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Pendant les fortes chaleurs…

…les viandes sont au frigo.

Dans un passé, pas très lointain, la « classe moyenne » définie comme le palier d’accès à l’aisance et à la bonne bourgeoisie, était considérée comme le premier objectif vers des destins supérieurs.
Le récent développement d’un capitalisme ravageur montre en évidence que les données ont changé et que l’on ne devient pas « industriel » aujourd’hui de la même manière que par le passé, où il suffisait d’agrandir la boutique des parents ou des grands parents, d’année en année, pour « réussir » et avoir pignon sur rue.
Les petits commerces n’en finissent plus d’essuyer les faillites les plus retentissantes. Les loyers exorbitants des rez-de-chaussée commerciaux et les charges excessives acculent rapidement à déposer le bilan ceux qui pensaient qu’une belle situation en ville, de bons produits et un travail sérieux étaient des éléments suffisants pour réussir.
Si par le passé travailler douze heures par jour, économiser sur l’éclairage et sur le pain, se payer moins que le dernier commis étaient la recette qui conduisait à la réussite du petit commerce, il faut d’autres arguments en 2005.
De même, les réussites des professions libérales n’ont plus l’automaticité des 30 glorieuses.
Des médecins sont au chômage, des ingénieurs sont employés de bureau et des architectes ne sortent jamais des Administrations publiques.
Monsieur Mené, le président libéralo-chrétien des Petites et Moyennes entreprises n’est plus que le factotum des mauvaises nouvelles pour les « classes moyennes ». Celles-ci surnagent par habitude. Le pauvre Mené devient l’invité du bout de la table d’un autre genre d’industrie qui pue l’argent et qui n’a plus aucun rapport avec le commerce de jadis.
Les partis de gauche et de droite qui ciblent « la réussite » en axant leur politique sur « l’effet classe moyenne » ne savent pas encore que les commerces de détails n’existent plus que sous la forme de comptoirs pakistanais de denrées alimentaires et de gérants minimexés préposés à la vente des fringues et des gadgets électroménagers.
Avant que cela ne tombe dans le néant, il serait amusant de définir ce qu’était, du boutiquier à l’employé modèle, l’homme d’avenir au bel âge de l’élévation sociale du commerce et de l’artisanat, comme l’entendent toujours MM. Di Rupo et Reynders.

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Avant de « parvenir » l’individu « classe moyenne » vivait sans superflu. C’était un homme du nécessaire.
C’est au début du siècle dernier que cette catégorie sociale s’est structurée. Dès avant la première guerre mondiale, elle pèse sur les décisions de la classe dirigeante, tout en prenant conscience de son impuissance politique. De là, naîtront tous les mouvements – appelés aujourd’hui poujadistes - issus des plus radicaux de ses membres (1) qui donneront le jour au Rexisme puis à la collaboration avec l’Occupant. Ce qui influence encore des partis du Front National au Vlaams Belang, dans le discours, tout au moins..
Le problème de ces indépendants est socio-professionnel. Intermédiaires entre les classes défavorisées et les classes prépondérantes, ils connaissent le poids de leur dépendance des nantis et leur qualité par rapport aux classes défavorisées, d’où leur mépris, voire leur haine des travailleurs manuels.
Ils mangent pour travailler, travaillent pour épargner, épargnent pour s’élever, et finissent par travailler plus encore après s’être élevés.
Ces « forçats » d’une époque révolue ne s’arrêtent jamais pour jouir du fruit de leurs efforts. Ils ne connaissent pas le luxe du repos, de la sieste, de la réflexion philosophique. Si la machine a dorénavant remplacé la plupart de leurs tâches (ensachage, stockage, mesurage, etc.) il faut s’en prendre aux ingénieurs ergonomiques qui les ont singés.
C’est l’homme moyen, l’homme des moyennes, l’homme égal en tout et en lui-même, étranger aux fins de la classe dirigeante. C’est l’auxiliaire parfait des nantis, des Lois, de l’Ordre, de la police.
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1. La majorité de la classe moyenne fut toujours fortement dépolitisée. Sachant cela, les partis politiques ont essayé de l’attirer à eux, sans jamais trop y parvenir. Cette dépolitisation n’empêche pas la plupart de ses membres de voter à droite. Malgré les efforts d’un Di Rupo qui a sacrifié les intérêts des travailleurs et des petits revenus en général, les « centres » sont restés hostiles à la politique socialiste.

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