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Messieurs... la Cour !

On voudrait dire des choses… qu’on savait… qu’on était au courant moins par les faits que par intuition… que c’était inévitable… qu’un jour, cela devait arriver…
Il paraît que nous ne sommes pas qualifiés. Ce n’est pas une question d’études… de raisonnement… Tout bêtement, nous n’avons pas la fonction… le grade… donc pas la compétence.
Nous n’avons pas passé les concours… D’autres qui ont frappé à la bonne porte, sollicité les appuis requis… rempli les bons formulaires… ont investi la peau des personnages classiques… normaux… représentatifs.
Plumet, bicorne ou sabre en bois… ils incarnent. Ils sont le Verbe !
Ils sont entrés dans une confrérie dont le premier réflexe est la reconnaissance des pairs… l’autoprotection réciproque et active des mandants et un mépris de bon aloi pour tout le reste.
Ils savent d’instinct qu’on ne se méfie pas des apparences, de la hiérarchie, que la compétence est automatique… qu’il est impossible que les autres vérifient… analysent… concluent.
C’est classique. Vous êtes devant une carte… vous poussez des petits morceaux de plomb… vous expliquez avec forces détails que c’est ainsi qu’il faut disposer les forces… Personne ne vous écoute… On vous rit au nez… Pourtant c’est le plan idéal qui évitera des pertes… une défaite… Une ganache d’une école militaire vous interrompt. Il parle avec assurance. Tout le monde lui donne raison. On court à la catastrophe, mais selon des règles de professionnalisme bien établies. Il a l’équipement pour séduire… l’uniforme… la petite badine avec laquelle il pousse si bien les petites pièces sur l’échiquier des affaires.
On ne refait pas l’histoire. Personne ne dira le contraire, vainqueurs ou vaincus… Ils ont raison définitivement.
Il en va de même partout.
Là, un juge d’instruction, des enquêteurs se sont attelés pendant huit ans à l’Affaire.
Ils sont venus briller à la barre, expliquer, détailler tout à loisir…
Aujourd’hui on se demande… Ce n’est pas ainsi que vous auriez conduit les choses. Vous ne vous eussiez pas laissé emporter par votre conviction. On n’établit pas à l’avance le parcours de certains en évitant de contrôler des autres, tout aussi crédibles ou tout aussi suspects… Vous auriez travaillé à charge et à décharge… sans a priori.
Vous vous dites, c’est étrange que ceux qui ont le plus de titres… qui normalement ne pouvaient pas échouer… qui ont eu le temps, les moyens… à qui on a fait confiance… et qu’encore aujourd’hui des scrupules vous agitent… voilà que des convaincus inconditionnels font vaciller votre conscience…

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On établit le bilan… On n’est pas fier…
Ils avaient le droit d’occuper les fonctions… à paraître ce qu’ils ne sont peut-être pas.
Ils revêtent l’habit avec tant de prestance… l’accessoire leur donne tellement d’assurance, qu’un éventuel désaveu semble impossible.
Et au même moment que l’on pense cela, voilà des langues qui se délient… des enquêteurs qui n’ont pas été si heureux que cela au service du Savoir, de l’Autorité.
Comme la contestation est toujours suspecte et le suivisme rarement sanctionné !
On s’aperçoit qu’on est passé à côté, sans le dire… de peur de sortir d’une majorité… une majorité de quoi ?
Ce serait inconvenant d’aller plus loin… qu’immanquablement on se heurterait à la Nation.
Parce qu’il faut bien s’accrocher à quelque chose. Sans règle tout peut arriver… On s’invente des barrières… des préjugés… des respects… l’Etat, le Parlement, la Justice, la Police… et on pourrait ainsi décliner tous ceux qui usent et abusent souvent de la petite parcelle d’autorité que leur confère un hasard… une bonne fortune… une situation… Et on se monte la tête en se disant la pièce essentielle d’un vaste puzzle et qu’il faut faire confiance à celui qui sait… vous saisit d’une main ferme et vous place au bon endroit pour peaufiner le tableau final, l’édifice parfait avec au sommet les trois couleurs… un sans faute.
Foutaises.
Des flics qui se tapent dessus à Jamioulx, des Juges qui donnent ou pas la parole suivant leur fantaisie, et des chefs partout qui organisent à leur profit un monde qui exclut au lieu de conforter… qui pérennise au lieu de bouger… qui accapare au lieu de donner.
Messieurs, la Cour ! Merde… faudra bien encore se lever.

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