai bien. Je peux dire n’importe quoi. Je m’arrête et je les regarde les yeux écarquillés…
-T’en prends plus ?
-Penses-tu… Ça me vient tout seul… Et ils se foutent de ma gueule et de la leur par la même occasion… C’est gagné !
-Pas à dire, on fait un métier difficile.
-Oui mais tellement « merveilleux » comme dirait notre ami Michel Drucker…

05 septembre 2005

Antigone d’Anouilh

A S. en guise de viatique pour lundi…

Ecrite en 1944, la pièce d’Anouilh symbolise la résistance d’une femme au pouvoir absolu. C’est la pièce de Sophocle qui sert de canevas. La représentation de la tyrannie du pouvoir peut symboliquement figurer la maladie, dès lors que cette dernière impose sa loi et que toute résistance est aléatoire et difficile à son impérialisme. Mais Antigone possède en elle une force qu’elles trouvent dans ses convictions et dans ses amours essentielles.
Les personnages d’Anouilh s’ils ne s’écartent pas trop des rôles grecs, ne reflètent pas pour autant la pensée antique. Anouilh s’en éloigne en nous montrant un Créon conciliant et embarrassé et une Antigone moins intériorisée que l’originale. C’est ainsi que le pouvoir moderne se veut bonhomme. Tandis qu’il poursuit son autoritarisme, Créon agit comme la maladie qui couve et attend une opportunité pour terrasser ses victimes. Antigone courageusement s’efforce d’en éviter les morsures.
Transposé de nos jours, le drame de Sophocle perd de sa force. Ce qui était la volonté de dire le droit d’Antigone est devenu une obstination morbide de désirer la mort. Plus Antigone s’entête dans son idée fixe, plus elle se discrédite. Cette dénaturation des valeurs des amours essentielles est comparable à la passivité devant la maladie. Opposée aux lois de la vie et à la volonté de poursuivre son destin jusqu’à son terme normal, c’est presque une démission.
Le personnage de la nourrice introduit dans la pièce est superfétatoire. C’est un personnage secondaire de comédie sans le relief d’une servante de Molière.
La scène d’amour d’Antigone et d’Hémon remplace la scène d’amour contenu de ce dernier face à son père quand il vient plaider la grâce d’Antigone dans la comédie antique.
Le Créon de Sophocle avait au moins le mérite pédagogique de nous montrer ce que peut être un discours fasciste.
Celui d’Anouilh par la manière dont Créon veut étouffer l’affaire et sauver sa nièce, tient plus de Tartufe que de Cromwell. C’est l’Anouilh de la guerre, s’arrangeant de la présence de l’ennemi. On l’identifie sous les traits du roi : il ne peut plus rien quand le scandale arrive sur la place publique et atteint les troupes d’Occupation.
Dans l’alternative où cela n’aurait pas été su, Créon se serait contenté de faire tuer les gardes ayant surpris Antigone à ensevelir son frère. La nuance est importante. Ce n’est plus le Créon borné et allant jusqu’au bout dans ce qu’il croit être une décision en rapport avec la raison d’Etat, c’est un Créon sans rigueur et à l’intransigeance retorse.
Le Créon d’Anouilh est un pétainiste.
Peut-être ainsi est-il plus moderne ? Je le préférais obstiné et homme de caractère. Cela collait mieux pour un affrontement avec Antigone, le tyran symbolisant le mal absolu. Le divorce avec Sophocle est achevé dans le personnage du roi.

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Antigone reste seule avec le garde. Il était inutile de créer un dialogue de sourd entre celle qui va mourir et le souhaite ardemment et un fonctionnaire du palais subalterne et terre à terre.
Dans la lettre d’adieu à Hémon, elle avoue ne pas savoir pourquoi elle meurt, le spectateur non plus, Ce dernier transpose l’intrigue dans une Europe où plus personne ne mourrait pour pareil motif.
C’est le tort d’Anouilh d’avoir mis « au goût du jour » le drame antique. La fascination ne joue plus. Nous ne sommes plus émus. La fin de la pièce prête à sourire. Le carnage final laisse Créon échappant à l’épée de son fils. Le geste de Hémon de Sophocle se passant l’épée à travers le corps est plus vraisemblable.
Il restait à Créon une nouvelle à apprendre : la mort de sa femme Eurydice qui s’est tranché la gorge quand elle a appris la mort de son fils.
Non, la vraie Antigone n’est pas celle d’Anouilh, ni même celle de Sophocle bien embarrassé en tombé de rideau d’avoir supprimé tous ses personnages à l’exception du despote.
L’Antigone du mythe est une battante. Il est impossible qu’elle meure aussi stupidement…
Nous assistons à une farce, une formidable supercherie au seule triomphe la tyrannie.
Antigone est à réécrire.
Je la vois triompher de Créon comme d’autres se défont d’une maladie et tomber dans les bras de Richard III… pardon de Hémon.
Comédie à l’eau de rose ? Allons donc ! C’est Créon qui doit mourir, emporté par la maladie du pouvoir. La tragédie est donc sauvée puisqu’il y a un mort : Créon et le mal qu’il symbolise !
Ce serait un grand jour que les amours essentielles vinssent à triompher.
C’est en tout cas ainsi que je l’écrirais.
Et que périssent Créon et tous les tyrans…

04 septembre 2005

Une démocratie fragile.

Les récentes colères de Katrina, le cyclone qui a dévasté la Louisiane et ses environs, nous rappellent notre véritable place dans l’ordonnancement de la planète, à savoir toute petite. Nous sommes souvent les invités malpolis d’un vaste hôtel à l’image de l’univers que nous souillons par plaisir, dont nous dilapidons les ressources et dont les tentures nous servent à cirer nos chaussures, quand nous quittons la chambre. Exactement comme font les grands singes dans nos zoos qui à défaut de chaussures amusent les visiteurs par leur façon désinvolte d’exposer leurs derrières, leurs érections et leurs fèces.
Démonstrations « malpropres » qui ne dérangent pas les anthropologues puisqu’il est question après les premiers séquençages des primates de les faire intégrer le groupe « homo ». Ce qui va poser des questions éthiques à l’usage de nos nouveaux semblables.
Pas que le chimpanzé et le bonobo à avoir des sales manières…
Les scènes d’émeutes, le pillage et l’incurie des autorités en Louisiane suscitent de multiples interrogations quant au sérieux des propos du président Bush prônant sa démocratie comme le plus évident progrès de l’humanité.
Les images que nous avons pu voir sur nos téléviseurs, sont des images de désolation qui auraient tout aussi bien pu être tournées à Kinshasa ou dans une république bananière d’Amérique du Sud.
A force de privatiser toutes les activités y compris celles qui relèvent de l’organisation sociale la plus élémentaire comme les transports, les soins de santé, la poste, il n’y a plus aucune volonté centrale de cohésion efficace, s’ajoute à cela une raréfaction d’un bénévolat compétent. Les initiatives des églises, si nombreuses dans leur variété aux USA, les bonnes volontés privées et les petites gens qui offrent généreusement leurs services sont tout à fait incapables de gérer une crise d’une telle ampleur. Vos gazettes n’en parleront pas, mais n’est-ce pas montrer les limites des « bienfaits » d’une libre entreprise gérant le monde ? Bien sûr, on vous parlera des collectes généreuses comme à NY sur les courts de tennis pendant l’US Open, mais cet argent puisé dans les tickets d’entrée et la main à la poche des joueurs aura d’abord fonctionné comme outils de propagande à la Fédération de Tennis, pour ensuite se diluer dans les moyens techniques et les producteurs de camping-cars, véhicules de toute nature, hôpital de campagne et personnels compétents, le tout dûment rétribués et générant des profits.
Le fédéral n’a jusqu’à présent évalué que les besoins des populations qu’il est incapable de secourir dans des délais raisonnables. Si bien qu’on va peut-être compter des milliers de morts, victimes de l’incapacité du système en plus de ceux engloutis par les éléments naturels déchaînés.
Quelques centaines d’hommes aguerris à Bagdad ont été dépêchés sur le terrain avec ordre de faire feu sans sommation sur les pillards. Pensez donc, les 64 paroisses de la Louisiane sont parmi les plus pauvres des States. C’est l’occasion de tuer les « mauvais » américains. Une vie contre un téléviseur, des fringues ou quelques boîtes de conserve. L’Américain moyen va applaudir. Cette politique du riot-gun, Idi Amin Dada, ben Ali, Sharon ou n’importe quel raïs d’Afrique du Nord en aurait fait autant.
La désorganisation et le manque de moyen des USA – la plus grande et la plus riche démocratie du monde - sont tels que si ça continue, des pays de l’Europe et même du Tiers monde seront à la pointe de l’aide aux populations en détresse comme l’a suggéré le secrétaire des Nations Unies.
Eh bien ! si la liberté d’entreprendre ne se résume qu’à détruire les organisations collectives et nous assujettir à la production en qualité d’esclaves, ils peuvent aller se faire foutre et le MR pourra toujours repasser la pommade avant les élections pour vanter ça, je ne marche pas !...
Il faut aider les pauvres de la Louisiane, car ce sont des gens comme nous qui souffrent d‘une calamité naturelle et d’une calamité intérieure, le capitalisme.
Mais il ne faut plus se laisser avoir par l’opinion des dirigeants de droite comme de gauche, tous centristes et tous propagateurs d‘un dégoûtant empirisme.
La Louisiane est une leçon.

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Elle nous montre les limites à ne pas dépasser au faux sentiment que la liberté commence par la liberté d’entreprendre, d’exploiter et d’amasser les devises. L’initiative privée incomparable à toutes les autres, c’est la galéjade des temps modernes.
Ce dernier fiasco cumule avec d’autres de moindre ampleur, mais tout aussi significatifs, à commencer par les accidents d’avion en série des compagnies charters véreuses qui sont plus nombreuses que les compagnies saines. Les compagnies interdites à l’atterrissage en France ne sont même pas parmi les plus dangereuses, et on pourrait multiplier les exemples à l’infini : la guerre d’Irak pour des raisons obscures et probablement mercantiles, les chemins de fer qui cumulent les déraillements, les soins de santé qui sont inaccessibles aux pauvres, même parfois à la middle class ! etc... Bien entendu tous ces errements ne sont pas produits par les seuls Etats-Unis, mais c’est à l’exemple de leur organisation économique tant vantée que tous les Etats démocratiques s’alignent petit à petit et finiront par sombrer dans les mêmes travers que leur grand exemple.
Si bien que les discours moralisateurs de Bush deviennent le comble du cynisme et de la mauvaise foi…
Cela nous remet sans tarder dans un débat que tout le monde évite, y compris, les socialistes, à savoir, va-t-on rester longtemps les acteurs d’un système qui a fait la preuve qu’il ne valait pas mieux que le système communiste ? Ou va-t-on enfin rêver à une autre façon de réconcilier le travail avec les hommes et la solidarité avec les peuples ?

03 septembre 2005

Soyons excessifs !

Rome le 23 août 410
- Honorius : Nos troupes sont fraîches, l’ennemi est affamé. Alaric sera défait, foi de Romain. Par précaution, je rejoins Ravenne dès ce soir et reviendrai pour mon triomphe.
- Rufin : Bien pensé, Imperator. L’excès nuit en tout et les troupes du Wisigoth sont épuisées de luxure.
-Stilicon : Les extrêmes s’annulent. Un excès de prudence comme un excès de confiance seraient nuisibles.
-Honorius : Je pars donc rassuré. Notre opinion centriste est la meilleure. C’est ainsi qu’il faut diriger les peuples. La raison triomphe sur l’extrémisme.

Rome le 24 août 410
Alaric à la tête de ses Wisigoths met les Légions romaines en fuite, s’empare de Rome qu’il met à sac et c’est la fin de l’Empire romain qui aura duré près de 5 siècles.

Septembre 1938
Edouard Daladier en compagnie du Premier Ministre britannique Neville Chamberlain signe les accords de Munich avec le chancelier du Reich Adolphe Hitler. Daladier, c’est le champion de la juste mesure, l’ennemi de l’excès. Il a mis fin aux « libertés » du Front populaire afin de rétablir un ordre moral. Sa politique centriste est l’ennemie des « débordements ». Il ne se veut ni trop alarmiste, ni trop confiant, mais modéré. Les opinions excessives s’annulent. La guerre est évitée. Elle n’aura pas lieu.


3 septembre 1939
Londres et Paris déclarent la guerre à l’Allemagne suite à l’invasion de la Pologne le 1er septembre par les troupes allemandes, la Grande-Bretagne se déclare en guerre avec l’Allemagne à 12 heures. La France fait de même à 15 heures. La Seconde Guerre mondiale a démarré. La guerre se terminera six ans plus tard et avec elle les excès que l’on croyait éviter avec plus de 52 millions de morts !

Janvier 61 la belge attitude
Le 3 janvier, pour la première fois dans l’histoire du parti socialiste, les élus wallons, seuls, exigent une révision de la structure unitaire de l’Etat belge. Ils demandent «pour la Wallonie le droit à l’autodétermination et le droit de choisir elle-même son expansion économique et sociale.» La conjonction de ce genre d’exigences au mot d’ordre qui unit tout le monde – «non à la loi unique» – sème la confusion.
Mais il y a des opinions convergentes vers un centre modéré à la fois de la gauche et de la droite chrétienne dont Monsieur Gaston Eyskens est le leader et chef du gouvernement.
« Je comprends que le gouvernement fait tout ce qu’il faut pour maintenir l’ordre», déclare le socialiste Achille Van Acker, après que la grève ait déjà fait trois morts et des dizaines de blessés.
Le 6 janvier, les heurts font 75 blessés : 26 grévistes, 49 gendarmes. Deux ouvriers tués. Les jours suivants, les grévistes cherchent des moyens d’action plus durs encore. Afin de prévenir l’insurrection, on arrête massivement les piquets de grève.
Désormais, le PSB condamne explicitement la violence des grévistes.
Les paroles de Gaston Eyskens sur l’excès qui nuit en tout et dont les opinions s’annulent réjouissent les socialistes qui boivent du petit lait. Notre régime parlementaire est un régime de fausse démocratie et que l’action directe doit primer sur celle du parlement, dira Jacques Yerna qui est illico classé d’excessif. A un moment où le mouvement ouvrier était dans une phase offensive et exigeait des réformes de structures anticapitalistes, le PSB l’a empêché de les obtenir. Il a choisi la voie parlementaire et n’a pas mobilisé ses troupes. La grève historique contre la loi unique illustre à merveille le rôle néfaste de la social-démocratie quand il s’agit de maintenir en vie le système capitaliste contre le peuple. La modération triomphe une fois de plus de l’aventure et de l‘excès.

Fin août 2005
En grande pompe Elio Di Rupo reçoit le sieur Mestagh, patron des patrons wallons, lors de la réunion du Val Saint-Lambert du PS. La lutte des classes est enterrée depuis 1961. La collaboration avec la droite existe depuis lors. La Wallonie est au bord de la faillite. Le système capitaliste, malgré ses zélés collaborateurs de gauche a montré son vrai visage et tué la dignité du travail. La mondialisation suit son train. Le pic de Hubbert en matière de pétrole va être atteint et personne n’a de solution. Aucun économiste ne saurait projeter une quelconque perspective sérieuse d’avenir. Mais, la politique du centre est sauvée L’excès est définitivement exclu et le peuple vit paisiblement sa pauvreté.
Et le pauvre Richard est taxé d’utopiste dangereux, tandis que se préparent des hécatombes nouvelles…

02 septembre 2005

Les rois du rire

Le Bahut Henri II
-Coco je t’ai appelé pour te faire jouer dans mon prochain film. T’es d’accord ?
-Evidemment, une occasion pareille. C’est quoi, le sujet ?
-Je vais tourner « Le bahut Henri II » d’après un script d’Alphonse Allais. Tu connais ?
-Non. C’est çui-là que Justine appelle quand elle joue au tennis ?
-J’ai rendez-vous dans une heure chez Monfils pour les subsides. J’ai pensé que c’était bien d’amener un comédien avec moi, histoire d’étoffer ma demande. Tu comprends ?
-Qu’est-ce que je fais dans l’histoire ?
-Attends que je t’explique en gros…
-Le pitch…
-Tu vois quand tu veux. C’est le lieutenant de vaisseau Becque-Danlot qui à l’issue d’un dîner arrosé raconte comment il a vendu un homme.
-Je fais Becque-Danlot ?
-Non. ce sera Dussolier ou Depardieu, je ne sais pas encore. En gros Becque-Danlot a une maîtresse, Ellen, Marie Gillain ou Delphine Binet, j’hésite. Si je veux être subventionné, je dois faire jouer au moins une Belge et avec toi de Barchon, ça fait le compte. Elle le trompe. La servante Marie - soit Binoche ou Tautout – prévient Becque-Danlot, à chaque fois qu’il vient visiter Ellen et que son julot est là, elle le cache dans le bahut Henri II, dont elle ferme la porte et garde la clé sur elle.
-C’est moche ça…
-Ecoute la suite, coco. Becque-Danlot arrive à une heure convenue avec la servante. La clé n’est pas sur la porte du bahut. Il tripote un peu Ellen, histoire de montrer que c’est lui le bailleur de fonds et il s’assure, pour le coup, que la clé du bahut est dans la poche de sa maîtresse. Ensuite, il l’envoie acheter une cravate.
-Il va casser la porte du coffre et confondre le julot ?
-Non. Il fait venir des déménageurs qui emporte le coffre qui est vendu sur l’heure dans une salle de vente. Il perd dessus, mais là n’était pas le but de l’opération. C’est un fermier qui achète le bahut, on le charge dans une carriole avec des poules et des sacs d’orge, et en route pour la province.
-C’est tout ?
-Oui. Aussitôt rentrée, s’apercevant du vide, Ellen prend ses cliques et ses claques et disparaît.
-Mais, mon rôle, si je ne fais pas Becque-Danlot ?
-Et le julot, qu’est-ce que t’en fais ?
-Mais, on ne le voit jamais ! On peut très bien s’en passer. On peut laisser le bahut Henri II complètement vide !
-Et la densité dramatique, qu’en fais-tu ? La société de cinéma « Le Nain Dien » - t’as entendu parler, hein ! coco ? - fait du cinéma réalité. Ce coffre avec toi dedans, c’est du grand cinéma. Vide, tu fais du Dardenne.
-Je n’aurai qu’à me mettre dans le coffre pendant le tournage et c’est tout ?
-Non, coco, ce n’est pas tout. Tu auras à jouer ton personnage. La crainte d’être découvert… Fais moi la crainte d’être découvert ?
- Comme ça ?
-Plus recroquevillé. Non, pas ainsi, pas comme un constipé à Vichy, comme quelqu’un qui fait…
-Je pousse… ainsi ?
-Mais malheureux, tu viens de péter !... Surtout pas ça devant Monfils… Enfin, il vaut mieux que tu pètes maintenant. Ainsi, tu seras plus dégagé pour interpréter… C’est un rôle de composition. D’autant que si tu pètes dans le bahut, je ne te raconte pas ce que tu vas endurer.
-C’est égal, jouer un rôle qu’on ne voit pas, dans le noir.
-Pour l’heure quand je te le dirai tu te recroquevilleras devant Monfils. Mais pas de bruit inconvenant. C’est une question de milliers d’euros et sans la subvention pas de Binoche et pas de Dussolier, à la rigueur Depardieu, si il est comme toi.
-C’est-à-dire, si Depardieu est comme moi ?
-Oui, s’il accepte d’être payé au prorata des entrées. Et comme les frères Dardenne sont finis, nous avons de bonnes chances pour que Monfils qui ne sait plus où donner ses subsides marche à fond sur notre film. Alors qu’est-ce que t’en penses ?

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-Je vais encore essayer.
-Oui, c’est mieux. Pousse encore un peu pour voir ?
-Quand je vais dire à Barchon que je vais tourner un film avec Depardieu, c’est ceux qui vont jouer « Cuzin Bébert » à la dramatique barchonnaise qui vont en faire une gueule !

01 septembre 2005

Le Club des cinq

Hier sur un pont qui enjambait le Tigre, la foule était unanime… deux kamikazes allaient se faire exploser. La panique a tué 800 personnes et blessé 301 autres.
Renseignement pris, c’était une suggestion d’un jobard barbu se rendant à une commémo musulmane. « Un kamikaze va se faire péter au milieu du pont, ça sera horrible ! ».
A la seule idée de l’hécatombe, cela le fut !
Les kamikazes tiennent le bon bout du cordon bickford. Ils peuvent rester chez eux et envoyer un commis à la manœuvre. C’est plus efficace que de se faire sauter avec deux pauvres kilos de TNT. Tous les « bras droits » de Ben Laden sont bien de cet avis. Pourquoi se faire exploser, quand c’est si agréable de mourir de vieillesse dans son lit avec ses trois femmes et ses dix-huit concubines, pour le même résultat !
Le faux bruit plus efficace que le vrai !
Le bilan ne serait pas le même si les gens s’étaient fichus des bombmen.
Le monde est crédule et Bagdadien. Il n’y a guère, lors d’une rencontre sur la pelouse du Heysel, ça a fait boum pareil, sans kamikaze, rien qu’avec un ballon !
Eh bien ! le gouvernement wallon n’est pas d’accord. Il est pour l’authentique. Il tient à ses kamikazes.
Le plan Marshall lui en offre l’occasion.

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Le mirobolant milliard n’a pas encore créé de panique. Il n’y a aucun mort ! Sagesse des foules wallonnes ? Non. Le sondage nous indique clairement que contrairement au lyrisme de la presse, il n’y a pas foule pour applaudir, donc pour paniquer en groupe.
Nos kamikazes ont suivi la procédure de Bagdad. Ils ont lancé de l’intox avec la fausse bombe dans leur serviette. Rien que pour faire peur, ils ont tenu les propos qu’il fallait pour faire des morts : La Wallonie est dans le trente-sixième dessous. Attention la bombe pourrait exploser ! Tout y était : la confusion, l’effet d’annonce, sauf un détail, d’après les statistiques, il n’y a plus que quelques 10 % de Wallons qui leur font confiance. Alors sur le pont qui sépare Jambes de Namur, il n’y avait que les cinq prioritaires. Et ils savaient tous nager !
Nos kamikazes n’ont réussi qu’à faire rire les Flamands. Ils parlent du milliard alors qu’ils n’ont que le quart de la somme en bradant ARCELOR, ils n’auront pas assez pour tenir jusqu’aux élections… Pour le solde, on va faire des économies ! Traduisez, on va faire des économies sur le dos des petites gens. Je ne vois pas comment les Provinces vont pouvoir donner à Van Cau les sous qui manquent pour arriver au milliard, sauf de les prendre dans notre poche.
Et tout ça pour quoi ? Pour prescrire des ampoules de fer aux patrons anémiés !
Un milliard ! mais pour arriver à ce résultat, il faudrait supprimer les gouvernements provinciaux et toutes les institutions doublées, voire triplées pour des raisons linguistiques et qui ne servent à rien qu’à brouiller les pistes et satisfaire les maniaques de la persécution nombreux en Flandre… et comme le milliard est une idée wallonne « Li tchant des Wallons », ça se dit « kus mijn kloot » en Thiois.
Van Cau réclamerait à la reine les pierres wallonnes sur le diadème des 9 provinces, que cela ne m’étonnerait pas. A Pelikanstraat, Antwerpen, cela ferait son million d’euros…

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On ne méritait pas l’ignominie dans laquelle nous sommes tombés. Il y a déjà tant de personnes méritantes à pourvoir entre nous et le coffiot de la banque centrale… tant d’amis nécessiteux… tant de promesses à de jolies femmes et à des vieux messieurs qui roulent pour nous dans les draps de soie aux fornications qui ne sont plus de leur âge… alors y ajouter le milliard… ce super loto inaccessible !...
Par contre, ce dont on est certain, les manœuvres légers, les pensionnés et les allocataires de soins de santé et de maladie vont contribuer, eux, au milliard.
Ah ! Il ne manquerait plus que ça, qu’ils n’y contribuassent point… des fainéants, des simulateurs, des vieux, mais qu’est-ce que cela veut dire ? Si encore, ils tombaient plus souvent des ponts, suite aux effets d’annonce des kamikazes ? Mais non, ils s’accrochent à la balustrade. Ils s’agrippent à leurs trois sous. Mieux ils osent réclamer !... Les ingrats…
C’est sûr que non seulement nous allons le voir passer le milliard, fugitif instant, d’une poche à l’autre, quant à en profiter !... Vous vous foutez de qui là ?..