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Décembre 1987 : saleté d’anniversaire !

On pense qu’aux anniversaires à la con : la fête nationale, le Beaujolais nouveau, la Pouffe et son marlou San Benedetto, février 97… Jamais au pognon qui file d’une banque à l’autre et qui laisse marron toute une baronnie, les de Cruchot de La Rue… qui reste plus que la Rue après le champ du cygne… parterre debout qui acclame le nouveau roi… tandis que l’autre, dévasté, échange sa Girard-Perregaux contre une Casio …
Quand ils sont cuits, les riches se décantent. Reste plus que l’humain, c’est-à-dire pas grand-chose. Filent au regret les crèmes de jour, les antirides, les mains de masseuses, les queues astiquées au benjoin… et le Pétrus (seuls les ploucs disent Château Petrus !), le tout en soie et délicatesse, manucuré, pomponné, incomparable chichi TVA non comprise…
Il traînerait rue Sainte-Marguerite, chez Safir ou chez Maqu à s’acheter des bananes, le dernier des Cruchot de La Rue, barbe de huit jours et chemise crade… passerait inaperçu…
Comme quoi les gens du caniveau roulent la casquette entre les doigts, pas à cause du triomphant dans son fauteuil Voltaire, non, rien qu’à cause du fric, parce que le coquin sans son coffiot… c’est que de la merde.
C’est leur seul viatique le fric, à ces gens-là.
Faut dire… ils y croient comme au sang du Christ !... tout régime, tout climat, qu’une seule idée en tête, Adolphe ou De Gaulle, Vlaams Belang ou Mère Thérésa : eaux profondes, basses eaux… la volonté féroce, s’agripper à la bouée du clipper « tour Méditerranée »!
Des glorieux qui se pavanent encore aujourd’hui, tête de liste des belles aisances, la menaient pas large au lendemain des législatives décembre 87…
Merde, il va encore nous faire du baratin aux méchants socialistes, aux piteux MR… se disent les accrocs persuadés que j’ai un deal avec le belang, dès que ça remonte leur suc gastrique et que personne peut vérifier.…

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Non. C’est des pontes de la Société Générale dont on cause. Ah ! ils étaient pas à la fête, fallait voir leurs pauvres gueules aux Info, fin 87... Le méchant Carlo De Benedetti détenteur de 18,6 % des titres lançait une offre publique d’achat pour arriver au niveau du mec qui décide de tout, balaie les anciens directeurs, les taupes des Conseils… pour planquer ses cadors aux places de la grosse oseille… toutes les tapineuses de la Générale prises en levrette mieux que les sultanes d’Abdel Kader à la prise de la smala !...
Réveillant leur patriotisme quelque peu assoupi, la meute des administrateurs se jeta aux genoux de l’Anversois André Leysen qui accepta, à condition de lester le Nord du pays, de soutenir l’affaire et douiller sec pour la survie.
Après une série de coups fourrés, c’est Suez qui sortit l’as du chapeau, De Benedetti avait perdu des plumes, Minc, son conseiller français, changea de crèmerie, se fit auteur, donneur de conseils en format de poche. Leysen doubla sa fortune et les flamingants trouvèrent mauvais qu’au lieu de se flamandiser, la Générale s’était francisée…
Le public, pour une fois, avait été tenu au courant à la carambole de ces Messieurs, d’habitude si discrets, que lorsqu’ils vont aux putes du côté des Bahamas, la vague bleue remonte jamais jusqu’aux Marolles.
Pourtant, le public ne pigeait rien, applaudissait comme pour un match de foot. Il ne s’est jamais rendu compte que la merde de riche a exactement la même odeur que la merde de pauvre.
Dommage, la trouille de retomber au niveau zéro les rendait presque sensibles, ces vieux débris d’égoïsme.
On les voyait livides, atterrés de ce qui leur pendait sous le nez. Eux qui depuis 1830 avaient mis en coupe réglée la Belgique du Nord au Sud, pleuraient dans les vestons des ministres et attendrissaient le peuple : « Pas lui, pas un Italien, pas De Benedetti ! » Le comble !... des bruits circulèrent, eux d’habitude si respectueux des lois, enfin pas celles du commerce, mais des lois sur l’antisémitisme, par exemple… « Vous ne savez pas !... De Benedetti est Juif ! Oui, madame… » C’est dire pour en arriver-là comme ils mouillaient leurs frocs, nos élites, et pas que de la pisse en flaque de douleur, non, du beau caca trois étoiles, sur les liquettes amidonnées par deux siècles de gens de maison.

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Maintenant qu’on y pense, qu’ils ont repris de l’assurance, qu’ils refont des concours de fort en gueule sur l’économie, la mondialisation si nécessaire… l’effort à faire pour rivaliser avec les Jaunes, les Bruns, les verts, les Noirs, on se demande si De Benedetti ne valait pas mieux que Suez et les bénéfices à Leysen. Au concours des plus beaux pets, les Italiens sont pas mal doués. Voyez le Caruso de la finance, le cavaliere de la tragédie moderne, Berlusconi en personne, soupçonné de tout, trafic, blanchiment, maladies honteuses… bientôt la grippe du poulet, génocides… traîné devant les tribunaux, promis au cul de basse fosse et toujours là, à plaisanter sur l’Europe, copain de Bush, envoyant ses plumets rouges au casse-pipe à Bagdad.
Benedetti aurait fait chier comme les autres. C’est clair. Peut-être qu’avec lui, on aurait rigolé ? Et quand on n’a rien, qu’on n’espère rien et qu’on n’aura jamais rien, rire devient bien utile aux masses laborieuses.

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