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La vie immergée

- J’ai fait un simple calcul. Si tu additionnes le temps que tu passes dans ta bagnole à rouler, à la laver, à te faire entuber à l’autosécu, à te faire éponger dans les garages l’huile qui pisse du moteur, à travailler pour l’avoir à toi (ce truc coûte aujourd’hui le prix d’une maison d’il y a seulement dix ans), sans compter les banques où tu te présentes pour un prêt… quand t’as bien additionné le paquet de temps que tu lui consacres, puis que tu divises la chose par le nombre de kilomètres parcourus, tu t’aperçois que ta moyenne est de sept kilomètres à l’heure !... plus que la marche à pied, mais moins que si t’avais un vélo…
- C’est comme moi, vingt cinq ans de mariage avec Cri-d’Amour, si t’enlèves les engueulades, les séances de ronflement, les vaisselles et les après-midi chez belle-maman, que t’en arrives à traîner au boulot tellement t’as peur de rentrer chez toi, si t’additionnes le temps passé et que tu le divises par le nombre de fois que t’as vraiment pris ton pied, ça te fait 6 jours et demi de bonheur…
-Emilio, lui n’a eu qu’un jour…
-Elle a foutu le camp avec le photographe du mariage, tu parles d’une statistique…
-T’as quand même par ci, par là quelques bons moments ?
-Quand elle est chez sa coiffeuse et que je suis au foot.
-C’est pas lourd.
-Oui, c’est cher payé.
-Pourtant tu vas fêter ça. Vingt-cinq ans ! Un quart de siècle !...
-On se demande si c’est bien vrai, Cri-d’Amour et moi, vingt-cinq ans !...
-A cette occasion, j’irai vous chercher pour faire un tour en bagnole.
-Oui, ça fera remonter ta moyenne.
-C’est comme le temps que tu passes à voter. Un quart d’heure tous les quatre ans, à partir de dix-huit ans. Si tu vis jusqu’à quatre-vingts piges, ça te fait 6 heures vingt minutes au cours desquelles t’es un citoyen, un vrai démocrate…
-C’est pas énorme.
-D’autant que ton avis, personne en a rien à foutre.
-Alors pourquoi on te le demande ?
-Pour nourrir les statistiques.
-Pas pour nourrir les statistiques, pour nourrir ceux qui s’occupent des statistiques.
-Monsieur est raisonneur.
-J’ai connu un type qui était parvenu à démontrer qu’après une carrière complète à la Ville de Liège, qu’en fin de compte, il avait jamais travaillé !
-Là, c’est le mauvais exemple…

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-Je reconnais.
-Je dis que c’est le mauvais exemple, parce que tu nourris les bruits qu’on fait courir exprès pour discréditer les Services publics, à seule fin de privatiser à plein berzingue, de sorte que quand t’auras tout privatisé, faudra que tu paies d’abord avant d’ouvrir ta gueule. Et c’est pas sûr qu’on t’écoutera si t’as pas le pognon pour convaincre...
-C’est pas déjà ce qu’on fait ?
-Non, maintenant on paie après.
-C’est pas la même chose ?
-Non. Puisque t’es servi.
-C’est pas grand-chose.
-D’accord, mais c’est pour tout le monde.
-Ce qui est écrit et prouvé, c’est qu’on est des cons.
-Où tu vois ça ?
-Par exemple, prends la bagnole. Le mec qui s’occupe de rien, qui paie pas un rond, qu’arrive et qui monte à l’arrière, qu’on conduit aussi sec à son boulot et qu’on reprend le soir, si tu divises ce qui paie, par le nombre de kilomètres, t’arrives à une moyenne de 140 à 160 kilomètres heure.
- Le mec est en infraction !
-Et alors ? Verhofstadt a pas payé l’amende !
- Je vais te dire, on a les statistiques qu’on mérite !

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