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Gigue et Rigodon

Rassurez-vous, je ne vais pas emboîter le pas des journalistes qui se sont rués sur les informations des événements qui ont ravagé huit pays d’Asie. La trêve des confiseurs n’offrira pas cette année, le spectacle désolant d’une information champagne-caviar.
Résumé des rédactions en heure sup : Une vague isolée et très haute créée par l’onde de choc d’un séisme sous marin pénètre profondément dans les terres. Le terme japonais servant à désigner cette vague de grande dimension est « tsunami ». Mais cela vous le savez déjà.

Il est certain qu’il faut aider les populations sinistrées par tous les moyens dont les pays riches disposent. Ceci n’est donc pas une critique de l’aide qui est bien nécessaire à des millions de pauvres gens.

Cela étant, quelques remarques s’imposent.
Les pays sinistrés sont des dictatures, certaines à majorité musulmane. L’Inde est la grande nation de religion hindouiste, tout à fait à part. Ce pays a d’ailleurs renoncé à l’aide internationale.
L’année dernière le séisme en Iran nous avait déjà montré les faiblesses de ces régimes dirigés par des religieux ou fortement imprégnés de religion. Incapable par son orientation tournée vers la spiritualité et l’intransigeance, cette formule d’Etat-croyant vient de faire une nouvelle fois la démonstration de son mépris des foules. La capacité à prévenir les calamités de ce genre, semble au-dessus de leurs compétences.
La pauvreté des autochtones est considérable et le tourisme est un moyen de faire rentrer des devises de ces pays à l’économie en dents de scie. Quand on voit les infrastructures des abords touristiques, le luxe des hôtels, le confort et l’aisance qui s’y conjuguent, on est surpris qu’en quittant à peine de quelques centaines de mètres les lieux « fréquentables », de voir la grande misère des pêcheurs et des populations qui ne tirent aucun revenu de cette insolente abondance.
Il ne faut pas être grand économiste pour s’apercevoir que les populations locales n’ont que des salaires de survie. Cela ne vaut pas le coup d’entretenir les gens de pouvoir, les imams, les chefs de guerre, les intégristes et les investisseurs saoudiens, s’ils ne sont pas capables de réinvestir dans le social.
Il aurait été de la plus élémentaire prudence que les responsables de ces pays aient pris, depuis longtemps, langue avec les Japonais qui ont un système de prévision et de sécurité vraiment efficace les avertissant des tsunamis, ne serait-ce que pour préserver l’industrie hôtelière.
Il faut rappeler que les hôtels des plages sont les plus chers et les mieux adaptés à la clientèle riche. Il y aurait une parabole à tirer du fait que les friqués aient dégusté avec les plus pauvres.

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Après la parabole, la fable. Elle se déroule sur les aéroports où l’on voit les charters de l’aide humanitaire débarquer des colis et repartir chargés de touristes blessés qui ont tout perdu dans l’aventure, et le flot nouveau des vacanciers, l’appareil photo sur le ventre, en short et paréo, l’air heureux et se foutant complètement du flot remontant, aidés en cela des agences touristiques pour qui le nouvel an constitue un autre tsunami, d’or celui-là, des comptes en Suisse.
Le personnel humanitaire déchargeant ses sacs de riz et les bouffis de l’abondance en train de leur roter dans la gueule, on se demande pour rater cela, ce que font les grands reporters ?
Les séismes, les cataclysmes naturels nous ramènent à la juste hauteur de ce que nous sommes. Nous dansons sur des continents qui ne reposent pas sur l’eau, mais sur les millions de degrés du magma. C’est une cocotte minute. Les expulsions d’énergie sont sans limite et sans aucune prévision possible à long terme. La nature nous envoie des chiquenaudes qui ont sans doute valu à l’homo sapiens d’avoir perdu des centaines de millions de vies. L’homme, cependant, à lui seul, si l’on cumule ses guerres et ses génocides en a fait bien davantage. Les Arméniens, les Tutsis, les Juifs et les Palestiniens ne sont que des hors-d’œuvre de notre savoir faire.. Avant, il y eu Adolphe et ses camps, Pol Pot, Napoléon, les guerres de religion, Gengis Khan, Jules César, Alexandre, Nabuchodonosor, etc. Les guerres n’ont pratiquement jamais cessé depuis l’âge de pierre. Alors que l’on s’esbaudisse de « la fureur des éléments », tant qu’on veut, si cela peut attendrir les détenteurs des gros porte-monnaie, mais qu’on n’oublie pas tout de même ce dont nous sommes capables. A côté de nous, les démons de l’invisible ont beaucoup à apprendre.

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