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L’excès des ailes sur Bruxelles.

L’évolution de l’Etat unitaire à un Etat fédéral stable est un songe creux que poursuivent des Belges, sans doute les mêmes qui croyaient en l’Etat unitaire avant le glissement vers le fédéral.
C’est une constatation que nous ne nous sommes pas fédérés pour mieux nous unir, mais pour nous séparer.
Ceux qui prennent la Suisse comme référence n’ont pas compris que ce pays s’est fait sur une base fédérale il y a bien longtemps et dans d’autres conditions d’affrontement. Le référendum y est une constante dans la conduite des affaires.
Tout le monde se rappelle le clivage qui est apparu lors de notre seul référendum à l’affaire royale. Ce fut la première fois que l’on perçut si clairement la différence des mentalités et des concepts entre le Nord et le Sud du pays. Selon la volonté du Gouvernement central d’alors qui l’avait compris, ce sera la dernière. Les suivants ne sont pas prêts de recommencer l’expérience.
En rendant autonome les Communautés et les Régions, en accumulant les difficultés pour diriger le pays au fédéral, cette nouvelle forme d’Etat ne trouvera sa stabilité que dans sa forme la plus accomplie : la séparation.
Contre la volonté du législateur, tout problème national qui porte litige, devient fédéral, même s’il ne concerne qu’une Communauté, surtout s’il ne concerne qu’une Communauté.
Le survol de Bruxelles Capital par les avions qui décollent de Zaventem est un bel exemple d’affrontement.

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Zaventem est en Région flamande, donc la question des atterrissages et des décollages devrait être traitée par la Flandre dans le ciel flamand. Non seulement, il est demandé à Bruxelles capitale de partager les nuisances avec le Nord, mais en plus le ministre Bert Anciaux affiche des plans que Monsieur Maingain ne peut accepter pour les francophones, car ils font supporter plus de nuisances à ces derniers.
Quand on sait qu’à Zaventem, même les parkings qui entourent l’aérodrome ne portent sur les machines à ticket que les seules explications en flamand et… en anglais, que les taxis bruxellois n’y peuvent pas stationner, on comprend à ces minuscules brimades jusqu’où cette guéguerre peut nous mener.
Voilà un des effets pervers du fédéralisme.
Chacun, dans son coin, espère pigeonner l’autre pour revenir devant ses électeurs en leur disant : « Vous voyez, nous, on les a eus ! ».
Dans cette course en avant, les Flamands sont disposés à aller plus vite et plus loin que les Francophones. C’est que les dirigeants du Nord avant de persuader le Sud qu’il est un boulet pour les Flamands, en ont persuadé leurs électeurs.
La frontière linguistique, mieux que ne l’aurait fait la tendance autonomiste des deux Communautés, a consacré avant la lettre une rupture qui ne s’arrêtera qu’à la dislocation de l’Etat belge.
Les Flamands s’y préparent depuis longtemps. Les Wallons en sont encore à se le demander…
Ce qui pourrait retarder la fracture définitive, c’est l’Organisation européenne. Un Etat qui se divise pour en faire deux, c’est toute l’Europe qui s’en trouverait modifiée. Il faudrait revoir les Traités et de nouvelles règles. L’exemple pourrait faire tache d’huile tant les autonomistes qu’ils soient d’Aoste, de Bretagne, de Corse ou de Barcelone sont nombreux et posent autant de questions embarrassantes dans un Etat sur deux de la Communauté.
Peut-être faudrait-il revoir dans ces conditions tout le fédéral, dans la mesure où les problèmes ne se posent pas en termes de valeur au Nord par rapport au Sud.
Sans doute, il faudrait prévoir des lois asymétriques aux fonctionnements spécifiques.
Mais la complexité du système actuel est si grande que bien malin pourrait, en partant de ce qui existe, façonner deux costumes pour deux Communautés qui n’ont ni les mêmes goûts, ni le même gabarit.
Et dans cette quadrature, nous ne comptons pas Bruxelles, bien entendu.
Le Droit communautaire est en Belgique appelé à un grand avenir. Voilà une profession dans laquelle il n’y aura pas de chômeurs de sitôt.
En espérant que les Rattachistes de chez nous ne se frottent pas trop vite les mains et avant que les Fourons envahis par les Hollandais abandonnent tout espoir, nous arborerons encore longtemps notre ridicule inscrit sur le front partout où nous irons en Europe, comme une spécialité bien belge.

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