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La presse écrite plus nécessaire que jamais

L’absence de lecteurs a déjà « tué » la presse de gauche en Wallonie et mis à mal les quotidiens à vocations régionales.
La désillusion des politiques éditoriales, le déclin de la presse, il s’en est fallu de peu que se perdît le plaisir d’écrire et de réfléchir depuis l’écrit.
Mais qu’a donc fait la presse écrite pour mériter un tel désintérêt ?
Les journalistes ne sont ni pires ni meilleurs qu’avant. Il conviendrait même de souligner leur intégrité, leur valeur et leur conscience professionnelle. Ils font ce qu’ils peuvent avec des moyens qui ne sont pas en rapport des progrès techniques. Mettre en cause certaines lignes éditoriales n’est pas justifiée dans la mesure où quelques titres de droite progressent. Peut-être que les contraintes et les contradictions de la presse de gauche étaient devenues tellement importantes qu’il était impossible de maintenir des journaux comme « le Matin », malheureux repreneur de notre « Wallonie » locale ? Ce qui frappe surtout c’est la liberté et la vivacité d’expression sur la Toile qu’une certaine presse écrite aurait perdues au fil du temps sous le poids des ukases de ses actionnaires, peut-être… Mais telle quelle, c’est toujours un outil exceptionnel et irremplaçable.
Comme il est simple à démontrer.
Un concurrent direct de la presse écrite est le journal télévisé. Rapide, évocateur et s’appuyant sur une illustration qui en fait plutôt un magazine séduisant le téléspectateur. Son tort, c’est de traiter superficiellement l’information, de privilégier des reportages plutôt que des commentaires sans qu’il y ait apparence de hiérarchie et enfin d’avoir une durée déterminée. Abondantes ou clairsemées, les nouvelles ont vingt minutes pour accrocher le public. Parfois, c’est trop, d’autres fois, c’est très peu. Enfin, à part des informations médiatiques comme les guerres où chaque jour vaut son pesant de nouvelles, tout le reste est affaire de circonstances et de volonté à la merci du directeur de l’information. Certaines chaînes comme ARTE ou d’autres télévisions à informations continues seraient de nature à nuancer le constat. Elles ont un faible taux d’écoute. La presse reste donc un outil indispensable à la connaissance.
Un seul exemple.
L’année dernière nous nous étions émus de la situation catastrophique de l’économie de l’Argentine suite à une information de la RTBf.
Depuis, sur cette antenne, quelques vagues rappels, pas de quoi se forger vraiment une opinion.
C’est grâce à la presse écrite : des journaux argentins et espagnols et surtout aux journaux comme « Le Monde », que l’on peut faire un bilan et tenter un rapprochement avec une situation que nous connaissons.
Qu’ils en soient remerciés par ce petit texte que je leur dédie.


SUITE DES MALHEURS DU PEUPLE ARGENTIN

Dans la crise argentine à peine évoquée à la télévision, ce qui frappe dès l’abord, c’est la différence de ton entre la presse argentine et espagnole et celle de Washington. Le débat se situe au niveau du FMI. L’Argentine ne peut pas rembourser sa dette extérieure. Par conséquent aucune aide internationale ne lui est attribuée. Même si un accord était trouvé, l’argent ne servirait pas à nourrir ceux qui ont faim, mais à désintéresser les créanciers, comme la banque mondiale. Le FMI utilise son pouvoir comme s’il était en réalité le curateur chargé de désintéresser les créanciers et le premier à pousser à la liquidation d’un peuple Comme s’il n’était qu’une marchandise saisie.
Empêchée de la sorte d’accéder au fonds qui lui permettraient de figurer dans le commerce international, l’Argentine est victime d’une curatelle internationale. Elle ne peut plus ni exporter, ni importer.
Il y a quelques mois, le FMI devait libérer 700 millions de $ d’urgence pour les chômeurs qui représentent aujourd’hui 30 % de la population active de l’Argentine ! Le mécanisme de la dette a prévalu et ces 700 millions ont rejoint les caisses des créanciers. Ces millions auraient été les bienvenus quand on sait qu’à Buenos-Aires la malnutrition des enfants atteint près du tiers de ceux-ci !
Et dire que ce pays était parmi les plus riches d’Amérique latine ! On voit comme pèsent les peuples en terre libérale.
Au début de l’année, l’Argentine a donné son accord à toutes les exigences du FMI. Les municipalités se sont séparées de milliers de fonctionnaires – ce qui a aggravé la misère et déréglé les administrations locales et gouvernementales. Des lois ont été changées afin de revoir la procédure des faillites et favoriser les créanciers. Mais, aux dernières nouvelles, le FMI ajoute d’autres obligations à ses prétentions initiales.
Des analystes internationaux estiment que le FMI punit délibérément le pays afin de montrer par l’exemple ce qu’il adviendrait à ceux qui seraient tenter de ne pas rembourser leurs dettes.
Loin de régler la crise, le FMI l’aggrave. Le capitalisme mondial emploie la manière forte afin disent ses penseurs de restaurer la confiance des investisseurs étrangers. Au contraire, cette purge affaiblit davantage l’économie et va à l’inverse de ses buts avoués.
Ce qui est paradoxal, c’est que l’Argentine serait capable de se redresser seule avec un crédit suffisant. Le FMI est le principal obstacle à ce redressement. Cet organisme ultralibéral conforte la crise, la provoque même, au point que l’on se demande s’il ne conviendrait pas de placer cet organisme calamiteux à la tête des nuisances de la mondialisation.
On peut s’interroger sur l’intérêt pour nous Wallons d’en connaître sur le drame argentin ? Les perspectives de la sidérurgie wallonne avec ARCELOR, un patron peu fiable, ne serait-ce que dans la manière imprévisible avec laquelle il change de projets, les récentes reprises de participation de l’Etat français d’Alsthom qui pourrait si cela tournait mal pour sa sidérurgie recapitaliser ARCELOR et tourner le dos au programme de désengagement en Belgique, nous précipiteraient dans une spirale de type argentin.
Nous ne pourrions pas dire que nous ignorions le cas de figure de l’Argentine et nous nourrir d’illusions à la fois sur une aide éventuelle de l’Europe et une compréhension du libéralisme cher à notre gouvernement tout entier.
Pour conclure, croyez-vous qu’il m’aurait été possible de développer ces arguments rien qu’en m’instruisant au journal télévisé de nos deux chaînes confondues ?

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