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Visite guidée

Devant vous, les vestiges du château de Belletige. Les plus complets du département. Ils ont été dispersés sur deux hectares par la société d’autoroute chargée de le raser.
A la demande de plusieurs maires, les décombres ont été transportés en contrebas et rassemblés par tas. Par exemple, le tas de pierres à droite c’est l’ancienne salle d’armes, et celui-là, en haut à gauche, c’est la grande salle à manger néo-gothique.
Un peu d’histoire. Par ici, s’il vous plaît.

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Bâti en 1242 par Hugues de Belletige dit Coupe-en-deux, le château n’était à l’origine qu’une tour où se réfugiaient les premiers comtes après chaque pillage. Incendié en 1435, il fut reconstruit par Sigebert de Sanchaud qui compléta la garnison de ses bâtards. Rasé sous la terreur, il fut réédifié par Charme de Scène-Aimable, une danseuse parisienne, en 1833, qui en fit une demeure champêtre où, paraît-il séjourna Alfred de Musset.

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Mais le château allait connaître d’autres vicissitudes. Transformé en poudrière, par un Suisse d’origine allemande, Aoch von Boum, il explosa à la guerre de 1870. A celle de 14, comme il n’en restait rien, la famille de Jean Foin, fermier, y sema des topinambours, à l’emplacement de la bretelle de l’A10, que vous voyez derrière les sapins du fond. Reconstruit en 1920 par la vicomtesse Annette de Mouillenpine, il connut des jours sombres en 1939 à la suite de la décision du ministère de la Guerre d’en faire un dépôt de bicyclettes pour la nouvelle division Eclair à déplacement rapide, chargée de prendre l’ennemi à revers et qui, hélas, ne vit jamais le jour après la progression rapide des blindés de Guderian. Dégradé par l’occupant nazi, il fut à nouveau reconstruit, en béton cette fois, d’après les plans de 1833 pour en faire un lieu de détente des Armées Leclerc. Fermé par la loi Marthe-Richard après la guerre, la famille Jean Foin acquérait le domaine et transformait le château en étables et remises.
Racheté par le promoteur immobilier, Samuel Groprofi, il y a 5 ans, il était immédiatement exproprié par l’Etat pour le projet d’autoroute dont vous voyez le résultat sous vos yeux.
Maintenant, si vous voulez me suivre, un petit itinéraire à travers les ruines.
Le tas plomberie a conservé quelques faïences de différentes époques, cela va de l’assiette en terre avec le contour des fesses d’Arnaud de Belletige qui date de 1580, au vase Bosh, entreprise qui a malheureusement disparu, il n’y a pas longtemps. Quelques tuyaux en galvanisé et une pipe en plomb du temps d’Annette de Mouillenpine complètent le tas.
Le tas de tuiles n’a pas encore été inventorié. Il semble que la famille Jean Foin y ait déposé illégalement les siennes.
A la sortie je vous recommande le petit musée avec le célèbre Piquandou, le vin des coteaux, apprécié des militaires de la Grande Guerre.
Dans la dernière salle vous verrez une belle collection de dentelles en points de croix de Germaine Gobillé, doyenne du village, sur le thème de la Vierge Marie et enfin la généalogie de Jean Foin plus ancienne que celle des Belletige.

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La visite Les heures glorieuses de Belletige est terminée. J’espère qu’elle vous aura plu. Tous les dimanches de juillet, nous organisons un Son et lumière avec accompagnement musical d’accordéon.
La visite du parc est facultative. Elle s’étend de part et d’autre de l’autoroute. Le tunnel qui joint les deux parties est privé.
Pour ce qui me concerne, guide bénévole, je m’en remets à vous pour la pièce d’usage. Passez le tourniquet, à droite le musée et la buvette juste devant, vous ne pouvez pas vous tromper, c’est là qu’il y a le plus de monde. Le Piquandou se prend avec un morceau de merdoillon de chèvre de nos coteaux.

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