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Larzac haut lieu de la contestation sociale

On ne peut pas passer ce week-end du 10 août sans parler du Larzac.
Les organisateurs espéraient entre 50 et 100.000 participants. Samedi 9, on a barré les routes après que 150.000 contestataires aient gravi les pentes raides depuis Millau pour accéder au plateau. Le rassemblement à L’Hospitalet-du-Larzac affichait complet ! C’est une belle réussite qui fait le pied de nez au futur sommet de l’OMC qui aura lieu à Cancun dans un mois.
Jamais dans la mémoire collective de l’humanité on n’aura vu un tel divorce entre les populations du monde à peu près toutes unanimes pour dénoncer les méfaits de la pieuvre du commerce international et leurs dirigeants. Jamais, on n’aura senti autant de différences entre le parler vrai entendu dans ce lieu témoin des luttes paysannes et les politiciens à la langue de bois, au sourire éternel et à l’extraordinaire faculté de rebondir dans toutes les situations.
Le mouvement altermondialiste prend de l’ampleur et de l’assurance. Il était judicieux de recevoir les contestataires de partout dans une France où se font entendre depuis des mois les acteurs de la vie sociale, des enseignants aux intermittents du spectacle, afin d’y recueillir les avis et les expériences de tous ceux qui luttent pour un monde plus propre, meilleur et plus juste.
Ce rassemblement voulu par José Bové et les Confédérations paysannes vient trente ans après les manifestations contre l’extension du camp militaire sur le plateau.
Pour aimer depuis longtemps cette magnifique région de Millau, des causses à la Couvertoyrade, dans ces paysages grandioses et désolés du plateau jusqu’aux méandres du Tarn et de ses gorges vertigineuses, je puis dire qu’on ne pouvait mieux choisir d’endroit pour y défendre la nature et les gens qui y vivent.
Je m’en voudrais de ne pas citer toutes les organisations qui sont à la pointe des actions pour que demain nos enfants n’aient pas honte de nous. Attac, les syndicats du Groupe des Dix-Solidaires, la FSU, le Mouvement de l’Immigration et des banlieues (MIB), Greenpeace, Droit Devant, AC. organisaient des forums de discussion avec les participants venus du monde entier : Inde, Chine, Amérique du Sud, Australie, Afrique australe, etc.
Enfin débarrassés des décors de carton des Assemblées dites à tort « populaires » et des symboles d’une démocratie capitularde devant le fric, les gens qui vivent difficilement retrouvent la parole qui leur est confisquée quotidiennement, pour confronter leurs points de vue dans des forums dont les génériques font rêver : « Ecole et marchandisation », « l’Agriculture européenne sacrifiée sur l’autel du libéralisme mondial », « Libéralisation des services : une menace pour tous, des gains pour quelques-uns », « OGM », « Culture et mondialisation », « intermittents du spectacle », « Droits à acquérir, droits à conquérir ».
Lors d’une interview, José Bové resitue le débat de l’OMC au niveau européen. Je cite : « La question centrale est celle de la hiérarchie des droits entre les institutions internationales. L’OMC est en train de structurer le monde parce qu’elle est la seule institution capable de faire pression sur les Etats ».
Si j’ai privilégié cette citation, c’est bien parce que depuis le début de ces conversations avec vous, je n’ai cessé de dénoncer le scandale de la démission du politique devant les intérêts particuliers du monde économique.
Placé sous le signe de la dénonciation de la marchandisation de toute activité humaine, on aurait pu s’attendre à voir quelques partis de gauche s’inscrire dans le mouvement. Peut-être n’ont-ils pas été acceptés parmi les composantes organisatrices du Larzac ? C’est dommage. Tous les militants socialistes ne sont pas nécessairement les collaborateurs du capital et ne participent pas ouvertement à des gouvernements carrément libéraux comme celui que nos élus ont mitonné pour quatre ans dans ce fichu pays où seul Manneke Pis paraît avoir conservé, seul, sa liberté entière d’expression.

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