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Un pape élevé à la gelée royale

Les laïcs boivent du petit lait avec le tapage des medias autour de l’hospitalisation de Jean-Paul II, 84 ans. Les spéculations de sa démission doivent être laissées à sa conscience, a affirmé le cardinal secrétaire d’Etat Angelo Sodano.
La déchéance physique de Jean Paul II, depuis qu’il bave en direct à la télé et use du play-back comme Madona, consterne jusqu’à la Belgique laïque.
Il faut dire que cette religion a vraiment montré ses limites dans ce qu’en psychanalyse on appelle un sentiment collectif de culpabilité. Un chrétien est coupable d’être né, de manger, de faire l’amour, en un mot d’essayer d’être heureux ! On se demande après ça comment, cette religion contre nature a duré si longtemps ?
Elle n’est pas la seule à vouloir le renoncement aux plaisirs. La musulmane dans le genre est tapissée d’autant d’aspérités à quoi il convient d’ajouter la place subalterne réservée aux femmes.
Bien sûr, le temps des Torquemada est passé et les papes ont adouci les angles, depuis Alexandre VI, Borgia, qui jouait aux cartes avec Pic de la Mirandole sur le trône papal. La religion est tombée dans les rideaux, les afféteries, la mode ecclésiastique et la politique collaborationniste, jusqu’à flirter avec les Allemands sous Pie XI et proscrire les préservatifs sous son dernier successeur en exercice.
Le pape, hospitalisé depuis mardi dernier pour des problèmes respiratoires, nous entraîne dans une nouvelle réflexion sur les institutions de l’Eglise. Lorsqu’il a voulu donner sa bénédiction, sa voix s’est étranglée et il a été inaudible. L’archevêque italien Leonardo Sandri en terminant la chose a répondu implicitement à ceux qui se posaient la question de savoir à quoi Jean-Paul II sert encore au Vatican ? Il n’est plus évidemment qu’un calicot peint à l’image de ce qu’il représente et qu’on agite aux fenêtres.
A sa sortie ce jour de l’hôpital, il a fallu démolir la porte des urgences pour que la papamobile puisse passer. Ce pape qui se veut comme tout un chacun aurait pu utiliser la chaise roulante mise à la disposition des malades. Voilà qui aurait été une belle leçon d’humilité pour tout le monde. Il est sorti dans sa cage de verre, comme si de rien était devant des fidèles enthousiastes de le revoir.
Sa possible retraite avait été relancée en octobre 2003, lors du 25e anniversaire de son pontificat. Un muet ne peut célébrer la messe et cela pose le problème de la renonciation, avait alors affirmé le cardinal argentin Jorge Mejia.
Si le pape voyait qu’il ne peut absolument plus continuer, alors il démissionnerait, avait affirmé Mgr Ratzinger. La rumeur avait couru que Jean Paul II aurait laissé à son secrétaire particulier, Mgr Stanislaw Dziwisz, des dispositions en cas d’empêchement, comme l’avait fait avant lui le pape Paul VI. Pas si sûr, car enfin, ces Messieurs de la Curie oublient un détail : et si JP II n’avait plus la faculté d’esprit nécessaire à l’évaluation de sa capacité de gérer l’Etat pontifical ? En un mot, s’il était gaga ?
Il y a seulement un siècle, les papes empêchés ne faisaient pas long feu. Un dévoué de la Curie faisait ce qu’il fallait pour qu’un autre pontife succède mezzo voce. Il faut croire qu’aujourd’hui, on n’ose plus…

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Vous me direz, en quoi cela me concerne ? Cher King, vous n’êtes pas catholique, vous vous dites laïc, donc, ce ne sont pas vos oignons ?
Certes. Mais, ce qui me touche avec ceux qu’une déchéance humaine pareille interpellent, c’est l’exposition qui en est faite. C’est porter atteinte à la dignité de toutes les personnes âgées que nous serons un jour. Et ça, c’est inadmissible.
Que je sache, la maladie n’est pas un étendard. Elle ne peut servir d’exemple. Qui nous dit que le vieillard au bout du rouleau qu’on nous exhibe se fait trimballer volontairement dans une sorte de cercueil vertical ? Son martyr est-il voulu par lui ou bien sert-il de paravent à la lutte de succession qui doit être chaude ?
Nous n’aurons pas de réponse à cette question.
On se satisfait de savoir comme on prend soin de ce vieillard. Il fait de plus en plus penser à une larve royale d’une ruche avec ses centaines d’ouvrières qui la nettoient, l’entourent et la nourrissent.
Ah ! si on pouvait être aussi attentionné pour les vieilles personnes qui s’éteignent dans l’indifférence des mouroirs dont nous peuplons les périphéries des grandes villes !

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