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4. La thanathocratie ou l’apocalypse programmée. (fin)


Un droit collectif de définition d’une société riche…
La Région wallonne, dont le PIB est assez élevé pour qu’elle ne souffre pas la comparaison avec le Burkina-faso, est une société riche. Les échanges marchands sont très développés, même si on chipote sur la répartition de la consommation et la comparaison avec les autres régions d’Europe.
Heureux de le savoir. C’est une bonne nouvelle d’être riche, non ?
Ce qui est emmerdant, c’est après s’être autoproclamés riches de voir comme nous sommes vachards avec les pauvres, et pas que pour les enfants des trottoirs de Kin, non, chez nous, dans nos « favelas ». On ne peut pas dire : « on ne savait pas ». Si… si… on savait.
N’importe quelle catégorie, employé débutant de n’importe quelle banque, sait comment nous les « riches » sommes des dégueulasses profonds. Ce n’est pas le stagiaire fragile qui le prétend en furetant dans les comptes de la clientèle, non, c’est la froide statistique.
Les écarts des revenus augmentent que cela en devient dingue. Des sous-classes de riches naissent tous les jours.
En 1900 on était riche à 100.000 francs. En 2004, les débuts de la richesse sont toujours à 100.000… mais en euros. Il y a dévaluation, 1000.000 euros valent moins que 100.000 francs or.

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C’est ainsi qu’il y a des gens qui se croient riches et qui ne le sont plus. Ce n’est pas si grave, qu’on le croit… y a pas de lézard pour le bon renom de la Région.
Ce qui pose problème, ce sont les riches qui un beau matin ne le sont plus ! Mais alors, pauvres comme un genou sans poil, et qui le disent !... Voilà le scandale, que ceux qui ne le sont pas ou ne le sont plus osent ouvrir leurs gueules…
Alors, on se rend compte qu’en dessous du dernier des riches, il y avait déjà des pauvres, des bons pauvres, puisqu’on ne les entendait jamais. Il a fallu que d’autres pauvres venus du Sud, venus de l’Est nous le crient dans nos rues pour que nos pauvres se décident enfin à nous le dire.
Eh oui ! notre société de riches était en réalité une société de pauvres !
Ce n’est pas a contrario dans la fortune étalée des bagnoles que cela se vérifie, mais dans la loi du nombre aux revenus incertains…
Puis vient la façon… la manière dont on trimballe les pauvres dans des cadres de vie genre Kot de 10m² ; des transports où dès que le bus démarre seul un cosmonaute à une chance de rester debout ; dans la façon de discriminer le pauvre du pauvre en « récompensant » le bon chômeur et, d’infliger un blâme à la longue durée cohabitante et en dernière minute, le chômeur avec obligation de résultats (dixit madame Onckelinckx) ; la mendicité légale d’un CPAS ; finir dans les vestibules d’œuvres caritatives ; être handicapé ou malade à indemnités réduites…
C’est une question de termes. Quand les fous sont majoritaires, les sages changent de camp. Quand les pauvres sont majoritaires, ce sont les riches qui passent côté phénomènes de foire.
L’autre jour, Totor, un « riche » un tantinet réac, nous sort l’argument qui tue : « les pauvres sont pauvres parce qu’ils le veulent bien ! » Authentique…
Totor est de gauche, il a le réflexe d’en face parce qu’il est riche… A part ça, si on lui dit qu’il raisonne comme Jean-marie Lepen, il se fâche ! S’il y a des riches qui ne savent pas qu’ils sont devenus pauvres, il doit y avoir aussi des gens de gauche qui ne savent pas qu’ils sont devenus Front National !
C’est vrai que le pauvre a sa fierté mal placée. Enfin pas le pauvre qui est tombé dans le caniveau, je parle du pauvre moyen, le petit pensionné, le chômeur abasourdi par ce qu’il lui arrive et la ménagère qui ne travaille plus depuis 25 ans parce que son Jules gagne encore des pèpettes sur Seraing-Fourneaux et qu’on fait avec ce qu’on a, le manœuvre léger qui travaille la nuit pour payer son loyer, bref une bonne partie - plus de la moitié sans doute de cette société « riche » - lutte pied à pied pour rester socialement présentable, a l’orgueil haut placé et ne veut pour rien au monde se considérer pauvre. C’est cette grosse partie de la population qui vivant d’apparences crée l’illusion collective et sauve la face d’une société « riche ».
Ce qui pend sous le nez de ces innombrables ?
C’est de poursuivre tant qu’ils le peuvent le parcours dans la propriété privée, comme s’ils en avaient le droit, comme s’ils avaient les moyens d’assouvir sans dommage le fantasme de puissance que résume l’automobile, temple de l’individualisme forcené.
Vous savez quelle réalité sauvage il y a derrière les chromes et les équipements électroniques ?
400.000 morts chaque année, 2 milliards et demi de bagnoles en 2050.
C’est le rêve poursuivi. Celui du pauvre qui se veut riche.
C’est le rêve de Mac Beth…lift…
Les chimères comme au théâtre annoncent la mort au bout d’un chemin qui prend des raccourcis. Nous voyons déjà le mur fatal et nous savons que nous ne pourrons l’éviter ; mais, absurdité humaine, cela ne nous ralentit pas…

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