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La pisye aux étoiles.

Auguste : Plus je vieillis, plus je partage ma propre opinion.
Pipo : C’est pas tout de le dire, faudrait en avoir une.
Pantalon : Moi, je suis fier de n’en avoir aucune !
Pipo : Crois-tu, Auguste, que partager son opinion, c’est suffisant ?
Auguste : Je ne peux pas vivre sans projet. Ainsi mon dernier…
Pantalon : …Ah oui ! celui qui fait de l’eau de boudins...
Auguste : Parfaitement. Suffirait d’envoyer des boudins en Irak pour qu’ils aient de l’eau…
Pipo : Des projets, mais nous en avons… des projets.
Auguste : Tu te rappelles quand on voulait plus donner un sou aux curés ?
Pantalon : …Ce n’était pas un projet, mais une affirmation, même qu’on se demandait s’il valait mieux être marxiste, stalinien, ou trotskiste ?
Auguste : On est tous devenus opportunistes !
Pipo : La meilleure, c’est quand on était autogestionnistes alors que les gars pensaient plus qu’aux heures supplémentaires !
Auguste : Ce qu’on a déconné !
Pipo : Aujourd’hui, on peut le dire, on déconne toujours, mais c’est clair !
Pantalon : On n’est plus dans l’opposition.
Auguste : Pourtant le capital n’est pas vaincu.
Pantalon : Mieux, notre révolution est sur le cul.
Auguste : Ouais, mais ça se sait pas dans les chaumières.
Pipo : L’organisation mondiale du commerce requière notre attention.
Auguste : Oui, on se sent utiles !
Pantalon : On va voter pour les OGM contre José Bové, pour l’OTAN contre la loi de compétence universelle, et on ne s’arrêtera pas là…
Pipo : On est pour rendre le moral à ceux qui ont besoin de fric. Bossez le dimanche, qu’on leur dit.
Pantalon : Faut dire que le métier est devenu difficile.
Auguste : Parfois j’en peux plus…
Pipo : Faire croire aux autres ce à quoi on ne croit plus, c’est crevant !
Pantalon : C’est de l’Art !
Auguste : On est des artistes, tant qu’on reste à l’affiche, des clowns célèbres, des Fratellichoses !
Pipo : Faut garder le cap…
Auguste : La réélection, je te jure… si je n’avais pas été marié !
Pantalon : Si j’avais pas trois mômes de 32, 36 et 42 ans à caser à d’urgence !…
Pipo : Pourquoi vous me regardez comme ça ?
Pantalon et Auguste : T’es pas célibataire, toi ?
Pipo : Merde, je veux pas céder ma place…
Auguste : Il a raison. La perspective rend nerveux.
Pipo : J’ai un projet !
Pantalon : T’as un projet comme Auguste, aïe aïe aïe !
Pipo : On va faire le parlement des zenfants !
Auguste : On est d’accord les zenfants ?
Les zenfants : Chiez, vous faites plus rire !
Pantalon : Que c’est que vous voulez voir, les zenfants ?
Les zenfants : On veut se fendre la gueule quand vous prenez la pâtée !
Pipo : Que voulez vous qu’on fasse ?
Les zenfants : Y a un truc irrésistible, immense, pouffant…
Auguste : Merde, qu’est-ce que c’est ?
Les zenfants : C’est quant à l’accordéon, à la grosse caisse et au bombardon vous jouez L’Internationale.
Pantalon : On a eu peur, je croyais que vous vouliez qu’on la chante !
Pipo : On connaît plus les paroles…
Auguste : On fait semblant… depuis que notre divette Rosetta est à la Monnaie…
Les zenfants : Ça on savait depuis longtemps.
Pantalon : Mais alors, vous savez qu’on est des faux culs ?
Auguste : Des lopettes !
Pipo : Que nous posons nos grosses fesses sur les rembourrés, peu importe la couleur des rembourrés, que nous aimons les patrons et… vote libéral qui veut ?
Les zenfants : On sait tout ça, que vous faites semblant pour qu’on parle de votre spectacle… qu’on passe à la caisse ! Même qu’on sait que des comédiens de votre ancienne troupe plaçaient de l’argent au Luxembourg…
Auguste, Pipo et Pantalon : Mais alors, pourquoi est-ce que vous êtes tous là ce soir ?
Les zenfants : Mais parce qu’avec vous, on rigole. On a toujours rigolé. Tous vos sketches, on les connaît par coeur : les tapissiers qui pataugent dans la colle, le pompier qu’a mis le feu à son froc, le piano aquarium, le sketch de l’hélicoptère, l’assassinat du Père Colateur, et le tout dernier, le plus hilarant : gouverner avec les détrousseurs du peuple… tout, on aime tout… Sauf, quand vous jouez sous l’autre chapiteau…
Auguste : Le Mollement Rigoleur ? Pourtant gros Loulou sur sa Harley…
Les zenfants : …qui dit sans arrêt : programme serré, consensus, front wallon, enfin des trucs qui ne font plus rire !
Pantalon : …qui engage des vedettes de music hall, des sportifs, des gens de la télé, des bouffons, quoi !
Les zenfants : Ouais, ceux-là sont pas drôles ! Ils nous embêtent. Alors pourquoi vous retirez pas le filet quand c’est Didier au trapèze ?
Auguste : On peut pas ;
Les zenfants : Pourquouâ ?
Pipo : Parce que c’est notre propriétaire !

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