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Rêverie d’un promeneur solitaire.

Ce matin, je passe un temps fou à me demander s’il faut me lever. Après un combat sur moi-même, je me décide, quitte à ce que la moitié hostile à ce projet manifeste.
Je n’aime pas les débats intérieurs. Mon être trouble y est souvent de mauvaise foi et plus victorieux qu’à son tour...
Je me suis levé l’après-midi.
Ainsi, je n’ai pas eu à trancher. J’ai renvoyé mes deux moitiés dos à dos. Vous n’allez pas me croire, l’une s’est sentie « refaite » et l’autre a eu, pour une fois, la sagesse de ne pas trop plastronner.
C’est un vieux débat avec moi-même. Il a commencé il y a très longtemps à propos d’une fille. Mes sens disaient oui, ma raison, non ! Devinez quelle partie l’emporta ? C’est facile à deviner, vous qui ne pensez qu’à ça !...
Comme il était trop tard pour tout, je me suis enquis de ce que je pouvais faire sur rien.
J’ai traîné mes grolles aux Galeries Saint-Lambert. Histoire de me rendre compte que la capacité commerçante à vendre partout la même chose dans des emballages différents, n’avait pas changé depuis Belle-île.
Les conservateurs seront rassurés. C’est l’Orient qui manufacture et l’Occident qui consomme.
D’anciens professeurs de karaté en veste rouge, recyclé garçon de cabine, apportaient leur témoignage muet que la fauche dans les grands magasins procure de l’embauche.
J’ai vainement cherché un rhéostat pour une lampe halogène, après qu’un gars musclé m’eût assuré, enthousiaste, qu’il y avait absolument de tout aux Galeries.
Je n’allais tout de même pas sortir avec une machine à café pour lui faire plaisir.
A l’arrière du bâtiment, sur une placette qui reste à baptiser place Destenay, au nom de ce bourgmestre qui adorait les grands ensembles et qui malheureusement n’a pas eu le temps de démolir complètement Liège, des jardiniers de la Ville ont disposé quatre pots géants hébergeant de maigres arbrisseaux. Si la Ville est à la recherche de quelques bancs pour compléter l’œuvre, elle peut toujours replacer ceux qu’elle a enlevés Place Saint-Paul pour faire place au Village gaulois et qu’elle n’a jamais remis. Les amateurs de shit qui habituellement à cet endroit attendent leur fournisseur assis sur un banc, doivent rester debout. Voilà qui n’encourage pas le sevrage dans le calme et le repos et risque de faire repérer plus facilement des délinquants qui font la réputation de Liège.
Revenons aux nouvelles galeries Saint-Lambert.

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Dans ce must à la mode, à côté des multinationales qui ne périssent que pour mieux renaître, il y a des petits commerçants qui ont tout misé sur la nouveauté du bâtiment pour espérer la fortune. Ils ne connaissent pas bien la mentalité du badaud. Quand les Liégeois auront musardé une petite dizaine de fois, de long en large et d’ascenseur en ascenseur, ils perdront le goût de l’escalade et ne se serviront plus que du passage du rez-de-chaussée, bien commode par temps de pluie, pour aller de la place Saint-Lambert à la rue Maillart. A part, la grande surface d’électroménager, d’hi fi et d’électronique du troisième étage, les marchands de sucettes et de sacs à main ne prendront conscience de l’exemplarité de leurs exploits que lorsqu’ils en auront reçus d’autres sur papier timbré… quand il sera trop tard !....
Hou ! le vilain pessimiste, ce Richard III.
C’est comme toute chose. On part avec un cœur gros comme ça… On y croit. Pour un peu, si ça ne faisait pas perdre du client, on afficherait volontiers à l’étalage le visage libéral épanoui de Didier Reynders.
Le miroir aux alouettes de la liberté d’entreprendre a toujours suscité de l’engouement chez les laborieux. Ils sont persuadés que le travail acharné mène à coup sûr à la réussite, un peu comme s’il suffisait d’écrire un bon livre pour être édité.
Quitte après, à découper la tête du Che d’un magazine et le coller sur le fonds d’invendus.
Comme l’engouement parfois est enfantin !
Pensez futile disent les affiches.
Le quotidien est aussi dénué d’intérêt qu’une Madonna passant sur le trottoir sans ses paillettes et ses extravagances.
Pauvres gens des médias qui planchent sur le « progrès » et portent au pinacle la société de consommation, comme si on pouvait se branler sur un paquet de lessive !

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