« Une ambition honteuse. | Accueil | Tontons flingueurs aux Caisses de l’Etat. »

« Liège après midi », le journal de ceux qui se lèvent tard.

L’interview de Jean Bellefeuille que « Liège matin » n’a pas publiée, « Liège après-midi » vous en propose l’exclusivité.

- Votre parti est peut être celui qui a le plus évolué en Belgique depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. A quoi attribuez-vous ce phénomène ?
- On n’est plus, n’est-ce pas, aux violences, qu’elles soient verbales ou physiques. Il faut pour gouverner la Belgique un large accord des Communautés. Les citoyens belges sont des gens paisibles. Le consensus social est devenu naturel à la gauche, grâce à une discipline rendue possible par la compréhension des syndicats, des syndiqués et des membres de notre parti, unis pour une politique de modération salariale.
- Les bobos, comme les appelle malicieusement une certaine presse, .pour obtenir plus d’efficacité, ne risquent-ils pas de réduire le débat à une pensée unique qui traduirait la volonté de vivre dans une parfaite analgésie vers l’économie libérale totalitaire ?
- L’agitation la plus vive règne sous l’apathie apparente. La détermination a comme arme la patience qui vient à bout de tout. Nous ne désespérons pas d’atteindre à des jours meilleurs
par la voie classique non pas de l’économie de marché, mais par l’économie du marché couvert.
-Droixhe joue un rôle important ?
-Bien entendu, quoique nous nous référencions en priorité au prix du marché de Mons.
- Bien entendu. On ne se nourrit pas que de mots. Il faut parfois pour atteindre des objectifs, vaincre des résistances populaires. Comment allez-vous surmonter les contradictions entre le désir des électeurs et les décisions du Bureau de votre parti ?
- Qui d’autres que notre parti est le mieux placé pour diriger les affaires sociales de ce pays ? N’avons-nous pas traditionnellement les ministères de l’emploi, de la santé et de la sécurité sociale, et de la Justice ? Notre récente réforme du chômage nous permettra de dégraisser le mammouth ; Nous prévoyons plus de 10.000 sanctionnés. N’est-ce pas la manière la plus efficace de faire avancer les choses, et de rendre l’espoir à ceux qui travaillent ?
- Les masses ainsi abandonnées, encore qu’elles ne le savent pas toujours, ne se sont pas méfiées jusqu’à présent. N’avez-vous pas peur, un jour, de perdre leur confiance ?
- Au contraire. Nous nous entourons de précautions. L’exemple le plus actuel est dans la lente érosion des pensions et des indemnités des assurés sociaux par des conventions d’indexation, or, tout le monde sait que l’inflation n’est pas reprise en compte, si vous considérez que l’index est moitié moindre de la hausse des prix, d’où une diminution constante de l’ordre de 5 %, ce qui rééquilibre le budget. Les petites gens nous suivent. Ils sont fiers de participer au redressement national par le sacrifice financier.
- Cette politique, les libéraux pourraient tout aussi bien l’entreprendre ?
- Cette politique ne peut être mise en oeuvre que par la gauche au pouvoir. Il a toujours été fait appel à nos services pour réduire les revenus. En ce domaine nous sommes incontournables.
- En mauvaise conjoncture ?
-Non. Même en plein essor, pour d’autres raisons, Monsieur Bellefeuille, notamment l’inflation.
- Vos électeurs sont toujours les victimes, alors ?
- Mais bien sûr. Comment voulez-vous faire autrement ?
- Je ne sais pas moi… par exemple en faisant contribuer les riches aux efforts de la Nation ?
-Pardonnez-moi de vous interrompre, Monsieur Bellefeuille, étiez-vous parmi les grévistes de la RTBf cette semaine ?
-Pourquoi me demandez-vous cela ?
-Parce que je vais au Conseil d’Administration fin d’après-midi et que je trouve vos questions insolentes. Vous me comprenez ?
-Et alors, les riches participant aux efforts de la Nation, vous avez une réponse ?
- Une telle initiative devrait venir des milieux libéraux. Mais nous, ce n’est pas possible. Nous assisterions à un exode massif des capitaux vers des pays aux salaires modérés. Devant la colère des chômeurs nous serions obligés de tenir des propos plus fermes, tout en sachant que les promesses, nous serions incapables de les tenir. Vous voyez la spirale ?
- Oui. Vous seriez obligé de reparler de révolution, d’insurrection ou pire…en un mot de faire du socialisme !
- Vous avez compris que nous n’avons plus les cadres, ni les militants pour un tel coup de force. Nos représentants aux affaires de l’Etat ne sont pas là pour organiser l’émeute. Ils gagnent bien leur vie, ont de la famille, certains fréquentent les milieux de la finance, loyaux envers la FEB, ils voyagent souvent avec le prince et des administrateurs de société. Je suis moi-même un familier du palais. Si une insurrection éclatait, elle viendrait des organisations gauchistes incontrôlées, dirigées de l’étranger, comme nous n’avons plus les Soviétiques, si commodes pendant trente ans, nous serions obligés de parler de Ben Laden. Vous voyez l’engrenage.

chaussette.JPG

- Pour terminer, avez-vous des regrets par rapport aux engagements « populistes » du passé ?
- Oui, nous aurions souhaité que soit rétabli le ministère de la Reconstruction, supprimé quelques années après la deuxième guerre mondiale.
- Vous pensez y placer un grand ministre, pour quelle reconstruction ?
- Nous avons notre Le Corbusier en jupon. Elle se serait passionnée pour la rénovation des ministères. Elle connaît un bon architecte…

Poster un commentaire