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L’enthousiasme de Riccardo.

Je reviens d’une conférence débat du politologue et économiste, Riccardo Petrella, titulaire d’un doctorat en sciences politiques et sociales de l’Université de Florence (Italie), fondateur et principal animateur du groupe de Lisbonne, composé de vingt et un membres dont des universitaires, dirigeants d’entreprises, journalistes et responsables de grandes institutions culturelles, conseiller du Centre Commun de Recherche de la Commission Européenne, professeur d’économie politique à l’ Université Catholique de Louvain (Belgique) et président du Comité international pour un contrat mondial de l’eau. Ses prises de position contre la marchandisation du monde et pour la défense du bien commun en font une figure emblématique de l’altermondialisme.

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…discours généreux en termes accessibles d’un observateur lucide, mais qui après un constat d’huissier d’une société capitaliste déliquescente adopte des conclusions surréalistes qui consistent à dire « vous savez, cela ne tourne pas rond, les égoïsmes sont fortement ancrés dans l’homme, mais ne désespérons pas de l’humanité. Tout est encore possible. »
Et d’énumérer trois points qui pourront déterminer une ouverture sur un humanisme mondial en réponse à une mondialisation du commerce.

1. Déclarer illégale la pauvreté ;
2. Organisation mondiale de l’humanité en remplacement de l’ONU ;
3. Déclarer biens publics mondiaux, l’air, le soleil, l’eau, la forêt.

Monsieur Petrella a tout le temps pour arriver à ce résultat, 30, 40, 50 ans.

Le sujet de la conférence était « le rêve d’un monde meilleur ».
D’accord, rêvons, mais les yeux fermés comme sont les rêves, parce qu’ouverts une altermondialisation en douceur dans le but de réduire les foyers de pauvreté dans le monde, principalement en Afrique, en Inde et en Amérique du Sud, passe par le partage des richesses produites dans les pays riches et exploitées dans les pays misérables, et c’est impossible pour 3 raisons.

1. Les productions des pays riches et le niveau de vie vont se trouver durablement affectés très prochainement par les pénuries de matières premières dont le pétrole. Les égoïsmes générés par l’enrichissement des classes privilégiées vont donc se durcir dès les signes avant coureurs de cet effondrement de l’offre. Déclarer illégale la pauvreté risque dans ces conditions qu’au contraire, ce soit le pauvre qui soit déclaré illégal ;
2. Aucune civilisation ne dure. La nôtre est en marche depuis le siècle des Lumières, soit moins de trois siècles. Les civilisations grecques et romaines ont à peine duré un ou deux siècles de plus. La démocratie libérale tiendra-t-elle aussi longtemps ? Il n’est pas sûr. C’est le Moyen-Âge avec ses mille ans qui aura duré le plus. Parce qu’il n’avait pas la cohérence et l’idéologie politique des trois autres. La question est de savoir si en 2005 nous avons une chance de changer les défauts de l’homme qui ont fait les sociétés modernes ce qu’elles sont, en qualités humanistes et poursuivre la construction d’un monde autrement ? Contrairement à M. Petrella, je ne le pense pas.
3. On a essayé de socialiser les éléments essentiels à la vie de cette planète par le passé. Rousseau posait déjà la question de la propriété en termes d’aujourd’hui. Le communisme – un des avatars du capitalisme – a tenté l’expérience avec la catastrophe sur tous les plans que l’on sait.

J’admire la manière dont M. Petrella aborde ces graves questions : avec humour et foi.
Combien j’aimerais qu’il ait raison.
Il est vrai que le rêve débouche sur l’utopie et qu’on n’arrivera jamais à rien en rêvant seul. Mais si le devenir de l’humanité, pour tout autant qu’elle en ait un, doit passer par la solidarité, ce n’est hélas pas M. Petrella et les sophistes qui prendront le meilleur sur les égoïsmes et les Etats forts, comme les USA.
Que pense M. Petrella de la loi Tobin (1/2 % de taxes sur les transactions commerciales pour le tiers-monde) ? On n’est encore nulle part. Alors, à quoi bon se leurrer ?
C’est dommage. M. Petrella était si enthousiaste, si exhubérant, qu’on avait envie de tout cœur qu’il ait raison…

Commentaires

J’ai également assisté à une conférence de l’"enthousiate Riccardo". Je ne pense pas que l’on puisse en ressortir indemne. Peu sont les Hommes qui sont si profondément imprégnés d’humanité. Cet humanité, il la vit et l’a intégrée. Cet homme-là n’a aucune prétention. Dans son discours, pas de théories bien carrées mais juste le souhait d’ouvrir les perpectives. D’éclairer une réalité "établie" qui finalement n’est pas aussi légitime que ce que le système veut bien nous faire croire. Promesse du progrès? Economie de la connaissance? Si les mots qu’il a choisi produisent leur effet, petits humains que nous sommes, nous devrions peut être changer de conception du bonheur, trouver une finalité commune à l’humanité, se "dénombriliser". Il est temps de commencer à penser en terme de citoyen de l’humanité!
Trop d’enthousiasme dans son discours? Une des qualités principales de l’Homme n’est-elle pas cette capacité à se projeter, à conceptualiser un idéal qui le dépasse? L’histoire nous montre que l’Homme s’est souvent trouvé dépassé par ses propres rêves. J’ai confiance, peut-être naïvement, en l’Humanité...

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