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Liège fait son cinéma.

Federico Fellini est réincarné !...
Le mot est lâché. Fellini, c’est moi…
J’ai demandé une entrevue à Monfils pour les premiers subsides, ceux qui consistent à acheter une camera. Il est très occupé. Il me recevra peut-être. Cet homme-là aime les cinéastes. Dans une émission de Streap-Tease, je l’ai vu tout disposé à aider un confrère, malgré le scénario un rien mélo… J’ai un rôle pour lui. Il camperait, Ascylte, l’homme trouble et malheureux du Satiricon, qui tomberait amoureux d’un sosie de Giulietta Massina, assistante sociale et militante socialiste, car souvent les militantes socialistes sont assistantes sociales... Rôle de composition… je sais que Monfils en est capable. Cet homme-là peut tout jouer. Faut le voir quand il parle de politique… Il est bon, quoi… Il est bon !
En attendant je fais des repères à Liège.
Le générique aurait dû se dérouler avec en toile de fond la pissotière de la cathédrale, l’ancienne pissotière, la nouvelle n’est pas encore assez dégradée… Il faudra refaire l’ancienne en studio, à moins que les éléments soient récupérables dans un dépôt lapidaire de la Ville… Un des personnages du film s’y branlerait comme je l’ai vu faire par un mancheux en mal d’amour un jour que j’y descendais pour une miction. (La réalité dépasse la miction !)
Comme Fellini, j’utilise mes souvenirs pour l’action qu’on ne pourra pas taxer d’impossible puisqu’elle aurait eu lieu.
Je cherche une liégeoise qui ressemblerait à Giulietta Massina dans Il Bidone. Elle passe devant la pissotière et s’arrête fascinée par l’impudeur du mancheux et aussi par l’objet de cette impudeur...
Elle décide de sauver cet homme de la déchéance, attirée à la fois par la rédemption et la chose, dualité évidente dans l’œuvre du Maître de Cinecittá.
S’en suivront des scènes de Liège la nuit.
Liège, pour moi, c’est Roma de Federico, avec visite guidée à l’archéoforum peuplé des anciens habitants de la Villa romaine se livrant à des débauches dans des murs reconstitués et peints sur le modèle de la Villa des Mystères de Pompéi.
Elle devra lutter contre le redoutable Ascylte – le rôle de Monfils – qui ne croit pas à la rédemption du mancheux et qui veut la destruction de tous les lieux de débauche.
Si le mancheux pouvait ressembler à Marcello Mastroianni, mais comment trouver l’acteur ? Noté sur le script : faire les cafés italiens de Grâce-Hollogne. C’est dommage que Richard Taxquet soit momentanément indisponible…

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Il y a sur le plateau le sosie d’Anita Ekberg, celle de la Dolce Vita. C’est une personne rencontrée derrière le Grand Bazar qui soulageait les ouvriers du bâtiment de leurs pulsions et de leur paie. En quête de décors pour mon film, habillé comme Federico dans El Paisá pour courir les brocantes, revenant de Saint-Pholien en costume blanc, elle a pu me confondre avec un plafonneur. Nous avons sympathisé à l’hôtel. Depuis, nous ne nous quittons plus, sauf les après-midi de paie où elle travaille.
Le scénario décrit la scène au sommet de la fontaine de la place Saint-Lambert où elle s’ébat avec les pigeons. Elle voit le mancheux en cure de désintoxication au bras de Giulietta Massina. Elle crie Marcello… Marcello… tandis qu’elle glisse ruisselante à ses pieds, son admirable corps tendu de désir dans un fourreau de soie qui dévoile ses formes plantureuses. Monfils, qui aime toujours secrètement Giulietta, trouve là une occasion de supplanter son rival. Il donne les clés de son bureau à Anita Ekberg pour qu’elle puisse s’y réfugier avec Marcello. Scène d’amour sur un sol jonché de prospectus où seraient imprimées les têtes de Michel, Reynders et Monfils, à l’envers sur les fesses sculpturales d’Anita…
Resté seul avec Giulietta, Monfils déclare son amour. A quelques détails, on devine qu’il veut plus posséder la militante socialiste que la femme. Hélas ! elle aime toujours Marcello.

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Reste à trouver la fin du film. Pourquoi pas à une scène dans laquelle Monfils attire Giulietta dans la galerie de Snaporaz de « La Cité des Femmes » croyant l’épater avec les photos de ses dix-mille femmes libérales. Hélas ! d’horreur elle se jette par la fenêtre. A moins qu’elle ne se donne à lui pour le poignarder au moment suprême ? La Production hésite… On pense à l’impasse de la Vignette pour la séquence…
La fin du film est déjà construite. Marcello décrassé et désintoxiqué est devenu banquier. Le local de la Deutsche Bank rue des Urbanistes serait un cadre idéal pour ses nouvelles fonctions. Fou de douleur en apprenant la mort de Giulietta, il dérobe son corps à la morgue de la rue Dos-Fanchon pour l’emporter jusqu’à Hamoir d’où il descendra l’Ourthe jusqu’à Mery en canoë, le corps de Giulietta couvert de roses. Tandis que la caméra fera un bref retour sur la pissotière de la cathédrale où Ascylte (Monfils) dans la geste du destin, se masturbera à la place du mancheux.
Et le sponsor ? Avec un scénario pareil, ce ne doit pas être difficile.

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