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Etre socialiste en 2004.

On est quelques-uns à se demander en Belgique, mais Nom de Dieu ! à quoi sert la gauche aujourd’hui ? D’autant que demain les perspectives européennes vont encore rétrécir son champ !
On chipote, dit Elio Di Rupo, comme si je l’entendais causer aux masses éberluées. La Gauche est là pour veiller au grain et remporter les enjeux sociaux de notre société.
Le mot est lâché. En même temps on entend le monsieur Gros-Bon-Sens d’en face nous dire que « La gauche n’a pas le monopole du cœur ».
Qu’est-ce que cette surenchère signifie ?
La droite nous parle de charité et la gauche d’équité ; mais, ne s’agit-il pas avant tout de justice ?
En Belgique, sur cinquante ans de pouvoir des droites et des gauches en bi ou en tripartites, malgré les coups de gueule des syndicats et, parfois, la rage des électeurs, c’est tout de même les patrons et le capital qui l’emportèrent à tous les coups !
La majorité silencieuse – enfin celle qui ne s’exprime que par onomatopées et borborygmes quand les leaders la ferment pour respirer – l’a toujours eu bien profond.
Une grossière jalousie secoue les besogneux dès qu’on parle des chômeurs qui « touchent le pactole à ne rien foutre ». Les handicapés de l’âme ne savent pas qu’ils pourraient se retrouver tout cons au guichet « de la honte ».
C’est tout de même un ministre socialiste qui remet en question le statut des chômeurs et recommande des mesures de contrainte sous prétexte d’aider les gens à s’en sortir. Dans la rue, on a compris qu’il s’agissait surtout de rayer de l’accablante liste, le plus possible de « chômistes ».
Quant à la dotation des retraites, la gauche s’est toujours fait piéger par un ministre de droite pour les bonnes nouvelles, alors qu’elle n’a jamais annoncé que les mauvaises.
C’est tout de même un comble en Belgique qu’on ne fasse rien pour diminuer l’injustice au constat de l’écart de l’espérance de vie entre un métallo et un fonctionnaire. Ce dernier termine carrière plus tôt. Les autres travaillent plus longtemps et se contentent de la plus petite pension !
Holà… réveillez-vous « camarades ! » comme dirait Jean Jaurès avec son accent de Castres.
Même scénar dans l’égalité des chances suivant le milieu duquel on vient. Nous ne parlerons pas des émigrés deuxième génération, tout aussi Belge que le Premier ministre et qui n’ont guère plus de chance que leurs pères de sortir diplômé d’une université et d’avoir un boulot à la hauteur de leur capacité.

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Dans ces conditions, quelle est la différence entre la politique de gauche et la politique de droite ?
J’ai beau écarquiller les yeux, me frotter les paupières, je n’en vois pas.
La suite est à l’avenant.
Prenons l’inhumanité des lois à l’encontre des clandestins. Les ultras cachent mal leur volonté de « foutre tout ça dehors » d’accord en cela avec les mêmes beaufs qui conspuent les chômeurs. Le refuge derrière les accords internationaux, les coordinations des polices, les mesures adoptées de Schengen, cache mal la jubilation de nos tôliers. Des « no man’s land » et des constructions hâtives, de zones de non droit avec miradors et barbelés se construisent. On se croirait dans une « colonie » de Sharon !
Où est la gauche d’habitude humaniste et universaliste ?
Avant tout, ces gens que nous asseyons dans les rembourrés du pouvoir, ces politiques si distingués et si aimables, sont des machines à gagner des places, à prendre des voix, à tuer l’adversaire. Ils ne prendraient l’humanitaire en considération que si cela payait et leur valait des points de plus dans le découpage de la tarte aux pommes que l’on nous montre le soir des élections.
A la tête des beaufs, ils aident la droite à bouffer le foie des progressistes.
C’est en cela qu’être socialiste en 2004 est bien aléatoire et difficile pour un mirliflore débutant dans les allées du show politique. Il devra avaler bien des couleuvres pour un strapontin, s’il n’est pas le fils d’un émir. Et si c’est un honnête homme, il se dira, au bout du compte, « qu’est-ce que je fous là ? ».

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