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Faut-il interdire la prostitution ?

Gloucester : Faut-il interdire la prostitution ?
Milo : Ici, en cet endroit symbolique ?
Gloucester : Ici ou ailleurs.
Milo : Je ne sais pas ailleurs, mais ici, oui, certainement.
G. : Vous voulez dire qu’ici aussi ?
Milo : Mais absolument.
G. : Cela se passe depuis longtemps ?
Milo : Depuis toujours.
G. : Je ne vais pas citer de noms, mais vos tops modèles sont assez blets, sauf peut-être… ?
Milo : Je dois dire que celle-là est honnête. La chose touche les deux sexes, mon cher.
G. : Vous voulez dire que les hommes aussi ?
Milo : Les hommes surtout.
G. : Où cela se pratique-t-il ?
Milo : Dessous les tables, évidemment.
G. : Ça passe inaperçu ?
Milo : Tout le monde le sait. En croquer un peu n’est pas scandaleux.
G. : Comment est-ce possible ? Mais où va-t-on ?
Milo : Comme partout ailleurs, vers l’organisation mondiale du commerce, la langue anglaise pour tous et le dollar monnaie universelle, la prostitution n’a rien à voir là-dedans.
G. : Pourtant, il y a un tarif. On y consacre des sommes considérables !
Milo : Ça dépend. Pour les hélicoptères les prostitués ont touché plus que pour les chars d’assaut, les obus, etc. Il est vrai que pour les chars et les obus, c’est de l’histoire ancienne. Il y a prescription…
G. Et l’histoire récente ?
Milo : Vous savez, si plus rien ne fait surface, à voir les affaires qui se développent à l’étranger de nos jours, Elf, le Crédit Lyonnais, le scandale tout récent de l’affaire Allègre à Toulouse, rien que pour nos voisins français, sans parler d’Enron et des Américains, cela m’étonnerait que la morale triomphe chez nous. N’est-on pas assez ridicule avec la loi de compétence universelle, la SMAP, le procès Dutroux, l’affaire Cools ? Pour en revenir à la prostitution, cette activité anime les échanges commerciaux et rajeunit les rapports entre les Etats…
G. : Vous êtes aussi échangistes ?
Milo : …commerciaux. Beaucoup de marchés étrangers se conquièrent par des commissions… enfin je veux dire la prostitution, ce qui revient à la même chose.
G. : Les tarifs ont évolué ?
Milo : Plus que les bas salaires, pourrait-on dire.
G. : Vous, personnellement, vous êtes contre ?
Milo : Résolument. La preuve, on ne m’a jamais approché.
G. : C’est frustrant ?
Milo : Très !
G. : Y a-t-il des solutions ?
Milo : Il en existe. On pourrait bloquer le compte du prostitué jusqu’à ce qu’il retourne dans le privé où là, c’est autorisé. Mieux, c’est souhaité.
G. : Je ne comprends pas.
Milo : Vous ne vous imaginez pas ce qu’il faut de cadeaux aux intermédiaires pour obtenir un contrat.
G. : Dans le privé, le prostitué lutte pour la survie de l’entreprise. Mais là, où vous êtes ?
Milo : Nous chapeautons. Nous officialisons. C’est très important une délégation en costume trois pièces, avec des chèques dans l’attaché caisse. Tenez, demandé à Mazarino qui passe devant nous.
G. : Cher Mazarino., faut-il arroser les marchés ?
Maza : C’est indispensable, surtout s’ils sont couverts.
G. : Vous êtes pour la prostitution, alors ?
Maza : Je sais ce que vous allez me dire. Autoriser, c’est tout à fait immoral. L’interdire, c’est fâcheux pour l’économie et les finances. Puisqu’on ne change pas les mœurs d’un coup de baguette magique, attendons de voir l’évolution.
G. : Comment cela se passe la prostitution dans la Maison ?
Maza : Quand elle est close, rien ne filtre, oui, le silence est profitable au coup de rein produit.
G. : Les journaux ? Les médias ? L’opinion ?
Maza et Milo éclatant de rire : Tous les maques ont des sous-maîtresses dans les journaux. Les médias amusent le tapis avec Greg le millionnaire et les conneries bien bouffonnes pour les bouffons. Quant à l’opinion, nos délégués au bon sens sont chargés de cours d’aptitude à l’handicap mental.
G. : Ils le sont tous ?
Maza : Non, ils donnent des cours pour devenir handicapé mental.
G. : C’est-à-dire ?
Maza : Il y a les cours de bon sens donné par mon collègue Milo, moi-même je suis chargé des cours de civisme et de promotion sociale.
G. : On donne des diplômes ?
Maza : Des diplômes, des médailles, des nominations. On fait une promo actuellement sur les nobles.
G. : Et pendant ce temps-là, la prostitution…
Maza : Eh oui ! Elle gagne même du terrain. Mais nous avons un principe.
G. Lequel ?
Milo et Maza : Cela se passe toujours entre nous, sans xénophobie, en vrais patriotes. Sans cela…
G. : Sans cela ?
Milo : Vous verriez la prostitution des pays de l’Est nous envahir et les prix s’effondrer. Vous savez ce que Voussopof demande pour un an de brut ?
G. : Non.
Milo : Cent mille dollars de commission ! C’est dérisoire.
G. : Vous trouvez ?
Milo : On voit bien que vous n’êtes pas au courant. Ces gens cassent les prix.
G. : Et la prostitution de la rue ?
Milo : Là vous êtes au cœur du problème. Nous préparons une défense exemplaire du citoyen. C’est le fléau. Si le peuple devenait malhonnête, où irions-nous ? Nous accepterions que de jeunes femmes n’ayant pas notre expérience gagnent un salaire comparable au nôtre ! Nous admettrions que recevoir une enveloppe, même de dix euros, pour repeindre une cage d’escalier au noir n’est pas un crime !
G. : Oui, c’est intolérable en effet.

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