« Sexe, littérature et complexe de la chaisière... | Accueil | Une profession rare à forte valeur ajoutée. »

Ridicule ou le mal français !

Les francophiles liégeois inconditionnels se prosternent souvent avec délices devant l’humour français.
C’est le départ d’un chemin de croix : à nous la couronne d’épines, à eux l’esprit saint.
Nous manquons de recul par rapport au bon ton, surtout parisien, plus près de la Seine que Lyon ou Marseille, à trois cents et quelques bornes de l’intelligentsia rive gauche....
Nous nous précipitons sur le made in France, comme s’il n’était bon bec que de « ces m’as-tu vu ? » du Centre Pompidou. A la limite, nous sommes flattés qu’on nous y prenne pour de bons petits cons, un rien surréalistes. De ce point de vue, Magritte continue à nous y faire du tort.
Nous nous comportons comme des chiens familiers.
Flattés ou avec un pied au derrière, l’attention française à notre égard est le signe que nous existons et que chez « ces gens-là » nous sommes chez nous…
Grave erreur. Un Français sur deux ne saurait citer deux villes de Belgique en plus de Bruxelles. Mieux, un sur cinq ne peut situer la Belgique sur une carte de l’Europe. Tous croient qu’en Belgique tout le monde parle comme aux Marolles.
Le chauvinisme y est prégnant même dans le sport. Ce n’est pas Justine Hennin qui est première mondiale dans le tennis féminin, c’est Amélie Mauresmo qui renonce en pleurant à son match en quart de finale de l’Open d’Australie. Voilà pour l’information.

L’action du film de Patrice Lecomte « Ridicule » se passe à la cour de Louis XVI. On y croise des snobs agissant de méchantes manières à l’encontre des « venus de rien » ou des « mal dégrossis de la Province ». Parfois, un naïf se rebiffe et dame le pion à des petits maîtres bien en cour.
Alors, l’opinion des salons s’inverse et le ridicule change de camp.

ridicule.jpg

Nos modernes talons rouges ne sont pas loin du film.
Le gouvernement Raffarin à propos de la Loi sur le foulard islamique est en passe de tourner une nouvelle version du long métrage de Lecomte.
Méfions-nous. Il y a gros à parier que ce qui est à la mode en France, le sera demain à Bruxelles. Par mimétisme amoureux, on est bon à tout.
Nous copions plus les conneries que les traits d’esprit, hélas !
Le législateur bute sur la notion de signes extérieurs à une religion ou un parti. On y adjoint encore l’extrême singularité comme s’habiller Punk… être Sikh !
Si bien qu’aujourd’hui, les grands penseurs sont dans l’impasse.
A-t-on jamais vu une Loi qui verse à ce point dans le détail vestimentaire ? Qu’est-ce à dire des signes visibles ? Comment établir une règle générale depuis des contours aussi flous ?
Bref, il n’y aurait jamais eu ce ridicule, si au départ, on avait solidement établi un règlement général sur l’accès aux bâtiments scolaires et mis en évidence la laïcité et la mixité qui doivent être la règle dans les cours théoriques, comme pratiques.
Mais voilà, avec notre manie d’appeler un aveugle, un non voyant et un sourd, un mal entendant, on n’ose plus parler vrai. On baragouine des excuses pour tout… On respire de la merde comme si c’était « Jaillance » de chez Lanvin.
Nos modèles, nos chers parisiens… en sont à se demander à partir de quelle longueur une barbe est intégriste ? C’est d’autant plus amusant qu’en Troisième République lorsque fut lancée l’école publique, tant vilipendée par la droite, les maîtres étaient plus souvent des barbus.
On ne s’arrête pas là. A la connerie, il n’y a pas de limite.
Quittons celle Loi bouffonne.
On va poursuivre le comique Dieudonné pour des propos jugés racistes et antisémites lors de son passage chez Fogiel où il était apparu en religieux juif avec chapeau noir et papillotes.
On peut chipoter sur la drôlerie et le bon goût de cette satire, mais quant à prétendre qu’il a contrevenu à la Loi, c’est autre chose.
Pourquoi tant de haine de la part des activistes du show biz ?
L’affaire du foulard et l’affaire Dieudonné ne sont pas si éloignées que cela l’une de l’autre. Il y a une volonté politique de couper l’herbe sous le pied à Jean-Marie Lepen et aussi une pression des associations toutes dévouées à Israël dans sa façon actuelle de conduire le conflit contre les Palestiniens. Ce qui revient à dire que soutenir les milieux pacifistes de Tel-Aviv et la gauche en Israël pourraient passer pour des actes antisémites ! ! !
On reste bouche bée…
Si souvent brocardés par nos amis français, il y a du ragoût à découvrir leurs ridicules, donc à nous montrer « moins cons » !
Le bon goût changerait-il de camp ?
Deviendrait-on capables de démêler parmi les démarches françaises celles qui feraient hurler de rire le premier paysan du Danube rencontré à Steenokkerzeel ?
Va-t-on bientôt se moquer en Suisse comme en Belgique de nos voisins tellement imbus d’eux-mêmes qu’ils ne sentent plus la frontière entre un mot d’esprit et un mot d’excuse ?
Rassurons le Belge moyen. Il aime toujours autant les paillettes et les strass de TF1, plus assidu que jamais chez Lagaf, avide de Star Ac et de feuilletons, tous pièges que le Français nous tend afin de nous tester. Résultat. Oui, nous sommes toujours aussi cons, mais la marge se rétrécit entre un Français con et nous.
Prenons garde, un jour nous nous réveillerons battus.
Conservons notre avantage.
Montrons au monde entier que nous sommes toujours aussi persévérant dans la connerie.
Nous allons bientôt grâce aux élections prochaines prouver à nos détracteurs que, tel Julio Iglesias, « zènèpachangé ».

Poster un commentaire