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Le complexe de l’isoloir.

Les plus fameux champions de la démocratie tomberaient de haut si, comme en Suisse, afin de donner plus de pouvoir au peuple, on sacrifiait au référendum d’initiative populaire.
Il n’est pas sûr que la Belgique y tiendrait le coup, tant sur certains points les Wallons et les Flamands, sont en complet désaccord. Par contre, sur certains autres, ils s’arrangeraient très bien. Tout naturellement, par exemple sur le vote des étrangers, il y aurait consensus. Ce n’est pas pour rien qu’on a voté des lois contre le racisme.
En écrivant cela, je ne prends pas position. Je constate. Car, je suis naturellement pour le vote des étrangers, si vous voulez tout savoir.
Allez parler de cela aux vieux Wallons et en général à la population purement autochtone pour voir ce qu’ils en pensent. Et vous aurez compris.
Quand bien même on trouverait une formule comme par exemple, pour qu’une majorité référendaire soit d’application, il faudrait qu’elle ait la majorité dans les deux communautés, sur certains points et notamment linguistique, ce serait immédiatement l’implosion du pays.
Et pourtant le référendum d’initiative populaire est un acte essentiellement démocratique.
Ne conviendrait-il de laisser s’exprimer l’électeur de temps à autre, en-dehors du blanc-seing qu’il donne à des mandataires en jetant son bulletin de vote dans l’urne ?
D’autant que ses mandataires excipent souvent des complexités du travail de gestion pour refuser le dialogue avec lui.
Ce préambule pour en arriver à la conclusion que sous des dehors de parfaits démocrates, nos représentants ne sauraient l’être. Ils ne nous représentent pas. Ils représentent une apparence convenue et convenable d’une certaine manière de vivre ensemble.
Vous voyez ça d’ici une majorité qui trouverait que c’est un peu raide de payer le plus gros des taxes sous une forme indirecte et qui réclamerait un basculement du système, à savoir + d’impositions directes et moins ou pas du tout de prélèvement sur les produits de première nécessité, voire de luxe – comme l’eau minérale taxée à 21 % ?
Qu’arriverait-il si un référendum d’initiative populaire vous posait la question : « Voulez-vous payer moins de taxes indirectes et plus d’impositions directes, à partir d’un revenu à déterminer qui serait au moins le double d’un salaire moyen ? ».
Je vois d’ici la gueule des parlementaires, des cadres syndicaux et tous ceux qui font profession d’altruisme !
S’il échoyait au gouvernement « démocrate » de se plier à la volonté populaire, il se réfugierait certainement derrière les Lois européennes, assez bien faites pour faire durer le système dans sa forme actuelle, partout où le drapeau bleu étoilé flotte sur la marmite.

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La tragédie aujourd’hui, c’est de faire une politique qu’il est impossible d’accorder avec sa conscience.
Nos gouvernements nous dirigent selon une approximation utopique entre le bien et le mal en usant de mots comme « démocratie, liberté, libre concurrence » dont ils dénaturent le sens pour nous les faire accepter.
L’ordre social dont ils se réclament ne vient pas de la nature. Il est fondé sur des conventions.
Le hic c’est que ces conventions n’évoluent pas selon les aspirations populaires, mais selon celles du commerce et des raisons d’Etat que la raison ignore.
L’exercice du pouvoir se heurte en Belgique à des impératifs qui excluent une réelle démocratie.
Nous vivons donc, malgré les mots, dans un système autoritaire modéré, vaguement équilibré dans l’arbitraire.
C’est quelque chose d’intermédiaire entre l’utopie de Platon et le régime de Saddam Hussein.
Derrière les discours libéraux du MR et les rodomontades faussement populaires du PS, se détache en filigrane l’impossibilité d’être logique jusqu’au bout, d’où cette vision du possible si déplaisante dans sa forme habituelle.
Cela nous empêche de rêver à un monde meilleur et nous conduit à croire et à voter pour des gens dont la préoccupation est de durer et d’établir leurs héritiers dans la seule branche d’activité qu’ils connaissent. Leur politique a besoin de la pérennité du système.
Dans le futur, il y aura de plus en plus de votants au centre, parce que c’est le centre qui apparaît le plus propice à une stabilité des antagonismes, c’est-à-dire à une reconduction du malheur dans sa forme présente. Tous les partis souhaitent y figurer et en font la propagande.
Ça fonctionne très bien. Voyez les progrès du MR basés sur une sagesse supposée, une « mesure » dont on trouve l’essentiel dans les discours de Louis Michel. Quoique l’affaire Ducarme pourrait changer la donne ?
Jusqu’au jour où l’on s’apercevra que le « progrès » tel qu’on nous le présente crée beaucoup plus de misère qu’autre chose ; qu’il est fragile et en délicatesse avec l’humanisme; et surtout qu’il est à la merci de décisions internationales incontrôlables.
Alors ? Société fragile ? Certes. Mensongère ? Evidemment.
Ni vous ni moi n’y changerons rien.
Cette impuissance du plus grand nombre accable tous les peuples.
Y trouvera-t-on remède un jour ?

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