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Vioquir sous nos climats !

Made in France, on va peut-être s’occuper des vieux. Du côté de Raffarin, on planche sur la suppression d’un jour férié !
Au lieu de le supprimer, si on supprimait tous les jours ouvrables ? Ainsi les jeunes auraient tout le temps de s’occuper des vieux !
« Vioquir » à Paris, c’est pire que plus haut dans le Nord. Dix degrés de plus, voilà une rangée de lit des maisons de retraites qui tombe dans la sciure, en attendant la deuxième vague.
Les petits Français vont retrousser les manches, tout pour l’aïeul, quand c’est trop tard, en quelque sorte. Le baron du MEDEF, Antoine Seillière, voudrait bien faire bosser le huit mai. Pensez, avec tous les ponts au muguet, le besogneux était comme qui dirait déjà les pieds dans la mer des vacances. En consacrant un jour aux vieux, il espère bien baiser les syndicats et le fisc. Au décompte des heures perdues, le MEDEF est d’accord, l’heure de midi sera intégralement reversée. Le général Bigeard refuse d’abandonner le huit mai aux civils. Il préconise la remise d’un drapeau à la retraite de chaque travailleur. Il n’y a pas que la dénatalité concernée, dans les plis ça conserve.
Il suggère de supprimer le premier mai. Quoi de mieux que de fêter le travail en travaillant ?
Les entrepreneurs en ex-voto font la gueule. Pour eux l’avenir est assez sombre.
Pas le régal non plus dans les homes belges à se bronzer la couenne.
On n’a pas fait des statistiques. Pourtant, chez nous, du côté de l’Office National des pensions on se frotte les mains. Le bénéfice financier est directement proportionnel au déficit humain. Le délestage va bon train. Il ne manque plus qu’un virus adapté, genre Ebola, pour faire le vide aux guichets du chômage et voilà l’équilibre budgétaire assuré.
Pas de chance pour les beaux projets, la pluie et les brouillards font retomber les statistiques.
Les Belges sont plus discrets. Les funérariums ont de la marge. La diététique tue plus que la chaleur. Sous prétexte que bouffer est mauvais pour la santé, l’économat rogne sur le bifteck. On meurt de faim dans les homes. Ça se voit moins, mais c’est pareil que chez Raffarin. Seulement, moins couillons que les Français, nous on étale, on ne concentre pas tout l’effort sur le mois d’août.
Une solution serait de dérégler les thermostats du chauffage central. Dix degrés de plus au moment où le limonadier est en retard de livraison, et vlan, une deuxième rangée aux adieux pour toujours…
Pourtant ça tient presque pas de place passé l’âge, un vieux.
Le malheur ça mange et ça a des douleurs qu’il faut qu’on soigne. Un gouffre de la sécurité sociale, pépé. Déjà qu’il a dégoûté les patrons avant la retraite, pour en croquer de la sécu et du chômedu ! Et comme ça lui a plu de ne rien foutre comme « les gros », le vieux, que de plus il s’est économisé à la préretraite, il prend goût à la vie et veut vivre aussi longtemps que Chirac ou le pape.
Normal. Demandez aux gâteux qui ont leur yacht sur la côte d’Azur pour voir si la vie ne commence pas à septante ans ?
Si encore, il en avait mis de côté comme Crésus pour ne pas gêner et pas être sur l’indigence ! Mais, non, pas du tout. Il a travaillé sec jusqu’à ce qu’on le botte en touche, le con !... Et même pas un poil de stock-option à revendiquer comme Jean-Marie Messier à Vivendi !
C’est bêta, l’honnêteté, même si ça ne se discute pas. On voit où ça conduit : dans des chambrées où ça mouque le rance et où on attend que vous libériez la place pour ceux qui attendent.
Lui, pourtant, il sent qu’il dégage, le vieux. Sur les trottoirs, il a l’impression qu’il est transparent. Déjà qu’il n’était pas grand, le voilà qui perd cinq centimètres par an. Dans dix ans, il sera à la hauteur du Rottweiler. C’est plus facile pour se faire bouffer la gueule.
On ne le voit plus assez pour ne pas marcher dessus. Alors, on marche dessus. Quand on le piétine, on s’excuse :
- Si en plus, il met de la bonne volonté à se prendre une gamelle !
Alors, le vieux, il ne sort plus qu’une fois par mois. Il attend son chèque trois jours à l’avance devant chez Fortis, pour le verser tout de suite à ses enfants qui, en échange, lui donnent la boule de pain et le cruchon d’eau deux fois par semaine.
- Faut l’endurcir, qu’ils disent, pour quand il sera placé.
C’est prévoyant, les enfants.
Il ne m’en veut pas du tout des propos que je tiens, le vieux. Par contre, il ne peut plus supporter les ministres et les chefs de partis qui n’ont que le mot solidarité à la bouche. Quand ils le regardent la main sur le cœur, avant d’aller bâfrer avec leurs poules dans des restos à cent euros le couvert, sur le temps qu’il se coupe au doigt en épluchant ses deux pommes de terre ou qu’il mange « diététique » dans son mouroir, il a envie de reprendre du service dans un parti : celui des exclus, parti qui reste à créer et où il y aurait du monde, bande d’enfoirés !

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