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Le «oui » déconne, le « non » décolle !

Les chauds partisans du « oui » en France sentent un malaise les envahir.
Même en Belgique, Etat si peu démocratique que l’Haut-lieu dédaigne de nous consulter sur la question, les Elio, Didier et Joëlle se demandent par quel bout prendre la montée du « non » en France qui serait synonyme du « non » en Belgique, si on votait.
C’est la théorie des dominos, si les Français disent « non », ce serait déjà foutu, à moins que tous les autres disent « oui », auquel cas on pourrait demander au Français de revoter dans le bon sens. Il est certain que le « non », s’il était définitif en France, donnerait de l’allant aux partisans suivant du non : les Hollandais, qui pourraient voter négativement à leur tour. Dès lors, la machine infernale enclenchée, messieurs Stan Giscard et Oliver Dehaan verraient un zéro pointé sur leur copie.
Les initiatives pour le « oui » sont malencontreuses, mal venues et confuses sur les explications de texte. C’est qu’il n’y a pas grand-chose à expliquer, si ce n’est qu’on est dans un système capitaliste libéral clos et qu’aucune tentative pour en sortir n’est possible. Par conséquent la Constitution essaie d’aménager un espace d’identité dans la stricte obédience du libéralisme, aux particularités de l’Europe.
Voilà ce qui ne va pas et que les Roses ne sentent même plus. La gauche n’a rien à faire avec la droite qui ne tient jamais à elle que lorsqu’elle en a besoin pour faire taire la rue.
Pour une fois l’Haut-lieu avoue au grand jour son incapacité à sortir de ce cercle infernal qui fait que – comme dans un trou noir – tout s’écroule vers un centre : l’OMC, de plus en plus suspectée et discréditée.
Prendre position de cette manière, c’est comme si on demandait à des prisonniers condamnés à de longues années de prison de voter pour leur détention, étant entendu qu’en votant contre leur détention, ils resteraient en tôle quand même.
Ce qui est drôle dans ce désastre annoncé, c’est l’agitation vaine de la Nomenklatura de Bruxelles à Paris, en passant par Berlin et La Haye.
La meilleure campagne du gouvernement Raffarin serait qu’on ne le voie nulle part, tant il est impopulaire… Les « ouitistes » de gauche sont effondrés. L’affichette de Hollande avec Sarkozy a eu un effet désastreux.
Tout le gratin people, journalistique, avec l’ex lutin de 68 Daniel Cohn-Bendit, supportent les Sarkozy, Lang, Raffarin et Hollande. C’est curieux de voir le couple Ockrent- Bernard Kouchner animés d’une passion dévorante pour le « oui », comme celui de Dominique Strauss-Kahn et son épouse, l’ancienne vedette de TF1, Anne Sinclair. En voilà de l’unanimité. Cette unanimité inquiète, parce qu’elle fait clivage et qu’on voit bien qu’elle ne représente que les gens d’en-haut, qui ne se sont jamais préoccupés du sort des gens d’en-bas.
Elles sont piquées au vif, ces élites, à l’idée qu’une majorité de Français les désavoue. Alors que ces grands démocrates nous assurent que le suffrage universel a quelque chose de sacré, on les sentirait près de la fronde s’il n’en allait pas selon leur désir et que les « non » l’emportassent.
Voilà une belle illustration de ce que les gens pourraient faire du suffrage universel, s’ils le voulaient : ne plus jouer aux moutons de Panurge en coupant le sifflet à tous ces professionnels de la chose publique qui se croient tout permis depuis qu’ils savent que les électeurs, bon an, mal an, poursuivent inlassablement le remplissage des urnes pour les mêmes personnes de pouvoir.

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Si nous ramenons le débat à la Belgique, vous me direz faire mordre la poussière aux trois gros partis traditionnels, cela paraît difficile, attendu qu’à part les Ecolos qui ont montré leurs limites, il n’y a que des farfelus d’extrême gauche et des voyous d’extrême droite.
Il est vrai que toutes les tentatives de créer un vrai parti de gauche en Wallonie ont échoué ; tant les places fortes socialistes, leur clientélisme forcené et l’accoutumance d’une génération l’autre à voter « ouvrier » font encore des triomphes à un PS qui vit ainsi dans l’illusion d’une machine présidentialisée à l’excès boulevard de l’Empereur, sans vraie démocratie.
A droite, le fil est encore plus tendu entre les libéraux « démocrates » et les nationalistes « autocrates ». C’est la corde raide, quand on songe à la fragilité flamande dans le sensible d’un nationalisme à cran et d’une crise linguistique permanente.
On en est réduit à se demander si on ne pourrait pas déstabiliser tous ces gens si sûrs d’eux-mêmes en votant la prochaine fois massivement pour le CDh de Joëlle Milquet ?
Elle est pour le « oui » comme tous les autres. Elle n’a aucune politique de rechange en matière européenne. Son orthodoxie à l’égard de la politique belge est aussi forte que celle du belgicain Di Ruppo ; mais elle vient de loin. Le PSC avant de devenir CDh allait à vau-l’eau. Les grandes gueules du genre Richard Fournaux et Gérard Deprez naviguent ailleurs, Nothomb est allé s’enterrer dans sa campagne natale. Il y aurait là matière à faire croire que si en Belgique on n’a pas de référendum, on a des idées. Cela pourrait flanquer les jetons aux deux autres ?…
De toute manière, nous savons aujourd’hui que voter contre le désir des puissants les oblige à sortir du bois. Démasqués, ils pourraient vouloir nous faire peur et se déguiser en grands méchants loups. De toute manière, n’est-ce pas ce qu’ils sont déjà ?

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