« La poésie au parking du Palais | Accueil | Un mauvais moment à passer. »

Truanderie et basse-cour.

J’ai pas toujours lutté pour le chic. J’ai même encore quelques amis qui font des efforts pour me ramener à la raison. Certes, qui n’est pas la raison des philosophes, mais ils y croient.
J’ai eu ma période parfaitement « technique ». Je m’étais dit que ce qu’on demande dans ce cirque, c’est de faire semblant. Alors faisons-le. C’est impératif pour manger à l’heure. Je me suis fait aux grosses ficelles, les finesses de hallebardier, les compromissions où pour être bien avec une moitié, il faut être moche avec l’autre.
Au bout du compte, même ça, j’ai pas pu…
J’ai fait longtemps secrétaire. Le type qui est juste au milieu, sans grade défini, craint des uns, suspect des autres. Un type dont on se doute qu’il a des dossiers et qu’on ne flanque pas à la porte pour caser la belle-sœur.
A la gauche du Président, le nez dans mes papiers, je voyais pas l’ambition ronger leurs faces. Je l’entendais. C’est tout.
Les débats se déroulaient comme la partition d’un orgue de barbarie, confus, animés, sans importances, puisque en fin de compte on tourne en rond… et que nous ne créons pas l’événement, mais c’est l’événement qui nous conduit… des déplacements infimes qui n’amenaient aucun changement. Seul baroud, mais alors là féroce, c’était quand un pionnier de l’aventure sociale tapait dans la caisse, histoire de se payer une gonzesse ou plus tristement honorer la facture de gaz de la fin du mois.
Surtout que ça ne s‘apprenne pas à l’extérieur, que ça reste entre nous, c’était la devise de la maison.
Les petits ont toujours peur du scandale. C’est quand on s’appelle Lénine ou Saddam voire, de manière plus modeste, une huile quelque part au National… qu’on peut taper dans la caisse et dormir sur ses deux oreilles.
Si je publiais des noms, vous ne me croiriez pas ! Des gens connus, des Liégeois qui ont déjà leur socle, manque plus que la statue. On cherche juste la fonderie…
On trouvait le mastic à boucher les trous… l’arrangement en 36, 48 mois. Ça permettait au fautif de voir venir. On pouvait plus le flanquer à la porte, rapport à l’ardoise. Ça le rassurait sur sa carrière… On faisait gaffe… que ça s’ébruite jamais. La tombe.
Faut comprendre la fascination du pognon dans une aventure qui a pour mission de faire savoir que l’argent n’intéresse que les pourris, qu’on était bien au-dessus de la petite bourgeoisie jouisseuse et mesquine…
Marqués par la honte et travaillés par le repentir, les indélicats devenaient les meilleurs dénonciateurs de l’imposture capitaliste. Le pétard au SETCA Bruxelles, je suis sûr que si un juge n’y avait pas allumé la mèche, y auraient pas eu plus performants que les intéressés pour défendre la classe ouvrière. Mais voilà, les cadors qui les ont virés en voulaient-ils de la performance ? A voir la position officielle du PS, son amour des Bleus et comme les chefs-zigotos du « zocial » sont tous socialistes… concluez vous-même…
C’est un autre débat… Nous l’aurons, promis… pas ce soir…
Notez qu’il y a deux manières d’arrondir ses fins de mois dans le milieu : la fauche ou les avantages de fonction… des Alfa en leasing et autres capotes en soie pour mieux fourrer l’adhérent… on reste dans la légalité… pas vrai ?
Le Président avait pas son pareil pour découvrir les coups fourrés, les doigts crochus dans la caisse. Aux réceptions des homologues étrangers, i’ travaillait coupe de champ’ à la main. I’ copinait avec les vestiaires du Métropole. I’ reniflait les loques des femmes des ténors. Le 5 de Chanel, l’essence d’aisselle d’Alain Delon, l’esprit de rose Saint-Laurent… Il partait en chasse aux signes extérieurs.
Les manteaux de fourrure pardonnaient pas. J’en ai connu une qui a tenu le coup un an avec une fausse facture à trois balles pour un vison de cent tickets. Jusqu’au bout elle a soutenu son bonhomme en faisant croire au synthétique. C’est quand on l’a menacée d’une expertise du fourreur que son mécène a craqué…
C’était plus fort qu’elle… Fallait qu’elle s’expose dans sa fourrure... Tout à fait le genre Du Barry en 1793 !... Si elle avait conservé sa pelure en-dehors des circuits de camarades, le garder pour faire l’amour avec son guignol, jamais on aurait su…
Toute cette merde nous vient du fric… du bel étage, ça dégouline par les fentes du plancher. Nous respirons l’étron et ça nous excite. Plus ça pue, plus c’est du Belge.
Le comble, c’est quand un de ces maques fait la leçon… moralise aux tribunes, pas que ce soit honteux pour lui, il est dans son rôle, il veut nous la mettre bien profond parce que cela le fait flipper. Ce qui est honteux, c’est que nous lui tirions le chapeau au passage… Merde… Foi de Richard III : restez couverts…

Poster un commentaire