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Bush, Kerry, l’Amérique… et Dieu !

D’ici au 2 novembre, soit dans une semaine environ, vont s’étaler sur des dizaines de pages les commentaires sur l’élection américaine.
Pour Dobeliou ou Kerry ?
J’ai déjà eu l’occasion de m’expliquer : l’élection de l’un ou de l’autre ne changera pas grand-chose à la politique américaine.
Peut-être sera-t-on moins inquiet des réactions à chaud d’un Kerry que l’évangéliste « fou de dieu » de Bush.
A Liège, pourtant de vieille tradition chrétienne, les citoyens débranchés de tout fanatisme religieux ne mesurent pas bien la nuisance des églises américaines sur la vie et l’opinion du citoyen moyen. Avec cette plaie, il faut compter aussi sur Monsieur Tout-le-Monde qui fait basculer les majorités sans vraiment avoir lui-même une opinion. C’est ainsi qu’on a vu Kerry partir à la chasse au gros gibier, alors qu’il avait été naguère un brin écologiste et partisan de l’interdiction des armes à feu, dans l’espoir de lui plaire. Mais c’est surtout en matière de religion que les présidences se font et se défont outre-Atlantique.
Or, le parcours de Bush est exemplaire. Cela va peser d’un grand poids dans le choix face à un Kerry, modérément croyant, rationaliste et trop intellectuel pour ne pas avoir au fond de lui-même l’impression que toutes les religions sont des sornettes à l’usage des faibles et des débiles mentaux.
Bush s’est donné à Jésus. Il le clame haut et fort. C’est à Midland petite ville à deux usages : les Eglises et le pétrole, que Dobeliou, jusque là noceur invétéré et à deux doigts de se faire plaquer par Laura et ses deux filles a rencontré Billy Graham, le pasteur médiatique, et Dieu, par conséquent, qui traînait quelque part entre deux Chrysler, dans la poussière et les chardons qui roulent sous le vent, comme dans tout bon western. C’était en 1986.
Depuis lors, sans être aussi collant que nos disciples de Jéhovah, Dobeliou n’a plus que des paraboles et des mots inspirés de son église à la bouche. Toutes les interventions du 43me président des States sont marquées par son engagement : « La foi peut changer une vie. Elle a changé la mienne ». Alléluia ! Le comble, c’est qu’il a raison quant à sa propre vie transformée depuis qu’il croit !

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C’est bien la première fois qu’un président depuis Roosevelt se trouve si inspiré et si sûr de lui. Et c’est en cela que cet homme est inquiétant. Ses initiatives malheureuses et notamment cette calamiteuse deuxième guerre d’Irak sont des catastrophes programmées comme des croisades non seulement pour ses compatriotes, mais aussi pour toute l’Europe. Ne serait-ce que lors des décisions qu’il fallut prendre pour suivre ou ne pas suivre la Grande Bretagne et la Pologne, dans leur collaboration avec l’US Army en Irak, la Grande Bretagne qui s’est inscrite dans l’Europe pour mieux la miner de l’intérieur et la Pologne qui est un Etat où le ressenti de la foi de Bush est fortement apprécié.
Avec cette mentalité là, le danger d’une guerre des religions est possible. Au fanatisme des évangélistes luttant contre l’avortement, le mariage des homosexuels et sans l’oser pouvoir dire encore, le divorce, s’opposent les musulmans ultras, qui considèrent qu’à l’exception d’Allah, le reste n’est que démons et compagnie, donc à détruire. Et si les uns du haut de leur technique sélectionnent les cibles de leurs missiles en faisant des mares de sang d’innocents, les autres en égorgeant à tout va, associant à leurs sauvageries et tortures la pire racaille de Bagdad, ce n’est pas mal non plus.
N’oublions pas que le départ de toute cette histoire n’est le fruit que de l’imagination d’un seul criminel, Ben Laden, qu’après les Twin Towers on a considéré comme un chef d’Etat à abattre, alors que ce chef de bande aurait dû être traité à la mesure d’un chef de gang. Tout cela parce que les médias ont échauffé les esprits et fait jouer le ressort de la foi agressée par l’impie et qu’il y avait un certain Bush à la tête du plus puissant Etat du monde.
Après le 11 septembre, toute l’Amérique s’est à peu près convertie aux sentiments bellicistes de son président. Même Kerry, à l’époque, n’a pas vu ou n’a pas osé s’interposer entre la raison et l’opinion et a approuvé la politique américaine d’intervention ; alors qu’aujourd’hui, il voit bien le gouffre s’ouvrir sous les pas de ses concitoyens.

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Quant à la politique intérieure américaine, il n’est pas dit que la middel classs suivra les Démocrates dans leur lutte contre l’exclusion et la pauvreté. La croyance que l’on mord mieux quand on n’a rien à manger est toujours aussi tenace dans l’esprit « pionnier » qui a été un moteur de la croissance américaine (1).
Il n’y a vraiment que sur l’énorme déficit de l’Administration Bush que Kerry peut faire mouche, surtout après le boni laissé par Clinton à la fin de son mandat.
Les élections qui auront lieu dans une semaine seront passionnantes à suivre. C’est bien la première fois qu’en tant qu’Européens nous soyons tous d’aussi près concernés.
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1. C’est aussi celui qui anime le ministre belge Frank Vandenbrouck dans sa traque du chômeur de longue durée, ce qui ne laisse pas d’être inquiétant venant d’un socialiste.

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